two is better than one
ft. Lou & Andreja

C'était infaillible ce plan. Sur le principe c'était peut-être digne d'un môme mais sur la mise en oeuvre c'était du génie ... Oui bon, il n'était pas là pour se lancer des fleurs non plus. Non, Andreja était là parce qu'il attendait ; Il guettait, même. Cela lui avait demandé un peu de temps ainsi que la complicité de Pia pour lui indiquer où était rangée la farine. Pourquoi la farine ? Chaque chose en son temps. Toujours est-il que lorsque Lou avait du se réveiller ce matin-là il avait trouvé au pied de son lit une feuille de papier découpée en flèche, la première d'une série de flèches scotchées à même le sol et sur lesquelles était inscrit le nom du marin, dès fois qu'il douterait que toute cette mascarade lui soit vraiment destinée. La chambre orientale, le couloir, l'escalier, la traversée du salon et l'arrivée enfin devant le placard à balais. Celui-là même où il n'y avait en réalité pas le moindre balai à l'horizon, oui, mais il y avait des choses qu'il valait mieux ne pas essayer de comprendre. Sur la porte du placard en tout cas, une dernière indication, un "ouvrir" écrit à l'encre bleue et scotché sur la porte à peine entrouverte. C'était toujours comme ça avec la curiosité, même en sentant le coup fourré venir à quinze kilomètres on ne pouvait pas s'empêcher d'aller au bout du truc malgré tout, et c'était bien là-dessus qu'Andreja comptait. Parce qu'en équilibre au dessus de la porte un paquet de farine ouvert et sur lequel les mots "joyeux anniversaire" avaient été rajoutés au feutre n'attendait que l'ouverture de la dite porte pour déverser son contenu sur le petit chanceux qui ne parviendrait pas à retenir sa curiosité ... et ce chanceux ce fut finalement Lou, comme on pouvait s'en douter, qui se mangea le paquet de farine et tout son contenu sur la tête tandis que depuis le coin du couloir Andreja n'était pas parvenu à retenir un ricanement. C'est qu'il était fier de sa connerie le bougre, et l'image d'un Lou couvert de farine et semblant bugger sur le fait de s'être fait avoir copme un bleu valait aussi son pesant de cacahuètes. « Si tu voirais ta tête, haha. » Oh allez, il avait au moins le sens de l'humour l'espagnol ? Ce n'était qu'une gentille blague destinée à prendre sa revanche. Puisqu'Akela avait utilisé leur discussion de samedi pour faire passer Andreja pour un barge qui aurait tenter d'étrangler un de ses petits camarades. « Joyeux anniversaire. Maintenant nous être quittes. » avait-il finalement ajouté d'un ton innocent tout en se rapprochant pour rejoindre Lou devant le placard. Est-ce qu'ils étaient vraiment quittes ou est-ce que ce n'était que le début des hostilités ? A voir.

Est-ce qu'Andreja était fier de sa connerie ? Oui, assurément. Il n'avait pas eu beaucoup d'occasions de se marrer depuis le début de la semaine, et à vrai dire maintenant qu'il prenait une seconde ou deux pour observer les traits tirés de Lou il avait comme l'impression qu'il n'était pas le seul dans ce cas-là, alors il trouvait que c'était une très bonne raison de faire ça maintenant ... Une bêtise plus grosse que lui, une débilité de nature à les faire rire comme deux imbéciles. Parce que Lou avait beau lui lancer un regard noir digne d'un méchant de dessin animé, on voyait bien qu'il peinait à conserver son sérieux et à vrai dire encore heureux, car ce n'était qu'une blague potache destinée à se venger un peu de la frousse que Lou lui avait fichu sans le vouloir la semaine précédente ; Le but n'était pas de le vexer réellement. La gueule enfarinée - c'était véritablement le cas de le dire - le brun n'avait en tout cas pas tarder à se faire entendre à son tour « Nous être quitte ? Nous pas être quitte mon cher ! » Oh mais si, ils étaient plus que quitte, un partout et la balle au centre, nul besoin de discuter. Mais c'est qu'il avait presque l'air menaçant malgré tout, avec son index pointé sur lui de cette façon ... Mais de la farine plein le visage, cela perdait tout de suite un peu de sa superbe. « C’est une déclaration de guerre que tu viens de faire là ! Je te conseille de faire gaffe à tes arrières à partir de maintenant. Le grand méchant lou(p) bouffe pas que le chaperon rouge ! » Andreja avait arqué un sourcil, bras croisés, prenant le temps de la réflexion pour comprendre où se situait le piège de cette phrase avant de comprendre où était la blague ... Non vraiment, c'était tout ce qu'il avait en stock ? « Je pardonner ton humour parce qu'il est tôt ... Mais ça rester un peu nul, hm. » avait-il alors répondu d'un ton faussement désolé, tout en secouant légèrement la tête. Il n'avait par ailleurs pas manqué de voir à trois kilomètres ce que Lou avait en tête en s'essuyant le visage avec assez d'attention pour garder toute la farine dans sa main ... Mais allez, il lui devait bien ça, il avait même penché la tête vers lui pour lui mâcher le travail, si ce n'était pas un cadeau d'anniversaire, ça. « Mais merci quand même. » Parce que Lou avait souri Andreja avait souri à son tour. Pourtant les secondes passant il remarquait de plus en plus que le matelot avait l'air un peu à côté de la plaque ; A vrai dire il avait la même tête que ce soir de prime où ils étaient arrivés au prime en bien piteux état. Peut-être pas autant, mais c'était le même genre d'expression « Hmm, je presque croire que tu décidé de boire sans moi hier. » qu'il lui avait alors lancé d'on ton tout aussi faussement accusateur. Parce qu'il n'avait besoin de l'autorisation de personne pour se prendre une cuite, à vrai dire ce qui intéressait plutôt Andreja c'était de savoir s'il s'agissait d'une cuite bon enfant comme celle qu'ils avaient partagés la première semaine, ou bien si Lou avait des tracas à noyer.

Ces deux dernières semaines n’avaient pas été facile pour moi, et ça continuait encore aujourd’hui même si Andreja avait réussi à m’amuser, malgré le fait que je sois la victime de sa mascarade. J’avais bénéficié de peu d’heures de sommeil, et ça pouvait se voir à ma tête. Et puis j’avais un peu trop bu la veille au soir, alors ça devait être encore pire. Il valait mieux que j’évite les miroirs aujourd’hui. Ça n’empêche pas que la surprise de l’enfant perdu m’amuse particulièrement. Pourtant je le menace tout de même, sans grand sérieux, me doutant bien que je devais être encore plus ridicule à lui conférer des menaces avec une tête enfarinée. Et puis il se moque de ma blague qui laissait certes à désirer, je l’admets. Mais oui, comme il le disait, il était tôt, alors il devait me pardonner d’office. Et puis je ne bénéficiais clairement pas de toutes les fonctions de mon cerveau en cette matinée, vu le mal de crâne que je me traînais. «  Et puis, c’est mon anniversaire, alors je peux dire ou faire ce que je veux. » J’ai un ton d’enfant gâté, et c’est bien évidemment fait exprès. Parce que gâté, je ne l’ai jamais réellement été. Mes parents m’ont toujours fait travailler dur et fort pour obtenir l’objet de mes désirs. Qu’importe. Face aux paroles de Andreja, j’en conclus automatiquement qu’en plus d’avoir une tête pleine de farine, je devais réellement avoir une sale gueule. Sinon il n’aurait clairement pas deviné tout seul que j’avais bu la veille. Du coup je grimace légèrement, ne retenant pas un léger soupir. «  J’en avais besoin… » Je dis, un peu honteux. J’étais honteux de mon comportement envers Tilda, mais aussi de mon attitude qui s’assimilait presque à une loque ces derniers temps. Honteux de ne pas pouvoir contrôler tous les sentiments et souvenirs qui me revenaient en tête à l’idée de savoir une femme enceinte à mes côtés. Honteux de montrer toutes mes cassures au grand jour, et de ne pas pouvoir être aussi fort que je le désirais. Et rien que de repenser à tout ça, j’en avais encore plus honte. «  Mais c’est pas bien important » j’ajoute alors «  Oublie ça, la prochaine fois je t’attendrai, promis ! » J’essaie de lui sourire, mais je pense que ça ressemble plus à une grimace.

Il y avait quand même eu un court instant où il avait presque eu peur que Lou manque de sens de l'humour et ne prenne sa petite blague au pied de la lettre, à savoir comme une agression gratuite de bon matin, à rajouter à celle dont il avait déjà été la victime collatérale la semaine précédente quand il avait eu l'idée de venir réveiller Andreja en sursaut. Une idée qui s'était révélée mauvaise, même si ça le marin n'aurait eu aucun moyen de le deviner ... et à vrai dire Andreja s'en voulait déjà assez. Fort heureusement donc, Lou n'avait pas perdu son sens de l'humour en cours de route, et bien que visiblement décidé à se venger il prenait la chose comme elle se devait de l'être : comme une blague potache. A mettre en rapport avec la blague un peu nulle qu'il venait de faire ... Mais gentiment nul, quoi. « Et puis, c’est mon anniversaire, alors je peux dire ou faire ce que je veux. » Hm, d'accord, il marquait un point, même si le plus marrant là-dedans en définitive c'était surtout le ton qu'il employait, comme un gamin qui aurait décidé de bouder simplement dans l'espoir d'attendrir son interlocuteur. « Tu es sûr c'est vingt et huit ans que tu venir de avoir ? » qu'il avait alors lancé d'un ton taquin, mettant sa lèvre inférieure en avant comme pour appuyer ses dires avant de reprendre un tant soit peu de sérieux. Juste assez pour lui faire remarquer l'air de rien qu'il avait l'air d'avoir bu sans lui, sous entendu décidé de se prendre une cuite sans lui ... Pour un peu Andreja en serait presque vexé, mais puisque cela semblait ne pas avoir réussi au marin et qu'Andreja peinait déjà à suivre avec le peu de sommeil qu'il s'octroyait depuis le week-end précédent, ce n'était pas forcément une mauvaise chose. « J’en avais besoin … » Le serbe avait penché la tête sur le côté, comme s'il attendait d'un air perplexe que Lou soit un peu plus précis quant à ce qu'il venait de dire. Ce n'était peut-être pas juste la gueule de bois, cette expression sur son visage. « Mais c’est pas bien important. Oublie ça, la prochaine fois je t’attendrai, promis ! » Oh vraiment ? Lou espérait sincèrement s'en sortir avec un "oublie ça" et croiser les doigts pour qu'Andreja suive son conseil et fasse comme s'il n'avait rien demandé. C'était tellement mal le connaître que même Lou ne devait pas ignorer que c'était peine perdue. « C'est important. » avait-il fait remarquer d'un ton calme, mais on ne peut plus sérieux. « Et je sav-... sais écouter presque autant que je sais boire. Alors tu même pas obligé de venir avec une bouteille "la prochaine fois". » Il pouvait même venir lui parler en alternative à une énième gueule de bois, au cas où Lou n'aurait pas saisi le message qu'Andreja essayait de faire passer.