Yitysh et Tifenn
9 avril à 17h37

Tifenn n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis le départ de Joanès. Elle ne parle presque plus et passe le plus clair de son temps toute seule dans son coin à éviter les autres candidats. Elle ne mange presque plus non plus. Elle ne fait plus rien de ses journées à part pleurer comme la pauvre idiote qu’elle est. La gamine a peur qu’il passe à autre chose et qu’il vienne à l’oublier. Elle a peur de ne jamais plus le revoir. Ce n’est pas une solution de se mettre dans un état pareil pour un garçon, Tifenn le sait bien, mais elle a vécu tellement de chose ici en peu de temps avec lui qu’elle ne peut s’empêcher d’être triste. Elle ne cesse de penser à la question qui lui a été posé lors du prime. Tout le monde doit la prendre encore plus pour une nana désespérante et pas intéressante pour un sous maintenant. Tout le monde doit se moquer d’elle. Tant pis. Elle ne va pas changer pour leur faire plaisir à tous. Depuis combien de temps est-elle assise là, dans la salle de sport, à contempler les machines qui se trouvent devant elle ? Aucune idée. La jeune femme n’en sait rien. La position dans laquelle elle est n’est pas confortable alors elle se redresse légèrement pour ramener ses jambes contre son buste et entourer ses genoux de ses bras. Elle vient serrer une dernière fois son lapin en peluche contre son petit corps de crevette. Quelques larmes coulent le long de sa joue. Elle ne prend pas la peine de les essuyer. Tant pis si elle a les yeux rouges par la suite. Un soupir s’échappe d’entre ses douces lèvres roses. Elle pourrait presque en rire de se voir aussi abattu, mais elle n’en a pas le courage. Tout doucement, la jeune femme tripote une bague qu’elle porte à la main gauche. La lumière s’allume et aveugle la gamine qui cligne rapidement des yeux. Elle passe une main sur sa figure comme si cela allait enlever toute la peine qu’elle porte comme masque depuis quelques jours. Yityish. Elle s’efforce de lui adresser un sourire, mais ne peut s’empêcher d’exploser en sanglot quelques secondes après. Après tout, elles sont amies et Tifenn n’a donc pas besoin de se cacher pour pleurer. Enfin, elle l’espère du moins. Pourtant elle tente comme elle peut de dissimuler ses pleurs. Elle baisse la tête et essaye de ne pas croiser le regard de sa camarade. Si ça se trouve, Yityish ne l’a même pas vu et ne viendra pas lui parler de tout ça. Pourtant, la grande blonde ne tarde pas à fondre sur Tifenn. Certainement par pitié. Oui, elle fait pitié. Sans un mot et tout en sanglot, l’allemande continue de jouer du bout des doigts avec sa bague.

Titi pense savoir comment évacuer la tristesse qui la touche depuis le prime. Le sport. Elle fait du sport pour tout : pour garder son poids et sa silhouette parfaite, parce qu’elle aime ça, pour se changer les idées, pour se sentir bien. Elle a bien besoin de se sentir bien cette semaine. Alors que tout est alors embrouillé dans son esprit. En réalité elle ne sait pas à qui elle en veut le plus : Jasmine ou elle-même. Maxence n’est même plus dans la compétition. Elle ne peut pas le forcer à avoir des sentiments pour elle, s’il ne le veut pas. Elle a tout bonnement un cœur d’artichaut moisi parce qu’elle tombe toujours amoureuse de ceux qui ne faut pas. Entre les goujats, les mauvaises graines, ou tout simplement ceux qui ne cherchent pas l’amour. De toute manière, elle est intimement persuadée que c’est parce qu’elle n’est pas assez intelligente et parfois un peu trop ouverte sexuellement parlant. Enfin elle comprend. Elle n’est apparemment pas parfaite pour tout le monde et c’est tout aussi bien. En tenue de combat – short et brassière de sport – elle va jusqu’à la salle en trottinant. Comme un premier échauffement avant d’entrer dans le vif du sujet. Mais elle s’arrête dans son élan, en plein milieu de la salle de sport. Une brunette est assise là, dans un coin. Elle voit bien qu’il s’agit de Tifenn, son amie. À la voir ainsi, elle se dit bien qu’elle n’a pas à se méfier d’elle. Contrairement à Jasmine, elle, elle ne s’est pas moquée d’elle. Du moins, elle l’espère. S’approchement doucement d’elle, elle remarque quelques larmes roulant sur ses joues. C’est marrant. Enfin non, ça n’a rien de marrant, mais Tifenn a les yeux rougis, comme elle. Enfin, les siens tendent à se dégonfler légèrement alors que la jeune femme est encore en train de pleurer. Titi fronce ses sourcils et elle sent un réellement pincement en plein dans son cœur. Elle carrément envie de pleurer à nouveau. Pinçant ses lèvres pour ne pas fondre à nouveau, elle s’assoit à côté de Tifenn et elle la prend dans ses bras. Immédiatement, sans rien lui demander. Elle sait pourquoi elle pleure. Joanès. Même si elle n’a pas assisté à son départ, trop blessé parce que lui a fait Jasmine, elle a apprit assez rapidement qu’il était partie. Il n’a été son partenaire qu’une seule semaine… « Je suis désolée qu’il soit parti… Mais tu sais, tu vas le revoir… » Oui, ils sont obligés de se revoir. Elle le sait, Titi. Finalement, elle se détache de la jeune femme, pour lui prendre son visage. En la regardant ainsi, c’est là qu’elle se dit que pleurer, ça gâche vraiment un beau minois. « Arrêtes de pleurer s’il te plait. Sinon je vais encore pleurer moi aussi… » Titi arrive à être jalouse littéralement de la jeune femme, en pleure. Oui. Si celle-ci pleure, c’est simplement parce qu’elle est séparée de son amour, il faut bien le dire comme ça. Si Titi a pleuré depuis le prime, c’est un peu parce que Maxence a dit qu’il ne tombera pas amoureuse d’elle et aussi parce que Jasmine a avoué l’avoir mené en bateau. Avoir profité de la naïveté de la blonde, pour se moquer d’elle… « Et si t’as envie de me voir pleurer, c’est que t’es pas très sympa… Mais moi je sais que toi t’es vraiment gentille. La plus gentille d’ici tu sais… » Bon, elle s’est fait pleurer clairement toute seule, là.

« Je suis désolée qu’il soit parti… Mais tu sais, tu vas le revoir… » Bien évidemment qu’elle le sait la gamine. Seulement elle ne peut pas s’empêcher de se dire que peut-être tout va recommencer comme avant. Avant qu’elle soit ici. Elle va retourner à sa petite vie d’étudiante en histoire et sera à nouveau toute seule. Finalement, elle aime bien être ici. Surtout quand Joanès est à ses côtés. Au moins elle sait que quelqu’un lui porte de l’attention. Pas comme à l’extérieur. Pas comme à Berlin. Elle est tellement bien là dans les bras de son amie qu’elle n’a plus envie de se détacher de cette étreinte. Elle essaye de se calmer et d’arrêter de pleurer, mais a bien du mal. Ce n’est que lorsque Yityish vient prendre son visage enfantin dans ses mains que la demoiselle commencer à cesser tout doucement de pleurer. « Arrêtes de pleurer s’il te plait. Sinon je vais encore pleurer moi aussi… » Oh, non, hors de question que la blonde se mette à pleurer. Il y en a bien assez d’une. La gamine passe ses mains sous ses pupilles bleutés pour essuyer les quelques larmes qui coulaient encore sur ses joues. Ses yeux lui piquent. Ils doivent très certainement être tout rouges. « Et si t’as envie de me voir pleurer, c’est que t’es pas très sympa… Mais moi je sais que toi t’es vraiment gentille. La plus gentille d’ici tu sais… » Ce compliment la fait sourire. Elle n’a jamais entendu quelque chose d’aussi gentil la concernant depuis qu’elle est ici. « Merci. » qu’elle bafouille tout en baissant la tête et en laissant un nouveau sourire timide s’installer sur ses lèvres. « Tu es vraiment quelqu’un de bien. » Elle ne parle pas bien fort la gamine. Elle a même un petit peu de mal à articuler vu les sanglots qu’elle vient de laisser sortir de son petit corps de crevette. Comment peut-on vouloir faire du mal à une femme aussi généreuse ? Tifenn n’en serait pas capable. De toute façon elle ne serait pas capable de faire du mal à qui que ce soit. Elle vient poser l’une de ses mains sur le poignet de sa camarade. « Tu … pense qu’on va se revoir nous aussi à la fin de l’aventure ? » Parce que clairement Tifenn a envie de garder contact avec la jeune femme. Jamais elle n’a eu d’amie aussi sincère que Yityish. Jamais durant sa courte vie quelqu’un n’a été aussi sympathique avec elle. « Tu pourrais même venir à Berlin. » Pour un week-end, pour quelques jours, pour une semaine ou bien pour un mois. Tifenn observe la jeune femme en face d’elle. Ce qu’elle aimerait être comme elle. Ses pupilles brillent d’admiration.