with LEONE

Je n'avais pas mis les pieds à la piscine depuis quelques semaines à présent. A vrai dire, il n'y avait aucune raison apparente à cette attitude hormis peut être un manque de timing ou d'organisation. Quoi qu'il en soit, ce soir j'avais décidé d'y passer une partie de la nuit, c'était le genre de pulsions qui vous prenait à n'importe quel moment de la journée et quoi qu'il arrive, quoi que vous fassiez vous ne pensiez plus qu'à cela qu'il était presque impossible de tenter de passer outre. Si bien que j'avais quitté la soirée organisée par la production un peu plutôt qu'à l'accoutumée. J'avais donc troqué ma tenue du soir pour un bikini deux pièces assez échancré, puis profitant du départ de Maxime et Franz qui avaient monopolisés les lieux beaucoup trop longtemps à mon goût, je m'étais faufilée dans la pièce toujours éclairée. Déposant mes affaires sur un transat dans un coin de la pièce, je ne tardais pas à m'immerger dans l'eau afin d'effectuer quelques longueurs.

Leone s’éclipsa à son tour de la soirée, peu de temps après Sydney. Visiblement ils avaient partagé la même idée puisqu’il la retrouva dans la piscine, les grands esprits s’étaient rencontrés. La demoiselle nageait, imperturbable et seule. Il se déshabilla, gardant uniquement son boxer noir. Il ignorait si elle l’avait remarqué. Ne désirant pas la déranger, il s’assit en silence au bord du bassin. Seuls ses pieds s’agitaient doucement dans l’eau chaude. Après l’avoir regardée quelques instants, l’agent marketing se laissa finalement glisser dans la piscine. Il nageait aux côtés de la demoiselle, suivant son rythme.

Je nageais imperturbable, je n'avais pas entendu la porte de la véranda s'ouvrir, ni Leone se déshabiller, et encore moins lorsqu'il était rentré dans l'eau. Je ne le remarquais que lorsque que je le vis nager à mes côtés. Je fus d'abord étonné qu'il ne se soit pas manifesté mais je fis aucuns commentaires, je me continuais de nager en accélérant pourtant la cadence, légèrement. Après plusieurs allers-retours, je m'arrêtais et m'appuyais sur le rebord de la piscine, afin de reprendre mon souffle. J'observais Leone sans pour autant briser le silence, sans aucune raison particulièrement, je me contentais simplement de le regarder. De tous les candidats c'était sans doute celui qui m'intriguait le plus, son secret était un véritable défi et plus je l'observais plus je me rendais compte qu'il m'échappait complétement. Je ne le connaissais pas réellement, pourtant je l'appréciais, j'admirais sa franchise pourtant c'était loin d'être ce qui prédominait dans un jeu comme celui-ci.

Sydney accéléra. Leone, nageur confirmé, imita son allure sans grande difficulté. Elle s’arrêta enfin, il fit de même se postant face à elle. La demoiselle demeura silencieuse, le défiant de son regard expressif. A cet instant il aurait apprécié être télépathe. Incapable de sonder son esprit, il lui adressa un léger sourire puis déclara dans un murmure :

« Tu es écorchée. »

Il ne parlait pas d’une douleur physique, il ne saurait l’expliquer mais sa colocataire lui semblait fragilisée ou peut-être plus sensible qu’en début d’aventure. La relation houleuse qu’elle partageait avec Franz devait être en partie responsable. Il ne comprenait pas non plus pourquoi elle perdait constamment son temps à consoler son partenaire définitivement misérable.

J'essayais de sonder l'esprit de Leone, en essayant de descellé le moindre indice dans ses intentions, il m'intriguait, et ce soir d'avantage. Sa remarque comme sortit de nulle part me surpris quelque peu. Il n'avait pas tord, j'avais tenté de donné le change, mais visiblement ma petite mascarade n'avait eu aucun effet sur lui. « Effectivement, ça se voit tant que ça ? » murmurais-je sans chercher à cacher quoi que ce soit puisque de toute évidence, c'était inutile. J'étais las, d'un tas de choses qui faisait que j'étais touchée plus profondément à chaque fois, comme si la carapace que je m'étais construite au fil des années s'effritait plus les jours passaient, j'étais en colère qu'un homme aussi charmant soit-il puisse me mettre dans cet état, puisque c'était bien évidement la raison de mon apparente fragilité. Ce soir en avait été la preuve flagrante, puisque au lieu de m'amuser réellement je n'avais fait que penser à lui et à sa possible réaction. Je baissais les yeux, dépitée de ne pas apparaître comme la femme forte que j'avais toujours été à l'extérieur.

Jusqu’à preuve du contraire Leone n’était pas doté d’un sixième sens, la question de la demoiselle admettait donc une réponse évidente. D’ailleurs, une majorité des habitants avait sûrement dû remarquer l’appel au secours qui émanait de Sydney. Il était néanmoins content de constater qu’elle ne tentait pas de sauver les apparences avec lui.

Le jeune Américain éprouvait une certaine estime envers la demoiselle. Il la considérait comme une femme forte, qui ne se laissait pas impressionner. Même si elle paraissait affaiblie, elle remontera la pente sans grande difficulté. Ainsi, il ne se permit pas de partager ses conseils sur sa relation avec Franz. De plus il possédait sa propre vision des relations humaines, généralement en contradiction avec l’opinion publique.

« Je ne me fais pas de souci pour autant. Je sais que tu sortiras gagnante de cette épreuve. »

J'avais conscience que ma mine déconfite ne trompait personnes, pourtant l'admettre devant quiconque, hors de question. Avec Leone, les choses étaient différentes même si j'étais incapable d'en expliquer la raison. Seulement il avait raison, j'allais rapidement sortir de tout ça. « Gagnante à condition que je me débarrasse de tous ses pleurnichards ? Que je laisse croire à Austin qu'il a plus d'emprise sur moi qu'il n'en a en réalité ? Ou que je ne tire définitivement un trait sur Franz qui ne cesse de me faire de l'ombre ? » Demandais-je soudainement, c'était bien ce que l'on me reprochait même indirectement non ? Ou du moins c'était de cette façon que je percevais les choses. Quoi qu'il en soit, je savais comment gérer les choses, et écraser les autres, ou me débarrasser d'eux ne faisait pas parti de mes plans.

Sydney l’enchaîna de questions rhétoriques. Le jeune homme arqua un sourcil et répondit d’un ton calme :

« Tu gères ton aventure comme tu l’entends, j’essayais simplement de t’encourager. Tu connais déjà les réponses à toutes ces questions. »

Leone ne connaissait pas suffisamment la demoiselle pour se permettre de la conseiller. Il savait juste qu’elle était forte, elle traversait cette épreuve avec succès. Il n’avait également rien à lui reprocher. Les problèmes de son quotidien avec Cassandre, Austin et Franz ne le regardaient définitivement pas. Il ne la jugeait pas, il avait simplement constaté qu’elle était écorchée.

« Excuses moi, je ne sais pas pourquoi je m'en prends à toi tout à coup. D'autant que si tu avais réellement des reproches à me faire j'y aurais eut le droit depuis longtemps n'est ce pas ? » Rétorquais-je sur un ton tellement plus calme et presque rieur, changeant d'attitude du tout au tout. Leone avait toujours fait preuve de franchise en toute circonstance, peu importe son interlocuteur et peu importe le moment. Peut être que la franchise manquait cruellement dans cette maison, voilà, pourquoi j'avais sûrement ressenti le besoin d'agir avec l'américain. Je m'éloignais du bord, tournant à présent autour du candidat, sans le quitter des yeux. « Assez parlé de moi, je suis curieuse de savoir ce qui t'as conduit jusqu'ici en plein milieu de la nuit ... »