innocence - 08.12, 09:40

+ @SARA

Les premières nuits au sein du nid s'étaient déroulées sans encombre, et même si je n'aurais pas été contre le fait de rester une ou deux heures de plus dans les bras de Morphée, j'étais bien trop excité à l'idée d'aller découvrir les alentours pour réussir à m'emprisonner plus longtemps dans ces draps. Jade avait déjà décollé d'ailleurs, et je lui en voulais presque de m'avoir laissé là, sans me dire qu'elle sortait du lit. Non, cela dit, je lui en aurais également voulu si elle m'avait réveillé, hm. Me rendant dans le dressing, je préparais donc mes affaires, un jean, un débardeur blanc et une chemise à carreau rouge, et choisissais d'embarquer les deux premiers avec moi jusqu'à la salle de bain, et de laisser la chemise sur son cintre. La douche fut rapide, froide, comme à mon habitude, et je ne tardais pas à enfiler les vêtements que j'avais à portée de main, déambulant pieds nus dans le couloir, jusqu'au dressing où mon regard croisait celui d'une Sara bien matinale. « Hey, ma belle. » C'est à ce moment là qu'un "eh merde" avait du raisonner dans la tête de la brune. Parce que non, je n'avais pas oublié notre conversation de la veille, comme je n'avais pas oublié à quel point elle me portait chance depuis le début de l'aventure. Bon, restait à savoir si elle, elle considérait ça comme une chance, d'avoir un jour croisé ma route. Et autant vous dire qu'il y avait encore de quoi en douter. « J'aime bien ces petits moments d'intimité que l'on partage, ensemble. Pas toi ? » Il ne manquait plus que l'on se réveille l'un à côté de l'autre... Ou que l'on ne dorme pas du tout, si vous voyez ce que je veux dire. Mais évidemment, ça, ça restait bien au fond, dans le tiroir de mes pensées. Tiroir pas franchement difficile à décoder, vous me direz. Mes prunelles océan se posèrent alors sur la chemise que je voulais récupérer... ou plutôt sur un cintre vide. « Euh... t'aurais pas vu une chemise à carreaux rouge, par hasard ? (...) Ou quelqu'un partir avec ? » Pourtant, personne n'avait pu passer entre temps, vu la rapidité à laquelle j'avais pris ma douche. Sérieusement, c'était quoi ces conneries ? Oh. « Ou alors... C'est toi qui me l'a volé, histoire d'avoir un petit bout de moi à tes côtés. » suggérais-je en un demi-sourire. « Mais tu sais, si t'as besoin de réconfort, moi je suis là, y'a pas de soucis. » Pas besoin d'un bout de tissu, autant directement passer au corps à corps, 'voyez ?

Sa venue dans ce dressing la veille lui a laissé une drôle de première impression. Elle ne sait pas encore si elle croit en la version officielle comme quoi le lieu serait hanté par l'esprit d'une défunte mais en tout cas, une chose est sûre, on se sent tout drôle quand on entre là-dedans. Tout le monde n'a peut-être pas ressenti la même chose mais Sara vous confirmera qu'elle a trouvé l'atmosphère vraiment pesante à l'intérieur, et même en s'y trouvant seule, c'est comme si une présence dans la pièce ne l'avait pas quittée. Heureusement qu'hier Sandy est arrivé d'ailleurs car c'est typiquement le genre de lieu où elle n'aimerait pas s'attarder trop longtemps sans qu'un autre candidat ne l'y tienne compagnie. Enfin, il va bien falloir mettre cette trouille de côté car elle va en principe devoir s'y rendre tous les jours, et même plusieurs fois la connaissant. Sara a emporté tellement d'affaires qu'elle pourrait limite se permettre de changer de tenue trois fois par jour, ce qu'elle ne fera évidemment pas, trouver une tenue qui lui convienne c'est déjà difficile alors trois merci bien. Il est encore tôt alors Sara hésite quand même à entrer, elle risque de ne pas croiser beaucoup de monde et elle ne voudrait pas être témoin d'un phénomène étrange qu'elle ne pourra ensuite pas relater à ses camarades car personne n'en aura été témoin avec elle. C'est sa préoccupation première ce matin : comment paraitre crédible aux yeux des autres si les valises se mettent à voler devant elle, ou que les portes des armoires se mettent à claquer toutes seules ? Elle redoute tellement qu'une telle chose se produise un jour alors qu'elle s'y trouverait toute seule car ce serait juste impossible ensuite pour les autres de la croire, elle aurait vite fait de passer pour une folle et elle n'a pas tellement besoin de ça. Oh, c'est un témoin qu'elle veut ? Eh bien Grey pourrait être ce témoin, elle y pense au moment où il passe la porte du dressing et entreprend de la saluer. Disons que si quelque chose se passait là, maintenant, ils seraient deux à le voir et donc deux à raconter la même chose au reste du groupe, de quoi gonfler un peu leur crédibilité n'est-ce pas. Bien sûr Sara ne va pas dire à son camarade qu'il tombe bien parce qu'il représente pour elle une chance de ne pas passer pour une dégénérée, et puis quoi encore, pour le coup c'est lui qui risquerait de se questionner sur sa santé mentale. Elle le gratifie d'un sourire, et c'est alors qu'il recommence avec ses histoires d'intimité, de petits moments à deux, toujours le même refrain. « Dis donc, tu ne lâches pas l'affaire à ce que je vois. » elle note calmement d'un ton neutre. Elle ne sait pas trop ce qu'il tente de faire, la mettre mal à l'aise ou réellement lui témoigner son intérêt pour elle. Vraiment, ce garçon est difficile à cerner et Sara a toujours autant de mal à savoir comment réagir, quoi lui répondre. Elle ne voudrait pas lui donner l'impression d'entrer dans son jeu et en même temps, elle ne voudrait pas paraitre sèche, coincée, ou les deux à la fois. Et puis, c'est vrai que sur le moment elle ne comprend pas bien où il veut en venir avec sa chemise à carreaux rouge, le vêtement aurait disparu et il la soupçonnerait de l'avoir dérobé pour garder auprès d'elle un petit bout de lui. « Ah oui, rien que ça. » Il ne recule décidément devant rien ce type, ça va finir par amuser notre Sara, oh oui c'est bien parti pour - quoique, amuser n'est peut-être pas le mot. « Oui c'est vrai, je l'avoue, j'ai piqué ta chemise. Elle était imprégnée de ton odeur alors tu comprends, je n'ai pas pu résister. Et puis rouge en plus, ma couleur fétiche, ça m'est apparu comme une évidence. Du coup autant que tu le saches je veux deux enfants, et toi ? Oh et tu veux peut-être qu'on s'entraine dès maintenant à les faire ? Dis-moi, je te sens au taquet là. » On ne sera pas très étonné d'apprendre il y a des choses vraies, et des choses beaucoup moins vraies dans ce qu'elle vient de dire. Le rouge est bien sa couleur fétiche c'est indéniable, elle veut bien deux enfants aussi, jusque là on est bien. Et tout le reste ? Impossible de la prendre au sérieux, pour le vol de la chemise comme pour sa proposition. Et pourtant avec un père comme Grey les enfants auraient de qui tenir, ne serait-ce qu'au niveau des yeux. Soit, elle s'égare dans des pensées pas très appropriées et en revient donc à ce qui la travaille depuis la veille. Une question qu'elle se pose, une question qui a besoin de sa réponse aujourd'hui. « Non plus sérieusement, j'ai l'air désespérée et en cruel manque d'attention et d'affection comme fille ? Vraiment je commence à le croire. » elle l'interroge avec tout le sérieux du monde, ses yeux noisette rivés vers lui. C'est l'impression que ça lui donne, comme s'il avait repéré en elle une proie facile et était décidé à ne plus la lâcher. « Pour ta chemise je n'ai rien vu, mais des choses disparaissent et réapparaissent ici, je pense qu'il faut simplement être patient. » Mais est-ce que ce Grey est du genre patient justement ? Elle n'en est pas du tout certaine, peut-être parviendra-t-il à l'étonner.

Taquiner Sara sur ce sujet m'amusait plus qu'autre chose, il fallait bien l'avouer, et pourtant si mes plaisanteries étaient apparentes, mes pensées n'étaient pas forcément si éloignées que ça. J'étais encore étonné des paroles de la jeune femme lors du prime précédent, et du fait qu'elle ne se trouvait pas forcément à la même hauteur que d'autres candidates. Franchement, c'était n'importe quoi à mes yeux. Mais peut-être était-ce moi qui n'était pas forcément très regardant à ce sujet, allez savoir. Il est vrai que je n'avais jamais trop de mal à trouver chaussure à mon pied en règle générale, et avais plutôt l'habitude de fréquenter pas mal de personnes, qu'ils deviennent récurrentes dans ma vie ou non. Pourtant, je n'étais pas forcément là pour trouver une relation quelconque, d'autant plus que je sortais tout juste d'une relation. Enfin, il me semblait. En toute honnêteté, j'en savais pas plus que vous là dessus, puisque ma précédente copine m'avait lâché juste avant l'émission, faisant toute une scène du fait que j'allais passer mon aventure près d'autres personnes qui pourraient potentiellement lui faire concurrence. Ça me dépassait. Car voyez-vous, lorsque j'étais dans une relation, je m'y donnais totalement à fond, et n'allais pas voir ailleurs. Enfin, de toute façon, là n'était pas la question et il n'y avait aucune raison d'argumenter plus à ce sujet. « Jamais. » lui répondis-je amusé lorsqu'elle me fit remarquer que je n'étais pas du genre à abandonner. Clairement, plus je pouvais enfoncer le clou, et plus j'allais y prendre un malin plaisir. Et puis c'était un peu dans ma nature, de toute façon. La brune reprenait donc sur le fait qu'en effet, elle avait pris ma chemise, et me proposait même déjà de lui faire des enfants. Bah voyons. Ça serait trop beau pour être vrai. « Parfait, parfait, tu veux faire ça dans la chambre, contre le mur ou à même le sol ? » plaisantais-je en défaisant la boucle de ma ceinture pour mêler l'acte aux paroles. Bon évidemment, je la refaisais juste après, parce que je n'allais pas me jeter sur elle comme une bête sauvage, c'était pas vraiment mon genre. D'ailleurs, elle ne tarda elle non plus pas à redevenir sérieuse, ce qui au contraire m'amusa beaucoup plus. « Franchement, de nous deux, j'suis pas sûr que tu passes pour la plus désespérée, là, tout de suite. » autant avoir un peu d'autodérision. Ah et apparemment, les affaires disparaissaient d'elles mêmes. « C'est pas possible que les affaires disparaissent d'elles mêmes, t'imagines la galère ? Et puis même, je vois pas comment c'est techniquement possible en fait. » les tiroirs bougent ou quoi ? « Bon du coup, aide moi à trouver une veste ou truc à mettre par dessus mon débardeur, histoire de me couvrir un peu plus. » jetant un coup d'oeil à ma penderie, je terminais par ajouter « Et puis, ça t'évitera de baver plus longtemps sur mon corps. » Bah voyons.

Dites voir il est à peine insistant ce garçon, mais vraiment à peine. Sara est du genre patiente mais il ne faudrait pas que ce petit jeu s'étende trop en longueur, surtout si elle doit subir à chacune de leurs rencontres des allusions de ce genre. C'est plus lourd que malsain en fait, pour le moment tout du moins, et justement elle ne sait pas jusqu'où ce Grey est capable d'aller, ce qui est sûr c'est qu'elle n'est pas totalement rassurée quand elle est avec lui. Il doit être gentil elle ne dit pas le contraire, d'ailleurs sa compagnie dimanche n'a pas été désagréable mais s'il tient tellement à s'embarquer sur ce terrain-là il ferait mieux de le faire avec une autre fille par contre. Sara ça l'arrangerait elle, parce que s'il la relance là-dessus à chaque fois qu'ils se croisent elle va finir par le fuir comme la peste ce type. Il a l'air de savoir parfaitement ce qu'il fait et c'est bien ce qui lui fait peur, il aurait décelé en elle la proie idéale que ça ne l'étonnerait pas, à vrai dire. Sara c'est typiquement le genre de fille qu'on viendra embêter parce qu'elle ne transpire vraiment pas la confiance en elle, et ça se sent, c'est plus facile de s'en prendre à quelqu'un comme elle c'est sûr. Elle ne le pense pas cruel au point de s'acharner sur son cas pendant des semaines, il n'est peut-être pas du tout comme ça mais alors, cette insistance depuis hier elle ne comprend pas. Elle espère qu'il va finir par se lasser, mais ça ne semble pas être dans la nature du personnage. Il lui confirme que quand il a quelque chose en tête il n'est pas du tout du genre à lâcher l'affaire, et ça, c'est quand même pas très rassurant pour la jeune hôtesse. Ce n'est pourtant pas faute de l'avoir orienté vers des jolies filles auprès desquelles il pourrait jouer le même numéro, des filles qui seraient sans doute plus réceptives à ses sous-entendus sans ambiguïté. Sara ne l'est pas elle mais ça, ça doit amuser le garçon, ça doit même le pousser à revenir toujours plus à la charge. Si seulement il pouvait se fatiguer tout seul, ah, c'est beau de rêver n'est-ce pas. Elle n'aurait peut-être pas dû entrer dans son jeu même en usant de toute l'ironie du monde, c'était tendre une perche à celui qui cherchait comment placer une allusion encore plus lourde que toutes les autres. Le voilà qui défait sa ceinture maintenant, elle aura tout vu et tout entendu aujourd'hui. « Oh pitié, épargne-moi ça veux-tu. » soupire-t-elle quand il parle de faire ça contre le mur ou à même le sol, non seulement c'est trop sauvage pour elle mais en plus elle est en train d'avoir de sales images en tête là, ça ne va pas du tout. Elle aurait vraiment dû se taire, elle lui a donné l'occasion rêvée d'en rajouter une couche et elle le regrette. Il n'a en tout cas pas tort, d'eux deux Sara n'est peut-être pas celle qui passe pour la plus désespérée actuellement et ça, c'est bien qu'il le reconnaisse car elle n'aurait pas osé l'avancer elle-même. « Ce n'est pas faux, à vrai dire tu aurais presque l'air en... » manque ? C'est ce qu'elle pense mais elle ne le dit pas. Et puis mince ça ne la regarde pas, ou plutôt si elle se sent concernée à partir du moment où il opère un forcing auprès d'elle mais qu'il ne se sente surtout pas obligé d'entrer dans les détails de sa vie intime. Quant à sa chemise, elle a disparu comme bon nombre d'affaires depuis dimanche mais Sara est confiante, elle devrait réapparaitre sous peu comme par magie vu que de toute façon ici il faut s'attendre à tout sauf à ce que les choses se déroulent de façon rationnelle. « Il y a quelque chose avec cette pièce. Je ressens des ondes qui sont tout sauf bienfaitrices ici. » C'est son ressenti, on ne peut pas dire qu'elle se sente super à l'aise là-dedans et au final que les choses disparaissent mystérieusement ne l'étonne guère, ça va dans ce sens. Grey lui demande de l'aider à trouver quelque chose à mettre par dessus son débardeur pour se couvrir et, dit-il, empêcher qu'elle ne bave trop en le regardant. « Tu es beau mais pas irrésistible, il ne faut pas pousser. » elle lui lance l'air de rien tandis qu'elle va farfouiller dans les affaires du grand brun. Elle fait comme chez elle, elle considère qu'elle a son autorisation de toute façon. « Tiens, mets donc ça. » elle poursuit en lui jetant - littéralement - à la figure un sweat dégoté dans sa penderie. C'est le machin le plus épais qui lui soit tombé sous la main, il n'a qu'à l'enfiler et cacher ce corps qui soit disant ne cesse de faire fantasmer l'argentine. « Bon, à quel commentaire tendancieux je n'ai pas eu droit ? Lance-toi tant qu'à faire, tu dois en avoir encore pas mal en stock. » Qu'il se fasse plaisir, au point où ils en sont ce serait presque dommage de s'arrêter en si bon chemin car elle n'en doute pas, il lui réserve encore de vraies perles.

Bon, je l'admets, peut-être étais-je légèrement excessif dans mes propos, d'ailleurs vous remarquerez que je commençais peu à peu à en prendre conscience. Parfois, il m'arrivait d'être légèrement lourd, c'était ce qui arrivait lorsque je n'arrivais à remarquer la limite d'une personne que trop tard. Et clairement, l'expression de Sara commençait peu à peu à virer à l'agacement, ce qui me fit quelque peu réfléchir. A vrai dire, j'en venais presque à me sentir légèrement con, le fait d'avoir joué avec ma ceinture avait probablement été la goutte de trop d'ailleurs, mais bon, il était trop tard pour revenir en arrière maintenant. D'ailleurs, elle ne tarda pas à ajouter qu'un peu plus et elle s'imaginerait que je serais... serais quoi, en manque ? Un léger rire s'échappa de mes lèvres. « Je vais finir par le croire moi-même. » Et si vous vouliez tout savoir, ça n'était pas franchement le cas, ou du moins, pas consciemment en tout cas. Je n'étais qu'un homme après tout, et peut-être qu'encore une fois, mon hm... sexe pensait à ma place. J'espérais le contraire. Voilà qu'ensuite, la brune continuait sur le fait qu'elle ressentait des ondes négatives dans cette pièce, et je fronçais légèrement les sourcils, me rappelant de ce que Naveen m'avait dit un peu plus tôt. « Toi aussi, tu ressens ce genre de truc ? J'dois être totalement à côté de mes pompes pour passer à côté. » Parce que l'indien m'avait sorti exactement la même chose lors de la semaine passée en prison, et voilà maintenant que Sara ressortait exactement les mêmes mots. J'allais finir par croire que toute cette aventure était placée sous une mauvaise étoile et qu'un cataclysme allait nous tomber dessus d'ici la fin du jeu. Evidemment, je ne pouvais m'empêcher de la taquiner une nouvelle fois, ce qui lui fit d'ailleurs souligner le fait que j'étais beau. Toujours retenir ce que l'on veut. Elle m'envoyait un sweat bien trop épais pour la saison, et je grimaçais légèrement en ajoutant « J'vais crever de chaud là dessous. » Parce que j'avais plus ou moins toujours chaud, et il était hors de question que je porte un truc trop lourd. « Mais si tu veux me voir en manches longues, autant prendre ça. » lui dis-je en déposant mon sweat sur un cintre, puis retirant mon débardeur pour enfiler un tee shirt à manche longue noir légèrement serré contre ma peau, sans en être étouffant ou trop moulant. Tirant légèrement sur mon col, puis sur les côtés pour l'enfiler correctement, j'écartais légèrement les bras « T'en penses quoi ? » Autant avoir son approbation, même si j'étais certain qu'elle aurait quelque chose à redire. D'ailleurs elle ne tarda pas à me demander ce que je ne lui avais pas encore sorti comme commentaire tendancieux. « Ok, ok, j'ai compris le message, j'arrête de jouer le lourd dingue. » soufflais-je en hochant les épaules, replaçant correctement l'un des vêtements qui menaçait de tomber dans ma penderie, maniaque de l'ordre que je pouvais parfois être. « Même si je pense tout ce que j'ai dit. » ajoutais-je sans forcément la regarder, marquant un léger blanc avant d'ajouter. « Enfin, sauf l'histoire de le faire à même le sol. » J'avais pas franchement envie de me considérer comme un tapis ou une serpillère. Me remettant face à elle, je tendais finalement la main, un fin sourire venant étirer mes lèvres. Le genre de sourire amical, mais pas forcément excessif. « On repart sur de bonnes bases ? J'suis Grey, enchanté, et toi, c'est comment ? » Autant faire les choses en bonne et due forme.

Ce qu'il y a peut-être de pire au final, dans la présente situation, c'est que son camarade lui rappelle un peu les passagers les plus mémorables qu'elle a eu l'occasion de croiser en vol. Généralement des messieurs très entreprenants avec les hôtesses, qui peuvent devenir rapidement grossiers ou adopter un comportement obscène. Ces passagers-là c'est la hantise de Sara, elle craint toujours que ça n'aille trop loin même si elle est toujours tenue d'apparaitre la plus neutre possible. Même face à des avances particulièrement insistantes, quand elle est en service, elle ne peut tout simplement pas se permettre de laisser transparaitre le moindre agacement. Alors oui, des hommes de cet acabit dans son métier Sara est amenée à en côtoyer, ils ne sont heureusement pas trop nombreux mais ce sont clairement les moins faciles à gérer, et quand ils ont bu un verre de trop n'en parlons pas. Ici c'est différent parce qu'elle n'officie pas sous la bannière Emirates, elle n'est donc pas forcée de repousser toujours plus les limites de sa patience et on le voit bien aujourd'hui avec ce garçon, elle ne donne pas vraiment dans la neutralité avec lui et on sent que cette attitude commence à avoir raison de la tolérance de l'hôtesse. Il peut d'ailleurs s'estimer heureux car avec une autre fille ça ne se serait peut-être pas passé comme ça, Sara est beaucoup dans la retenue, elle va donc rarement s'emporter et aura plutôt tendance à signifier que ça suffit avec des mots pesés, et d'une voix calme. Honnêtement que son camarade soit en manque ou pas elle ne veut rien en savoir, elle, mais si elle devenait malgré elle l'objet des fantasmes du brun pour compenser ça alors... non, c'est une chose à laquelle elle ne peut pas penser, ce serait bien trop immonde et encore une fois absolument illogique. Pour en revenir aux étranges vibrations que Sara perçoit quand elle est dans cette pièce, il semblerait que son camarade ne les ressente pas, lui. « Ah bon ? Tu ne trouves pas que l'atmosphère ici est très pesante ? Ça m'oppresse, moi. » C'est à ce point-là oui, elle n'ira pas jusqu'à dire que son souffle se coupe quand elle passe la porte de ce dressing mais on en est pas si loin. Quand il dit qu'elle aussi ressent ces choses, c'est peut-être qu'un autre candidat lui a déjà fait la remarque et ça a tendance à rassurer Sara ça, si elle n'est pas la seule dans ce cas-là. Le grand brun saute alors sur l'occasion d'en rajouter encore un peu plus, des fois que ses précédentes allusions n'aient pas déjà été assez lourdes, voyez. Sara perd peu à peu patience mais conserve son calme, elle lui donne de quoi se couvrir le temps que sa chemise ne daigne réapparaitre. Elle a trouvé un sweat dans ses affaires qu'elle lui a proposé d'enfiler mais il semble préférer un t-shirt à manches longues près du corps, bah, elle ne va rien dire c'est probablement mieux. Ou en fait si, il y a quand même une petite remarque qui la démange. « Et tu n'avais pas plus ample, bien sûr. » note-t-elle plus amusée qu'autre chose, cette fois. Bon, bon, à elle de le taquiner un peu pour une fois que les rôles sont inversés. En réalité ça n'a pas grande importance ce qu'il a sur le dos, tant qu'il n'insinue pas qu'elle bave sur son corps ou rêve de le déshabiller, ce genre de choses. « Non, c'est bien. Un peu triste ce noir, c'est le seul bémol à mes yeux. » S'il avait été rouge ç'aurait forcément été mieux mais c'est un détail, et s'il aime bien le noir après tout libre à lui d'en porter. Elle ne fera pas d'autre commentaire, notamment sur comment lui va ce t-shirt car après avoir concédé à avouer qu'il était beau garçon elle ne voudrait pas trop en faire non plus. Et enfin, Sara semble avoir été entendue puisque le candidat dit avoir compris le message et va cesser de jouer les types lourds. « Voilà, tu reviens à la raison. » elle énonce satisfaite, et qui sait c'est peut-être le soleil qui lui avait légèrement tapé sur la tête au garçon, on ne saura jamais. Il maintient tout de même ce qu'il a pu lui dire, ce qui n'est pas pour mettre très à l'aise l'argentine. Enfin tout, sauf les galipettes à même le sol, il précise bien. « Tu campes sur tes positions et moi sur les miennes. Je continue de penser que c'est n'importe quoi. » Le n'importe quoi ce sont ces "ma belle", le fait de lui dire qu'elle est au même niveau qu'une fille splendide alors qu'elle sait très bien que ça n'est pas le cas, enfin voilà tout ce qui se veut probablement gentil mais qu'elle ne parviendra jamais à croire. Il propose de repartir sur des bases saines et lui prouve une fois de plus qu'il peut faire preuve de bon sens quand il veut. C'est donc Grey, bien, elle note ça dans un coin de sa tête et ne manque pas de se présenter à son tour « Sara. C'est Sara. » tout en saisissant sa main tendue, toute une symbolique. Bon cet échange semblait mal parti il y a encore quelques minutes mais les choses ont l'air de prendre une tournure plutôt favorable, c'est une bonne chose. « Bien, Grey. Tu pourrais me parler un peu de toi ? Et attention, choisis bien les informations que tu vas me révéler car tu dois redorer ton image auprès de moi après tout ça. » Comme si deux échanges étaient suffisants pour entacher lourdement l'image du garçon aux yeux de l'hôtesse, évidemment ce n'est pas le cas, ça n'est pas allé suffisamment loin pour ça. Plus sérieusement elle n'est pas contre le fait de découvrir qui se cache derrière ce grand brun si difficile à cerner, elle ne s'attend pas à tout connaitre de lui dans les cinq prochaines minutes mais toute information sera la bienvenue.

**Cupidon**MESSAGES : 10803 AGE : 14 POINTS : 33925

Je n'avais pas forcément l'impression que cette pièce était chargée en énergie négative, ou qu'un fantôme ou esprit ou je ne sais comment on appelle ça exactement, était entrain de se jouer de nous. Pour moi, hormis la production, il n'y avait personne d'autre qui s'amuserait de la sorte. Et puis ça m'étonnait fortement que celle ci se risque de placer son nid dans un lieu dit "dangereux". Evidemment, je ne cherchais pas non plus à argumenter sur ce point auprès de la jeune femme, car je pouvais me tromper, ça n'était qu'un avis personnel. Je ne croyais pas vraiment aux entités du genre, probablement parce qu'à mes yeux, la mort était quelque chose de définitif, et qu'il n'y avait aucun intérêt à laisser les âmes de chacun errer sur terre sans ni possibilité d'interagir. Le créateur ne me semblait pas aussi cruel. Et puis ça voudrait dire que tous les animaux et autres vivraient le même sort, ce qui ferait légèrement trop de monde pour la surface même du globe, non ? J'en savais rien. « Juste cette pièce, ou toute la baraque ? » Parce que si c'était vraiment toute la maison qui ne la rassurait pas, c'était qu'elle avait clairement un soucis avec l'aventure plus qu'avec le nid en lui même. Cela dit ça pouvait également être compréhensible, oui, je comprendrais totalement que quelqu'un ne se sente pas forcément à sa place dans un endroit comme celui ci, autant à cause des caméras que du contexte. Mais c'était une chose à laquelle réfléchir avant de s'inscrire, et non pas à réaliser une fois le jeu lancé. Dans tous les cas, je n'aurais jamais la force de me dégonfler de la sorte, je crois bien, j'aurais trop honte de rentrer l'air de rien chez moi, et de me faire charrier par mes potes. Evidemment, elle commenta mon haut. « T'as qu'à dire que ça n'me va pas aussi. » Même si je n'en croirais pas un traitre mot, mais bon. Finalement, elle validait le tout, émettent juste un bémol sur la couleur noire, mais en soi, ça n'était pas si problématique que ça. « A vrai dire, je porte souvent du noir ou du blanc. » Je n'avais pas forcément beaucoup d'autres couleurs dans ma penderie. J'en avais, évidemment, mais ça n'était pas la majorité de mes vêtements. Disons que j'aimais le style que me donnais ces deux couleurs ensemble. Dans tous les cas, je prenais conscience qu'il était probablement temps d'arrêter ma petite comédie, et donc de rentrer dans le rang, et même si elle ne semblait toujours pas être d'enclin à accepter mes compliments, cela ne m'empêcherait pas de les penser, qu'elle le veuille ou non. Elle me demandait donc de parler de moi, et, passant une main dans ma barbe, je pris bien une petite seconde pour mesurer mes mots, et trouver quoi lui dire. « Eh bien, je suis canadien, mais américain de naissance, et je travaille dans la police depuis quelques temps déjà. En dehors de ça, j'suis un passionné de sport, de boxe notamment. » Ça me semblait être un bon début. « Et toi, Sara, qu'est ce que t'as à me dire sur toi ? » Autre le fait qu'elle ne se sente pas à la hauteur physiquement, dans une aventure comme celle ci (ou en règle générale ?). C'est alors qu'une musique raisonna tout autour de nous, et que mon sourcil droit s'arqua. Etait-ce... ? Un sourire amusé s'était esquissé une fraction de seconde sur mes lèvres, tellement je trouvais cette situation assez ironique. Elle était, il y avait de ça quelques minutes, à deux doigts de faire une overdose de moi, et voilà que Cupidon souhaitait que l'on s'embrasse ? « Ecoute, euh... j'vais pas te forcer à faire quoi que ce soit qu't'aurais pas envie de faire. » J'avais conscience d'avoir été un peu casse pompom, alors pour le coup, si elle souhaitait passer ce tour, je n'allais pas insister, même si je préfèrerais évidement le contraire.

Le grand brun ne ressent pas les mauvaises vibrations décrites par Sara dans cette pièce, mais elle suppose que ça dépend des personnes, certaines seront plus sensibles à ce genre de choses que d'autres. Un peu comme l'hypnose, tout le monde n'y sera pas réceptif de la même façon, même si dans ce cas précis il s'agit plus d'un ressenti à avoir. Sara se dit oppressée, elle ne sait pas à quoi elle doit cette impression mais quand elle se trouve dans ce dressing on ne peut pas dire qu'elle se sente merveilleusement bien. C'est pesant, elle le définie ainsi et son camarade ne tarde pas à lui demander si c'est valable pour cette pièce uniquement, ou bien si ce malaise concerne le nid dans son ensemble. Sara s'empresse de remuer la tête comme pour chasser cette seconde hypothèse, heureusement non ce désagréable ressenti elle ne l'a qu'ici, et c'est déjà pas mal étant donné ses passages répétés chaque jour dans ce dressing. Si elle devait en plus subir ça dans d'autres pièces ce serait une catastrophe, vraiment, la jeune hôtesse le vivrait comme ça. « Oh non, non, juste cette pièce. » Il n'y a aucun problème avec les 99% restants du nid, à croire que cette pièce-ci est particulièrement chargée en ondes négatives, elle ne sait pas. Elle n'oublie pas ces rumeurs prétendant ce dressing hanté non plus, soit il l'est vraiment, soit la production se joue d'eux en créant de toutes pièces cette atmosphère glaçante mais dans un cas comme dans l'autre Sara risque de s'y rendre à reculons tout le restant de l'aventure si ça n'évolue pas. L'argentine se permet un commentaire sur le haut de son camarade, ce dernier a opté pour un t-shirt près du corps et bien sûr, elle s'attendait un peu à ce qu'il préfère ça à un vêtement ample. De là à dire que ça ne lui va pas en revanche, non, elle ne peut pas affirmer une telle chose sans la penser. « Pas du tout, ça te va même plutôt bien. » elle reconnait en soulignant toutefois le fait que ce noir est un peu triste, une touche de couleur n'aurait pas été de trop mais comme il l'indique lui-même, il porte souvent du noir et du blanc. « Oui, j'ai pu voir ça en farfouillant rapidement dans tes affaires. » Que son dressing manquait cruellement de couleur, c'est un peu dommage mais on ne peut pas le forcer à en porter non plus. « Au moins comme ça tu es sûr d'attirer toute l'attention avec tes yeux. » elle ajoute dans un léger sourire, en référence on l'aura compris à la clarté des yeux du grand brun, et c'est sûr sans touche de couleur sur lui ses yeux ont toutes les chances de capter l'attention, pour le coup c'est bien pensé. « De quelle couleur sont-ils d'ailleurs ? Je n'arrive pas à trancher entre bleu/gris et vert d'ici. » Elle pourrait se rapprocher pour voir ça de plus près n'est-ce pas, mais non elle n'en fera rien car cette distance entre eux lui parait tout à fait appropriée sur le moment. Sara note en tout cas les efforts entrepris par son camarade et sa lourdeur mise enfin de côté, il a retrouvé le raison et elle ne va pas s'en plaindre. Car on s'en doute, elle est loin de regretter son petit jeu de tout à l'heure, franchement elle est bien contente qu'il ait lui-même choisi d'y renoncer. Et du coup, maintenant qu'ils viennent de repartir sur de bonnes bases, Sara désire connaitre celui qu'elle a en face d'elle et pour cela, elle part à la pêche aux infos c'est encore la meilleure méthode. À partir de là Grey est libre de lui révéler tout ce qu'il souhaite sur lui. Elle apprend alors qu'il est canadien, qu'il travaille dans la police et que c'est un passionné de sport, aussi. « La police, je n'aurais tellement pas pu m'y attendre. » Il faut dire qu'avec ce look particulier elle l'avait imaginé officier dans un milieu un peu "fun" que la police, pour le coup c'est inattendu. C'est au tour de Sara de passer à une rapide présentation d'elle-même, alors la jeune hôtesse se lance. « Moi je suis née en Argentine mais je vis à Dubaï depuis quelques temps. Je m'y suis installée pour le travail, je suis hôtesse de l'air. En dehors de ça j'adore voyager, pas très surprenant tu me diras, et comme toi j'aime beaucoup le sport. Bon je ne pratique pas la boxe par contre, mais ça à la limite tu pourrais m'apprendre, non ? » Elle propose des fois qu'il ne sache pas comment occuper prochainement ses journées, si ça ne lui dit rien elle peut aussi comprendre. Mais pour le coup la boxe la tenterait bien elle qui jusqu'ici se limite beaucoup à la course et l'aérobic. La discussion suit son court jusqu'à l'intervention d'une mélodie, et là Grey et Sara semblent tous les deux saisir assez vite à quoi cela correspond. C'est à peine croyable, la veille déjà elle a eu droit à la fameuse musique dans cette même pièce avec son partenaire, ça va être comme ça à chacun de ses passages ? Bon. Rester calme et maitre de soi-même, surtout. Grey ne veut rien lui imposer et elle apprécie, il a l'air d'avoir imprimé quelle était la bonne attitude à adopter avec elle, ça lui fait plaisir. « Non, je suis partante pour le faire. » elle formule avec calme tout en réduisant progressivement la distance avec le grand brun. « Ce n'est qu'un baiser. Tu dois juste promettre de ne pas en profiter. » Autrement dit de ne pas redevenir le lourdingue de tout à l'heure, son double maléfique en quelque sorte. Et quand elle dit en profiter elle pense à des mains qui pourraient devenir baladeuses par exemple, ce qu'elle ne pourrait en aucun cas tolérer. Là-dessus, une fois qu'elle est bien sûre de pouvoir lui faire confiance, Sara vient se placer face à son camarade et se hisse sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres. Elle y dépose les siennes avec douceur, les maintient quelques secondes au même titre qu'une main posée au niveau de sa nuque pour le rapprocher d'elle, puis elle se recule. Juste un baiser, comme convenu.

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