- cecil.

J'ai cette foutue tablette entre les mains, celle qui est supposée être la mienne depuis le début du jeu mais que j'abandonne les trois quarts du temps dans la salle de contrôle. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, je ne suis pas particulièrement féru de technologie, de toutes ces conneries. J'ai constamment mon iPhone sur moi parce que je suis obligé, c'est mon principal outil de travail, mais je reste aussi éloigné que possible de tout autre gadget disposant d'un port USB. Je n'en vois pas l'utilité, tout simplement, je m'ennuie, sans trouver la moindre occupation, dès que je fais mine de chercher à comprendre ce qui affole autant les gens dans le fait de posséder trois appareils ayant exactement la même fonction. C'est simple, ma mère m'a fait cadeau d'une tablette du genre il y a quelques mois, et sans même l'ouvrir, je l'ai directement refilée à Rupert, mon blanchisseur, pour qu'il l'offre à l'un de ses gosses. Et ici, ici où je n'ai aucun contact à avoir avec mes partenaires, ici où je n'ai pas besoin d'entretenir une vie sociale qui grouille autour de moins au point de me rendre fou, des fois, ici où je n'ai accès qu'à ces foutus compte twitter que je ne prends la peine de visiter que lorsque je me rappelle que ça existe, toutes les conditions sont réunies pour me faire zapper le côté électronique du jeu. Pourtant, je l'ai entre les mains, la tablette, pour une fois. Et le hasard veut que ça soit exactement au moment où je croise Cecil dans les escaliers. Machinalement, du haut des marches, je lève le gadget et au moment où il arrive devant moi, redressant la tête en se rendant compte de l'obstacle sur son sillage, je le prends en photo. Je fais mine d'incliner légèrement la tête, comme un professionnel face à son oeuvre avant d'esquisser un rictus insatisfait. « Non, rien à faire, j'arrive pas à te prendre sous un bon jour » je déclare, avec un profond soupir feint. Ça me fait rire surtout parce que j'ai réussi à l'immortaliser de façon assez phénoménale la semaine dernière, mais je crois qu'il s'en fout, en réalité. Il est toujours le premier à faire le con, à jaillir d'un côté ou de l'autre dès qu'il voit une tablette quelque part. « Va falloir que tu y mettes un peu du tien, je veux bien faire de mon mieux mais je ne suis pas magicien non plus. » et je roule des billes dans sa direction, avant de brandir la photo - plein écran - sous son nez. Nez qui n'existe d'ailleurs plus vraiment sur la photo, tant l'angle choisi semble l'assimiler à sa bouche. Non, même pas, en fait il faudrait être archéologue pour comprendre quelque chose à cette photo.