Je me demande où j'ai bien pu égarer Hadrien. Il doit surement être avec Paloma ou même Percy, ou les deux. Il faudrait peut-être que je cherche en attendant mon Mallaury. Et miracle ! Cela arrive ! Je déboule dans le dressing alors je croise le candidat. Je lui adresse un large sourire en demandant ce qu'il peut bien vouloir. Il agit une serviette sous mon nez, ah non, ce n'est pas ça. Mallaury m'annonce que cette chemise est à Hadrien, évidemment, elle est immonde, le contraire m'aurait étonné. Je n'assume pas du tout son style de clochard et il le sait d'ailleurs. Mallaury tient absolument à la rendre à Hadrien, je me racle délicatement la gorge. « Te donne pas cette peine, je peux la récupérer » je lui propose alors pour lui éviter de passer par Hadrien et de perdre son temps. C'est une tentative pour faire disparaître la chemise ensuite, il ne s'en rendra pas compte j'en suis sûre. Bon, ok, j'avoue, mes intentions sont mauvaises mais bon, vu la gueule du vêtement, cela se comprend. « Ou tu peux la garder » j’énonce en haussant les épaules. C'est comme il le sent, c'est lui qui décide au final, c'est lui le patron. Dans un sens, si Hadri ne l'a pas réclamé, c'est qu'elle lui appartient, il en a pleins d'autres en plus. Mallaury me donne presque l'impression de faire ses valises, ça m'insupporte. « Arrête de me dire ça » je lui demande parce que je n'ai pas envie d'entendre cela en ce moment. Je m'en fous de la date de son départ. Il n'a pas le droit de partir de toute façon, il faudrait peut-être qu'il le sache.  « Tu sais très bien que je n'aime pas » je ronchonne alors parce que j'ai presque envie de dire qu'il fait exprès de me sortir qu'il va bientôt partir alors que j'ai simplement envie qu'il reste. « Tu vas rester avec moi le plus longtemps possible   » je déclare simplement, d'une voix ferme qui ne laisse même pas place aux négociations pour le coup. Parce que ce n'est plus lui qui décide et que je n'ai pas envie qu'il s'évapore dans la nature, comme cela. Parce que cela signifie bien trop la fin et que je n'ai pas encore d'y penser ! Déjà, on va devoir survivre à l'épreuve de dimanche et j'ai peur. Je pose simplement un regard pas très tranquille sur Mallaury, le temps d'un instant.

Sa réaction n'est pas si surprenante que cela, au final. Mallaury, fidèle à lui même et toujours dans l'excès. Un vol. Je lui donnerais bien ma définition d'un vol et ce n'est clairement pas la même bizarrement. « N'importe quoi  » je grogne parce que j'ai bien envie de dire que sa chemise est pas top. « Dis toi que si tu la gardes, il s'en rendra même pas compte » je lui balance alors, non mais de toute façon je vais la jeter ou la donner cette chemise, je vous préviens, elle ne va pas rentrer dans une valise pour repartir d'ici vivante. Y a pas moyen. Je lui demande de rester avec moi, et de ne pas partir. Il m'annonce que c'est pour moi qu'il est encore ici. « Arrête, tu vas me faire culpabiliser de te demander de rester alors que t'es pas heureux ici ! » je lui demande en ouvrant grand mes yeux, oui, je suis égoïste et j'ai envie qu'il reste pour moi. Mais dans un sens, clairement, je ne le lui ai jamais demandé explicitement. J'ai pas envie de le forcer à rester encore dans le nid mais ... sans lui, je vais m'ennuyer. Déjà, passons le prime et on verra après. Parce que si je pars, avec Hadrien, on n'a pas encore décidé pour la suite. « En plus ce n'est pas que pour moi, y a Paloma, Gaetane ... » je balance comme pour soulager un peu ma conscience. Il veut me ramener dans sa valise. « Effectivement, je ne suis pas sûre qu'il soit opé »  je balance, mais cela n'engage que moi. Et puis, je suis une princesse, on ne me transporte pas dans une valise, comme une clandestine ! Mon minois va lui manquer. Je roule des billes, exaspérée qu'il pense déjà à la fin alors qu'il devrait profiter pleinement des prochains jours au lieu de tenter de se projeter pour plus tard. « Non, même pas  » je balance capricieuse alors en esquissant une moue mécontente. « On se reverra souvent ou pas ?  »  je lui demande en tendant mon visage vers lui, comme s'il avait la science infuse ou la vérité au bout de ses lèvres. Parce que pour moi, c'est toujours lui qui a su. « Tu es déjà allé en colo ?  » je lui demande soudainement. « Parce qu'au bout de deux mots de vacances, ils se promettent tous de se retrouver et ils le font quasiment jamais » j'explique en posant mes mains sur mes hanches, le détaillant de mon regard fébrile. « Et j'ai pas trop envie qu'on les imite » je lui laisse entendre, presque sévère. Oui, en général, je réussis souvent à imposer ce que je veux. On va juste croiser les doigts, prier, allumer bougie et encens pour que Mallaury ne soit pas une exception.

Sa remarque me fend le cœur et jette un froid sur ma joie. Je me contente de pincer les lèvres alors que mes prunelles doucereuses s'en vont le contempler. « Tu penses qu'un jour tu y arriveras à l'être à nouveau ? » je l'interroge parce le bonheur est une notion assez subjective. En tout cas, je tente de ne pas lui balancer mon bonheur récemment retrouvé à la figure pour ne pas l'indisposer. Sans moi, il n'a aucune raison, j'ai bien envie de lui dire que son aventure ne se résume pas qu'à notre rencontre, mais il le sait. Il ne se rend pas compte que beaucoup de candidats l'apprécient, il est très attachant. On dévie alors sur notre futur et pas très attendue séparation, j'imagine qu'il faut bien en parler un jou ou l'autre. On ne peut pas le repousser indéfiniment. Tous les jours, rien que cela, il n'a donc pas encore fait une overdose de Clémentine, je me demande bien comment. « Mais ce n'est pas possible » je conclus alors dans une moue boudeuse, ne serait-ce que financièrement, je galère et je ne pense pas que Mallaury soit plein aux as non plus.  Mallaury m'annonce qu'il n'a jamais fait de colo, dans un sens, ce n'est pas étonnant, il a peur de tout, on ne sait jamais, il pourrait mourir d'une piqure de moustique ou empoisonné par un de ses camarades, oui, oui, les gens sont très vicieux, comme Percy, par exemple, Mallaury pourra en témoigner ! Je vais quand même corriger sa supposition d'un vague geste de la main avant d'enjoindre la parole quelques secondes plus tard. « Non, mais on m'a raconté » je lui souffle alors en haussant les épaules, mes parents ne m'auraient jamais laissé partir en colo, c'était comme si on laissait leur fille chérie se pervertir loin de leur monde guindé et délicat. J'ai pourtant essayé de négocier pendant quelques années mais rien n'a fait, je ne suis jamais partie en voyage avec d'autres personnes que ma famille ou Hadrien. Oui, j'ai été élévée dans une bulle de cristal mais cela ne m'a pas empêché de me renseigner sur les activités de mes copines. Elles revenaient toutes excitées de leurs vacances d'été et puis deux mois après, elles avaient complètement oublié les gens qui avaient partagé leur vie d'été pendant quelques semaines voire mois parfois. Alors j'imagine que c'est un peu comme cela que ça fonctionne, des promesses et que des promesses. Il abandonne enfin sa valise et j'étire un sourire ravie sur mes pulpeuses, enfin une bonne action ! On s'en fout de sa valise ! « C'est pareil pour moi » je laisse entendre ne voulant pas non plus le couper dans son élan. Mallaury, c'est le candidat que j'ai du le plus emmerder de toute mon aventure, à lui faire des crises pour à peu près tout, mais cela reste aussi celui que je préfère ici. Ma rencontre du jeu. Il y a Paloma bien sûr, Elsa aussi, mais chaque relation que j'ai tissé est très différente. « Ne sois pas dramatique non plus, je t'en prie, cela pourrait presque m'effrayer quand tu dis cela » je lui demande alors dans un froncement de sourcils équivoque. Je n'aime pas l'entendre dire cela, parce que je me dis qu'un coup fatal, mentalement fatal, pourrait tout faire basculer chez lui. Dès fois j'ai l'impression qu'il est bien plus fragile que les autres, mais ce n'est que mon ressenti. « Tu ne feras rien de stupide, que ce soit dimanche et après » je lui ordonne en reprenant mon air habituel de dictatrice, je ne lui laisse pas le choix, comme toujours.