Après mes retrouvailles avec Tilda, j’avais tout naturellement commencé à chercher Sacha, qui ne savait pas encore que j’étais là. Il croyait que j’arrivais dans quelques jours sûrement, et encore je lui avais dit que ça ne serait pas certain que je revienne, tout dépendrait de comment se passerait mes affaires en Thaïlande. Mais c’était étonnamment fini plutôt vite. Alors me voilà ici, dans cet endroit où j’avais passé plus de deux mois assez compliqués, mais j’étais finalement content d’y être allé. Et je le vois enfin, sur le balcon, accoudé à la rambarde, le regard posé sur l’horizon. Je m’approche à pas de lou(p) avant de lui pincer les fesses sans qu’il ne s’y attende. Je passe alors mes bras autour de lui, alors qu’il est dos à moi, le serrant doucement contre moi. «  Salut toi. » Je dis en souriant alors que mes lèvres se posent sur sa mâchoire.

Accoudé sur le balcon tout en observant le soleil se coucher peu à peu, je me dis que cet instant fera probablement parti de mes derniers ici à admirer les paysages australes. Soudain, un contact imprévu vient heurter mon derrière. « Qui est le pervers qui a le culot de pincer mes... » Mon débit de parole s’atténue aussitôt quand l’inconnu me prend dans ses bras. Si j’avais pensé à Aaron ou encore Jaheim, une voix me dit que ça ne peut être que Lou qui m’étreinte ainsi. Je me retourne aussitôt pour en avoir la confirmation. « fesses. » Ma voix devient presque inaudible et ma mâchoire tombe aussitôt de surprise quant à la vue de Lou. Je ne m’attendais clairement pas à le voir aussitôt revenir. C’est bien lui au moins ? Je crois que j’ai ma réponse quand il dépose ses lèvres contre les miennes. Il n’y a que lui qui m’embrasse comme ça. Je serai le reconnaître entre mille. Lui, ses gestes, son odeur, sa voix. Merde, je suis accro. « Salut beauté sauvage. » Son prénom rappelle sans cesse son côté presque farouche et la bestialité qui sommeille en lui et qui m’enivre. « J’allais finir par croire que tu t’étais fait engloutir par un crocodile Thaïlandais. J’ai lu un article comme quoi il y a beaucoup de morts comme ça là-bas. » Je commençais presque à m’inquiéter vu qu’il est marin. Bon, ok, pas vraiment, puisque logiquement il navigue sur des gros bateaux mais on sait jamais dès fois que ça lui prendrait l’idée d’aller faire un plouf dans des marécages.

Je le serre un peu plus contre moi, content de le voir. Il fallait avouer qu’après l’avoir côtoyer quotidiennement ces derniers temps, ça m’avait fait bizarre d’être sans lui pendant ces quelques jours. Pourtant la solitude ne me dérangeait pas, non, loin de là. Je n’étais pas du genre à me sentir seul même si je l’étais. J’avais toujours de quoi m’occuper. Mais il était vrai que ne pas voir Sacha tous les jours avait été étrange. Et je ne peux pas m’empêcher de  rire alors qu’il parle de crocodiles. Où est-ce qu’il allait chercher tout ça ? «  Je me suis fait attaquer, on a failli me manger, mais bon, El Pescador reste le plus fort. » Bah oui, bien sûr, c’était très crédible n’est-ce pas ? Et comme pour prouver la force du dit el pescador, aka moi, je le serre un peu plus dans mes bras. «  Ça fait bizarre de revenir ici. » Je dis alors, alors que mon regard se pose sur l’horizon. C’était vrai, ça avait beau faire seulement un peu plus d’une semaine, j’avais l’impression qu’une éternité s’était écoulé entre notre sortie et le retour. C’était étrange. Je considérais déjà Fake Lover comme un épisode de mon passé.

Il me semble qu’abandonner le jeu en même temps que Lou, c’était une manière aussi pour moi de lui prouver que j’étais là pour trouver l’amour et pas pour le jeu ou l’argent. Et donc, que je l’ai trouvé en sa présence. Je sais pertinemment que mes erreurs ont fragilisé notre relation ou du moins la confiance qu’il a envers moi. Néanmoins, j’essaye de la regagner un peu plus chaque jour et ça semble assez bien fonctionner. J’en suis surtout récompensé lorsqu’il m’étreint fort contre lui. J’aime ce contact permanent entre nous qui m’avait tant manqué ces derniers jours. « Tu devrais songer à changer de métier et écrire une BD autobiographique sur El Pescador. Je suis sûr que ça aurait un franc succès ! » Ou alors il est pas obliger de changer de profession, il peut toujours l’écrire sur son bateau. Qui sait ? Je viens peut-être de lui donner les clés de la fortune ? Si ça se trouve, dans cinq ans, ça sera un écrivain de bande dessiné célèbre ! « Tu trouves ? J’ai l’impression de revenir chez moi. » Vu le temps qu’on a vécu et passé dans le nid d’amour, c’est un peu devenu mon nouveau domicile justement. Mais j’imagine que si je m’absentais plus longtemps peut-être et que je revenais, là ça me ferait bizarre. « T’y crois toi, à toutes ces amitiés ? » J’avoue que je suis sceptique sur la plupart des liens que j’ai pu tisser et je doute que j’en garderai même pas la moitié. Les vrais amis, c’est dur à trouver. J’espère néanmoins conserver des contacts. Plus de deux mois d’aventure non-stop aux côtés d’inconnus, c’est pas rien !