Il y avait vraiment un truc qui mettait Louise mal à l'aise, à peine l'aventure débutée : l'inaction, certes mais pas seulement : l'enfermement. C'était un truc tout bête, auquel elle n'avait même pas pensé en s'inscrivant. Mais être restreinte dans ses déplacements, c'était quelque chose de frustrant. Voire plus. Lula était le genre de jeune femme active et volubile, toujours en train de papillonner à droite ou à gauche. Elle aimait la Nature, les animaux, les différentes cultures, l'Art sous toutes ses formes. Bref, elle était souvent dehors à vaquer à ses lubies que ses amis raillaient avec bienveillance ce qui lui faisait lever les yeux au ciel. Quelle bande d'immatures. Savoir qu'elle ne pouvait pas quitter cet hôtel, aussi luxueux soit-il, lui donnait l'impression d'être un lion en cage. Et Dieu sait qu'elle militait férocement pour que les animaux sauvages le restent... Heureusement, la salle de sport allait lui permettre de canaliser son énergie et de continuer à pratiquer son sport favori : la boxe. Etrange lubie pour une jeune femme pourtant pas garçon manqué. Etrange lubie pour une fillette de huit ans qu'on avait mise à la danse classique & aux danses de salon. Mais il n'y a pas à dire, le tutu et les demies-pointes avaient ennuyé Lula, qui souhaitait un sport bien plus... énergique. Enfant, son père avait consenti à l'inscrire en secret au judo si elle continuait la danse. Quand sa mère avait quitté le domicile familial, elle n'avait continué que le judo, puis la boxe à l'adolescence. Vêtue d'un simple débardeur blanc & d'un short en éponge tellement vieux qu'il glissait sur ses hanches et menaçait de dévoiler ses sous vêtements incessamment sous peu, Louise frappait, frappait & frappait encore de toutes ses forces sur un punching ball, ses cheveux suivant grâcieusement la cadence.

Lula continuait à frapper à tout va sur le punching ball, sans penser à rien d'autre qu'à ses propres gestes, précis & mesurés. La plupart des gens tapaient par rage, colère, haine. Ils pensaient à ce qui avait bien pu les agacer et décidait de s'en débarrasser en frappant de toutes leurs forces sur un innocent punching ball. Ou sur une personne toute aussi innocente, au choix. Louise, non. Elle frappait uniquement pour canaliser son énergie, non pas se défouler. Afin de s'épuiser littéralement d'une fatigue bienveillante, non pas pour expulser ses frustrations. C'était d'ailleurs ce qui lui manquait souvent, lors des compét' : la rage. La petite brune se retrouvait souvent avec un sacré coquard parce qu'elle ne se focalisait pas assez sur son adversaire. Lui, la considérait comme tel, voire comme une ennemie et la rendait responsable de toutes les misères du monde pour la battre. Lula, non. Après l'abandon de sa mère, qu'elle avait détestée sur le coup, elle avait décrété que la haine était un sentiment bien trop nocif. Qui vous rongeait comme un acide. C'est pourquoi elle s'était empressée de le bannir de sa vie, bien qu'on ne pouvait pas tout contrôler. La petite brune s'arrêta brutalement en entendant une voix masculine l'apostropher. Elle fit volte-face rapidement pour se retrouver nez-à-nez avec le partenaire de Kitty, Gabriel, qu'elle avait traîné comme un animal domestique docile il y avait de ça déjà... deux jours. Wow. Lula prit la peine de reprendre quelque peu son souffle et d'étirer ses bras endoloris par l'effort avant de répondre, avec sa désinvolture habituelle. « C'est le but. Enfin, j'espère qu'il est endurant, je suis loin d'en avoir fini avec lui... » Métaphore graveleuse, bonjour. Louise suivit du regard Gabriel prendre place sur une machine qui lui avait tout l'air d'une torture moyenâgeuse. Ce qu'elle ne manqua pas de notifier. « Je ne comprendrai jamais l'attrait des garçons pour ce genre de machines. On dirait un outil de torture tout droit sorti de la Tour de Londres. »