@ZÉLIE & LAWRENCE
21:56 ~ 16/12, wednesday
Bien que pas particulièrement couche-tôt, Lawrence faisait assurément partie de la catégorie des candidats les plus raisonnables en terme de sommeil, et loin de lui l'envie de vouloir veiller jusqu'au milieu de la nuit. D'autant plus que peu importe l'heure à laquelle il se couchait son heure de réveil, elle, ne changeait jamais ; Et il avait suffisamment malmené son sommeil durant ces douze dernières années, il aspirait maintenant à en prendre un minimum soin. Là où d'autres trainaient toujours du côté du salon, du bar-bibliothèque voir même étaient encore dehors, Lawrence était lui remonté jusqu'à la chambre réglisse, et s'était installé sur le lit qu'il partageait avec Zélie, posant à côté de lui un libre emprunté un peu plus tôt dans la soirée à la bibliothèque. Autant les quelques livres poussiéreux et en triste état de la prison faisaient peine à voir, autant la collection impressionnante d'ouvrages dont regorgeait la bibliothèque du nid était totalement au goût de l'américain, qui avait hésité un long moment avant de porter son choix sur 1882 de Robert Conroy. La quatrième de couverture l'avait intrigué, et si à une époque Lawrence se montrait beaucoup plus sévère quant au choix des livres qui terminaient sur sa table de nuit, cela lui suffisait aujourd'hui. Ayant enfilé un pull bleu roi par-dessus son polo, puisqu'il avait tendance à rapidement se refroidir lorsqu'il restait immobile, il s'était adossé à la tête de lit et avait replié l'une de ses deux jambes contre son torse, appuyant le dos de son livre contre son genou et se plongeant dans sa lecture. Il avait finalement fallu attendre que Zélie débarque à son tour dans la chambre et qu'il sente son regard se poser sur lui durant plusieurs secondes pour qu'il relève la tête vers elle « Tu venais te coucher ? Je peux aller lire ailleurs, si tu préfères. » Lui n'était pas spécialement dérangé par la lumière de la table de chevet opposé, lorsqu'il voulait dormir il le faisait sans mal peu importe le cadre, mais il comprenait que tout le monde ne soit pas dans son cas et il essayait malgré tout de se conduire en partenaire facile à vivre. Il doutait de parvenir un jour à être sur la même longueur d'onde que la jeune femme, mais il n'avait pas forcément besoin de s'entendre avec quelqu'un pour se comporter en coéquipier. Dans une équipe la cohésion comptait plus que la bonne entente, en définitive.

Peut-être qu'il vieillissait, peut-être qu'il était d'un naturel un peu trop sérieux pour ça, et sans doute que les bouleversements survenus dans sa vie ces deux dernières années y étaient aussi pour quelque chose, mais toujours est-il que Lawrence ne parvenait plus à gérer l'afflux de monde et de conversations sans s'octroyer de façon régulière un peu de solitude pour contrebalancer. Outre la séance de sport à laquelle il s'adonnait seul chaque matin il avait parfois besoin suivant les événements de s'isoler un peu quand la foule tendait à le rendre irritable ou mélancolique, deux sentiments qu'il faisait en sorte de ne plus imposer à qui que ce soit, aux vues des dégâts qu'ils avaient déjà pu causer sur de précédentes relations ; A Santa Fe il y avait la solution de facilité, qui consistait à s'enfermer seul dans l'un de ses deux bureaux en prétextant avoir du travail, ce qui en définitive n'était rarement qu'un simple prétexte. Il y avait aussi la solution qu'il préférait, celle qui consistait à demander à ce que l'on fasse seller Vaillant et à disparaitre avec lui parfois pendant plusieurs heures dans la steppe. Ici il n'avait pas tant de possibilités qui s'offraient à lui, et trouver un endroit où rester seul était relativement compliqué ... Rejoindre sa chambre semblait donc la meilleure solution pour le barbu, qui avait rapidement remarqué la tendance d'une bonne partie des candidats à se coucher relativement tard, bien plus tard que lui. Silence troublé uniquement par le tic-tac de la montre qui brillait à son poignet, regard concentré sur les pages du livre qui défilaient entre ses doigts, et finalement la présence à côté de lui de Zélie qu'il n'avait adressée qu'une fois sa page terminée. « Qu'est-ce que tu as amené ? » n'avait-il pu s'empêcher de questionner non sans un brin de curiosité, tandis que ses yeux glissaient sur le paquet de feuilles qu'elle tenait entre ses mains. Il doutait que la réponse l'avance vraiment à grand-chose, après tout chacun son métier et réciproquement elle n'aurait probablement que faire de la paperasse qui peuplait habituellement le bureau de son partenaire, mais il essayait de faire preuve de bonne volonté et cela passait par le fait de tenter de s'intéresser à ce que faisait sa partenaire. « Plutôt bonne, oui ... J'ai découvert qu'il y avait des animaux au bout du parc. » Une chose qu'il était probablement le dernier à découvrir, mais étant donné qu'il n'avait pas pu mettre les pieds dehors la semaine dernière il avait une excuse. « Je n'avais jamais mis les pieds dans une fête foraine avant cette semaine. » avait-il finalement avoué d'un ton pensif. Ce n'était pas vraiment le genre d'activités auxquelles son père les aurait laissés se livrer Bobby et lui.