TILDA

Le temps est parfaite. La musique se déverse dans mes oreilles, chassant toutes pensées qui pourraient m'empêcher de me concentrer sur cette daube industrielle que j'écoute. Je cours tranquille, j'ai la conscience tranquille parce que j'ai l'impression d'entretenir mon corps et je pourrais manger à ma faim ce midi sans réellement culpabiliser. Même si en réalité je cours seulement 5 min, pour ensuite en marcher dix à l'allure d'une mamie. Je fais du sport à ma façon, mais je déteste cela en réalité. Je préfère me dire, avec prétention, que je n'ai pas besoin de cela. Je finis par arriver non loin de la plage. Je cherche une distraction pour arrêter de me faire souffrir. Tiens, je crois l'avoir trouvé. Mes prunelles s'accroche à un candidat assis de dos dont les contours me semblent familiers. Evidemment, vu la chevelure et tout le bordel, il ne peut s'agir que d'une candidate. C'est la jolie Tilda. Je range mon ipod dans la poche de mon jooging pour m'approcher d'elle à pas de loups. Mes pas se font légers et bizarrement aériens dans le sable. Si bien qu'elle ne remarque pas ma présence. Je me laisse tomber en délicatesse sur le sable, sans me faire mal. « Je te fais des tresses» je commence alors en m'asseyant derrière la demoiselle avant que mes doigts frôlent sa belle chevelure brune soyeuse. « Et toi, tu te plains » je lui demande alors c'est une façon détournée de lui demander ce qui pourrait mal aller dans son aventure puisque j'ai l'impression que cela fait super longtemps que l'on n'a pas discutaillé elle et moi. Je suis restée encore sur notre dernière conversation concernant son plus beau souvenir. J'imagine que depuis ces deux semaines, il y a du s'en passer des choses dans sa petite vie, rien qu'au niveau de son partenaire non ? J'ai toujours eu du mal à capter leur relation, j'avoue, ça me parait assez compliqué d'un point de vu global. Alors Tilda peut vider son sac, je suis tout à fait prête à l'écouter, j'ai du temps à y consacrer, même. Mes doigts agiles commencent à séparer sa chevelure  en trois pour commencer à entrecroiser ses mèches de cheveux.

Le meilleur moyen de bien commencer la journée, c'est de sortir du nid pour profiter des premières chaleur. C'est ce que je fais depuis le début du jeu, je me lève à une heure assez irrégulière mais mon premier réflexe c'est d'aller faire un tour sur la plage. Souvent je saute même le petit déjeuné. Mais en ce moment j'ai vraiment faim le matin, maintenant que mes nausées sont plus faibles qu'avant, j'ai de nouveau de l'appétit le matin. Alors je rattrape un peu les autres petit déjeuné de perdu et en profite pour prendre quelque chose de consistant. Depuis quelque temps j'évite le maillot de bain, je me trouve tellement grosse alors que bon je suis certainement l'une des femmes enceinte les plus mince de toute l'histoire de la procréation. Pourtant je me trouve juste grosse, patapouf, lourde, moche. Alors je préfère évité de montrer à tout le monde cet horreur qui pousse, ce ventre déjà légèrement arrondis. C'est donc en short et tee-shirt style marinière que je me balade sur la plage. Je frôle les vagues du bouts des pieds, me laissant de temps en temps aller à un petit saut enfantin. Et puis quand je me lasse de ce petit jeu je décide de m'installer sur le sable et de laisser mes pensées divaguer sur les choses futiles de la vie. Du genre la nouvelle décoration que je compte faire dans mon appartement ? Quelle couleur je devrai mettre dans la salle de bain ? Oui bon j'avoue je pense pas du tout à ça. Je serais plutôt du genre à me refaire les moments clés de ma relation avec Lou, celle chaotique et tellement incompréhensible pour tout le monde. Je me torture les cuticules avec mes canines. Je suis lassé de me prendre la tête pour ça, mais je dois dire que quand j'ai un petit moment de solitude je finis toujours par retourner à la même chose, aux même questions. Et là d'un seul coup y a une blondinette qui apparaît à coté de moi. Je souris à la vue de Clémentine, ce petit elfe capricieux toujours là pour réveiller vos songes. Elle veut me faire des tresses et il paraît que je n'ai pas vraiment le choix. Le ton de sa phrase est à l’affirmative et pas à l’interrogative. « Je crois que j'ai pas le choix. » Je commente, me laissant déjà faire. J'aime bien qu'on me touche les cheveux en plus alors je vais pas me plaindre. En plus j'ai l'autorisation de me plaindre, enfin non pas vraiment j'ai plutôt l'obligation de me plaindre. « Tout va trop vite ici tu ne trouves pas ? » Je commence alors qu'elle s'amuse avec mes cheveux. « On s'attache trop vite, on prend les choses trop à cœur et ça finit par donner des situations de dingues. Par exemple avec Lou j'ai l'impression qu'on a une relation construite sur des années, alors que bon ça fait quelques mois et son se déchire comme un vieux couples avec des problèmes idiots. » C'est tout à fait ça notre relation, celle d'un vieux couple dont la complicité s'étiole avec le temps, alors qu'on se connaît depuis quelques semaines rien de plus. Je suis sûre qu'elle est de ceux qui ne comprennent pas ce qui nous lie Lou et moi. Je ne sais même pas si je serais capable de l'expliquer en réalité. Peut importe, je ne demande pas qu'on nous comprenne, j'aimerais juste qu'on évite de nous juger sans savoir. Et c'est qu'ils font tous de manière plus ou moins consciente. « Et toi t'as pas le droit de te plaindre ? » Je lui demande parce qu'il paraît qu'elle fait les règles et bon moi aussi je veux bien l'écouter se plaindre. Je pourrais aussi lui faire des tresses mais ça va être compliqué niveau positionnement.

Je me cale dernière la demoiselle, l'empêchant involontairement de prendre la suite, je tiens ses doux cheveux en otage, il vaudrait mieux pour elle qu'elle ne bouge pas trop. La remarque de la candidate m'arrache un léger sourire. « C'est bien, tu comprends vite » je souffle d'une voix taquine en roulant des billes parce qu'elle n'a pas le choix, ce n'est pas comme si elle l'avait eu une fois à vrai dire, avec moi. J'ai le don d'obtenir souvent ce que je veux, il faut dire qu'avec un sourire, ça passe tout de suite mieux, c'est la méthode magique. Je l'écoute avec une certaine attention lorsque la brune s'exprime. « Tout est décuplé ici » je confirme en faisait une légère moue. Passer deux mois ici c'est comme si on vivait cinq mois, on est vingt-quatre heures sur vingt-quatre les un avec les autres.  « T'as peur que ça s'arrête brutalement ? » je lui demande en parlant d'elle et de Lou.« J'avoue que je n'arrive pas à suivre votre relation franchement » je concède en haussant les épaules parce que j'ai quand même l'impression qu'ils font un peu dans le drama pour rien. D'ailleurs Tilda vient de me le confirmer, ils se prennent la tête pour rien, c'est bien ce que je pensais. « D'ailleurs, vous en êtes où là ? » je finis par lui demander histoire de voir si je suis à jour, pour moi, Lou en voulait à Tilda parce qu'elle avait couché avec Percy précisément. Elle me demande si je peux me plaindre à mon tour, mais moi, je n'ai pas matière à le faire, cela stagne malheureusement de mon côté. « Si j'ai le droit, mais je n'ai pas envie » je lui réponds alors avant d'esquisser un léger sourire avant de frictionner avec affection son dos. « Je vais étrangement bien » je déclare de ma voix légère, je suis simplement nominée mais cela ne me touche pas, enfin, je ne suis pas stressée que comme je l'avais été depuis mes premières nominations.