Plus le temps passe ici. Plus elle a du mal à se souvenir de comment elle était en arrivant. Ici elle a plus l'impression d'être la fille de Kiev, plus que la femme mariée de New-York. C'est assez angoissant, elle a peur qu'en rentrant chez elle, tout ça, tout ce qu'elle a ce ne soit plus suffisant. Même elle a beaucoup et elle n'avait rien à Kiev. Mais... ces deux vies totalement différentes elle a l'impression qu'en devenant cette femme mariée elle s'est totalement éloigné de ce qu'elle était, de ce qu'elle devait être. Elle y pense dans son lit, Imma qui dort paisiblement à coté d'elle. Elle croit bien qu'elle y arrivera pas. Elle arrivera pas à retourner à cette vie, retourner à son rôle d'épouse. Fréquenter les même dindes sans cervelles. Et rien faire d'autre de ses journées que de se demander quelle chaussure elle va acheter. C'est vrai qu'elle fait plus de choses que ça, mais elle n'a pas l'impression d'avancer dans sa vie. D'être passé par les étapes importantes. Elle n'a jamais eu de boulot, jamais été fière d'avoir son diplôme après des années de galères. Demain elle ne va pas emménager dans son premier appartement avec son petit ami. Elle a brûler des étapes tellement importante que ça lui donne le tournis. Elle est passé d'ado à femme mariée en un claquement de doigts. Si bien qu'en réalité elle n'a jamais vraiment grandit. Fatigué de penser à tout ça elle sort discrètement de son lit passant un pull sur ses épaules. Pieds nus elle regrette aussitôt de pas avoir prit ses chaussons tellement le sol de la cuisine lui semble glacé. Elle n'a même pas remarqué la présence de Maha dans la cuisine. Elle ouvre le grand frigo pour prendre une des dizaine de bouteilles d'eau qui trône là dedans. Ce n'est qu'en fermant le frigo qu'elle remarque la présence de la brune. Elle sursaute, fébrile. « T'es folle, tu joue à cache cache ou quoi ? » Elle demande portant une main tremblante sur son cœur. Elle ouvre difficilement sa bouteille d'eau et en prend deux trois gorgées. « Tu fais quoi là ? » Elle lui demande d'un air las en s'approchant de la jolie brune.

Je me love contre Léo qui ne me semble pas bien depuis une semaine: il n'a plus tellement d'énergie. Je le recouvre avec les draps lorsque j'entends un bruit et une silhouette qui s'évade de la chambre. Il ne m'en faut pas plus pour que je fasse de même. Je me décolle de l'asiatique, mes pieds touchant rapidement le sol, et je m'élance à la poursuite du candidat. Je laisse une certaine distance entre nous. Je finis par atterrir dans les cuisines et je crois que le palpitant de Gigi a loupé quelques battements. J'esquisse un sourire qui se veut rassurant. Gigi me demande ce que je peux bien foutre dans la cuisine. Hm, je pense qu'on va passer sous silence le fait que je la suivais pour voir ce qu'elle pouvait bien faire en plein milieu de la nuit. Je n'ai pas envie de l'effrayer parce que Gigi dans mon esprit est associé à Bambi. Je vais opter pour une réponse pas forcément plus rassurante, j'avoue, mais je n'ai rien de mieux en stock. Mon imagination est en panne. « Je te regarde» je lui réponds simplement en croisant les bras sur ma poitrine.  « Tu es triste ?» je l'interroge en arquant les sourcils parce que je vois bien qu'elle est éteinte; elle ne déborde pas d'énergie et d'amour comme les autres jours. Je crois qu'il en suffit de peu pour m'interroger. Je penche délicatement la tête sur le côté pour mieux l'observer pendant quelques secondes. « J'avais peut-être tord on se ressemble sur une chose: notre milieu d'origine » je laisse entendre parce que je me souviens de ce qu'elle m'avait dit: elle n'est pas une princesse parce qu'elle vient de la rue. « A quoi penses-tu ?» je finis par l'interroger parce que Gigi me semble assez soucieuse ce soir et je me dois de lui donner un avis si je peux l'aider.