+ @SAILOR

J'avais couru aussi vite que j'en été capable, laissant mes muscles se serrer et se décontracter à chacun de mes mouvements alors que je traversais tel un éclair le terrain de sport sans penser à rien d'autre que l'acte physique du moment. Ça avait un côté reposant pour quelqu'un comme moi qui avait tendance à quotidiennement bien trop penser. Oui, je filais tel un éclair, incapable de m'arrêter avant d'être totalement épuisé. Evidemment, il allait bientôt falloir que je ralentisse, que je reprenne mon souffle, que j'arrête d'ignorer cette douleur qui me déchirait la poitrine à chaque mouvement depuis maintenant cinq bonnes minutes. Aussi, après deux bonnes heures de course, je partais m'asseoir sur un banc, avalant toute l'eau de ma bouteille en presque une seule traite. J'étais fatigué, exténué même, mais Dieu que ça faisait du bien. Après une bonne dizaine de minute à avoir repris mes esprits, je regagnais d'un pas trop lent l'intérieur du nid, abandonnant un à un tous mes vêtements lorsque je poussais la porte de la salle de bain, pour finalement me détendre sous un jet d'eau glacé. Je restais là bien quelques secondes avant de prendre le temps de me laver correctement, histoire de ne plus sentir la transpiration. Quittant finalement la douche, je m'essuyais le torse et enroulais une serviette autour de ma taille pour me rendre au dressing. Et alors que je pensais retrouver celui ci convenablement rangé, voilà que j'avais l'impression de faire face à un retour de tornade. C'était n'importe quoi, réellement, comme si quelqu'un s'était amusé à vider tous les tiroirs pour tout foutre par terre. « C'est pas vrai... » soufflais-je alors qu'un candidate passait non loin de là. J'en profitais donc pour le lui faire remarquer, non, pas que je l'accusais de quoi que ce soit. « Sailor, tu as vu ça ? » croisant les bras contre ma poitrine, je ne savais même plus où donner de la tête tellement il y en avait dans tous les coins.

Sailor sort de la douche, qu'elle a prise brûlante, parce que bon, c'est bien beau de dormir dehors, mais le salon de thé, c'est pas bien isolé, et elle n'arrête pas d'éternuer depuis qu'elle s'est réveillée ce matin. Elle devrait penser à demander à Adélie son pyjama licorne pour de vrai, en fait, elle aurait sans doute plus chaud pour dormir qu'avec son pyjama habituel. Elle sort de la douche en maillot de bain, comme d'habitude, et s'enroule dans une serviette pour se sécher un minimum et passer au dressing histoire de prendre de quoi se changer. Des fringues propres, tièdes, et même un pull pour cette nuit, son seul et unique pull. Et quand elle entre dans le dressing, y'a Clarke, le type avec son hétérochromie, qui se tient un peu désarmé face à un dressing en vrac. Bon, okay, c'est le bazar, mais en fait, ça dérange pas trop Sailor. Alors elle sait pas trop quoi dire, elle reste plantée là, dans sa serviette, les cheveux mouillés. « Euh... » commence-t-elle quand Clarke lui demande si elle a vu. Oh oui elle voit bien, elle a des gros yeux, même si y'en a qu'un seul qui marche, mais ça n'a jamais empêché personne d'y voir clair. « C'est pas moi j'ai rien fait ! Je suis bordélique mais les affaires des autres j'y touche pas, par contre, mon tiroir, oui, ça c'est moi, et j'ai aussi cassé un verre ce matin dans la cuisine, mais ça je jure j'ai rien fait ! » s'exclame-t-elle en levant les deux mains comme si elle était à un hold-up, faisant tomber sa serviette à ses pieds, se retrouvant en maillot de bain, mais pas gênée pour un sou. De toutes façons, y'en a plein qui la voient en maillot de bain tous les jours quand elle se douche, c'est pas très grave. Mais c'est vrai que c'est le bazar. Elle s'approche des dégâts, repensant à l'épisode Coin-coin de la semaine passée. « Oh la la, faut pas laisser ça comme ça, Mylah va faire une crise, et elle va tout ranger toute seule, ca serait pas sympa... » fait-elle avec un regard un peu soucieux, sans perdre un sourire, cela dit. Ca serait pas chouette que la blonde range tout toute seule juste parce que les autres mettent du bazar et profitent de son obsession de l'ordre. En attendant, elle a les cheveux qui gouttent partout dans le dressing, c'est peut-être pas une très bonne idée de faire ça en maillot, alors elle attrape ses vêtements et court se cacher dans la salle de bains à côté. « Attends, j'arrive, on va ranger, je me change, d'abord ! » s'écrie-t-elle depuis sa cachette, pour enfiler des vêtements secs, avant de revenir au dressing en se séchant les cheveux avec la serviette.

On ne pouvait pas dire que j'étais quelqu'un de particulièrement ordonné, non, mais il était certain que je n'aimais pas avoir affaire à ce genre de chaos. Car si mon chez moi n'était jamais totalement clean, il ne se transformait pourtant pas en infâme bordel comme d'autres pouvaient en laisser derrière eux. J'avais été particulièrement surpris de remarquer à quel point les candidats ne se ressemblaient pas d'ailleurs. Certains étaient bien trop maniaques, comme Gekko ou Mylah, alors que d'autres -qui s'arrangeaient pour ne pas qu'on puisse les citer- passer leur temps à laisser trainer verre et assiettes sales derrière eux. Evidemment, c'était toujours les mêmes qui repassaient derrière. Je me demandais même si ces critères avaient déjà servi pour une éventuelle nomination. Enfin, je veux dire, les gens nominaient en général ceux qu'ils aimaient le moins, ou avec qui ils avaient le moins d'affinité. Alors est-ce que le fait d'être ordonné jouait également sur le déroulement du jeu ? Je supposais. Enfin, ça faisait partie d'un tout. Sailor ne tardait pas à se justifier en me répondant qu'elle n'y était pour rien, mais que cependant elle avait bel et bien casser un verre ce matin. « Faute avouée, à moitié pardonnée, de ce qu'on dit. » rétorquais-je un brin amusé. Moi je m'en fichais bien de ça, du moment qu'elle ne s'était pas blessée. Elle ajouta ensuite qu'il faudrait que l'on se charge de ranger, et j'approuvais silencieusement d'un hochement de tête alors qu'elle partait se changer. Pendant son absence, j'en profitais pour enfiler un boxer ainsi qu'un pantalon. Etrangement, mon placard à moi n'avait pas été réellement dévasté, et il faut dire que j'étais plutôt ravi de l'apprendre. Je me baissais donc pour attraper ce qui semblait être des collants et plissais les yeux en les levant pour que l'asiatique les voit. « Shay ? » Ou peut-être Maha, je n'en savais rien. « Je ne suis vraiment pas doué pour savoir qui porte quoi. » Il faut dire que je ne prêtais que rarement attention à ce genre de choses.

Bon, elle s'est peut-être un peu emballée avec ses déclarations de verre cassé, et le candidat n'a pas trop l'air de la prendre pour une folle alors ça va. Cela dit, elle aurait l'habitude, qu'on la prenne pour une tarée. Elle se contente de laisser échapper un rire et puis file se changer, en récupérant la serviette tombée par terre, et court enfiler ses vêtements dans la salle de bains vide. « Ah, voilà, » fait-elle, en séchant ses cheveux une dernière fois, avant d'étendre la serviette sur un portant prévu à cet effet près de la porte, et d'entrer dans le dressing à nouveau. C'est vrai que c'est un sacré bazar, là-dedans, peut-être qu'un candidat a cru qu'il serait drôle de faire une plaisanterie, ou alors, Mylah s'est fait des ennemis, allez savoir. Sailor attaque les tiroirs un à un, essayant de tout remettre en place, et puis Clarke pioche une paire de collants en essayant de savoir à qui ils appartiennent. Sailor se retourne pour tenter de répondre. « Euh, je sais, pas, mais en tous cas, c'est une fille avec des longues jambes, alors c'est pas moi ! Et puis je mets pas vraiment de collants comme ça, j'en ai qu'une seule paire, et ils sont blancs, » fait-elle en haussant les épaules, avant de se retourner et de continuer ses affaires. Et puis elle finit par piocher quelque chose qui ressemble à un caleçon, avec un éléphant rose imprimé dessus. Sur les fesses, visiblement, Dieu merci. « Ca, je crois que c'est à Cecil ! Akela l'a montré dans la rubrique, c'est marrant, mais bon, c'est quand même pas super pour la crédibilité, je crois que ca doit pas trop plaire à sa compagne, à moins qu'elle ait un sens de l'humour à toute épreuve, c'est un peu tue-l'amour, » commente-t-elle avec un rire amusé, tout en replaçant le caleçon - propre, cela dit, heureusement - dans le tiroir au nom du candidat, un peu en bazar lui aussi. Elle voudrait pas trop fouiller, mais là, y'a pas trop le choix, y'en a vraiment partout et ça risque de se salir, en plus.

(désolée c'est nul )