Tandis que Lula contestait mes propositions les unes après les autres, je roulais des yeux en exagérant particulièrement le geste d'une manière théâtrale lorsqu'elle mentionna le nom d'un autre candidat masculin, Cillian, en accompagnant le tout d'un ricanement à la fois moqueur et presque jaloux. La belle au bois dormant qui me faisait office de partenaire ne m'apporterait sûrement jamais un petit-déjeuner directement servit au lit, mais dans un sens je ne pouvais pas lui en vouloir, compte tenu du peu d'effort que j'avais fournit quand je m'étais attelé à la tâche. Mais ne disait-on pas que c'était l'intention qui comptait ? La jeune femme approcha son visage du mien, si bien que j'en haussai un sourcil, étonné, un sourire au coin des lèvres. « Très bien. Poule mouillée. » souffla-t-elle. Ne pouvant difficilement m'empêcher d'être amusé, je levai les yeux au ciel, alors qu'elle me prenait ma cigarette des mains pour tirer, sans gêne, une bouffée de dessus. De nouveau entre mes lèvres, j'en profitai pour en faire de même à mon tour. C'était littéralement une attaque à ma propre fierté dont il était question. « Tu ne sais même pas ce que je peux être capable de faire ... » déclarai-je en me penchant à mon tour tout près du visage de la demoiselle. Je me retournai pour juger ce qui se trouvait derrière moi et me mis à marmonner sourcils froncés. Prenant une inspiration, je m'appuyai sur le rebord, avant de faire passer l'une de mes jambes de l'autre côté. « Sans déconner, si je glisse ou quoi que ce soit tu t'en voudras toute ta vie. Genre "oooh non, ce bellâtre d'Óskar est six pieds sous terre par ma faute et je n'ai jamais eu le temps de lui faire sauvageeement l'amour !" » plaisantai-je difficilement, en retenant une grimace dû à ma position inconfortable autant pour mon cerveau qui ne cessait de mesurer l'étendue du vide, que ce qui se trouvait au fond de mon caleçon et qui était quelque peu compressé par ce chevauchement imprévu.

J'étais tellement crispé sur le coup, que je ne ris même pas à la phrase de Lula, contrairement à ce que j'aurais fait en temps normal -soit, mes pieds sur une surface ferme et non à califourchon, à moitié dans le vide. Je restai immobile pendant de si longues secondes que la jeune femme, qui avait pris la bonne initiative de vérifier que je ne risquais pas de finir quelques étages plus bas, sembla presque s'impatienter et se décida à me donner l'aide dont j'avais assurément besoin. Je sentis une main se poser sur mon épaule, si bien que j'aurais presque pu sursauter si je n'étais pas si concentré sur ce que j'étais en train d'accomplir. « Allez, l'autre jambe, cinq secondes supplémentaires et tu as gagné. » Ses lèvres se posèrent doucement dans mon cou et le frisson qui suivit était inévitable. Reprenant de l'aplomb, je repris sur le ton de la plaisanterie : « Gagné que tu me fasses sauvagement l'amour ? Parce qu'après avoir ainsi mis ma vie en péril, tu t'es rendue compte à quel point ça pouvait te tenir à cœur de mêler ton corps au mien, n'est-ce pas ? » Un léger sourire traversa mes lèvres, juste avant qu'un air plus concentré s'affiche sur mon visage. Je pris une bouffée d'oxygène, avant de passer ma jambe de l'autre côté du rebord. Une fois installé, cœur battant, j'expirai doucement, yeux fermés. Je calai mes pieds comme je le pouvais et lorsque l'un d'eux dérapa légèrement, je cru faire un infarctus, ouvrant les paupières brusquement. « Je te jure que si je survis, j'espère sincèrement obtenir quelque chose comme un café servit de tes deux délicates mains ! » annonçai-je mi-amusé, mi-sérieux.