ft @Gekko

J'étais venue dans cette salle qu'une seule et unique fois, c'était au début de l'aventure et c'était ici même que j'avais fais la connaissance de Leandro sans me douter qu'il deviendrait mon partenaire. Aujourd'hui, en saisissant la télécommande, je n'ai pas d'envie particulière, ni auditive, ni visuelle. Et c'est pour cette raison que j'appuie sur les boutons de façon aléatoire, faisant défiler les paysages les uns derrière les autres. Aucun ne m'attire réellement sur le moment et je souffle bruyamment, désespoir quand tu me guettes. Je m'apprête d'ailleurs à tourner les talons lorsque la porte s'ouvre et m'offre la compagnie de Gekko. «Fais-moi rêver, c'est quoi ton endroit préféré au monde ?» je me fais presque suppliante dans le ton de ma voix mais voyez-vous, là, j'ai besoin d'être divertie. D'un geste spontané, je lui tends la télécommande. Il peut bien en faire ce qu'il veut, je passe mon tour pour ce qui est de la sélection d'un décors. Je préfère d'ailleurs aller m'asseoir et voir ce qu'il a à me proposer. «Fais-toi plaisir, t'es le chef de la zappette » que je lui annonce avec un sourire satisfait.

Programme de l’après-midi, une petite séance de méditation. Il n’a pas caché depuis le début de l’aventure son engouement pour cette pratique qui permet de se détendre et de se relaxer. Une habitude qu’il avait au japon et qu’il n’a pas lâchée en venant ici. Surtout qu’il y a une salle zen à sa disposition, pratique. C’est le milieu de la journée lorsqu’il décide enfin de se rendre dans la petite pièce. Il ne cache pas sa déception d’y croiser quelqu’un qui immédiatement lui saute dessus, façon de parler, mais elle n’attend pas une seconde avant de lui faire la conversation. C’est sûr qu’il aurait préféré être au calme, tranquille afin d’exécuter sa séance, mais il a dorénavant pris l’habitude de ne jamais espérer être seul. C’est rare dans le nid. La jeune femme le questionne sur son endroit préféré. Simple comme question. Il choppe la télécommande qu’elle lui lance et tout en commençant à faire défiler les images, il se retourne vers la candidate. « Mais je ne pense pas qu’il y ait une image d’un bureau dans le dossier … » Dit-il. Il est tout à fait sérieux lorsqu’il avoue que son endroit préféré est son bureau. Mais ce n’est pas étonnant pour un accro du travail. Il laisse donc tomber l’idée de trouver une telle image et se met à réfléchir à un autre endroit. Il n’a vraiment aucune idée. Plage ? Il déteste le sable. Forêt ? Les moustiques. Finalement en faisant défiler les photos, une l’interpelle. Il se retourne vers Mackenzi. « Voilà » Un paysage qui lui rappelle ceux qu’il a l’habitude de voir au Japon.

Comme je ne suis pas inspiré par ce qui nous est proposé, j'espère que l'asiatique le sera un peu plus que moi. Cette salle est tout à fait plaisante mais je me dis que j'aurais certainement trouvé mieux à faire ailleurs si je l'avais voulu. Enfin, ça, c'était avant de tomber sur Gekko parce que maintenant, ça me botte bien de rester ici. J'aime toujours discuter avec les gens, passer du temps à tenter de les découvrir parce qu'il est vrai que c'est un peu ce que je trouve le plus intéressant dans cette aventure. M'exposer à la télévision, je m'en fous complètement, l'argent m'intéresse mais pas autant que le contact humain. Un contact que j'avais peu à peu perdu lorsque j'avais quitté le monde de la danse. Je m'étais isolée dans le quotidien d'une femme au foyer et je n'avais jamais vraiment pris la peine de trouver des amis. Une erreur. Je vois Gekko faire changer les images et soudainement s'arrêter sur une bien précise. «C'est assez beau, je n'aurais pas pensé à m'arrêter là-dessus.» C'est un paysage qui ne m'évoque pas grand chose, qui ne me ramène à aucun souvenir mais c'est tout de même un beau paysage. «Tu passes combien de temps par jour au travail et surtout, combien de temps par semaines ?» Comme il m'a fait entendre quelques minutes plus tôt que c'était l'un des endroits qu'il préfère au monde. «Je suppose que c'est aussi ce que dirait mon mari. Il passe plus de temps au travail qu'à la maison.» Et ce, à mon plus grand désarroi.

La candidate lui demande de choisir une image, chose que Gekko fait. Si ça peut lui faire plaisir. Bien qu'il s'en foute un peu de la satisfaire. Il est plutôt assez curieux de découvrir la bibliothèque d'image et espère être surpris par son contenu. Chose faite lorsqu'il tombe sur un paysage qui lui rappelle les montagnes au Japon. Petit on l'y emmenait souvent, donc ça évoque en lui plusieurs souvenirs. Les rares souvenirs agréables qu'il a de son enfance. Même s'il apprécie la photo, il ne va pas tomber dans la nostalgie du passé et être complètement touché. D'ailleurs toujours pas de sourire sur sa face figée. Mackenzi le questionne ensuite sur le temps qu'il passe par jour au travail. Simple comme question. « Du lever du soleil, jusqu'à son coucher. » Les journées de 8h00 il ne connaît pas. Il est dès 6h30-7h00 au travail et quitte son bureau 19h30-20h00. Et encore il est capable d'y passer plus de temps lorsque la charge de travail est plus importante. La candidate se plaint alors du temps que passe son époux au travail. Pour Gekko, c'est normal que le mari bosse dur pour ramener de l'oseille à la maison et subvenir aux besoins de son épouse. « Et ce n'est pas ... normal ? » Demande-t-il. Non parce qu'au Japon c'est banal que le mari passe plus de temps au travail qu'à la maison. Le contraire serait étonnant. Et enfin il rajoute. « Je n'ai personne qui m'attend à la maison, c'est plus pratique » Avoue-t-il. Et le jour où il aura une femme n'est pas encore venu.