Il y avait des fois, je me demandais ce qui me passait par la tête… Pourquoi avais-je poussé cette porte et m'étais-je engagé dans cette salle recouverte de miroir,  simple question de curiosité malsaine sans doute. En tout cas ce qui était sûr maintenant, c'est qu'une fois lancé, je comptais bien aller jusqu'au bout de ce casse-tête, sauf qu'après de nombreuses minutes et plusieurs vitres prises dans la figure. J'étais un peu perdu. Exaspéré, par ma connerie de m'être engagé dans un truc aussi chiant. J'exprimais mon mécontentement :

Putain ! Mais, elle-est où cette foutue sortie ?

Si j'avais pas eu cette foutue certitude d'être seul, je n'aurais pas geulé ainsi. Malheureusement, ici, plus qu'ailleurs, les certitudes on les abandonnait très vite…Puisque oui, je n'étais pas seul. En continuant de chercher désespérément, je tombais en effet nez à nez avec une blonde, plutôt jolie :

Si tu m'as entendu gueuler, je suis désolé… C'est pas dans mes habitudes de m'emporter si facilement…

Elle m'avait surement entendu, puisque pour arriver à cet endroit du labyrinthe il fallait déjà y être depuis un petit moment. J'étais surtout gêné par cette première image de moi que je donnais à la jeune femme… Même si, qui sait, peut-être cela allait au contraire lui convenir, une discussion avec un mec semblant avoir du caractère.

À cette heure-ci, elle est supposée être à son bureau, le nez plongé dans les dossiers. Pourtant, aujourd’hui, elle déambule dans les couloirs, à la recherche d’une activité pouvant l’occuper et il s’avère que c’est un défi bien difficile pour la jeune femme. Elle n’arrive pas à se faire à l’idée qu’elle ne peut pas suivre son planning, parce qu’une bonne partie de sa journée est réservée à son travail et elle se sent vide et inutile si elle ne l’effectue pas. Autant dire que si elle aurait pu, elle aurait amené ses dossiers avec elle pour gérer son entreprise depuis cet hôtel. Mais comme elle ne peut pas, elle essaie de trouver des alternatives. C’est la seule chose à faire, elle ne va pas rester assise à la table de la cuisine en s’imaginant être à son bureau. Quoi que, en voilà une idée, nul doute qu’elle la mettre à exécution un jour ou l’autre. Guettant sa montre, elle réalise qu’il lui reste un peu plus d’une heure et demie avant de se décider à préparer à manger. Une heure et demie durant laquelle elle ne sait que faire. Jusqu’à ce qu’en passant dans le couloir du second étage, elle constate une porte qui avait échappé à sa garde jusqu’ici. Elle s’en approche, hésitante. Elle était déjà là, lundi, cette porte ? Si c’est le cas, cela veut dire qu’elle est passée à côté de celle-ci durant toute la semaine et autant dire que c’est inenvisageable aux yeux de Mylah. Cela remettrait en cause toutes ses certitudes quant à ce lieu. Elle pose la main sur la poignée, encore sceptique. Dieu sait ce qui se trouve là-derrière. Son cœur s’accélère, la peau de l’inconnu l’enveloppant, tandis qu’elle se décide à entrer dans cette pièce inconnue. Elle referme soigneusement la porte derrière elle, avant de sortir son gel désinfectant de sa poche arrière pour se laver les mains. Quand elle daigne enfin prête attention à ce qui se cache derrière cette porte, sa bouche s’entrouvre d’étonnement. Que des miroirs. Partout. Elle panique un peu, elle n’aime pas ça, parce qu’elle sait qu’elle ne trouvera pas la sortie en un temps déterminé, et c’est impensable de s’imaginer être incertaine du temps qu’elle mettra pour sortir d’ici. Elle tente de rouvrir la porte pour sortir, mais celle-ci est désormais verrouillée. Elle grimace, tente de forcer en s’acharnant contre la poignée, sans succès. Alors elle respire un grand coup, prend son courage et tente d’avancer. La production ne viendra pas la sauver, c’est trop amusant de la voir céder à la panique. Elle lave une seconde fois ses mains, tandis qu’elle tente d’avancer. Son souffle s’accélère, elle n’a aucun repère, elle sent les larmes lui monter aux yeux sans pour autant rouler le long de ses joues. Et finalement, elle entend une voix non loin d’elle, elle se calme presque instantanément. Elle n’aime toujours pas être prise au piège, mais elle n’est pas seule. Elle essaie de se rapproche de cette fois, et tombe finalement nez-à-nez avec un candidat dont l’identité lui est encore inconnue, alors même qu’elle a mis un point d’honneur à se rappeler des prénoms de chacun. Ou peut-être que c’est simplement la panique qui ne lui permet pas de s’en souvenir. Il se confond en excuse quant au fait qu’il ait hurlé. Elle l’a entendu, mais n’a pas enregistré ses paroles. Elle se décide à lui répondre quand elle a repris son calme. « Je t’ai entendu. Mais tu fais ce que tu veux. » Elle rétorque, haussant les épaules. Ce n’est pas parce qu’elle, elle est toujours dans l’optique du contrôle absolu que les autres doivent suivre son principe – même si elle est persuadée que ce serait mieux pour tout le monde. Il peut bien crier, insulter cette pièce, taper sur les miroirs, ça lui importe peu, du moment qu’il ne s’attaque pas à elle. Et elle se doute bien que Cupidon n’aurait jamais pris le risque de mettre des candidats aux pulsions violentes dans une telle émission. Du moins, elle l’espère, car quand on voit la liste de candidats avec un casier judiciaire lors de la saison précédente, on ne peut être sûr de rien. « Ça fait longtemps que tu es là ? » Elle demande, intéressée. Qu’elle se prépare psychologiquement.

Au vu de l'émotion qui semblait envahir la jeune femme, je me rendais compte que mes états d'âmes et ma petite crise étaient vraiment dérisoires à côté. D'ailleurs, elle me le faisait bien comprendre, en m'expliquant que je faisais ce que je voulais. Plus je la regardais, plus j'étais mal à l'aise, ne sachant quoi faire face à elle, je me contentais d'un sourire et d'un simple :

Tu vas bien ? Je suis sûr qu'on va s'en sortir… Ensemble !!

Sûr c'était un bien grand mor, mais je disais cela pour rassurer la jeune femme, qui me demandait depuis combien de temps j'étais dans cette salle. Ayant vraiment du mal à estimer le temps qui passe, je lui demandais :

Je ne sais pas… Quelle heure-est t'il ?

Ces miroirs m'avaient complétement embrouillé, ainsi je ne savais plus quelle jour ou quelle heure on était… Ce qui avait dont de m'énerver, moi qui aimais avoir un minimum de contrôle sur mon existence. À ce moment précis je me rendais compte que la colère m'avais fait oublier l'essentiel : me présenter. Confus, je tentais donc de rattraper mon erreur :

Au fait, je suis Diego et toi ?

Son nom je l'avais sur le bout de la langue, mais impossible de m'en souvenir. Ily a des fois où je me foutrai des baffes. Mais bon, l'heure n'était pas à l'auto flagellation, mais belle et bien à l'organisation. Il fallait que l'on sorte d'ici et pour cela on allait devoir s'allier. J'avais de mon côté pleinement confiance en la jeune femme, mais cela était-il réciproque… Je ne savais pas trop…

Il lui demande si tout va bien, et elle manque de laisser échapper un rire nerveux. Bien-sûr que tout va bien, comment cela pourrait-il être le contraire ? Elle adore les espaces clos, elle adore être prisonnière, ne pas savoir où elle se trouve exactement, ne pas être maître de la situation, être la cible de mauvaise blague comme celle-ci, elle qui pensait naïvement découvrir une pièce et faire instantanément demi-tour si celle-ci n’était pas à son goût. Alors oui, tout roule, vraiment. « Oui, merci. » Malgré tout, il ne s’agit que d’un léger mensonge. Elle n’est plus au bord de la crise de panique comme quelques instants auparavant, parce qu’elle a quelqu’un sur qui compter, mais pour autant, elle n’est pas encore totalement calme. Quoi que, Mylah n’est jamais réellement détendue, il y a toujours un détail susceptible de l’angoisser. Mais dans tous les cas, il est hors de question de lui confirmer qu’elle n’est pas au meilleur de sa forme, ce serait avouer une faiblesse et c’est impensable pour Mylah. « J’espère. » Elle déclare simplement quant au fait qu’il soit sûr qu’ils vont s’en sortir ensemble. Il est d’ailleurs très enjoué, ou paniqué, elle ne sait pas trop. Elle espère, oui, mais si elle trouve la sortie avant lui, nul doute qu’elle s’échappera de cet endroit sans un regard en arrière. Sa survie avant celle des autres. Oui, il est carrément question de survie. Et c’est bien pour ça qu’elle en vient à lui demander depuis combien de temps il se trouve dans cette pièce. Elle a besoin de le savoir, non pas par simple curiosité ou pour débuter une conversation avec le jeune homme, simplement parce qu’elle a besoin de le savoir pour se préparer psychologiquement à l’idée de rester plus de temps que prévu dans cette galerie des glaces. Elle n’aime pas ne pas être la maîtresse de la situation, inutile de dire que plus vite elle sera sortie de cet endroit ; mieux elle s’en portera. Son angoisse est d’ailleurs encore bien présente, bien qu’elle ne soit plus seule. Angoisse qui remonte bien vite quand il lui répond ne pas savoir. « Dix-heures trente-deux. » Elle répond au tac au tac dès qu’elle a jeté un bref coup d’œil à sa montre. Elle est toujours précise, Mylah et elle espère qu’ainsi il pourra lui donner une réponse aussi précise que la sienne. Pas un simple ‘’bon quart d’heure, je pense’’ mais plutôt ‘’dix-sept minutes’’. C’est particulièrement important pour la jeune femme. Diego en vient à se présenter et même si elle connaissait déjà son prénom, elle n’est pas conte l’idée que les choses soient bien faites. « Mylah. Enchantée. » Elle ajoute, question de principe, bien qu’elle ne sache pas encore si cette rencontre l’enchante réellement ou pas. Elle peine à se lier directement aux autres comme certains, d’autant plus quand l’atmosphère ne s’y prête pas et dans ce cas précis, elle pense avant tout à sortir d’ici plutôt qu’à faire connaissance. « Tu viens de quel côté ? » Elle finit par demander, toujours plus intéressée par l’idée de sortir que d’en apprendre plus sur le candidat. Ils se sont rencontrés en cours de route, alors bien qu’il n’y ait qu’une seule entrée, il doit y avoir plusieurs chemins pour retrouver la sortie. Et si elle peut déjà en éliminer un de sa liste, elle ne dit pas non.

Grave mal à l'aise dans ce labyrinthe de glaces. Pour autant si je n'écoutais que son discours, c'était complètement. Par conséquent, soit elle n'osait pas assumer ses faiblesses devant un autre candidat, soit elle était frappée par un grave trouble de la personnalité. Mon sens logique, me disait de plutôt pencher pour la première solution, tant la jeune avait le profil type de la working-girl à la vie rythmé par le métronome du train-train quotidien. Ces gestes, ces mimiques face à cette inconnue trahissant son incapacité à gérer l'imprévu, son désir de la perfection, des choses carrées et du travail bien fait.

Cela fait donc sept minutes que je tourne en rond dans ce dédale sans rien trouvé d'autre que de nouvelles glaces et n'obtenir d'autres que des ecchymoses s'ajoutant à celles que j'ai déjà…

Je regardais en l'air, remarquais les limites entre les différentes vitres. Finalement, j'avais bientôt exploré tous les chemins possibles, je ne devais pas être loin de la sortie. Par contre, simple question de politesse, je répondais à la demande de Mylah :

Je viens de là…

J'indiquais le couloir situé derrière moi. Puis exposais ma théorie…

Celons moi, il n'y a pas plusieurs chemins, mais un seul et unique assez logique. Plutôt que de se séparer de nouveau, autant partir ensemble dans l'une des dernières directions qu'il nous reste. On finira bien par trouver la sortie…

J'étais peu sûr de moi, malgré tout je me donnais des airs pour tenter de rester convaincant et tentais de raisonner de manière logique :

Cupidon n'étant pas assez sadique pour nous laisser là-dedans plusieurs jours, la sortie doit être assez logique à trouver, mais bouffer par notre stress on passe devant sans la voir j'en suis sûr.

C'était même évidence, quand on aurait trouvé la sortie on se sentirait tellement con car c'était une évidence. Une évidence invisible aux yeux des gens dans notre contexte, le stress, le jeu etc… Simple question de psychologie..