SAYID & @ADÉLIE
jeudi 16 avril - 15:38

Il s'était déjà fait avoir plusieurs fois depuis qu'il était là mais pourtant il y revenait à chaque fois : Sayid entretenait avec l'ascenseur de l'hôtel une relation disons ... ambivalente. Et c'était en partie une question de flemme, car même si l'on avait tendance à lui trouver facilement l'excuse de son handicap pour expliquer qu'il préfère l'ascenseur aux escaliers, rien ne l'empêchait en théorie d'emprunter ces derniers. Mais il ne le faisait pas, parce que comme la plupart des candidats ici le fait de passer ses journées à ne rien faire avait tendance à le rendre un peu flemmard, trop pour qu'il n'ait le courage de gravir à pieds les escaliers quand le poids à soulever était plus lourd que ce que les autres avaient à soulever pour se déplacer. Et puis surtout, là où d'autres y voyaient très certainement un inconvénient lui n'était pas plus embêté que cela par l'éventualité d'être coincé quelques minutes à l'intérieur, à partir du moment où il savait que la production se cachait derrière les arrêts intempestifs de la cabine, et où la mésaventure avait au moins le mérite de lui assurer solitude et tranquillité pendant quelques instants, deux denrées bien trop rares au goût de Sayid dans cet hôtel. Il ne lui avait donc pas fallu longtemps pour se décider à embarquer dans l'ascenseur, n'en fermant pas la grille en voyant Adélie arriver. Il lui avait adressé un bref sourire tandis que la cabine d'ascenseur se mettait en mouvement, soudainement persuadé que pour une fois l'ascension se ferait sans encombre, la cabine d'ascenseur choisissait ce moment précis pour se rappeler à son bon souvenir en s'immobilisant ... C'était tellement prévisible, que Sayid s'était contenté de soupirer, légèrement « Je n'ai jamais autant expérimenté le coup de la panne que depuis que je suis ici. » avait-il simplement commenté d'une voix neutre, ses tentatives de faire de l'humour souvent sabotées par son incapacité à employer le ton adéquat pour aller avec. S'appuyant contre l'une des parois de l'ascenseur, fataliste au point de ne pas prévoir autre chose que de prendre son mal en patience, il avait toutefois fini par reposer ses yeux sur Adélie et par demander de manière un peu plus concernée « Tu n'es pas claustrophobe, j'espère ? » Parce qu'il avait déjà assez de ses propres angoisses quotidiennes à gérer, il était généralement incapable de faire avec celles des autres. « Je trouve ça reposant. » Oui, c'était bien du fait d'être coincé dans l'ascenseur qu'il était en train de parler. Oh bien sûr reposant cela le serait encore plus s'ils avaient à leur disposition de quoi s'asseoir, et pourquoi pas de quoi boire aussi tant qu'à faire, mais enfin le simple fait d'être certain de ne pas être dérangé par autrui pendant quelques minutes c'était déjà plus que jouissif pour lui.

  Cet après-midi Adélie est une loque, elle ne saurait dire si c'est la chaleur ou alors le fait d'avoir beaucoup trop mangé au déjeuner. Elle a peut être sauté un repas mais elle s'est plutôt bien rattrapé en préparant un festin de roi pour le plus grand plaisir d'Allen. Résultat : elle ne bouge plus de la salle de bal où elle comate sur un fauteuil avec un livre pour seule compagnie. C'est la première fois depuis le début de l'aventure qu'elle se sent repue au point de ne plus rien faire de sa journée. Elle serait même capable de s'assoupir si son livre ne la captivait pas autant, elle enchaîne les pages à un rythme effréné avant qu'elle ne s’essouffle et décide d'aller prendre l'air sur la terrasse. Pourtant pour elle pas question de prendre les escaliers, par excès de fainéantise elle va prendre l'ascenseur, de toute manière c'est le seul moyen pour arriver sur le toit. Elle se dirige lentement vers l'ascenseur avant de presser le pas en réalisant qu'un autre candidat est sur le point de partir. La française n'a pas la patience d'attendre, elle se faufile donc dans la cage d'ascenseur avant que Sayid ne se décide à fermer les grilles. La jeune femme adresse un bref sourire à son camarade avant d'entamer leur ascension, un trajet qui devait être bref mais c'était sans compter sur la production qui avait choisit d'immobiliser la cage d'ascenseur au bout de quelques secondes. C'était tellement prévisible que la jeune femme ne réagit même pas, de toute façon ils n'allaient pas rester coincés pendant des heures quelqu'un allait forcément se charger des les délivrer. Au moins la compagnie n'est pas mauvaise, d'ailleurs la remarque de son camarade lui arrache un sourire. Le coup de la panne hm. « Parce que ça t'es déjà arrivé de le faire à l'extérieur ? ». Elle lui demande roulant des billes dans sa direction avec son petit air mutin, oui ceci est une provocation délibérée car mine de rien elle aime bien l'embêter avec des questions farfelues. « Si c'est le cas, je serai très déçue, je te pensais plus créatif que cela ». Elle ajoute l'air de rien s'appuyant contre les parois de la cabine d'ascenseur en croisant les bras alors que son camarade veut s'assurer qu'elle n'est pas claustrophobe. « Pas du tout, il faut plus qu'un simple ascenseur pour me faire paniquer ». Elle a peut être des phobies un peu particulières comme a pu le constater Kira mais l'ascenseur et les espaces clos n'ont jamais été une source d'angoisse pour la jeune femme qui est plutôt relativement détendue compte tenu de la situation. Sayid est loin d'être angoissé, il trouve même cela reposant. « J'irai pas jusque là mais on a au moins le mérite d'être tranquille ». Personne pour venir interrompre leur conversation, c'était si rare dans ce nid et ce même si le nombre de candidat diminuait chaque semaine. Pourtant la française est loin d'être tranquille, ce vieil ascenseur pouvait très bien leur jouer des tours, on entendait même les câbles grincer par intermittence. Secouant légèrement la tête pour ne plus y penser, elle décide d'orienter la conversation sur leur dernière entrevue. « Tu as réussi à réunir tous les porte-clés ? ». Elle demande à son camarade, elle était en droit de savoir si le britannique avait rempli ses objectifs ou si elle allait encore devoir lui donner un petit coup de main pour compléter sa collection. « Pourquoi c'est si important pour toi ? ». La jeune femme savait qu'il faisait ça pour s'attirer la sympathie de Mylah mais les raisons d'un tel acharnement lui échappaient encore.            

Sayid ne se posait même plus la question maintenant, avant d'emprunter l'ascenseur. Il savait que rester bloqué au gré des envies - un peu étranges, on ne va pas se mentir - de la production était une option envisageable à chaque fois qu'il mettait les pieds dedans, mais il ne s'en souciait plus vraiment ... Parce que ce n'était pas non plus comme s'ils avaient des trucs urgents à faire, toute la journée. Au pire des cas cela lui permettait d'être certain d'avoir la paix pendant un petit quart d'heure, et dans cet hôtel c'était pratiquement un luxe, passé dix heures du matin. Il était un peu moins emballé à l'idée de se retrouver coincé avec quelqu'un en revanche, qui que ce soit, parce que cela voulait dire devoir partager un espace restreint à deux, et que Sayid était du genre un peu psychorigide quand il s'agissait de protéger son espace vital ... Il n'acceptait de le partager que sous certaines conditions, et en se plaçant comme initiateur. Mais il ne se voyait pas non plus laisser Adélie sur le carreau, ce ne serait pas correct de sa part et il avait le sentiment que la jeune femme se souciait de ce qui était correct ou non. Et bien évidemment il devait y avoir au sein de la production une règle indiquant que lorsque deux candidats se retrouvaient en même temps dans l'ascenseur il était impératif qu'ils se retrouvent bloqués un moment ... Alors que bon, il n'y avait pas toujours matière ou envie pour ce qui était de faire la conversation. A tel point que Sayid s'était contenté d'un commentaire sur le "coup de la panne" ici récurrent. « Parce que ça t'es déjà arrivé de le faire à l'extérieur ? Si c'est le cas, je serai très déçue, je te pensais plus créatif que cela. » Elle lui avait adressé un sourire gentiment narquois, moqueur, que Sayid n'avait pas manqué de le lui rendre tandis qu'il s'adossait à l'une des paroi de la cage d'ascenseur. S'il n'avait pas si peur de devoir demander l'aide de la jeune femme pour se relever il se serait peut-être même assis par terre. « Je n'ai jamais eu ni voiture ni ascenseur. Mais si c'est devenu un classique c'est que cette excuse doit continuer de fonctionner. » Et puis bon, on savait bien comment elle avait tendance à terminer, cette excuse, et généralement cela arrangeait bien les deux parties. Posant machinalement les yeux sur la porte comme s'il espérait malgré tout la voir s'ouvrir, il avait bien vite reporté son attention sur Adélie, priant presque pour qu'elle ne soit pas du genre claustrophobe ... Il avait déjà bien assez quotidiennement avec ses propres angoisses, il ne tenait pas plus que cela à devoir gérer celle de quelqu'un d'autre, même pour quelques minutes. « Pas du tout, il faut plus qu'un simple ascenseur pour me faire paniquer. » Dieu merci. Et pourtant, Sayid et le Tout Puissant avaient quelques sérieux contentieux tous les deux. Loin d'être claustrophobe lui non plus, Sayid avait même tendance à trouver cela reposant ... Le fait d'avoir la certitude de ne pas être dérangé tant qu'ils étaient ici. « J'irai pas jusque là mais on a au moins le mérite d'être tranquille. » Et la tranquillité valait son pesant d'or dans cet hôtel, bien qu'elle se fasse un peu moins rare maintenant, plus que les premières semaines de jeu en tout cas. « C'est ce qui est pesant, ici. » avait-il finalement avoué du bout des lèvres, sans trop savoir si ce dont il parlait était bien le fait que partout ailleurs dans le nid on n'était jamais certain d'être tranquille. A moins d'être en embuscade dans la salle de contrôle, seul endroit où il était possible de voir les autres arriver à l'avance. « Tu as réussi à réunir tous les porte-clés ? Pourquoi c'est si important pour toi ? » Elle avait changé de sujet, et lui subitement songé qu'il aurait peut-être préféré être coincé ici avec quelqu'un d'autre, finalement. Oh ce n'était pas de sa faute, au fond, elle ne pouvait pas se douter qu'elle venait d'aborder un sujet qui fâchait ; Qui ne le fâchait que depuis quelques jours, mais qui le fâchait malgré tout. « Ce n'était pas important. C'était juste ... stupide. » Du moins cela ne l'était plus maintenant, et au fond cela ne l'avait jamais été. Sayid s'était servi de ces portes-clefs comme d'une excuse, un point de départ dans un objectif que son inconscient s'était automatiquement donné lorsqu'il avait rencontré Mylah : lui prouver qu'il n'était pas juste un abruti avec les yeux de travers. C'était une question de principe, et surtout il s'agissait d'une question de fierté personnelle, que Sayid pouvait difficilement expliquer à une inconnue. « Enfin, du coup j'en ai dix-huit qui trainent et dont je ne sais pas quoi faire, alors si tu veux démarrer une collection je te les laisse, sans le moindre souci. » Il n'était pas véritablement sérieux, parce qu'au fond il se demandait bien ce que quiconque pourrait foutre de dix-huit porte-clefs aussi kitsch, mais si Adélie les voulait, pourquoi pas.

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