La namibienne n’arrive pas à fermer les yeux. Elle a beau se forcer, ses pupilles restent fixées sur son côté de toile, à la fois non visible dans le noir pour elle et pourtant palpable. D’ailleurs, elle passe ses doigts dessus écoutant le bruit que cela fait. Sa seule distraction, parce qu’elle n’oserait pas bouger, de peur de réveiller sa colocataire de tente. À force de se tourner et de se retourner encore, elle risquerait de faire peur à Olivia et ce n’est pas ce qu’elle veut. Elle ne veut pas être gênante. Mais elle n’arrive pas à s’endormir pour autant. Soufflant légèrement, elle se décide à quitter la tente, enroulée dans son sac de couchage comme elle le pouvait, couvrant surtout ses bras, le reste de son corps couvert par ses vêtements qu’elle garde aussi pour dormir. Hors de question pour elle de se déshabiller pour dormir. Respirant le bon air de l’extérieur, elle pointe se nez vers le ciel. La nuit est sombre, mais pas les alentours. La flamme un peu plus loin éclaire son coin et la lune accompagnée des étoiles rendent la nuit justement moins noire. Plissant un peu des yeux, elle hésite un instant et puis finalement elle se lance les pieds nus sur l’herbe légèrement humide jusqu’au feu. Assise devant ce dernière, elle se réchauffe légèrement les mains qu’elle tend devant elle. Elle profite d’être seule pour en faire de même avec ses pieds, aussi blancs que ses doigts dont elle a une sainte horreur. Ses longs doigts fins qu’elle aimerait pouvoir cacher comme elle le peut, avec des gants si possibles. Tout, mais que personne ne puisse les voir. Si elle déteste chacune des taches de son corps, ses mains sont pires encore pour elle. Alors elle s’exécute avec rapidité, trop peureuse d’être prise en flagrant délit, même si délit il n’y a pas. Elle en profite en même temps pour surveiller le feu, qui normalement ne doit jamais s’éteindre. Imma ne sait pas ce qu’elle pourrait faire s’il venait à s’éteindre, mais au moins elle est là. Son regard ne tarda pas à se perdre dans les flammes dansantes du feu de camp, ne pensant plus vraiment à la chaleur qu’elles lui procure.

Les flammes, dansantes devant elle, auraient presque le don de l’endormir, substitue de l’écran de télévision, hypnotisant et assommant. Combiné à la chaleur qu’elles lui procurent et qu’elle n’arrive pas à trouver sous sa tente. Elle n’a pas tant l’habitude du froid et plus tellement l’habitude de dormir à la belle étoile, même si ça lui arrive encore de temps à autre. Sentant son regard se brouiller au final – ce qu’elle avait attendu des heures durant sous son sac de couchage – le corps se mouvant dans l’espace et vers elle la fit se relever légèrement, le dos bien droit. Son regard scrutant la nouvelle arrivée, son visage soumis à la même politique du zéro maquillage, elle ne peut s’empêcher de mordiller sa lèvre inférieure. Puis une fois assise à côté d’elle, bien à côté, elle détache son regard le posant ailleurs. Elle ne l’ignore pas, au contraire. Bien au contraire, elle décuple son intérêt pour la brune, réduisant sa propre personne à un rôle de second rang. Sa place naturelle. Tout aussi naturelle que sa réaction face à la question qu’elle n’avait pas anticipée. La faisant sourciller, elle ne peut s’empêcher de cacher mains et pieds comme elle le pouvait. « J’ai de quoi… » Sa voix est quelque peu brouillon, imprécise et fluette. Evidemment, c’est le mot qu’elle aurait pu lâcher. Evidemment qu’elle a honte, qu’elle est embarrassée de devoir se montrer ainsi aux caméras. Mais elle ne peut rien contre ça. « Imma. » Son prénom coule de sa bouche sans réellement s’en apercevoir, ne retenant pas forcément au passage le sien. Pourtant c’est très beau, Maha. « Je ne veux pas me plaindre. » Qu’elle finit alors par lâcher, elle ne veut pas en parler. De ça.