Le bar-biblitohèque, une pièce qu'elle ne fréquente pas assez à sa juste valeur, elle a bien souvent tendance à occulter le côté bibliothèque de ces lieux pour privilégier l'autre fonction bien plus attrayantes à ses yeux. Elle ne dirait pas qu'elle est allergique à la littérature, c'est la littérature qui est allergique à elle ou du moins la langue anglo-saxonne. Il faut l'excuser mais elle est bien loin de comprendre tous les rouages d'une langue qui n'est pas la sienne, elle est incollable en espagnol même si chaque pays latino-américain possède ses propres déclinaisons de la langue coloniale mais l'anglais n'étant pas sa langue maternelle elle bute encore sur certains mots et ce même après huit ans passés aux Etats-Unis. Résultat des courses, lire un ouvrage appartenant aux classiques de la littérature se révèle impossible pour elle si bien qu'elle est obligée de trouver la traduction en espagnol pour s'en sortir. Tout ce qu'elle sait de l'anglais, elle l'a appris de son mari lorsque ce dernier faisait encore parti de son monde lors des prémices de leur noce. Pendant une année il n'a eu de cesse d'enseigner à sa jeune épouse les bases de l'anglais comme à une jeune élève de six ans qui fait sa première rentrée. Enola ne baisse pourtant pas les bras, elle ne désespère pas de trouver un livre digne de retenir son attention en espagnol même si elle ne se fait pas beaucoup d'illusions, elle est plus là par simple curiosité que par nécessité. Son exploration l'emmène tout en haut d'une échelle de laquelle elle a le loisir de voir un candidat entrer dans la pièce sans faire attention à la salvadorienne bien haut perchée. De toute évidence, Lawrence a décidé de se servir un verre en plein milieu de l'après midi puisque ses pas le mènent vers le bar, curieuse habitude mais ce n'était pas rare de croiser un homme un verre de whisky à la main à cette heure de la journée, du moins pour Enola. " C'est curieux cette manie qu'ont les hommes de boire du whisky en plein après-midi ". Elle déclare d'une ton neutre, totalement désintéressé alors qu'elle esquisse un sourire quand elle voit le barbu sursauter en entendant la voix de la jeune femme. Elle ne compte plus les clients l'ayant accueilli au beau milieu de la journée un verre à la main pour discuter de l'organisation de leur union. Sûrement un truc d'homme d'affaire. Descendant de son perchoir, elle rejoint son camarade s'accoudant au bar. " J'espère qu'il vaut la peine d'avoir fait tous ces kilomètres " . Elle ajoute désignant du regard le verre de son camarade, tout le monde savait que l'Irlande était un pays réputé pour la qualité de son whisky tout comme son voisin écossais, elle espérait au  moins que le breuvage était à la hauteur de sa réputation même si elle n'en buvait pas.      

 Du haut de son perchoir, Enola a une vue imprenable sur toute la bibliothèque si bien qu'elle ne peut manquer l'entrée d'un candidat dans ce temple de la littérature. Alors quand elle reconnaît la silhouette de Lawrence s'approcher du bar pour se servir un verre, elle l'observe silencieusement bien trop galvanisée par le fait de pouvoir voir sans être vu. Consciente d'être terriblement indiscrète elle de décide de lui signaler sa présence alors que le barbu porte le liquide ambré à ses lèvres alors que la salvadorienne, audacieuse, prêtant qu'il s'agit bien d'une manie typiquement masculine que de boire un whisky au beau milieu de l'après-midi.  Arquant un sourcil, elle avait ensuite sourit lorsque son camarade décréta qu'il n'y avait pas d'heure pour boire un whisky du moment qu'il est de qualité. Très peu habituée à boire ce genre de boisson, elle était incapable de différencier un bon whisky d'un mauvais tant ses connaissances en la matière étaient limitées. « Ne sois pas surpris si un jour je t'en sers un sur les coups de 6-7h pour vérifier cette théorie » ajoute-t-elle très sérieuse dans ses propos, tout ce qu'elle dit elle le fait, de toute façon elle n'avait rien de mieux à faire dans ce nid que d'embêter ses camarades pour tuer le temps. Lorsqu'elle lui demande si les whisky irlandais valent le coup, il répond qu'il se défend. « Moi qui croyait que les irlandais étaient les rois du whisky, je suis plutôt déçue ». Elle ajoute ironiquement, ce n'est pas comme si la question la passionnait réellement, elle allait s'en remettre.  Pourtant la manière dont le liquide ambré danse dans le fond de son verre a quelque chose d'hypnotisant et d'attirant si bien qu'elle serait presque tentée d'en boire. Peut être que Lawrence a décelé cette pointe d'envie dans le regard de la brune puisqu'il propose de lui servir un verre au moment même où elle était tentée de tremper ses lèvres dans le liquide ambré. « Pourquoi pas ». Elle tranche en hochant la tête pour lui donner lui donnant le feu vert pour la servir alors que le jeune femme s'accoude sur le bar rivant un instant son regard à celui du barbu. Curieux, Lawrence lui pose une question sur son métier et sur le suivie des mariages qu'elle organise souhaitant savoir si certains se sont soldés par des divorces. «  Bien sûr que je suis tous les mariages que j'ai organisé depuis mes débuts ». Par soucis de professionnalisme, sa conscience l'oblige à savoir ce que sont devenus les couples qu'elle a marié au fil des années. « Certains finissent en divorce mais je le sais déjà à l'avance, ce sont souvent les couples qui font les demandes les plus extravagantes pour leur cérémonie ». Elle exerçait ce métier depuis quelques années maintenant et sa théorie n'avait de cesse de se confirmer,  c'était devenu presque une réalité. Elle est pratiquement sûre que les mariages où les époux lui demandent de reconstituer un temple de la Rome Antique ou de faire leur entrée à dos d'éléphant finiront divorcés dans les années à venir. «  Mais le milieu où j'exerce n'est pas forcément une référence, les gens se marient plus par intérêt que par amour ». Elle confesse relevant les yeux vers son camarade. Il faut dire que la salvadorienne avait su se faire un nom si bien qu'on venait parfois de loin pour solliciter ses services ce qui l'obligeait à voyager au quatre coins du pays pour répondre au besoin de ses clients. Une ascension spectaculaire qu'elle devait uniquement à son mari qui avait des relations avec des personnes influentes à Las Vegas. « Mais bon je n'ai rien à leur dire, je suis wedding planner pas conseillère conjugale  » reprend-t-elle en haussant les épaules, après tout elle n'avait pas son mot à dire, ses clients n'en avaient que faire de toute façon. Enola se contente de faire de son mieux pour les satisfaire au maximum, c'est pour cette raison qu'ils la rémunéraient après tout. « Les valeurs du mariage c'est pas quelque chose qui te fait rêver, je me trompe ?  ». Elle suppose vue la tournure de sa question.