Une clope, deux clopes, trois clopes. Elle ne compte plus le nombre de cigarettes qu'elle a tenu dans le creux de ses lèvres dans un laps de temps si court, demain matin elle regrettera son excès, ses poumons risquent de lui faire savoir.  Enola qui d'habitude dort paisiblement n'arrive pas à partager sa chambre avec tous ses inconnus, elle ne compte plus les heures de sommeil qu'elle doit rattraper depuis le début de l'aventure. Il y a la respiration de ses camarades qui résonne dans son crane comme une mélodie oppressante, c'est comme si elle sentait leurs souffles tièdes se répercuter dans le creux de son cou. Il y a ensuite son partenaire qui bien toutes les peines du monde à ne pas bouger dans son sommeil, parfois elle sent son bras ou son pied frôler sa peau brûlante l'empêchant de replonger dans les limbes. Aujourd'hui encore son compagnon de chambrée initie, malgré lui, un contact physique forcé avec la salvadorienne qui s'extirpe de ses draps incapable de fermer l'oeil à nouveau. Son premier réflexe lors d'une insomnie est de se diriger à l'intérieur pour aller y fumer sa cigarette mais elle dépasse bientôt le quota de nicotine autorisé chez une personne de sa constitution. Bientôt l'ennuie la gagne et elle se laisse guider par son inconscient, attirée par les lueurs rassurantes du bassin. De sa démarche traînante, elle se dirige vers la piscine intérieure laissant le froid de l'hiver irlandais loin derrière elle. Elle est bientôt enveloppé par une vague de chaleur si bien qu'elle est obligée de quitter son manteau qui lui était indispensable quelques minutes auparavant. Hypnotisée par les lueurs bleutées qui dansent sous ses yeux, elle doit résister pour ne pas se jeter dans le bassin toute habillée et sans plus de cérémonie. Mais elle est très vite interrompue par les bruits de pas qui se rapprochent de la salvadorienne qui regarde aux quatre coins de la pièce pour identifier le candidat responsable de ce boucan. Elle reconnaît bien vite le visage de Salvador se détacher des ombres qui l'encerclaient. " Tu m'as vraiment fait peur, ça devient une habitude entre nous ". Elle remarque faisant référence  à leur première rencontre où le barbu avait eu la maladresse de jeter ses sous-vêtements dans le visage de la salvadorienne. " Ta partenaire t'a chassé du lit ? ". Elle demande, une ébauche de sourire se dessinant sur son visage, elle savait que Lorena était une femme de caractère même si elles n'avaient pas encore eu l'occasion de discuter alors elle n'aurait eu aucun mal à trouver les arguments nécessaires pour dégager son partenaire du lit conjugal.    

Vêtu d’un short bleu gris comportant des palmiers et d’un tee-shirt  simple clair, je m’extirpe discrètement du lit conjugal que je partage avec Lorena. J’enfile mes chaussons, passe une main dans mes cheveux en bataille et sort en toute discrétion et sans le moindre bruit de la chambre. Je me balade alors dans le couloir pas vraiment rassuré par toutes les silhouettes aux diverses formes du couloir déformant. Puis, j’emprunte les escaliers et me dirige dans la cuisine. J’embarque un paquet de cookies, mes préférés, les fameux pirates, et j’erre au rez-de-chaussée. De là, j’entends un peu de bruit vers la salle de remise en forme. J’avance donc dans cette direction où je finis par trouver de la lumière. A vrai dire, il s’agit des spots bleutés de la piscine. C’est beau. Je m’approche sans discrétion de la candidate qui ne dort vraisemblablement toujours pas. Il s’agit de la femme qui pénètre dans les douches sans en demander l’autorisation. « Pourtant, je ne t’ai rien envoyé dessus cette fois-ci. » Mon entrée en matière était beaucoup plus soft que la dernière fois même si lors des abysses, c’était involontaire et l’ironie du sort. « Non, elle dort paisiblement. C’est moi qui ne trouvais pas le sommeil. » Ça m’arrive, parfois, quand je pense trop ou quand les vieux démons ressurgissent. Il n’y a pas mort d’homme mais j’aime pas trop ça non plus. Je préférerai dormir paisiblement aux côtés de ma partenaire et me réveiller au beau matin en pleine forme. Là, je sais pertinemment que demain ça sera pas le cas. « Tu comptes te baigner ? » Simple question. Je me demande quand même bien ce qu’elle fou là. En attendant, je retire mes pantoufles et m’assois en laissant tremper mes pieds dans l’eau. De là, je tends mon paquet en carton à la brune. « Cookie ? C’est les meilleurs. » Et j’accepte de les partager. De toute façon, ils m’appartiennent pas. C’est les siens autant que les miens.

Spoiler:

La piscine son dernier rempart contre le froid de l'hiver lui offre un refuge rassurant autre que les ténèbres de la nuit. Attirée par l'ambiance feutrée du bassin qu'elle décide de squatter l'endroit quelques instants jusqu'à ce que l'envie de dormir se manifeste à nouveau. Peut être que sa nuit n'est pas si foutue que ça, il y avait toujours un mince espoir que le calme de l'endroit fasse taire ses angoisses. Enola reste debout le regard dans le vide, hypnotisée par les mouvements de l'eau dans le bassin alors que ses sens aux aguets lui indiquent qu'un autre candidat vient de pénétrer dans la pièce. Elle reconnaît le visage de Salvador, celui qui lui cause bien des frayeurs à chaque fois qu'elle le croise. Même si cette fois-ci elle le reconnaît, il ne lui a rien jeté dessus. « Et c'est tout à ton honneur » . Elle le félicite alors qu'elle décide de s'asseoir sur le rebord de la piscine pour être plus à l'aise alors que ses doigts viennent caresser la surface de l'eau. Elle se demande bien ce qu'il fait debout si bien qu'elle suppose tout simplement que son partenaire l'a viré du lit conjugal pour une raison qui lui est totalement obscure. « Ça t'arrive souvent ce genre d'insomnie ? » . Elle se laisse aller à lui demander parce qu'elle n'est pas contre un peu de compagnie, elle préfère discuter avec lui plutôt que de se retrouver seule face à ses pensées. Salvador lui demande si elle compte se baigner, question surprenante puisqu'il est deux heures du matin. « Non ... je sais pas. J'ai pas la bonne tenue de toute façon » . Voilà qui devait répondre à sa question ou du moins elle l'espérait. « Après je peux me jeter dans l'eau toute habillée mais c'est pas le top non plus » . Pas sûr que son haut fait de dentelle et de soie apprécie vraiment la petite baignade. Elle sourit lorsqu'il lui propose de quoi manger, elle pioche dans le paquet pour en ressortir un cookie qu'elle picore peu à peu. « Tu as raison, ils sont vraiment bons » . Elle commente reprenant tout de même une autre bouchée de cette petite douceur alors qu'elle laisse son pied tremper négligemment dans l'eau. « Tu te sens bien ici ? » . Elle demande curieuse de savoir si le nid d'amour lui convenait parfaitement. Tout le monde ne s'acclimate pas, il n'y a qu'à voir son partenaire qui passe ses journées au lit incapable de jouer le jeu.

Spoiler:

Le destin ou plutôt mon insomnie finit par me mener tout droit à Enola au bord de la piscine. Cette fois-ci, je ne la heurte pas avec mon boxer comme ça a pu arriver deux semaines auparavant. Pourtant, elle semble surprise de ma présence et apparemment je lui ai fait peur. Je mise plus sur le fait qu’elle ne s’attendait pas à voir quelqu’un d’autre apparaître en ces lieux à cette heure si tardive. Elle me réconforte sur cette idée lorsqu’elle me félicite de ne plus l’interpeller de la même manière que lors des abysses. Je le prends presque comme un réel compliment. En attendant, j’imite la candidate et prends place au bord de l’eau en trempant mes orteils puis mes pieds tout entiers dans un liquide qui s’avère à une température très agréable. Me voilà questionné par ma présence en ces lieux. Non, Lorena ne m’a pas réveillé. A vrai dire, je ne dormais tout simplement pas. Je suis victime d’insomnie comme Enola semble le comprendre. « De temps à autre. » Je sais que je suis loin d’être le seul dans ce monde à faire des insomnies et j’vais pas m’en plaindre même si j’aime pas particulièrement ça. Juste que c’est des conséquences logiques qui ne peuvent pas partir comme ça, hélas. « Et toi ? Ça t’arrive aussi ? » J’ai pas vraiment l’habitude de retourner les questions qu’on me pose, pourtant, là je le fais aussi. Car je me demande ce qu’elle fait ici. Peut-être qu’elle compte se baigner ? Elle me fait comprendre que non, elle n’en a pas l’intention et encore moins la tenue adéquate. J’hausse les épaules. Je la jugerai pas si elle se dénude un peu pour prendre l’eau. Comme elle veut de toute façon. Moi je grignote mes cookies pour l’instant. Enfin je savoure plutôt. C’est un peu mon péché mignon cette marque-là. Pas seulement pour le nom mais aussi pour le goût somptueux. Je suis d’ailleurs étonné que la production ait pris soin de nous en acheter. « Ne le dis à personne. » J’affirme alors presque sur un ton menaçant alors que pourtant, je m’en fiche un peu. J’imagine que si y’en a plus, la production en rachètera aussitôt. Et puis, je peux aussi très bien m’en passer et ce, même si j’adore ça. « Je… ça me fait pas de mal. » J’sais pas si je peux dire que je me sens bien ici. J’imagine que oui. Il est peut-être encore un peu tôt pour me faire une opinion là-dessus. En tout cas, ça me fait du bien de rencontrer et parler à des gens et ce, même si c’est pas forcément toujours des discussions très poussées. « Je crois que parfois, faut savoir prendre des décisions insensées et se jeter à l’eau. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Je me lève subitement en retirant mon haut et dévoilant mon corps pas mal dessiné puis je fais tomber mon short à côté de la candidate. Je me dis qu’elle m’a déjà vu les fesses à l’air et qu’elle connaît déjà l’un de mes boxers alors en voir un deuxième, ça ne devrait pas la gêner. De toute façon, j’ai déjà plongé dans la piscine alors elle aura pas vu grand-chose au final. « Tu viens ? » Je pourrais pas vraiment expliquer mon acte mais ce que je sais, là, c’est que j’ai envie que la jeune femme en fasse de même sans réfléchir. Je pense que ça pourrait lui faire le plus grand bien comme ça m’en fait à cet instant.