+ @IMMA

Le réveil avait été plutôt compliqué puisqu'un nouvelle fois, le sommeil n'avait pas forcément été présent. Morphée ne me voulait de toute évidence pas dans ses bras, et j'étais bien loin de pouvoir entendre sa berceuse. Aussi tout au long de la nuit, j'avais essayé de ne pas trop bouger pour ne pas réveiller ma partenaire. Elle avait l'air si calme lorsqu'elle fermait les yeux que je ne pouvais m'empêcher de sourire à chaque fois que je l'observais. Et puis le jour s'était levé, et j'avais finalement abandonné mon lit vers les neuf heures. On ne pouvait en soi pas dire que cette journée avait été particulièrement palpitante puisque tout m'avait semblé long, bien trop long. C'était une de ces journées où l'on se lassait vite du monde qui nous entourait, préférant s'atteler aux tâches quotidiennes plutôt que d'espérer une conversation un tant soi peu intéressante. Oh il y en aurait peut-être, et au moment venu je ne cracherais pas dessus non, mais je ne préférais me faire aucun espoir. J'avais donc migré en direction du dressing, rassemblant toutes mes affaires sales dans une panière avant de me diriger vers la laverie. Machine de blanc. Au fur et à mesure que je mettais mes affaires à la machine, je me rendais compte du nombre de tee shirts et débardeurs blancs que je pouvais avoir. A vrai dire, je crois bien que je n'avais presque que ça. Me débarrassant bientôt de mon haut que j'estimais plus franchement propre non plus, je réglais donc la temps alors que la machine se lançait toute seule. C'était à ce moment là que la porte s'était ouverte et que Imma avait apparu. « Oh. Je... Il reste une machine de libre à côté, si tu veux. Si j'avais su, je t'aurais attendu. » Nous aurions tout à fait pu partager celle ci histoire de ne pas gâcher l'eau. Ne sachant trop quoi dire d'autres, mes prunelles s'étaient contentées de la fixer, me mordant la lèvre inférieure.

Dimanche, Imma avait défait sa valise aussitôt son sort connu. Elle n'a pas une tonne d'affaires, principalement des robes pour être belle à l'écran et des vêtements confortables pour le reste du temps. Toutes ses petites affaires, elle les avait immédiatement rangés dans son armoire, sans réellement y prêter attention. C'est que rapidement, elle avait mis en boule quelques tee-shirt, ou autres débardeurs. Elle se pensait tranquille pour un moment, avant de finalement tourner la roue. Cette foutue roue la nominant d'office, encore une fois. Elle s'était alors immédiatement dit qu'elle n'aurait pas du défaire sa valise, que cette fois ça allait arriver. Qu'elle n'aurait pas du faire tant preuve d'optimisme, que ça la perdrait. Alors, un pincement au coeur, elle avait déjà entrepris de refaire sa valise, bien à l'avance oui. Se rendant compte alors à l'occasion, que ces même vêtements étaient importable en l'état. Un pli ce n'est rien, mais des millions. C'est alors avec un panier sous le bras, rempli de ses vêtements froissés, qu'elle se dirige vers la laverie. Pensant bêtement que la pièce serait libre, elle se mit à chanter doucement. Sa voix toujours aussi douce, son allemand presque natal n'empêchant pas les fausses notes de sa voix de se manifester. Elle ne sait pas chanter, mais il ne faut pas savoir le faire pour aimer la chanson. Elle aime les chansons Imma. Doucement, elle refermait la porte derrière elle, remarquant la présence de Clarke. Alors elle se stoppa net dans sa chanson, pinçant ses lèvres. Gentiment il l'invite à côté de lui, ce qu'elle vient faire instinctivement. "Merci" Qu'elle souffle même, alors même qu'elle n'avait pas de linge à laver. Elle ne peut s'empêcher de lui adresser un sourire, avant de détourner son regard. Parce qu'elle sent le sien sur elle et elle est bien trop gênée pour le soutenir. Plus encore parce qu'il est torse nu et qu'elle regrette leur presque dernière paroles échangées. Parce qu'ils ne se sont pas réellement parlé depuis quelques jours maintenant. "C'est gentil, mais en fait, je viens faire du repassage..." Qu'elle avoue finalement, un nouveau sourire aux lèvres, plus amusé cette fois-ci. Elle pris son courage à deux mains, pour finalement poser son regard dans le sien. "J'aime bien repasser... Si tu veux je ferais le tien..." Qu'elle souffle doucement, serviable comme elle l'est toujours.

Attendre que la machine se termine et ce sans rien faire ne me dérangeait pas en règles générales. A vrai dire, j'étais tellement calme et serein que je ne m'ennuyais que très rarement lorsque je me retrouvais seul, mes pensées prenant bien souvent le dessus, noyant tout le reste sans concession. C'est donc ce que j'avais prévu de faire, m'asseoir sur une machine adjacente et me laissais aller dans les méandres de mon cerveau. Mais ce qui était prévu n'était pas forcément ce qui était destiné à se produire, puisqu'Imma n'avait clairement pas fait partie de mon programme en cette fin d'après midi. En étais-je pour autant déçu ? Pas le moins du monde, je pouvais même dire que j'étais particulièrement content de la voir arriver, même si je n'étais pas certain de savoir le montrer. Quittant mon perchoir au moment où je l'apercevais, je lui proposais donc tout naturellement de laver ses vêtements avec les miens, ce à quoi elle répondit qu'elle n'était là que pour faire du repassage. Hochant la tête, je répondais finalement un petit « Non, non, je ne voudrais pas abuser de ta gentillesse. » Ça me ferait plaisir, évidemment, qu'elle s'en occupe puisque je n'étais pas franchement doué pour les corvées de ce genre mais je me voyais bien mal lui confier mes sous-vêtements sans qu'elle ou moins ne soyons gênés par la situation. Elle plus qu'une autre d'ailleurs. « Mais merci. » que je ne pouvais m'empêcher d'ajouter en esquissant un léger sourire, tout en remettant une mèche de cheveux à sa place sur le haut de mon crâne. Là dessus, je me rappelais de quelque chose que l'on m'avait dit la veille, concernant la roulette et une possible nomination d'Imma. Si c'était bel et bien le cas, elle n'avait pas de chance puisqu'elle enchainait celles ci. Déjà qu'elle avait terminé troisième dans les votes la semaine passée, il fallait bien avouer que je commençais un peu à m'inquiéter. « Désolé pour ta nomination... » soufflais-je de ma voix grave et douce avant d'ajouter « Je ne veux pas que tu partes. » qu'importe les personnes qui seraient en face, ça m'était égal, Imma devait rester, je ne laissais tout bonnement pas le choix du public. Comme si j'avais réellement mon mot à dire dans cette histoire.

Imma n'avait que du repassage à faire pour cette fois. Si elle avait su oui, elle aurait prévu son panier de vêtements sales. Tant pis. En soit ce n'est pas si grave et puis il n'aura pas gâcher de l'eau pour rien. Alors naturellement elle lui propose de faire son repassage après. Elle ne se force pas à être gentille ou à le lui proposer parce que c'est lui. Même à quelqu'un avec qui elle ne parle pas, elle le ferait. Il ne veut pas. Il dit ne pas vouloir abuser de sa gentillesse. Imma sourit doucement, en haussant doucement les épaules. "Tu n'aurais pas abusé... Parce que c'est moi qui le propose..." Qu'elle souffle, prenant la table à repasser pour la déplier. Elle sait que Clarke n'est pas de ce genre, pas du genre à profiter des autres. Il est toujours gentil et respectueux. Lâchant une espèce de souffle, elle ne regarde plus Clarke. Occupée à sortir un premier débardeur de son panier. C'est alors qu'il parle de sa nomination. Elle frissonne. Elle baisse sa tête, accompagné d'un mouvement d'épaule. Elle essaie de faire comme si elle s'en fichait, que même si elle venait à partir, ça aura été la meilleure expérience de sa vie. Relativiser les choses, mais c'est trop compliqué. Elle aussi, elle est désolée de se voir infligée ça par la roue, mais en même temps, elle n'avait qu'à pas la tourner. Si elle avait été raisonnable, peut-être bien qu'elle n'aurait pas été nominé. Enfin si, par sa nouvelle partenaire. Alors non ça n'aurait rien changer. Doucement elle avale sa salive. Il ne veut pas qu'elle s'en aille. C'est la première fois que quelqu'un le lui dit, précipitant une espèce de sanglot qu'elle peine à contrôler. "J'ai pas envie de partir non plus..." qu'elle souffle, qu'elle avoue aussi pour la première fois à voix haute. Elle passe une main sous ses yeux, ne pouvant pas s'empêcher finalement de pleurer. Parce qu'elle se sait en quelques sortes finie. Parce qu'elle se sait ne pas faire le poids face aux candidats restant. Qu'en quelques sortes, elle avait eu de la chance que Cecil soit quasi-inexistant dans le jeu sinon elle ne serait même plus là. Reprenant son souffle, son visage toujours tourné à l'opposé de la pièce pour ne pas lui infliger ça, elle hausse de nouveau les épaules. "Mais c'est pas grave si c'est le cas... Je suis contente de t'avoir connu..." Qu'elle souffle d'une voix si basse, parce qu'elle essaie de contrôler ses émotions, avec peine. Si c'est vrai ce qu'elle dit, elle n'a pas envie que ça s'arrête comme ça.

Je ne voulais pas abuser de la gentillesse de la jeune femme, d'autant plus que j'estimais que faire son repassage n'avait jamais tué personne et que ça n'était l'histoire que d'une poignée de minutes. Et puis ça n'était pas comme si nous avions beaucoup d'impératifs par ici, alors je ne me voyais pas lui refiler les seuls que je pouvais bien avoir sous le coude. Quelque part, j'aimais mon indépendance, le fait de ne devoir avoir à rendre de compte à personnes et de m'occuper de mes propres affaires. C'était certainement ce que je faisais de mieux et je crois bien que tout le monde l'avait remarqué depuis le temps. La jolie brune ajoutait que je n'aurais pas abusé puisque c'était elle qui me le proposait, et je me contentais de lui sourire en gage de réponse. Je crois bien qu'elle aurait été la seule à se dévouer ainsi pour quelqu'un d'autre, c'était certain. Et puis j'en étais venu à lui parler de sa nomination, du fait qu'une fois de plus la roulette avait choisi de prendre pour cible son couple. La semaine passée, je n'avais pas bien compris que les candidats choisissent de la nominer. Peut-être était-ce du au fait qu'elle avait été célibataire, mais je trouvais le principe assez cruel, affaiblir quelqu'un qui était déjà handicapé par le jeu. Cela dit j'étais presque certain que lorsqu'il s'agissait des nominations, certains ne devaient pas faire dans les sentiments. Personnellement, je m'étais toujours des heures à débattre intérieurement sur mes choix, ne sachant jusqu'à la dernière seconde pas qui mettre en danger. C'était même parfois agaçant de voir que plus les semaines avançaient et plus j'appréciais la plupart des candidats encore en course. La brune ajouta alors qu'elle n'avait pas envie de partir, tandis que je la voyais balayer les quelques larmes qui coulaient sous ses yeux. Presque immédiatement, j'avançais d'un pas, sans pour autant en faire plus. Parce que je n'aimais pas la voir pleurer, que j'aurais aimé la rassurer mais que je ne savais simplement pas comment m'y prendre. J'étais sacrément maladroit lorsqu'il s'agissait de prendre la parole, certainement parce que je n'y étais pas bien habitué. « Regarde moi. » repris-je finalement d'une voix calme et grave alors que mes prunelles bicolores fixaient son visage. « Je ne veux pas que tu pleures pour ça, tu es encore là. » Oui, elle pouvait défendre sa place comme n'importe quel autre candidat, et avait toutes ses chances de poursuivre l'aventure. « Je crois en toi. » Parce que si Imma était éliminée, je ne comprendrais décidément pas les votes du public. Elle était probablement la candidate la plus douce et adorable encore en jeu, celle pour qui n'importe qui pourrait avoir un coup de coeur. « Rien n'est terminé, ici ou à l'extérieur. »  Ce que j'entendais par là, c'était qu'ici ou ailleurs, la vie continuait et les connaissances qu'elle souhaitait préserver à ses côtés, elle pourrait tout à fait les garder. Du moins c'était ce que j'espérais d'elle, ce que j'espérais qu'elle souhaitait, du moins autant que moi. « Et puis, je préfère lorsque tu me souris. » finis-je par lui dire en accompagnant le tout par un léger sourire alors que ma tête se baissait légèrement, mes yeux toujours ancrés dans les siens.

Imma avait bien évidemment en tête cette troisième nomination – la deuxième d’affilé – mais elle évitait de penser trop à ça. Pour éviter ce qu’elle était en train de faire : pour éviter de pleurer. Mais elle ne pouvait empêcher Clarke de faire allusion à ça. Alors ne put s’empêcher de verser quelques larmes. Parce qu’elle est vraiment triste, sans jouer la comédie. Elle est triste, parce qu’elle s’en veut de ne pas être tant extravertie, d’être refermée sur elle-même et donc de passer à côté de pleins de trucs. Même si elle a fait un effort et même si elle a évolué au fil des semaines. Elle ne peut alors pas s’empêcher de pleurer. Parce qu’elle se dit que c’est peut-être ses derniers jours dans le nid. Que même en manquant de confiance en elle, elle avait toujours vu une lueur d’espoir durant ses nominations passées, mais pas celle-ci. Et elle se sentait tellement frustrée de se dire qu’elle pourrait partir à cause d’un jeu de hasard. Au final, elle préférait être nominée par ses camarades, que par la roulette. Se tournant légèrement, elle ne voulait pas se montrer à Clarke, ne pas lui montrer qu’elle pleurait. Ce qu’elle fait malgré elle, parce qu’elle le sent s’approcher. Ce qui lui fait tourner la tête plus encore sur le côté. Mais il lui demande de le regarder. D’une telle manière : à la fois douce, à la fois impressionnante de confiance en soi. Soufflant légèrement, elle pince ses lèvres pour ne pas pleurer plus. Elle essuie du revers de sa main ses pommettes, pour venir planter son regard dans celui de son camarade. Ses yeux rougis et brillant, dans les bicolores de Clarke. Elle a affreusement envie de verser encore quelques larmes lorsqu’il reprit la parole, mais elle s’en empêcha. Parce qu’effectivement elle était là et pas encore dehors, mais surtout parce qu’il disait croire en elle. Ouvrant un peu plus ses yeux, elle est autant étonnée qu’il le lui dise aussi frontalement que touchée par ça ; même légèrement revigorée, parce qu’elle souffle un peu, sa gorge se dénouant par la même occasion. Il ajoute que rien n’est terminé, que ce soit ici ou ailleurs. Doucement elle hausse les épaules. « Peut-être » qu’elle souffle alors à demi-mot. Elle aimerait le croire, mais elle a trop de rêve pleins la tête. Si elle a envie de faire sa vie aux USA, elle sait pertinemment qu’elle devra retourner en Namibie, pour reprendre le cours normal de sa vie, comme si de rien était. Et garder contact ne sera pas chose aisée. « J’aimerai beaucoup » Qu’elle ajoute finalement, tout aussi doucement. Baissant de nouveau sa tête pour cacher les nouvelles perles de larmes se former. Elle espère qu’au-delà du jeu elle pourra le revoir. Lui et quelques autres aussi, mais surtout lui. Parce qu’elle repense à ce qu’elle avait avoué à Lamine la semaine passée, les choses qu’elle avait dans le ventre lorsqu’elle le voyait et lorsqu’elle voyait l’autre personne. Absorbée par cette pensée, elle ne réagit pas tout de suite à sa dernière phrase. Au fait qu’il la préfère souriante. Alors l’information arrivant enfin à son cerveau, elle ne peut s’empêcher de sourire. Passer du rire aux larmes, elle sait très bien le faire et le lui prouve très bien. Pas un petit sourire : un grand, plus ou moins assumé, mais qu’elle lui offre tout de même. « C’est toi qui... qui me fait pleurer… » Qu’elle avoue en baissant les yeux, honteuse de dire ça. Même si elle le disait sur le ton de la rigolade, un peu légère. Elle n’est pas du genre mauvaise foi. Elle sourit de nouveau, regardant ses pieds, essayant d’effacer les dernières traces de larmes.

Je n'avais pas fait exprès de rouvrir les blessures d'Imma, probablement parce que je ne réalisais pas encore bien l'effet qu'une nomination pouvait avoir sur une personne. Lorsque j'avais été nominé, il y avait maintenant quelques semaines de ça, je n'avais pas ressenti le moindre poids sur mes épaules, comme si je n'avais pas bien réalisé que mon aventure aurait totalement pu se terminer. Quelque part, je me disais que c'était peut-être mieux ainsi, que je n'avais pas réellement eu besoin de passer par une période d'anxiété comme l'avaient probablement fait la majorité des candidats. A vrai dire je n'avais même rien changé du tout. Les résultats m'avaient d'ailleurs plus ou moins étonné puisque je n'aurais jamais pensé être sollicité par le public. Cela dit je ne me faisais aucune illusion, ma prochaine nomination serait très certainement la dernière, il suffisait de voir ce qu'il restait en candidat pour comprendre que je ne faisais pas bien le poids. Et ça m'allait. Ici ou dehors, je me disais que la vie continuerait son cours, et que de toute façon, je ne pouvais ressortir d'ici que grandi. J'avais l'impression d'avoir appris tant de choses, sur la vie en communauté, sur les autres, sur moi et mes capacités. C'était fou mais j'avais presque l'impression d'être un homme totalement différent du Clarke qui avait posé pour la première fois ses pieds dans les abysses. Tout ça me semblait bien loin maintenant. Ce Clarke là me semblait bien loin. Et je me disais que c'était pour le mieux, que j'avais enfin réussi à m'ouvrir à une tranche plus large de personnes, que ma différence n'avait au final pas tant attiré l'attention que ça, que j'arrivais à me fondre dans la masse. Evidemment l'extérieur serait une toute autre paire de manche puisqu'il y aurait les déboires de cette émission et l'image qu'attacheraient les gens quant à ma personne. Mais je préférais tout de même signaler à la jeune femme qu'à mes yeux, ici ou à l'extérieur, rien n'était terminé, que tout était même à commencer. A mes yeux, sortir d'ici serait le début d'une toute nouvelle aventure, presque incomparable à celle que l'on aurait vécu entre ces murs. Peut-être oublierons nous même certains visages de ce jeu, pour les remplacer par de nouvelles personnes, plus importantes au moment venu. C'était ainsi que la vie se composait. « Tu es libre de faire ce que tu veux Imma, ici ou à l'extérieur. Personne d'autre que toi n'a besoin de définir qui tu as envie d'être ou ce que tu as envie de faire. » Et je les pensais ces paroles. Si elle voulait voyager, elle le pouvait, si elle souhaitait tomber amoureuse, elle le pouvait également. Rien n'y personne n'était en droit de lui fixer des limites. Ici ou ailleurs, elle était bel et bien libre de faire ce dont elle avait envie. Pour ma part, c'était décidé, j'allais enfin reprendre ma vie en mains et arrêter de fuir le monde qui m'entourait, ça ne menait de toute façon nul part. La brune ajouta alors que c'était moi qui la faisait pleurer, le tout souligné par son plus beau sourire, si bien que je ne pu m'empêcher de l'imiter. « Vraiment ? » lui demandais-je tout de même un peu surpris, ne me connaissant pas des talents de briseur de coeur. « Désolé, comment est-ce que je peux me faire pardonner ? » Si je venais réellement de la faire pleurer, il allait falloir que je fasse de mon mieux pour exhausser ses désirs histoire de la faire sourire à nouveau et de laver ce mauvais épisode.

« Tu es libre de faire ce que tu veux Imma, ici ou à l'extérieur. Personne d'autre que toi n'a besoin de définir qui tu as envie d'être ou ce que tu as envie de faire. » Il parle de manière évidente et limpide. Elle aimerait vivre sa vie comme il le disait, mais c’était bien plus facile à dire qu’à faire. Libre de faire ce qu’elle voulait ; d’être ce qu’elle a envie d’être. Elle souffle doucement. Ce qui la rapprochait de Clarke était leur différence, mais il faut se rendre à l’évidence : la différence de Clarke est bien plus facile à masquer que la sienne. Il peut vivre normalement, quand elle n’aurait que des regards curieux braqués sur elle. Si ça n’a pas trop été le cas dans le jeu, elle sait que l’extérieur est bien plus hostile à la différence. Elle le sait déjà, elle en a déjà fait les frais. Et jamais au grand jamais elle ne veut revivre cette condition d’animal de foire, même si en soit elle avait elle-même conditionné cette idée de curiosité. Elle le regrette. Elle regrette d’être comme elle, introvertie et timide. Elle regrette de ne pas avoir fait de sa différence une force, appuyée d’une grande bouche pour se parer à toute attaque. Elle hausse les épaules, pinçant ses lèvres pour ne pas pleurer à nouveau. « Pourquoi tu me dis ça… » Qu’elle souffle, sans réellement le vouloir. Elle voulait en réalité lui dire qu’elle le croyait, mais que c’était compliqué. Mais elle lui demandait pourquoi, voulant y lire quelque chose caché entre les lignes. Alors gênée, elle détourne les yeux. Elle dit une parole malheureuse, l’accusant de ses pleurs. Vraiment ? Elle sourit de nouveau, timidement. Elle bouge sa tête de droite à gauche, tout doucement parce qu’il continue de parler. Il est désolé et voudrait se faire pardonner. Puisque c’était pour rebondir sur la situation, rien qu’un peu de taquinerie, il n’avait rien à faire pour se faire pardonner. D’ailleurs, elle n’est pas du genre à abuser de la situation pour exiger quoique ce soit et prendre avantage sur Clarke. Une espèce de souffle au cœur lui rappelle ce qu’elle aimerait secrètement de lui et qui pourrait valoir mille pardons, mais elle n’oserait le lui demander. Un baiser. N’importe où, même sur sa joue. Elle n’a jamais été embrassé, ni serrée dans ses bras par un garçon. C’est ce qu’elle aurait aimé recevoir de Clarke ces dernières semaines, sans jamais vraiment assumer. Si, une fois elle lui avait demandé, mais il n’en avait rien fait. Alors elle estimait que ce souhait allait être rapidement rangé du côté des fantasmes, s’ajoutant à une immense liste. Qu’on lui prenne la main, par exemple, fait partie de ses fantasmes : personne chez elle n’est emballé à l’idée de la toucher. Une fois un garçon lui avait dit qu’elle était belle, mais ajoutant un « si seulement t’était normale » comme point final, achevant son idée qu’elle n’avait pas le droit au bonheur. Que le seul amour qu’elle pourrait recevoir, viendrait de ses parents et de ses quelques amies. Alors doucement elle hausse les épaules, un doux sourire sur ses lèvres pulpeuses. « Je voulais juste plaisanter… » Qu’elle souffle, en reprenant finalement un vêtement dans son panier. « tu as rien à faire… » Qu’elle souffle à nouveau, à demi-mot, son regard détourné de lui depuis un moment maintenant.