Étrangement, ce matin, je me suis éveillée de bonne humeur. Non pas que ce soit une rareté, mais c’est le lieu dans lequel je me trouve qui fait en sorte de rendre la chose étonnante, puisqu’il y a toujours quelque chose pour m’énerver dès le réveil. Pas cette fois-ci. Je ne sais pas si c’est le soleil qui filtre par les fenêtres, le chant des oiseaux qui se fait entendre par celles qui sont entrouvertes ou simplement le fait que j’ai bien dormi. Difficile à dire. Je souris aux candidats que je croise sur ma route – ils doivent surement se dire que j’ai pris une drogue forte pour être aussi sociable aujourd’hui – et je sifflote tout au long de ma préparation matinale. Je pousse même l’audace à chanter, complètement faux soit dit en passant, sous la douche. J’enfile une tenue de plage légère des tongs noires assorties et je coiffe mes cheveux en deux couettes disparates, telle une gamine indisciplinée en train de préparer un mauvais coup. Je continue sur cette lancée lumineuse jusqu’à la cuisine, ou je me prépare un merveilleux smoothie fruité que j’ingurgite le temps de le dire. Il est à peine dix heures, et me voilà prête à démarrer cette journée. Direction la plage, où je croiserais surement la route d’un de mes camarades qui acceptera peut-être de me tenir compagnie, qui sait. Ce qui sera difficile, car je ne suis pas très bonne dans ce rôle. Enfin, les autres jours. Là, c’est carrément autre chose. Arrivée sur place, je découvre l’endroit désert, et ma bouche affiche une moue plus que déçue. Jusqu’à ce que, sortie de la forêt qui mène jusque-là, je repère un jeune homme. Je l’interpelle de ma voix joyeuse. « Hey, toi ! » fis-je en l’intimant de venir me rejoindre par mes grands signes. « Je me lance dans la construction d’un château de sable, et j’ai besoin d’un associé. Ça t’intéresse ? » Comme des enfants, j’allais m’amuser à jouer dans le sable et l’eau toute la matinée. Il ne fallait quand même pas oublier que je n’avais que vingt-deux ans, et que l’envie de faire quelques folies, ça m’arrivait aussi.

Ils étaient rares les matins où je parvenais à m'extirper de mon lit avant onze heures. Aujourd'hui était une exception et vraisemblablement très en forme, je me levais rapidement pour rejoindre la salle de bain où je pris une bonne douche et fit ma toilette matinale. J'avais l'impression que cette journée serait bonne et eu donc l'idée d'aller courir sur la plage afin de me dépenser un peu. Je ne fais plus suffisamment de sport à mon goût, il est temps que je me reprenne. Vêtu d'un short et d'un t-shirt, je rejoins donc la plage où je cours durant une vingtaine de minutes en faisant des allées-retours sur le sable humide, juste au bord de l'eau. C'est un bon moyen de faire travailler les mollets. C'est en revenant sur mes pas pour rentrer dans le nid de Cupidon que je croisais l'une des candidate. Candidate à qui je n'avais encore jamais parlé en fait. Celle-ci me proposait gentiment de la seconder dans la construction de son château de sable. Je n'ai plus pratiquer ce genre d'activité depuis au moins quinze ans mais je n'ai rien de mieux à faire de toute façon. « Oui, pourquoi pas ! » Un léger sourire se dessine sur mon visage tandis que je me rapproche d'elle. « Je vous ... te laisse le commencer parce que je ne suis même plus sûr de savoir comment on fait» que je lui avoue alors tout en m'agenouillant dans le sable « Je suis Sloan au fait. »

C’est complètement idiot, mais dès que j’ai mis les pieds dans le sable, toute ma matinée était dessinée. La construction d’un château de sable m’attendait, et j’avais bel et bien l’intention de me trouver une âme généreuse pour le faire en ma compagnie. C’est sur cette entrefaite qu’arriva à ma hauteur l’un de mes camarades, dont la bouille, sans m’être totalement étrangère, ne me disait pas grand-chose. Mais, somme toute, il ne faisait pas partie de ces trois petits nouveaux qui nous envahissaient depuis le dernier prime. Ça, j’en étais persuadée pour l’avoir vu trainer dans le château au cours des semaines s’étant écoulées depuis notre entrée en jeu. Ainsi donc, c’est à ce jeune homme que j’offris le rôle de partenaire dans cette mission que je m’étais fixée. Rôle qui accepta, un léger sourire au bout des lèvres. Il manquait légèrement d’enthousiasme, sur le coup, mais je laissais passer ce petit écart de conduite. Et vint me rejoindre, s’agenouillant à même le sable où j’allais bien vite le rejoindre. « Toute bonne construction se doit de commencer par une structure de base solide. » Il fallait donc commencer par les fondations, l’essentiel de n’importe quelle résidence. Je travaillais pour une agence immobilière, la construction, ça me connaissait un peu. « Medhi. » fis-je en réponse à ce prénom qu’il venait de me donner, l’identifiant. Je risquais de l’oublier dans la prochaine minute – ma mémoire était toujours aussi défaillante à ce sujet. Mon regard scruta la plage et je remarquais le cabanon, situé non loin de nous. « J’espère qu’ils ont des sots là-dedans. Disons que ça facilitera le transport d’eau. » Toujours utile, dans un cas comme le nôtre. Sinon, j’imagine qu’il y aurait toujours moyen de s’organiser autrement. Une gourde remplie d’eau ferait surement l’affaire. J’avais commencé à creuser de mes mains le sable et à en faire un large tas qu’on travaillerait plus tard. Cependant, le silence me pesait. « Parle-moi de toi. Je me rends compte que je connais pas grand monde, dans les parages. » À vrai dire, seul Ollie-Blake figurait parmi mes proches relations, mais puisqu’il était désormais loin d’ici…