Je déteste Londres. Enfin. C'est ce que je me répète tel un mantra depuis dix minutes, je déteste le métro de Londres, les habitants, touut ! Il faut que Jorah déménage à Paris, j'ai déjà commencé mon bourrage de crâne mais il semble inefficace. Mains dans les poches, j'entrevois enfin l'immeuble de mes désirs, mon vieux longchamps usé me servant de bagage cogne l'un des passants, mais je continue ma route, les écouteurs enfoncés dans les oreilles, je ne peux pas écouter les protestations de la victime, c'est bien pratique en fait. J'emprunte les escaliers, c'est bien plus sûr. Je cherche mes clefs dans ma poche arrière de mon short en jean lorsque je croise l'une des voisines, je ne me gène pas pour la détailler avec insistance. Bizarre. Elle sort d'où, la gueuse ? Oui, je sais tout, je pourrais même vous dire la nuance du carrelage de la cuisine, je me suis renseignée lorsque Jorah s'est décidé pour cet appartement, même sur le voisinage. Et c'est cette recherche des détails qui me met au dessus des autres. Je pousse la porte avant de rapidement la fermer. La porte d'entrée donne directement sur le salon, j’aperçois Jorah assis sur une chaise. Je dépose mes lèvres sur son front, vu qu'il est entrain de lire je ne sais quoi. « Quel accueil ! » je commente d'un air faussement déçu avant de m'installer sur le canapé en face de Jorah. « Je m'attendais à plus d’enthousiasme, de joie » je précise même en arquant un sourcil avant de m'asseoir à l'indienne, les talons sous les fesses, vrillant mes prunelles claires sur mon compagnon. Je brandis ma main, écartant volontairement les doigts, oui, ça fait bien cinq jours qu'on s'est pas vu, c'est long. Je voulais du grandiose après une telle séparation, même si on fait ça toutes les semaines, ce n'est pas grave ... « Mais bon, je me contenterais du minimum: ton corps, va, je suis grand seigneur » j'ajoute sérieusement avant d'esquisser un rictus avant d'effectuer un vague mouvement de la main. On peut dire que je ne suis pas trop exigeante en fait. « D'ailleurs, je ne savais pas que tu avais des voisines de moins de trente ans ... » je ne peux pas m'empêcher de lancer l'air de rien, le pire étant qu'elles ne sont pas dégueulasses à regarder, et venant de moi, c'est beaucoup. « Donc ça ne dérange pas que j'ajoute mon nom à côté de la sonnette ... ? » je lui demande en le regardant, un léger sourire moqueur, non je plaisante ... Enfin, je me comprends. Dès fois qu'elles aillent sonner pour du sel ou quoi, histoire de prévenir que ce n'est même pas la peine d'essayer. En fait, ce n'est même pas une question que je lui pose, c'est une affirmation, je vais le faire. Quelques secondes plus tard, je me lève pour aller rejoindre la chambre, posant mon sac sur le sol, je sors de quoi me changer, je me sens sale, avec le voyage, le métro et compagnie. Je lui adresse un simple signe en direction de la salle de bain pour lui faire comprendre que je vais me laver. Je laisse la porte ouverte pour pouvoir continuer à lui parler, en même temps, l'appartement n'est pas si grand que ça ... « Sinon, ta semaine ? Pas mortellement ennuyeuse ?   » je demande tout en me déshabillant, tirant une serviette pour la poser sur un rebord plus accessible. Parce que la mienne, de semaine, me semblait éternelle. Je referme le rideau de douche d'un geste sec pour éviter d'en mettre partout et j'allume le jet. Eau brûlante.  «  On fait quoi ce soir ? On sort ? » je lui demande en haussant le ton pour bien faire entendre. L'eurostar n'a pas encore épuisé ce qui me servait d'énergie et j'aime bien Londres la nuit, presque.

En dépit d'une disparité climatique évidente entre Bakou et Londres, Jorah s'était habitué à séjourner au sein de la capitale anglaise, qui était autant pour lui l'occasion de démarrer quelque chose d'un peu inédit d'un point de vue professionnel que celle de poursuivre sa relation avec Krisjana, qui avait inévitablement plus de chances de perdurer maintenant qu'il n'y avait plus que deux heures d'Eurostar entre eux. D'ailleurs, tandis qu'il s'était laissé tenter par la lecture du magazine qu'il avait acheté l'heure d'avant, Jorah s'attendait à voir entrer la jolie française d'un instant à l'autre, début de week-end oblige. Et justement, il eut à peine le temps d'entamer sa lecture que la brune entra dans l'appartement, le réjouissant autant qu'elle l'amusa. « Navré mais tu tombes mal, je suis littéralement absorbé par la lecture de ce sommaire ! Tu savais qu'ils dédiaient une rubrique entière aux habits du Prince George ? Moi, non ! » souffla-t-il avec fausse conviction lorsqu'elle prit place en face de lui, feignant de poursuivre encore quelques secondes cette lecture si passionnante, avant de reposer bien gentiment le magazine, et de lui sourire, grandement, d'une façon un peu plus amusée lorsqu'elle parla de son corps, qui d'après elle équivalait au minimum qu'elle se devait de réclamer. « Krisjana, je t'arrête tout de suite, je ne suis pas l'homme que tu crois ! » qu'il s'efforça de répliquer, faussement outré, comme s'il avait des raisons de penser qu'elle n'était venue le retrouver que pour son corps, justement. La suite fut néanmoins encore plus amusante, puisque Krisjana releva un fait intéressant, et il est vrai véridique : les voisines de Jorah étaient jeunes. Maintenant, soit il lui donnait raison et elle en conclurait qu'il s'était justement un peu trop intéressé à leur âge, soit ... « Des voisines ? Quelles voisines ? » ... il faisait l'idiot. C'était mentir que de prétendre qu'il n'était pas au courant, maintenant, il n'avait pas non plus sympathisé avec tout le voisinage. « On a du se croiser une fois, dans le local à poubelles. C'est pas demain la veille qu'elles viendront dîner, a priori » ajouta-t-il alors, sur un ton légèrement taquin, avant de lui adresser un clin d’œil censé lui signifier que les voisines, il s'en fichait pas mal en soi. « Mais pour te répondre, tu sais très bien qu'ici c'est de toute façon aussi chez toi » qu'il reprit dans un plus doux sourire, et sincèrement. Elle avait beau ne rester que les week-ends, c'était comme si elle vivait avec lui, et dans le fond il était bien le premier à vouloir donner un petit coté plus 'officiel' à leur histoire. La suivant des yeux lorsqu'elle s'éloigna, il comprit qu'elle avait dans l'idée de se doucher. Et sa question le fit sourire. « Tu sais que tu peux directement me demander si tu m'as manqué » notifia-t-il dans un rictus en s'adressant à elle depuis le salon. Elle savait que ses semaines étaient chargées et que la seule chose à laquelle il pensait quand il n'était pas occupé à bosser, c'était à la retrouver. « Si je me suis ennuyé, c'est de toi. » Et c'est alors qu'il entendit le jet d'eau se mettre en route qu'il se leva pour se rapprocher de la porte, s'adossant au mur, histoire de faciliter la communication. Krisjana proposa de sortir le soir-même. « Pourquoi pas. On peut aller manger dehors, si tu veux. J'ai vu un restaurant français sur Upper Street, au cas où t'aurais peur de te sentir dépaysée. Ou bien on peut aller voir un spectacle, tant que tu me demandes pas de t'emmener à Peckham ... C'est qu'on m'a dit que c'était pas hyper bien fréquenté, hm. » Eh, il s'était renseigné quant aux quartiers sensibles, alors ouais, à choisir il aimerait autant l'emmener quelque part où ils ne risqueraient pas leur peau. C'était mieux pour ce week-end, sans nul doute.

Il s'offusque de l'attention que je porte à son corps, je roule des billes avant d'esquisser un sourire pseudo agacé. « Bah dans ce cas je repars direct » je continue alors avec rictus, oui, ce n'est pas pour la conversation que je fais deux heures d'eurostar ... Vous me comprenez. J'évoque ses voisines. « Petite, blonde, pas mal, enfin, ça va »je tempère tandis qu'il feint l'ignorance. Il ajoute que je peux très bien inscrire mon nom en dessous du sien, ce que je ferais. J'hoche la tête. Plus tard. D'abord, il faut que je rafraichisse un peu. Je file à la douche tout en continuant de lui parler.  « C'est parce que je connais déjà la réponse  » je laisse entendre avec un sourire prétentieux qu'il ne peut pas voir. « Énormément » je lâche en imitant grossièrement la voix de Jorah, comme je peux. Je sais que je lui ai manqué. J'écoute sa réponse. « Tant mieux » je dis, sans filtre. J'aime savoir que même après 4 mois de relation, il s'ennuie de moi, dans un sens, c'est rassurant. Je me savonne et me rince rapidement lorsqu'il m'expose plusieurs solutions pour la soirée. «  Je vote pour le restaurant alors, après » je réponds tout en me séchant, je m'habille en vitesse. J'enfile une robe, profitant encore des températures d'été qui ne vont pas tarder à disparaître, malheureusement. Je recule de quelques pas, et mon regard croise celui de Jorah qui s'était installé pas loin. Je m'avance de lui, attrapant sa main pour l’entraîner à ma suite, je nous dirige vers sa chambre. Enfin, la notre. Bien sur, il n'oppose aucune résistance, il ne manquerait plus que cela. Je crochète mes bras à son cou, avant de nous faire basculer sur le lit, en travers du matelas. Silencieusement, j'appose le bout de mon nez contre le sien, fermant les paupières pendant quelques secondes, avant d'aller chercher ses lèvres avec les miennes. Je profite de lui pendant quelques minutes. La sonnerie si caractéristique de l'iPhone se fait entendre, un sms. Je grogne avant de me défaire de Jorah pour le chercher dans mon sac. Je retourne m'allonger sur Jorah tout en déverrouillant l'appareil. Un message de mon géniteur, enfin, mon père. Je l'informais que ce week-end, j'allais voir Jorah. Sa réponse "bon courage à lui" me fit arquer un sourcil, il s'essaie à l'humour. Je tourne l'écran vers Jorah lui montrant la discussion, tout en traduisant en anglais. C'est très important de savoir que ce qu'il reste de ma famille le soutient à fond, c'est apparemment un exploit pour eux qu'il me supporte encore. « On ferait mieux d'y aller sinon je ne vais plus vouloir me lever » je laisse entendre avant de me dégager de lui pour me lever. Je m’assois sur le bord du lit, mes yeux suivant chacun de ses mouvements quand il se prépare. Quand il est prêt, on peut décoller, j'ouvre la porte, et je vois la voisine remonter, une nouvelle fois, c'est suspect non ? « Tu es sûr qu'elle n'est pas dealeuse ? » je lui demande en fronçant les sourcils sans vérifier qu'elle soit déjà chez elle, pendant que Jorah ferme l'appartement. On emprunte les escaliers, je laisse Jorah passer devant puisque c'est lui le boss, ici. Je presse le pas pour le rattraper. « Je te conseille de ne pas trop t'habituer à cette ville »  je balance en haussant les épaules. « J'ai de plus grands projets pour toi à Paris » je souffle alors en lui attrapant la main, un rictus moqueur. Oui, j'essaie toujours de le faire venir dans la capitale, comme souvent. « Tu es toujours sûr que tu ne veux pas être un homme entretenu ? » je lui propose en plaisantant, non mais c'est vrai, il viendrait en France, je pourrais m'occuper de lui.

A cet instant, Jorah devinait sans mal que Krisjana avait dans l'idée de passer un intime moment avec lui, et même s'il s'était lui-même beaucoup ennuyé d'elle cette semaine, il estimait qu'il serait dommage de s'enfermer d'ors et déjà dans la chambre alors que nombreuses étaient les autres activités qu'ils pouvaient partager. D'où sa réplique, et le fait qu'il afficha un large sourire après qu'elle ait prétendu vouloir repartir. « On a attendu plusieurs jours, on peut bien attendre encore quelques heures » souffla-t-il alors d'une voix sage, avant de s'étonner de la mention que la jolie brune fit à ses voisines, qu'il feignit sur le moment de ne pas connaître, ce qui était presque le cas. Krisjana partit alors se doucher et il resta dans un premier temps posé dans le salon, à s'amuser de son imitation plutôt approximative. « Tu ne doutes vraiment jamais » qu'il énonça avec humour, alors qu'il paraissait évident qu'elle était dans le vrai, ce qu'elle savait de toute façon parfaitement. Après s'être finalement rapproché, Jorah saisit la proposition de Krisjana pour suggérer d'aller dîner dehors, ce qui serait agréable. Elle sembla partante, et c'est alors qu'il fut tenté de la complimenter sur son choix de tenue après l'avoir vu réapparaître qu'il n'eut finalement d'autre choix que de se laisser conduire jusqu'à la chambre. Allongés tous les deux sur le lit, le brun posa une main contre le dos de la jeune femme, dont il réceptionna les lèvres avec délectation jusqu'à ce qu'une sonnerie les surprenne. Jorah laissa alors Krisjana s'enquérir de ce message qu'elle sembla lire avec perplexité. Lui, il l'amusa plutôt, au moment où elle le lui traduisit. « Tu crois qu'il me décernera une médaille lorsque je le rencontrerai ? » souffla-t-il de façon équivoque, et il est vrai pour la provoquer gentiment. En soi, il n'avait jamais eu à se forcer pour supporter Krisjana, en dépit du fait qu'elle ait beaucoup plus de caractère que lui. La brune laissa entendre qu'ils feraient bien de se lever, ce qui le fit sourire, tandis qu'il entreprit d'enfiler une chemise. Fin prêt, ils quittèrent l'appartement et tombèrent par hasard sur la voisine, qui remontait jusqu'à chez elle. Krisjana y alla évidemment de son petit commentaire, ce à quoi Jorah répondit par un mouvement de tête incrédule. « Oh allons, elle serait remontée avec un mec que tu nous aurais imaginé un tout autre scénario, pas franchement plus reluisant d'ailleurs » lâcha-t-il dans un rire, vu qu'il semblait évident que cette voisine avait d'emblée tous les défauts du monde, simplement parce qu'elle avait le tort d'être jolie. « Oublie un peu la voisine, va » qu'il ajouta plus calmement, histoire qu'elle ne fasse pas une fixette sur une fille qui ne comptait pas. Descendant les escaliers, il serra la main de la brune, tout en plissant les yeux face à ses insinuations. Oh il savait depuis un moment déjà qu'elle aurait préféré qu'il zappe l'épisode 'Londres' pour emménager directement avec elle à Paris, mais il tenait à ne pas brusquer les choses. « Au fond, t'as l'impression que je perds mon temps ici » soupira-t-il avec regret. Elle savait que pour se rapprocher d'elle il avait déjà quitté Bakou, alors il aimerait qu'elle lui laisse un peu de temps avant de le presser pour qu'il la rejoigne à Paris. « J'en suis toujours sûr, évidemment, et c'est pour ça que je préfère attendre avant de ré-envisager Paris. Une fois là-bas, je veux pouvoir compter sur mes ressources, et non sur les tiennes, tu comprends ? » Ce n'était pas dans sa mentalité de compter sur l'argent de quelqu'un d'autre, et encore moins sur celui de sa compagne. L'argent qu'il avait remporté grâce à Fake Lover, il l'avait majoritairement envoyé à sa famille, et même si ce qu'il avait gardé restait confortable, il ne pouvait pas compter dessus sur du long terme. Poursuivant leur route, ils marchèrent jusqu'à un arrêt de bus. « On va prendre la ligne 19, ce sera rapide, et le prochain bus est dans deux minutes » qu'il laissa entendre, tout en profitant de cette courte attente pour attirer la brune contre lui, ses bras noués autour de sa taille et ses lèvres posés contre son cou. Le bus arriva finalement - un peu trop vite à son goût, c'est vrai - et ils purent monter et y prendre place. Jorah laissa la belle s’asseoir à la fenêtre pour qu'elle profite d'un paysage qu'elle connaissait un peu moins bien que lui, serrant toujours sa main dans la sienne. « Toi, t'es toujours sûre que Londres ne sera jamais une option envisageable ? » qu'il demanda, comme ça, parce que ce serait un bon compromis : il avait quitté Bakou pour Londres, elle pourrait faire de même avec Paris. Oui, bon, c'était beau de rêver.

On doit attendre quelques heures. Par-don ? J'écarquille légèrement les yeux avant de reprendre contenance. « Si tu veux » je fais mine de lancer, frustrée, avec un long soupir de désespoir. C'est lui qui décide. Bon, je file rapidement à la douche pendant qu'on organise notre soirée comme on peut, j'irais même jusqu'à dire qu'on est efficace, je suis surtout pas très contrariante ce soir. On se retrouve dans notre lit, lorsque je lui montre le message de mon géniteur. Evidemment, il fait une remarque. Je roule des billes avant d'attaquer l'un de ses flancs avec mon index impérieux. « Pas une médaille, une statue » je le corrige avant que je ne décide qu'il est temps que nous nous bougions. On finit par mettre les pieds en dehors de l'appartement lorsqu'on croise la voisine. « Pas du tout, arrête d'extrapoler » je fais mine de contredire en haussant les épaules. Ok, c'est l’hôpital qui se fout de la charité, j'avoue. Je préfère qu'elle remonte avec un garçon, limite. Je le suis silencieusement avant d'évoquer Paris. « Je veux simplement te voir plus que deux jours dans une semaine » je souligne alors en hochant de la tête, bientôt je vais réellement être débordée et je ne suis pas sûre de pouvoir assumer le trajet tous les week-end. Oui. « Ca me parait encore légitime comme demande, pour l'instant » je balance alors en levant les yeux au ciel tout en continuant de me faire presque tracter par Jorah, vu que c'est lui qui connait l'itinéraire. Je n'arrive pas à m'adapter encore, avant je pouvais le voir jour et nuit et maintenant ce n'est pas le cas. C'est un peu comme passer du tout ou rien, en fait. Il continue en insistant que oui, il est sûr de ne pas vouloir venir à Paris, ce qui je fais soupirer, il me demande si je comprends. Je me laisse quelques secondes pour répondre. « Oui, chef ! » je grogne alors. On va prendre le bus, apparemment, je me contente de simplement hocher la tête avant qu'il ne me ramène plus près de lui, je ne tarde pas à sentir ses lèvres sur mon cou, j'incline un peu plus la tête pour lui laisser plus de terrain. Le bus ne tarde pas à arriver. Je monte la première, lady first, et je m'assois rapidement, Jorah à mes côtés. Je cale ma tête contre le vitre lorsque l'engin démarre. J'écoute la question de Jorah avec une certaine attention. « Je n'ai jamais dis ça » je proteste en fronçant les sourcils. Je ne me souviens pas avoir exclu directement cette option, enfin, je pense. J'oriente mon visage vers l'extérieur, observant la ville alors que mon pouce caresse la main de Jorah. « Mais quand j'aurais fini mon cursus » je lui rappelle avant de me tourner vers lui. Oui, il ne faut pas oublier que je n'ai que 21 ans, toujours pas de boulot, et dans les études. Et encore, je suis en avance d'un an par rapport à ceux de ma génération. « Donc si on est encore ensemble dans deux ans, pourquoi pas » je finis par répondre en le regardant avant d'hausser les épaules. Je ne suis pas hermétique à l'idée de venir habiter ici mais pas tout de suite quoi, dans quelques années, et encore. « On n'y est pas encore quoi » je dis avant de remarquer que Jorah se lève, je fais de même, manque de trébucher lorsque le bus freine. Je me rattrape à son bras avant que nous descendions. Je laisse Jorah nous guider jusqu'à ce fameux restaurant français. On finit par nous attribuer une table assez rapidement. Je tire la chaise pour Jorah. « Monsieur » je glisse ironique alors qu'il s'assoit, je prends place en face de lui. Je m'assois en tailleur, et mes prunelles froides croisent les siennes avant de ... « Avant que j'oublie » je marmonne avant de fouiller dans mon sac, oui, le sac d'une fille est scientifiquement mal rangé. C'est un principe. Je lui tends l'espèce de bipe. « Non, ce n'est pas la clef de mon appartement mais simplement le pass de mon immeuble, tu vas pouvoir arriver plus vite à mon interphone » je me moque en le scrutant. Je comptais aussi lui donner le double de chez moi, mais la clef est pas encore prête, j'ai du faire faire le double, c'est tout. « Tu vois, on avance bien toi et moi » je lance, narquoise avant de ma main n'aille frôler la sienne.