J'ai envie de m'isoler ce soir. Être loin de tout ce brouhaha incessant. Une vingtaine de candidats regroupés dans un même endroit ça en fait du bruit. Les rires, les discussions, les chamailleries, les bruits de vaisselle et autres... Oui j'ai besoin de m'isoler, me retrouver avec moi même. Ne serait ce que l'espace d'une heure ou deux. Parce que bon je ne suis pas naïve, je sais que je finirais par être rejointe tôt ou tard c’est comme ça ici. Quoi que tu fasses. Ou que t'ailles, impossible d'échapper aux autres bien longtemps. C'est comme s’ils avaient un radar dans leur tete et sentaient où se trouvait les autres. Enfin je me dis que le lieu idéal pour être tranquille c’est le phare. À cette heure ci moins de risques d'y croiser âme qui vive. En plus je constate que le bateau est à quai alors à priori il devrait être désert. Rare sont les candidats comme moi qui préfèrent affronter les vagues et le courant en s'y rendant à la nage. D'ailleurs c’est ce que je compte faire une nouvelle fois. Je vous assure que je n’ai aucunes envies secrètes que de mourir noyée. Au moins quand t'arrives au phare tu l'as mérité l'accès. Après plusieurs minutes à batailler j’atteins enfin la rive. Je me sèche avec la serviette que j'ai laissé la exprès. Je récupère quelques affaires aussi, comme mes clopes ou un paquet de gâteau. Je pense à tout. Puis je grimpe les escaliers et accède au sommet. Le soleil est couché depuis quelques temps déjà. Tout ce qu'on voit c’est la lune se refléter sur les vagues. Quand au phare lui il est faiblement éclairé mais assez pour se repérer. Je suis probablement là depuis deux petites heures, lorsque je finis par être rejointe par un candidat. Qu’est ce que je vous disais. Au moins, j’ai eu mon moment, c’est déjà pas mal. Je ne sursaute pas lorsqu’une voix se fait entendre, puisque je l’avais déjà repéré au son de la porte qui se ferme. En revanche, je n’ai pas l’habitude d’entendre cette voix en particulier. Je tourne la tête, je crois apercevoir Jorah.  « Je l'imaginais pas aussi glauque, ce phare » Mais non. « C’est parce qu’il fait nuit, mais il n’a rien de glauque. La vue vaut le détour en plus. » Il me parle de fantômes. « Je ne sais pas, qui tu crois que je suis ? » Et bien oui ? « Aux dernières nouvelles, je suis vivante, mais bon après peut être que j’erre depuis tout ce temps entre deux mondes, sans m’être rendu compte que je suis morte. » Un scénario de film tout ça. « Mais bon, si c’était le cas, je ne sentirais probablement pas la brise sur ma peau. » Bon et si je racontais quelque chose d’intelligent plustôt. « T'es jamais venu auparavant? »

« Là comme ça, j'aurais dit la sœur de Benjamin, à tout hasard » Cette réflexion, peut être en apparences anodine, m’agace profondément. «Elle a un prénom, Amy. » Que je réponds peut être un peu plus froidement que je ne l’aurais voulu. Cela me rappelle la question qu’on m’a posée lors du prime. Si je n’avais pas peur qu’on ne me définisse dans ce jeu que par mon lien avec Benjamin…Alors que pour me désigner, on me décrive ainsi, merci bien. Pas besoin d’inclure mon frère dans le lot, il aurait tout aussi bien pu dire, Amy. Ou alors c’est encore pire, depuis le temps il n’a pas retenu mon prénom, juste mon lien de fraternité avec le blond. Pour en revenir à cette histoire de fantômes. J’évoque la possibilité que je sois morte, mais pas encore consciente de ma situation. « Eh mais, c'est peut être tout récent. T'as très bien pu te noyer en nageant jusqu'au phare ou te vautrer dans les escaliers en montant ici. Et si ça se trouve, tu perdras progressivement toutes tes sensations. » Ah ouais, c’est rassurant. « Mais si je suis morte,  dans ce cas désolée de te dire que tu l’es aussi, si tu peux me voir et me parler. À moins que tu ne sois capable de causer avec l’au-delà, comme dans cette série là…medium » Ou n’importe ou ailleurs, parce que bon ça a du être fait dans plusieurs séries et films ce genre de pouvoirs surnaturels. En tout cas cela m’étonne un peu qu’il n’ait pas eu la curiosité jusqu’à maintenant de venir en c’est lui. « T’es pas un mec très curieux alors…Ni sportif » Il se plaint des marches, pauvre petit chou. Quant à moi ? « Les deux mon capitaine. C’est un lieu que j’apprécie particulièrement. Autant par le cadre que sa tranquillité. Et ce ne sont pas quelques marches ou deux trois vagues qui vont me faire peur. » Voyons. Faut croire que lui ça le rebute et qu’il serait plus ascenseur, mais pas moi.