J'avais décidé de profiter du soleil, principalement parce que je savais que par chez moi, il ne devait pas faire aussi beau. Il n'était que onze heures, et je pouvais déjà sentir les rayons de notre boule de feu caresser ma peau comme s'il était quatre heures. Pour sûr qu'il allait encore une fois faire une chaleur impossible par ici, alors autant profiter de l'eau tant que le tout restait agréable. Je me doutais qu'une fois les deux heures passées, ceux qui auraient le malheur de s'aventurer sur le toit terminerait en grillade dorée et autant vous dire que je n'étais pas non plus particulièrement réputé pour mon bronzage. Non, d'habitude, je me contentais de prendre un peu, et puis de rougir. Aussi, après avoir enfilé mon short de bain, et mis des lunettes de soleil sur mon nez, je m'étais laissé porter par l'eau, mes bras et mes pieds s'agitant une fois de temps à autres pour m'empêcher de toucher les bordures. Il ne manquerait plus que je me cogne et que je fasse un trauma crânien, je crois que ça serait la mort à la télévision la plus grotesque. Ça n'est que lorsque je me sentis observé que je finis enfin par sortir de mes pensées, me redressant tout en passant une main dans mes cheveux trempés, alors que je remarquais Maha non loin du bord, entourée d'un paquet d'affaires, prête au bronzage intensif. « Tu m'as parlé ? » comme à son habitude, ma bulle restait difficile à briser lorsque je ne prêtais attention à rien d'autres que mes pensées. Il ne fallait pas le prendre mal, j'étais ainsi avec n'importe qui, malheureusement. « C'est quoi tout cet attirail, tu comptes camper sur le toit ? » Parce qu'à la voir, on croirait qu'elle était partie pour y rester des heures. « Il manquerait bien quelque chose à manger, cela dit. » Hormis si elle avait entamé un régime ou quelque chose du genre.

Clarke me demande si je m'adressais à lui. Il est sérieux ? Je tente de ne pas installer sur mon visage un air plus qu'outré par ce manque de considération total. Oui, j'ai décidé d'être bourgeoise ce matin. « Non, je parlais dans le vide, toute seule comme ça, pour le fun » je lance presque sidérée, ce mec est-il réellement sur terre ou comment ça se passe ? J'imagine qu'il a bien compris la réponse à sa question. J'espère simplement qu'il n'est pas très premier degré non plus. « Ça va ? » je demande quand même pour la forme parce que Clarke me parait à l'ouest tout de même. Il fait une réflexion sur le bordel que j'ai traîné derrière moi. « Je ne voulais manquer de rien » je lance de ma plus belle voix. Le candidat souligne l'absence de nourriture, eh, je n'ai que deux mains et malheureusement aucun esclave à ma disposition pour m'aider dans cette aventure. « Je suis un être supérieur, je me nourris pas d'aliments, c'est bien trop surfait, mais de ma propre perfection » je claironne en plissant les yeux à cause du soleil. J'imagine que tout le monde a bien compris que je plaisantais et rien d'autre. « Par contre, toi, un coup de crème solaire ne serait pas trop » je constate, le soleil ne doit pas lui taper sur la tête non ? Je tente d'expliquer son absence de tout à l'heure. « Je veux bien te le faire » je me dévoue parce qu'on m'a toujours d'aider les êtres en détresse dont Clarke. « Gratuitement » je précise on ne sait jamais parce que tout le monde s'étonne lorsque je veux réaliser une bonne action, comme si j'attendais réellement à chaque fois une chose en retour.

C'était tout moi que de louper la plupart de ce que les autres personnes m'entourant pouvaient me dire au moment où j'étais dans mes pensées. Je loupais de toute façon toujours beaucoup d'informations et ce sans même réellement le vouloir. Il ne s'agissait même pas d'une faute d'inattention non, mon cerveau devait probablement trier ce qui lui paraissait important sur le moment, et de toute évidence, mes pensées remportaient souvent le combat. « Tu ne serais pas la première. » Addil parlait souvent tout seul de ce que j'avais pu entendre alors bon, ça ne m'étonnerait pas non plus qu'il ait refilé ses habitudes comme la peste à d'autres candidats, bien que de ce que je savais, ça n'était pas le grand amour entre lui et Maha. Pour une fois que j'arrivais à tenir le fil d'une relation, vous pouviez m'applaudir. « Oui, oui, ne t'en fais pas. J'ai juste du mal à me concentrer sur plusieurs choses à la fois. » Et en l'occurence, Maha avait du rivaliser avec le néant de mes pensées sur le moment, et le "rien" l'avait emporté haut la main. Mais bon, j'allais éviter de lui préciser, je crois qu'elle pourrait mal le prendre. Je plantais donc mon regard dans le sien alors qu'elle se vantait de toute évidence de sa supériorité pendant que je fronçais les sourcils, relevant mes lunettes pour les placer sur le haut de mon crâne. « C'est assez malsain, j'espère que tu en as conscience. » Se nourrir de sa propre perfection, pas étonnant qu'elle soit presque rachitique. Mais ça aussi, j'allais éviter de le préciser, surtout que pour le coup, elle avait pas mal de concurrence en la matière, vu l'allure des autres filles du nid. Me rapprochant du bord du bassin, je m'accoudais à celui ci alors qu'elle me disait que j'aurais bien besoin d'un peu de crème et qu'elle me le ferait. Gratuitement. « Pourquoi est-ce que je sens l'arnaque quelque part ? » Non pas que je n'avais pas confiance en elle, non. (...) Enfin...

Il n'arrive pas à faire deux choses à la fois. « Si tu le dis » je réponds alors parce qu'entre écouter et rien faire, j'imagine qu'il doit vraiment faire preuve d'une certaine coordination et d'une concentration extrême, le pauvre. Je pourrais très bien me vexer ... Mais je suis de très bonne humeur ce matin, tentons de ne pas gâcher cela. Je m'inquiète presque pour la santé du candidat. La question de Clarke m'arrache un sourire narquois. « C'est parce que tu es entrain de virer parano surement »  je propose alors l'air innocente en continuant de battre des pieds dans l'eau, provocant des vagues tout autour de moi.  Pour une fois, je ne comptais rien demander en échange, mais puisqu'il m'en donne l'idée ... Si ça peut lui faire plaisir, je peux très bien et sans difficulté lui trouver une tâche à exécuter en retour. « Comme si je ne pouvais pas faire preuve de bienveillance sans être intéressée » je soupire alors, en posant la main à l'endroit où se trouve mon palpitant, je suis touchée et blessée de ce qu'il pourrait sous-entendre.  « Par contre lorsque tu auras un coup de soleil -hm et cela va arriver rapidement- il ne faudra pas venir te plaindre » je lâche en faisant un peu la maline. Mais bon, il ne faut pas lui en vouloir, ce n'est pas de sa faute s'il n'arrive pas à tout prévoir, il semble un peu .... comment dire, limité ? Le terme n'est pas exacte mais l'idée est là. Je m'étire avec délicatesse en arrière pour attraper la crème solaire et la serviette parce qu'il va falloir qu'il se sèche rapidement avant. J'ai un peu l'impression de l’infantiliser mais ce n'est pas grave, c'est pour la bonne cause.