Son départ précipité de l'aventure restait inexpliqué à ce jour. Sido vous répondra, avec un sourire énigmatique, qu'elle avait ses raisons. Bien que sa participation fut écourtée, elle continuait à suivre ses anciens camarades entre deux escales. Son travail ne lui permettait pas de tout visionner. Parfois, elle regardait les rediffusions tard le soir dans sa chambre d'hôtel. Elle n'avait jamais manqué un épisode, suivant le parcours de chacun avec assiduité. Elle était au courant de tout, bien sûre. Elle voulait son retour discret. Elle n'était que là que depuis un jour que déjà elle se sentait à nouveau chez elle. Elle se souvenait encore des lieux et retrouva tout de suite ses repères. Elle contemplait le soleil couchant de la fenêtre de la cuisine, une bière à la main qu'elle finit d'une traite. Elle profita des dernières lueurs du jour pour sortir. Elle s'en grilla une sur le chemin menant au jardin. Elle longea les bancs, balaya de son regard azuré l'horizon orangé. Elle revit le kiosque à musique où elle faisait ses siestes de l'après-midi. Elle continua sa marche à allure nonchalante et flâna entre les paniers. Elle prit à droite et se retrouva près de la fontaine à souhaits. Elle vit une silhouette familière s'esquisser dans la pénombre. Il était de dos, regardant ailleurs. Elle en profita pour s'approcher en toute discrétion et sans faire de bruits. Une fois arriver à sa hauteur, elle couvrit les yeux du candidats du jeune homme. Elle ricana et murmura au creux de son oreille :  « Qui est-ce ? » Un sourire mutin gagna ses lèvres. Elle espérait que le brun ne l'avait pas oublié. Si c'était le cas, elle en serait fortement offusquée. Mais elle le pardonnerait tout de suite, car elle avait toujours eu une infinie tendresse pour ce type. Elle serait incapable de lui en vouloir de quoique ce soit. Toujours est-il que le suspens devient quasi intenable. Devine, Jorah, devine qui c'est.

Si n'importe quelle heure pouvait rendre agréable une balade dans le jardin, il était d'autant plus plaisant de s'y promener en début de soirée, autant parce que c'était une tranche horaire où les lieux étaient peu fréquentés que parce que le soleil était couché depuis déjà quelques instants et que l'endroit était donc plongé dans une ambiance assez ésotérique. Jorah ne recherchait pas la solitude, parce que si cette aventure lui avait bien appris quelque chose, c'est que s'être retrouvé seul ces derniers mois l'avait rendu très malheureux. Il profitait plutôt de la tranquillité du jardin comme pour s'imprégner de son atmosphère, et peut être aussi chercher à en emmagasiner quelques souvenirs, pour quand il ne pourrait plus s'y replonger que dans ses songes. C'est en tout cas alors qu'il arriva au niveau de la fontaine à souhaits qu'il sentit deux mains couvrir ses yeux, et qu'il entendit une voix s'adresser à lui. Sur le moment, il eut comme un drôle de sentiment. Parce que cette voix, il la connaissait, mais il ne s'était pas attendu à l'entendre. Les anciens revenaient cette semaine, oui, mais cette jeune femme-ci, il avait comme perdu l'espoir de la revoir à vrai dire. Alors il resta silencieux quelques secondes, puis laissa ses lèvres se fendre d'un sourire. « Bonne question. Là tout de suite, j'hésite entre Tixy et ... » Il laissa délibérément sa phrase en suspend, puis posa ses mains sur celles de la jeune femme, les retirant doucement tandis qu'il se retourna et qu'il trouva le minois qu'il s'était attendu à voir. « mademoiselle Sido, bien sûr ! » qu'il fit avec enthousiaste, avant de déposer un baiser sur chacune de ses joues. Du temps où elle était encore là, ils avaient partagé des moments complices, et Jorah n'en avait rien oublié. « T'es venue jusqu'ici pour me rendre ma chemise ? Mais fallait pas, voyons ! » qu'il ironisa ensuite, en référence à la fois où elle s'était invitée dans son lit, sa chemise sur le dos. Une chemise qu'il n'avait jamais retrouvée, alors il supposait qu'elle était partie avec. « En plus, tu m'as beaucoup plus manqué qu'elle. » Et c'était vrai, dans le fond une chemise était une chemise, il en avait d'autres, mais quand Sido avait choisi de partir, il l'avait vraiment regrettée. « Comment est-ce que tu vas ? » qu'il finit par souffler, en reprenant son sérieux, le sourire aux lèvres. Il ne la questionnerait pas directement sur les raisons de son départ, elles lui appartenaient, cela dit s'il lui était arrivé quelque chose dont elle voulait parler, il était là.