+@LAMINE
Imma n'est pas très technologie. Si elle peut rester des heures devant sa télévision pour danser ou à pianoter sur son téléphone à envoyer des sms à ses amis ou jouer, elle n'a pas l'habitude des ordinateurs et encore moins des tablettes. Elle avait rapidement compris le principe de twitter et de comment prendre des photos, mais ça s'était arrêté là jusqu'à présent. Naturellement, Imma s'était tournée vers Lamine pour lui expliquer comment elle pourrait écouter des musiques, si c'était d'ailleurs possible de le faire. Elle n'avait pas cherché à comprendre comment il allait s'y prendre: il avait réussi et c'est tout ce qui importait à la namibienne. Maintenant possible, Imma n'hésitait pas à danser lorsqu'elle le souhaitait; passion qu'elle n'assumait pas encore totalement dans le nid. Pourtant elle rêvait bien de quitter restaurant et pays pour venir s'installer durablement aux USA et vivre de ça, de sa passion, de la danse. Après s'être assurée de ne pas être suivie jusqu'au terrain de sport, Imma enleva l'espèce de veste de sport en coton qu'elle portait, dévoilant un simple débardeur noir sur un jogging gris. Sa tablette entre les mains, elle fit défiler les chansons jusqu'à tomber sur du Derulo. Ce genre de musique qu'elle a appris à connaître pour mieux parler anglais, tout comme pour mieux bouger son corps. Ce qu'elle commence déjà à faire, au rythme de la musique. Un pas sur le côté, deux de l'autre. Un petit déhanché sur le côté, ses deux mains qui vont dans les airs. Un air confiant et certains, comme elle n'est jamais dans la vraie - enfin lorsqu'elle est ici. Prise dans le rythme, elle ne remarque pas immédiatement Lamine - justement lui - qui venait de se poser à ses côtés. Son camarade la fixant, peut-être un peu trop. Et lorsqu'Imma s'en rendit compte, elle s'arrêta de danser. Reprenant son souffle, main sur son ventre, elle ne réagit pourtant pas comme elle l'avait fait devant Adélie. Avec cette dernière, elle s'était stoppée net, ne reprenant pas sa danse. Trop honteuse. Cette fois c'est différent. Cette fois, c'est Lamine. Son grand frère de coeur et c'est peut-être ça qui la met en confiance. Avalant sa salive, son regard perdu sur son camarade; ses jambes continuaient de bouger en rythme. Pour finalement reprendre sa danse. Balançant d'un côté sa chevelure qu'elle venait à peine de libérer des tresses qu'elle s'était faite, revenant en masse vaporeuse sur sur ses épaules. Un sourire à la fois heureux et gêné adressé au français.

Imma a mis du temps. C’est toujours ainsi avec elle : elle prend son temps pour se mettre en confiance, prend son temps pour s’ouvrir et finalement, son sauvetage de la semaine dernière lui a ouvert les yeux : elle n’est pas moins bien qu’un autre, a totalement sa place et puis rien ne sert de se brider. Alors elle s’ouvre un peu aux autres. Elle parle toujours un peu plus. N’hésite plus à sourire. Elle est moins sauvage, plus communicative. Et elle n’hésite plus à danser. Même si elle fait attention à ce qu’elle ne soit pas suivi, elle n’hésite plus à mettre sa musique et à se déhancher comme elle avait appris à le faire, toute seule devant sa télévision ou en observant l’espèce de salle de danse à ciel ouvert, proche de chez elle et si inaccessible pour elle. Elle danse, se vidant la tête, ne pensant plus aux soucis, ne pensant plus non plus aux caméras ou aux camarades pouvant l’observer. C’est ce qui se passe d’ailleurs avec Lamine, installé certainement à côté d’elle depuis un moment, lorsque ses yeux se posent sur lui. Il l’invite à continuer, alors elle s’exécute dans un léger sourire. Elle continue. C’est instinctif ce qu’elle fait, pas forcément appris par cœur : certes les chorégraphies sont travaillées et répétées à l’extrême, mais bien avant elles sont ressentie, modelées, selon l’humeur du jour et l’humeur du jour d’Imma est plutôt bon. Excellent même. Alors elle virevolte de son poids plume, puis appuie ses pas sur le sol comme si elle pesait une tonne, impactant sa danse de mouvement fort. Ses cheveux, pendant ce temps-là, voltige dans les airs autour d’elle. Le commentaire de Lamine la surprend légèrement, la déroutant même de sa danse initiale, tandis qu’elle pose un regard étonné sur lui. Avant de lâcher finalement un rire, en cachant son visage. Elle ne peut lui dire merci, mais c’est tout comme. C’est qu’être comparé à Beyonce, c’est vraiment surréaliste pour elle, se trouvant encore trop novice dans cet art, parce qu’il s’agit d’un art aux yeux de la jeune fille. Continuant de danser, lançant parfois des regards à Lamine, ce dernier lui fit une proposition à laquelle elle ne s’attendait pas et qu’elle a parfaitement entendu. Elle pensait l’inviter à danser avec elle - comme elle l’aurait pu - mais sans vraiment oser le faire de peur de le gêner. Ils ne sont pas nombreux les garçons à danser spontanément, sans être gêné. Finalement elle n’a pas eu à le faire, puisqu’il se proposait de lui-même. Un large sourire illuminant le visage d’Imma, elle tend alors son bras vers lui, pour l’inviter à venir la rejoindre. Parce qu’elle est pressée de le voir faire, de voir ce qu’il sait faire de son corps, de ses jambes, de ses bras. Osant, elle s’approche même de lui pour venir lui prendre les mains et l’attirer vers sa nouvelle piste de danse. D’ailleurs Lamine ne crut pas si bien dire : pendant ce temps, la chanson a changé pour du Beyonce, une ancienne un peu plus lente, Deja Vu. Elle entreprend alors déjà une nouvelle danse, bougeant les bras de son camarade pour le mettre dans l’ambiance, le tout toujours aussi silencieuse comme on attend d’elle pour les jours à venir.