Il parait que la piscine est l’un des endroits les plus convoités du nid. En tout cas, elle ne l’est pas par lui. Jusqu’ici, il a soigneusement évité cet endroit. S’il trouve un semblant d’intérêt à la plage puisqu’il peut simplement s’asseoir sur le sable sans être obligé de s’immerger dans l’eau, la piscine extérieure ne l’attire pas du tout. Il pourrait évidement se poser sur un transat et regarder les autres profiter de l’eau, mais il n’en voit pas l’intérêt. Et s’il se trouve non loin de la piscine aujourd’hui, c’est uniquement parce qu’elle est sur son chemin, il n’a aucune intention de s’arrêter. C’est jusqu’à ce qu’il aperçoive McKayla qui semble l’appeler, vu la façon dont elle lui fait signe. Bon, puisque c’est sur son chemin, il peut bien s’arrêter quelques instants vers elle. Il parait qu’elle a un truc très important à lui dire. Il est sceptique, il ne voit vraiment pas ce qu’elle pourrait lui annoncer, mais il est prêt à l’écouter. « Oui ? » Il dit même, pour lui prouver qu’elle a toute son attention. Pour le peu qu’il connait McKayla, il ne s’attend pas à une confession sérieuse ni même qui changera sa vie. Elle va sûrement lui dire qu’elle a mangé tous les biscuits du cellier ou qu’elle a vu une licorne dans la forêt. Mais non, elle ne fait rien de tout ça puisqu’elle passe ses bras autour de son torse et s’avance même de quelques pas. Pris par surprise, son seul réflexe consiste à faire un pas en arrière mais ça n’empêche pas McKayla de venir à bout de son plan machiavélique en les faisant tomber, tous deux, dans la piscine. Il remonte rapidement à la surface et contrairement à la blonde, lui ne rit pas aux éclats. « C’est bon, je ne suis pas fâché. » En fait, si, il l’est un peu, mais peut-être que ses yeux tristes ont eu raison de la vérité. « Non, ce n’est pas nécessaire. » Oh, il aurait pu profiter d’elle pour lui demander d’aller lui chercher une serviette ainsi que des habits secs, mais il est possible que la jeune femme s’arrête en cours de route pour admirer un papillon ou pour se lancer dans une grande conversation philosophique avec un autre candidat si elle vient à en croiser sur le chemin. Alors, il évitera. « Mais évite de refaire ça, s’il te plait, je n’aime pas être surpris. » Peut-être que pour elle, c’est une victoire de l’avoir surpris, mais lui déteste qu’on agisse ainsi avec lui. Et s’il ne connaissait pas le caractère de McKayla, relativement éloigné du sien, il se serait montré probablement moins tolérant. D’ailleurs, il pourrait quitter cette piscine, c’est même l’idée qui a traversé son esprit en remontant à la surface, mais puisqu’il est mouillé et qu’il n’a rien de mieux à faire, il reste. « Pour te faire pardonner, tu peux me dire un truc sur toi. » Il a repéré cette idée chez certaines personnes, qui se mettent au défi mutuellement et le perdant doit révéler quelque chose sur lui. Ici, il n’y a pas de défi à la clé, mais elle peut bien se faire pardonner de cette façon, non ?

On pourrait presque dire que McKayla aime vivre dangereusement tant elle s’en est prise à la mauvaise personne. Il y a pourtant suffisamment de candidats à l’esprit plus ouvert que lui, plus apte à rire de ce genre de connerie que lui. Mais non, il a fallu qu’elle se mette en tête que sa victime, ce serait lui. Et le voilà, dans la piscine, trempé jusqu’aux os. Heureusement qu’ils sont en Australie et pas en Sibérie, mais si ça ne change pas grand-chose au fait qu’il n’apprécie pas vraiment la petite surprise de la candidate. Pourtant, il préfère mentir et lui dire qu’il n’est pas fâché. C’est qu’un semi-mensonge, en réalité, parce qu’il n’est pas dans une grosse colère, plutôt légèrement agacé. D’ailleurs, s’il était vraiment en colère, il n’aurait pas hésité à lui demander des habits de rechange ou, au moins, un service en compensation du dérangement qu’elle lui a causé. Mais non, il ne prend même pas la peine de profiter de son offre. C’est tant pis pour lui, en effet, et c’est encore plus dommage qu’elle ne lui prête pas ses vêtements parce qu’elle n’est pas certaine qu’il rentre dedans. « Et j’ai pas vraiment envie d’essayer, de toute façon. » Merci de la proposition, mais il s’abstiendra. Il l’observe, un peu sceptique, quand elle laisse échapper quelques rires. Il préfère ne pas demander pourquoi elle rit, dieu sait encore à quoi elle pensait. Il préfère plutôt la prévenir de ne pas recommencer un coup pareil et elle semble être d’accord. « Merci. » Enfin, de la part de McKayla, il ne sait pas quel poids accordé à cette promesse. Elle n’est pas vraiment connue pour faire ce qu’elle dit, notamment quand elle promet de garder un secret, Akela a déjà mis ce point en avant. Mais il espère tout de même compter sur elle pour ne pas lui faire ce genre de coup à l’avenir. Il se surprend presque lui-même à rester dans cette piscine plutôt que de détaller dès que l’occasion le lui permet. Même s’il ne compte pas noyer McKayla, ce n’est pas pour autant que cette trempette improvisée lui fait plaisir. Et clairement, elle a intérêt à se rattraper. En lui disant un truc sur elle, notamment, pour qu’il pense à autre chose que le coup foireux qu’elle lui a fait. Il l’observe se mettre à flotter sur le dos. Lui préfère faire du sur-place, mais tant qu’ils peuvent s’entendre l’un et l’autre, c’est parfait. Il l’écoute attentivement, mais ne peut s’empêcher de tiquer sur sa première réflexion. « Tu pensais que c’était impossible ? » C’est l’impression qu’il renvoie, celle d’un type qui se fâche à vie pour la moindre connerie à son encontre ? « En tout cas, c’est impressionnant. » Il déclare en réponse à l’anecdote qu’elle lui a dévoilée. Enfin, tout est relatif, ce n’est pas le truc le plus impressionnant du monde, mais lui ne serait pas capable de prétendre à un tel titre, national qui plus est, alors ouais, dans un sens c’est pas mal du tout. « Tu viens d’où ? » C’est qu’elle l’a intrigué en parlant de championne nationale, alors qu’il ne sait même pas d’où elle vient ou d’où elle est originaire. McKayla reprend la parole et la menace dont elle conclut ses paroles lui provoque une légère grimace. « Non, évite s’il te plait. » Il précise avant de lui répondre, parce qu’il est certain qu’elle en serait capable. Et ce n’est clairement pas une bonne idée de venir le déranger durant la nuit. Il marque ensuite une courte pause, se maudissant silencieusement d’avoir émis une telle demande sans soupçonner la possibilité que McKayla lui retourne celle-ci. Il aime pas parler de lui, et même s’il a envie de faire l’effort de lui répondre, il ne trouve rien d’intéressant à dire sur sa personne. « J’ai gagné la compétition d’orthographe de mon école quand j’avais douze ans. » Il dit enfin, après un silence. McKayla est plutôt du genre sportive, lui plutôt intellectuel. Cette information ne changera pas la vie de sa camarade, mais au moins, il a fait l’effort qu’elle lui demandait.

Il aurait besoin de vêtements secs, mais il ne veut pas que McKayla s’en charge. De toute façon, ils ne sont pas si loin du nid, si vraiment le choc de la température est si terrible pour Alistair quand il sortira de la piscine, il n’aura qu’à courir jusqu’au dressing et il sera en une poignée de minutes. Mais dans l’immédiat, il est très bien comme il est, puisqu’il ne compte pas quitter cette piscine, alors les vêtements secs ne sont pas une priorité. McKayla lui fait une proposition d’ailleurs, à savoir lui prêter ses vêtements à elle, mais il s’abstiendra. Ce n’est pas demain la veille qu’il se trouvera une folle passion pour le travestissement. Ce qui est dommage car, selon la blonde, il aurait sûrement l’air mignon dans une robe. Mouais. « Je laisse ça à Ghika. » Ce dernier a déjà eu l’occasion de prouver aux sceptiques que les robes lui allaient à merveille, alors Alistair va éviter de marcher sur ses plates-bandes, il ne voudrait pas que cela soit perçu comme concurrence déloyale. Quoi qu’il en soit, McKayla peut, pour se faire pardonner, lui dire quelque chose sur elle. À première vue, elle n’a pas un caractère auquel Alistair pourrait s’y intéresser, mais la jeune femme a un bon fond et il n’est pas trop tard pour en apprendre plus sur elle. Il tique un peu quand elle lui avoue que c’est facile de se faire pardonner avec lui. Jusqu’à preuve du contraire, il ne s’est fâché avec personne jusqu’ici (bien qu’il ne porte pas Lou dans son cœur, il n’est pas fâché contre ce dernier, simplement agacé par ses agissements), alors cela l’étonne un peu qu’on puisse le percevoir comme quelqu’un qui a de la peine à passer l’éponge quand, justement il n’y a aucune animosité qui l’unit avec quelqu’un au point d’être rancunier. D’ailleurs, il l’a dit lui-même lors de son casting, la rancune est le défaut qui lui fait horreur, ce serait donc l’hôpital qui se fout de la charité que d’agir ainsi. Mais McKayla s’explique. Elle ne pensait pas cela impossible, juste un peu plus dur que de révéler quelque chose sur elle. « Ça me dérange pas, moi, que tu parles de ta vie. » Il ajoute. Elle peut bien lui raconter n’importe quoi et le faire pendant dix minutes, il a toujours été plus intéressé par le fait d’écouter que de parler. Après, quant à savoir si les propos de McKayla ne risquent pas de l’ennuyer à un moment ou à un autre, c’est une autre histoire, mais il est suffisamment bien élevé pour ne pas lui dire de se la fermer. Elle lui avoue tout de même qu’il n’a pas l’air du type à pardonner facilement. « Tu te trompes, je ne suis pas très rancunier. » Il l’informe. Il l’est un peu, bien évidemment, si quelqu’un lui plante un couteau dans le dos il ne passera pas l’éponge aussi facilement, mais pour un geste aussi futile que d’être poussé à l’eau, ce n’est pas parce qu’il n’a pas apprécié sur le moment qu’il va lui en vouloir, ce sera probablement déjà oublié en fin de semaine.  Elle lui révèle finalement qu’elle fut championne nationale du 1500 mètres, ce n’est pas grand-chose, mais c’est assez impressionnant tout de même. Il lui demande d’où elle vient, mais elle n’est pas d’avis à lui donner la réponse aussi facilement. Il doit deviner. C’est pas vraiment son truc, mais il va essayer. « Des États-Unis, c’est certain. Où, exactement, je ne sais pas. » Parce qu’il ne connait pas les États-Unis et qu’il a beau se fier à son accent pour deviner le pays, il n’est pas en mesure de deviner l’état qui lui est propre. Alors si elle pouvait lui simplifier la tâche maintenant qu’il a essayé, ce serait apprécié. C’est ensuite à son tour de dévoiler quelque chose sur lui et puisqu’ils en sont à parler de compétitions, il évoque le concours d’orthographe qu’il a gagné quand il était plus jeune. Sauf que McKayla veut quelque chose d’autre. C’était pourtant un bon deal, des anecdotes à l’importance similaire, non ? « Je ne sais pas quoi dire sur moi. » Il avoue, dans un premier temps, parce qu’il a bien vu sa petite moue et son air déçu. « Plus jeune, le métier de mes rêves était éducateur spécialisé. » Il déclare finalement, sans avoir trop besoin de se creuser la tête car il s’agit d’une information qu’il a déjà révélée à Andreja, et dans l’immédiat, il n’a rien d’original à dire. « C’est mieux, ça ? » Il demande, peu convaincu. Si ça ne lui convient toujours pas, il n’aura d’autres choix que de quitter cette piscine pour ne pas la décevoir plus longtemps.