Matthew,

Il faisait nuit depuis de bonnes heures déjà, le nid somnolait vaguement alors que j'arpentais le plus discrètement possible les couloirs, sur la pointe des pieds. Matthew à ma suite, nous étions plongés dans le noir de la maison, quelques habitants discutaient dans les chambres ou dormaient alors que d'autres s'affairaient en bas, c'était le moment idéal pour mettre en place notre plan d'action. Lui intimant de se taire parce qu'il venait de buter la poignée de la porte de la salle de bain, je fermai rapidement celle-ci avec le plus de discrétion possible, essayant de ne pas rire tant la situation me paraissait ridicule. Illuminant la pièce, un étalage de produits cosmétiques s'étendait sur le lavabo, prêt à être passé au peigne fin par nos soins. Notre but : provoquer le cataclysme entre les deux anciennes reines de la maison, Yseult et Summer.

Bon alors Chef de mission Matthew, comment allons-nous procéder?

Très sérieux, je croisai les bras, attendant les ordres du jeune homme.

Les directives étaient données, je me mis au garde à vous comme un parfait petit soldat, yeux plissés et lèvres pincées. Apostrophant le jeune homme dans mon entrain d'un " chef! oui chef. " je me mordis aussitôt la langue en jetant un regard inquiet à la porte. Rien ne vint, un soupir de soulagement naquit à mes lèvres pour venir détendre l'ensemble de mon visage crispé. Je souriais bêtement, c'était amusant au fond. Seulement voilà, Matthew venait de poser les difficultés de notre opération. Il y avait plus d'une trousse à maquillage dans la salle de bain. Nous nous approchâmes ainsi du lavabo, bras croisés, inspectant d'un œil critique l'étalage de produit sous nos yeux. J'haussai un sourcil.

Je suppose que le contenu parlera de lui-même.. Je saisis entre mes doigts la première trousse qui me vint, en sortant un tube de rouge à lèvre carmin ainsi que tout autre sorte de produits. Je la fourrai dans les mains du jeune homme à mes côtés, isolant déjà celle d'Héléna que j'avais vu mainte fois se maquiller. Celle d'Yseult doit être bourrée d'artifice de graisse de baleine à gogo, et Summer il suffit de chercher le fond de teint qui lui donne cet horrible teint jaunâtre.

Matthew venait de trouver la trousse d'Yseult, il n'en restait par conséquent que très peu à fouiller, la tâche s'avérait plus facile que nous l'avions prévu finalement. Yseult étant blonde, j'isolais ainsi méthodiquement celles où se trouvaient des cheveux bruns, produit pour beauté brune et autre mixtures étranges que les femmes de la maison se plaisaient à s'étaler sur la figure. Une trousse de grande marque se trouvait ainsi dans mes mains, la dernière du lot. Faux cils, une large palette de maquillage, pas de doute c'était bien celle de l'extravagante Yseult. Je m'apprêtais à brandir celle-ci fièrement sous le nez de mon acolyte lorsqu'une voix vient nous couper dans notre élan. C'était Rusty.

Une beauté peut-être pas, mais on espère bien qu'Yseult ira refaire le portrait de Summer.

Gloussant, je pris finalement un tube de rouge à lèvre neuf que je fis glisser sur mon bras, y apposant ainsi sa première marque d'utilisation. Mascara mal rebouché, je tendis finalement la brosse de la blonde platine au jeune homme face à moi qui renfermait entre ses mains celle de la rousse, un large sourire sur les lèvres. Je me tournai vers mon ancienne partenaire, la fusillant du regard avant de pointer un doigt impérieux sous son nez.

Si tu caftes, on te fait la peau.

Je les regardais franchement perplexe: l'un brandissait fièrement une brosse à cheveux pendant que l'autre une trousse de maquillage. A la dérobée, je pus apercevoir la brosse de Summer notamment, cheveux roux en l'occurence. Bref, quant à la trousse, aucune idée. A moins que... Je soupirais exaspérée mais sérieusement que comptaient-ils faire avec tout ça ? Haha, rêves Matthew, j'y gagne quoi moi dans l'histoire ? ironisais-je ensuite un sourire aux lèvres. Avant que Franz ne parle et que je ne réprimes un rire. En effet, j'avais entendu dire que les deux jeunes femmes avaient entretenu une relation 'tendue' bref. Si tu caftes, on te fait la peau. lança ensuite Franzine en pointant son index vers moi. J'arquais à nouveau un sourcil insolente, soudainement tiraillée entre l'envie de rire et rester très sérieuse. Finalement j'optais pour les deux: j'éclatais de rire avant de croiser les bras de nouveau et braquais mes prunelles vers eux. Tiens donc... fis-je un sourire en coin, avant d'inspirer, m'apprêtant à crier histoire de réveiller toute la maison.