Il était déjà l'heure de déjeuner. Déjà et enfin. Nymphaea avait passé une bonne partie de sa matinée dans la salle de sport. Habituellement, elle se contentait de son footing, mais dans ce jeu, elle n'avait pas vraiment la place pour faire les quelques kilomètres à l'air libre, qu'elle aimait parcourir. La seule solution demeurait en quelques mots : la salle de sport. Il fallait l'avouer, un tapis de course, c'est pratique lorsque vous n'avez pas la place, la force ou l'envie de courir à l'extérieur, mais aucun doute, le petit bois qui se trouvait près de chez Nymphaea lui manquait énormément.
Lorsqu'elle eut terminé d'évacuer le surplus d'énergie et éventuellement le surplus de calories, elle passa par la salle de bain, pris une douche rapidement, s'habilla tout aussi vite et descendit à la cuisine avant de s'évanouir sous le peu de forces, qui lui restait.
Arrivée dans la grande pièce, elle fût victime d'une petite farce. Dans son dos, une demoiselle s'approcha en silence, lui souffla dans le cou avant de la pincer gentiment. Ismaëlle avait réussi son coup, puisque la belle sursauta, porta instinctivement une main à son cœur, avant de se retourner pour voir qui avait eu la bonne idée de la surprendre ainsi. « Jeune fille, tu n'as pas idée de ce que tu viens de faire ! Saches que je me vengerais, et que ma vengeance sera terrible ! » annonça Nymphy, pleine de malice, prenant cette attaque comme une déclaration de guerre particulièrement intéressante. Enfin quelqu'un qui aimait faire des blagues, c'était pas trop tôt, elle commençait sérieusement à croire qu'elle venait d'une autre planète !

Alors que la demoiselle répondit, Nymphy haussa un sourcil. Non seulement parce que, petit a, Ismaëlle était en train de la sous-estimer. Et petit b, parce qu'elle ne semblait pas être une fille arrogante à premier abord. Mais les apparences sont bien souvent trompeuses, comme on dit. Se disant qu'elle devait probablement blaguer – une fille arrogante n'oserait jamais manger une tomate et en faire dégouliner partout de la sorte – la jeune femme poursuivit. « Serais-tu en train de me sous-estimer ? J'ai plus de vingt-deux ans d'expérience derrière moi, tu sais ! Déjà, quand j'étais dans le ventre de ma mère, je trouvais le moyen de lui rendre la vie infernale ! » annonça-t-elle, les mains sur les hanches à son tour. Elle se déplaça alors vers le frigo, l'ouvrit et observa ce qui se trouvait à l'intérieur. Ne découvrant rien de bien intéressant à son goût, elle poussa légèrement la porte d'une main pour refermer le réfrigérateur avant de se retourner vers Ismaëlle. « Mais puisque je me sens d'humeur généreuse, si tu me trouves quelque chose à manger - qui ne sort pas d'une boite de conserve comme j'ai l'habitude - j'efface ton ardoise et je ne me vengerais qu'en cas d'extrême urgence ! Genre, si je déprime et que j'ai besoin de me remonter le moral, mais ça arrive presque jamais alors... » négocia-t-elle en essayant d'être persuasive. Pour une fois, elle voulait manger un truc qui ne sortait pas d'une boite de conserve, et ce n'était pas ses talents de cuisinière, qui allaient l'aider pour ça. Qui sait, peut-être qu'Ismaëlle était assez douée en cuisine pour lui faire un bon petit plat, fait avec amour ?