SAYID & @LAMINE
jeudi 07 mai - 15:24

Il faisait chaud. Assez chaud pour que la plupart des candidats aient préféré se réfugier à l'intérieur de l'hôtel en quête de la climatisation, plutôt que de continuer à cuire dehors comme une merguez sur un barbecue. Et à vrai dire cela arrangeait bien Sayid qui lui ne craignait plus ni la chaleur ni l'humidité, aussi persuadé d’avoir la paix il avait quitté la suite Elvis où il lisait jusqu'à présent installé sur son lit et était descendu au rez-de-chaussée pour rejoindre le jardin. Ce n’était ceci dit pas le meilleur moment de la journée pour profiter de la végétation exotique mise à leur disposition, et continuant sa route le britannique avait rejoint le bassin japonais ... où contre toute attente il ne s'était pas retrouvé seul. Assis sur le banc à l’ombre du cerisier, Lamine semblait concentré sur la console de jeu qu’il tenait entre ses doigts, une console semblable à celle que possédait également Sailor ; A moins qu’il ne s’agisse justement de celle de la jeune fille. « C'est celle de Sailor ? » n'avait d'ailleurs pas pu s'empêcher de demander le britannique, parce qu'il avait besoin que chacune de ses questions trouve une réponse, même quand la réponse lui importait en fin de compte assez peu. C'était étrange que Sayid ne se soit pas déjà laissé tenter par ce genre de consoles de jeu ; Lui qui se laissait si facilement happer par des activités obsédantes ou répétitives. Mais il n'était déjà pas capable de se servir de twitter, alors une console de jeu, inutile de rêver. N'ayant pas encore décidé s'il consentait à rester ici malgré la présence d'un autre candidat, ou bien s'il se cherchait un autre havre de paix un peu plus loin, il était en attendant rester un petit moment planté là, dans l'herbe, à observer Lamine sans parvenir à en détacher son regard. « Lamine ? » Il prononçait le prénom avec hésitation, pas pour sa sonorité qui forcément lui semblait familière, mais parce qu'il avait l'impression de ne pas savoir ce qu'il était en train de faire tandis qu'il reprenait la parole pour ajouter « Il faut que tu m'apprennes à être optimiste. » C'était annoncé comme ça, de but en blanc, et au ton employé on pouvait même se demander s'il s'agissait d'une requête ou bien simplement de quelque chose que Sayid avait décidé sans envisager un seul instant que Lamine puisse agir autrement qu'en acceptant. « Sailor m'a dit que je ne l'étais pas assez. » Et Lamine lui semblait être la personne la plus susceptible de le renseigner à ce sujet, parce qu'il avait toujours l'air de bonne humeur. Quant à Sayid il ne savait tellement pas de quoi il parlait qu'il était persuadé que ce genre de choses pouvaient s'apprendre, comme on apprenait à dessiner ou à jouer d'un instrument de musique ; Il n'était pas déméritant pourtant, il était toujours prêt à apprendre.

Spoiler:

« Oui, elle me la prête pour la journée. bon en échange je dois lui couper les ongles des pieds, c'est le deal. » Toujours aussi peu capable de déceler le second degré même lorsqu’il était devant son nez, Sayid avait arqué un sourcil, avec l’air dubitatif de celui qui se demandait vraiment s’il était à ce point devenu un vieux con trouvant stupide la moindre coutume de jeunes. « Non, c'est pas vrai, elle me l'a passée gratuitement. » Dieu merci. « Oh heu, oui, j’avais compris. » Menteur. Et il s'acharnait pourtant, alors qu'il avait eu mille occasions depuis qu'il était ici de voir que cela ne servait à rien de tenter de faire croire qu'il était capable de comprendre l'humour quel qu'il soit. Qu'à cela ne tienne, maintenant qu'il avait Lamine sous la main ce n'était pas pour lui parler de console vidéo qu'il voulait lui faire la conversation ... A vrai dire en posant les yeux sur lui il avait réalisé qu'il était peut-être la personne la mieux placée pour répondre à l'un de ses problèmes. « ... un problème ? » Enfin, problème n'était peut-être pas le mot le plus adapté, dans un sens, mais soit. Tout ce que voulait Sayid en définitive c'était que quelqu'un lui apprenne comment se montrer optimiste. Parce que oui, Sayid avait encore la naïveté de croire que tout pouvait s'appendre, même ce genre de choses, et puisqu'il se savait doué pour l'apprentissage rapide il pensait presque qu'une discussion avec Lamine suffirait à trouver solution à son problème. « Que ... moi, je t'apprenne ? » Oui voilà, qu'il lui apprenne, ou au moins lui donne deux ou trois pistes à creuser, parce que si tant de monde était capable d'optimisme Sayid devait bien pouvoir trouver un moyen de donner le change lui aussi, et de faire comme autrui. « Oui ... je t'apprends un peu l'arabe en échange, si tu veux. » Il hasardait, essayait de trouver une monnaie d'échange pour tenter de faire pencher la balance en sa faveur. Il avait vaguement entendu qu'il en était question entre Maha et lui, durant la dernière rubrique d'Akela, et il n'y avait pas information que Sayid ne retenait pas dans le but de pouvoir éventuellement s'en servir à son avantage ensuite. Pour en revenir à son souci il avait besoin d'optimisme, donc, puisque c'était ce que Sailor lui avait fait remarquer. « Si Sailor le dit, c'est que c'est vrai. » Voilà. « Et c'est pas la seule. » qu'il avait finalement rajouté sans réfléchir, mais c'était le constat qui ressortait des adjectifs qu'on lui avait attribué lors du dernier prime ... ceux de Lamine ne dérogeaient pas à la règle, d'ailleurs. « J'ai l'air de broyer du noir ? » Il ne demandait pas cela parce qu'il était vexé, puisqu'en réalité il ne l'était pas, mais simplement parce qu'il peinait à comprendre sur quoi les gens se basaient pour raisonner ainsi. Il ne passait pas son temps à pleurer comme Gigi, ou à chercher la petite bête sur tout comme Mylah ... et surtout il essayait, il essayait vraiment de se fondre dans la masse et d'être ce que l'on espérait qu'il soit, mais cela ne fonctionnait pas assez bien. Bref, Lamine semblait en tout vas décidé à accéder à sa requête puisqu'il avait éteint sa console et relevé les yeux vers lui, d'un air sérieux. « Est-ce que t'estimes avoir confiance en toi, pour commencer ? Si t'es bien dans ton corps et dans ta tête, déjà, j'pense que t'as une bonne base pour devenir optimiste. » Oui, bon, alors déjà là cela commençait mal, et l'espèce de grimace qui avait accompagné le grommellement que Sayid estimait être une réponse voulait tout dire. Néanmoins lancé, Lamine avait continué « Faut que tu mettes un gros stop aux pensées négatives qui t'animent, c'est pas bon, ça te pollue l'esprit ! je sais pas lesquelles c'est, mais ça parait évident que t'en as. et puis, faut éviter de s'attarder sur le passé aussi, j'sais pas si ça pourrait te concerner, mais voilà. faut surtout pas rester sur un échec, ou une désillusion, parce que ça plombe le moral ces conneries. c'est derrière nous, ça se rattrape pas de toute façon. » S'adossant au cerisier, à défaut de pouvoir s'asseoir à même le sol, Sayid n'avait pu empêcher le début de sourire légèrement amusé qui était apparu sur ses lèvres à mesure que Lamine s'exprimait. « Tu as fait un stage de psycho avec Addil avant qu'il s'en aille ? » Parce qu'il lui parlait un peu comme un psy le ferait, là. Et puis réalisant après coup qu'Addil n'était pas le plus apprécié des candidats et que sa réflexion avait une chance d'être mal perçue, il avait rajouté « Ça va, cette partie-là je maitrise. On nous rabâche ça tous les jours en centre de rééducation. » Et rabâchage, le mot restait faible. Mais tout cela pour dire que là-dessus Sayid n'avait pas de souci, il n'était de toute façon de base pas le genre de mec qui regardait en arrière ... Non, lui c'était simplement le présent, qui l'angoissait, parce que l'avenir aussi il y pensait très peu. « C'est aussi important de se dire quand on échoue quelque part, qu'on réussira ailleurs, c'est souvent vrai en plus. genre moi, là, je n'avance pas dans le jeu que m'a prêté Sailor mais je me dis que j'ai essayé, quoi. et puis j'le prends pas comme un échec parce que je sais qu'il y a des tas d'autres jeux où je cartonne. c'est simplement pas fait pour moi, je crois, mais tu vois je me focalise pas dessus et surtout, j'me dis pas que je suis un gros nul qui ne comprend rien. mais toi, alors, tu dirais que tu te situes où dans tout ça ? et pourquoi elle t'a reproché ton pessimisme, à la base, ça sort d'où ? » Il était resté silencieux un instant, réfléchissant à la question de Lamine, mais c'était surtout que la réflexion de Sailor partait de rien à la base, une broutille, à laquelle il n'aurait pas donné d'importance si elle n'était pas l'énième personne à le lui faire remarquer, avant que les adjectifs du prime ne viennent enfoncer le clou une dernière fois. « Elle m'a dit que si les braconniers regardaient Tarzan ils prendraient conscience que ce qu'ils font est mal. J'ai répondu que je doutais qu'un type qui gagne sa vie en tuant des animaux se laisse attendrir par un dessin animé pour enfants. » Et que Lamine ose un seul instant lui donner tort et tente de nier que Sailor, aussi mignonne soit-elle, vivait un peu trop au pays des bisounours. « Peu importe, je crois qu'elle disait ça de manière générale. Mais en même temps ... c'est dur de rivaliser avec elle. Elle s'émerveille de tout. » et cela ne surprendrait personne si Sayid avouait que lui n'avait jamais été comme ça, même à l'âge de Sailor, même encore plus jeune ... Sayid ce n'était que le gamin qui restait généralement seul au fond de la classe parce qu'il était taxé de bizarre. Et s'il avait réussi à changer un peu cette tendance en grandissant ce n'était assurément pas en maniant l'optimisme.

Spoiler:

L'idée avait germé comme ça, il n'avait même pas vraiment songé à poser la question avant de se retrouver face à Lamine et de réaliser que les mots avaient passé la barrière de ses lèvres ; Il aurait d'ailleurs pu regretter de se rendre ainsi si ridicule, parce que c'était un peu avouer à voix haute qu'il était un empoté incapable de gérer ses émotions tout seul. Mais maintenant qu'il avait jeté les bases il ne pouvait plus reculer, et en guise d'échange de bon procédé il avait proposé à Lamine de lui donner des bases de vocabulaire en arabe, son attention ayant été retenu lors de la rubrique d'Akela par l'échange entre Lamine et Maha. « Ouais, grave, ça me dit carrément. Tu vas prendre le relais de Maha, enfin, on va dire qu'elle a commencé le truc même si au final j'aurais strictement rien appris avec elle. » Ouais, disons qu'elle avait lancé l'idée mais n'avait pas eu le temps de l'appliquer. « Vous aviez fini par cesser de vous chamailler. » avait simplement fait remarquer Sayid d'un ton calme, sans qu'il n'y ait vraiment de rapport avec le reste. Il trouvait simplement cela intéressant, de voir que sans parvenir à ses fins Gigi avait malgré tout poser les bases pour que Lamine et Maha voient plus loin que leurs chamailleries de départ. Bref, pour en revenir à ces notioons d'optimisme qu'il souhaitait acquérir, cela ne pourrait sans doute pas lui faire de mal puisque les adjectifs qu'on lui avaient attribués durant le dernier prime étaient tous à base de maussade et autre broyeur de noir. « T'es pas le mec le plus joyeux que je connaisse, mais honnêtement j'ai dit ça comme j'aurais pu dire n'importe quoi d'autre. T'arrête pas là-dessus, okay, ni sur ce qu'ont dit les autres. ils ont été vaches, des trucs t'ont pas plu ? j'étais pas trop attentif à ce moment-là du prime. » Il avait haussé les épaules, ce n'était pas vraiment que cela ne lui avait pas plu, c'était plutôt que lui ne se sentait pas particulièrement malheureux ou maussade, alors il s'agaçait un peu de faire ressortir cette impression. Ce n'était pas comme ça que les choses étaient supposées se passer. « Non, rien ne m'a déplu. Mais chez moi la frontière entre heureux et malheureux n'est pas si mince ... Je ne suis pas déprimé, ou malheureux. Je ne suis simplement pas expressif. » Pas expressif, ouais, disons ça comme ça. « Pas d'insulte je te prie, je ne tiens pas à être associé à cette personne. » Lamine faisait donc partie de la catégorie des candidats qui n'avaient pas accroché avec Addil. Sayid ne pouvait pas leur jeter la pierre, il n'avait certes pas trop été victime des psychanalyses à trois francs de l'anglais, mais de façon plus générale Sayid avait ce problème récurrent avec les psy qui l'empêchait de pouvoir apprécier réellement Addil. Un psy on s'en méfiait, c'était un principe élémentaire selon lui. « Désolé. » Il n'était pas vraiment certain que Lamine soit vexé, mais comme il ne faisait jamais la différence il préférait s'excuser dans le doute, c'était plus pratique pour lui. Bon, et la raison pour laquelle Sailor l'avait qualifié de pessimiste, puisqu'ils en revenaient à ça ; Facile, parce qu'il ne croyait pas à la rédemption pour les braconniers. Il n'y croyait déjà pas de base, il y croyait encore moins depuis leur dernière intrusion dans la réserve et le carnage qu'ils y avaient opéré ... Il n'y croyait pas, et rien de ce que dirait Sailor n'y changerait quoi que ce soit. « J'suis de ton avis, j'y crois pas non plus. C'est mignon comme façon de voir les choses, elle est dans son monde quoi. » Dans son monde, sans doute une façon gentille de dire que Sailor était totalement à côté de ses pompes niveau sens des réalités ... et si Sayid arrivait à deviner le double-sens dans la phrase de Lamine, c’était surtout parce que gosse c’était un truc qu’on disait souvent à son sujet. Mais rarement avec un air gentil ou bienveillant, rarement comme le français venait de le faire à propos de la benjamine des candidats. « Y'a même pas à débattre sur le sujet, ces mecs-là sont des pourritures. j'vois pas plus loin que ça, perso. » Sayid s'était contenté d’un signe de tête en guise de réponse. C’était difficile pour lui d'évoquer ce sujet, parce que le braconnage était l’une des rares choses qui provoquait chez lui un sentiment violent, lui qui d’ordinaire était tellement incapable de violence qu’il ne possédait même pas d’instinct de défense. Sayid était un chiot, caché dans le corps d’un cabot. « En tout cas, j'te rassure tout de suite, ça ne fait pas de toi quelqu'un de pessimiste. » Il ne savait pas pourquoi cette phrase le rassurait autant ... parce qu’au fond l’avis de Lamine était comme l’avis de Sailor, il avait la valeur d’une seule voix, et donc l’importance qu’on acceptait de leur donner. « Je ne suis ni pessimiste ni optimiste. Je suis juste ... je ne sais pas, Gigi appelle ça résigné. Toi tu as l’air comme Sailor, tu trouves le positif là où tu as envie, moi je ne sais pas faire ça. » Il avait pincé ses lèvres avec frustration. Parce qu’il ne parvenait pas à exprimer clairement ce qu’il voulait, et parce qu’il n’était pas non plus entièrement en droit de le faire. « Je crois sincèrement que t'es un mec bien, Sayid. j'te le dis parce que je le pense, c'est de plus en plus l'impression que tu me fais. au début j'te trouvais un peu sombre comme gars, et au final, j'ai moins de mal à t'apprécier que certains ici. » Il était bien un des rares visiblement, à en juger par la chute monumentale qu’il avait fait la semaine précédente dans la popularité ... Encore une fois s’il avait été capable d’optimisme il aurait pu en conclure qu’au moins il était maintenant tellement bas qu’il ne perdrait plus d’argent en chutant à nouveau, mais au lieu de ça il se contentait de rester de marbre, parce que comme tout ce qui lui tombait toujours sur le coin du nez, sérieux ou non, Sayid n’avait aucune idée de comment il était supposé réagir. « Je ne cherche pas à être apprécié par tout le monde, ce n'est pas mon but. Mais, hm, merci. » Il disait merci parce qu'il ne savait pas trop quoi dire d'autre, en vérité. Il était satisfait bien sûr de voir qu'il avait réussi à passer plus loin que le grognon de service ou le type maussade, au moins aux yeux d'une personne, mais il savait que les avis des uns et des autres seraient peut-être différents après la révélation de son secret ; C'était souvent comme ça. « Je suis désolé, pour ta partenaire. » En vérité désolé n'était pas vraiment le mot, pour la simple raison que Sayid n'était jamais désolé de rien, ou du moins c'était très rare. Ce qu'il essayait de dire c'était que son envie à lui n'avait jamais été de se trouver dans cette position où il avait du seul décider de mettre quelqu'un sur le banc des nominés ; Il ne s'en sentait pas la légitimité, au même titre qu'il ne trouvait pas de légitimité à Léo d'avoir décidé de nominer Agata. Ces roses étaient un cadeau empoisonné, et parce que Lamine était le partenaire de Kira il n'avait probablement pas envie qu'il s'imagine qu'il souhaitait sciemment voir sa partenaire dehors. Il ne la connaissait pratiquement pas, ce qui était aussi le nœud du problème dans un certain sens.