Le palais des rires est exactement ce dont Lloyd-Snö a besoin aujourd'hui, à vingt-quatre heures de savoir s'il a manqué Noël avec sa famille pour rien. C'est peut-être le pire dans tout ça. Se dire qu'il risque d'être renvoyé chez lui demain, atterrir à Chicago lundi dans la matinée et avoir tout raté. Son aventure et l'ouverture des cadeaux de sa fille, les sourires sur son visage. Tout. Lloyd ne rate jamais rien. Il est perfectionniste en ce sens. Son mariage aurait pu durer six semaines, il dure depuis six ans. Ses études étaient compliquées, il les a menées d'une main de maître. Pour la première fois de sa vie peut-être, il se sent totalement impuissant face à une situation. Le public le juge puis presque un mois maintenant et s'ils n'aiment pas ce qu'ils voient, en dépit du fait qu'il soit à peu près apprécié parmi ses camarades, il ne franchira pas la troisième semaine de compétition. « On y va ? Me changer le moral ne serait pas de refus. » demande Lloyd à une Enola à l'air plutôt enjouée qui vient de débarquer, sa clope est presque finie, elle n'a pas l'air d'avoir beaucoup mieux à faire. Allez, elle va pas refuser le dernier vœu d'un condamné, ou d'un condamné potentiel en tout cas. Lui saisissant la main, il finit par l'entraîner dans la première pièce du palais des rires. Une pièce qu'il trouverait presque plus angoissante qu'amusante mais bon, les rouleaux aux couleurs criardes lui feraient presque mal aux yeux mais il n'a qu'une idée en tête atteindre la sortie maintenant qu'ils sont rentrés. saisissant par le poignet ensuite. « Essayons de ne pas mourir dans cette attraction de malheur, je te dois encore une clope ! »

Une fois l'euphorie des fêtes de Noël passées, le nid semble retrouver son calme ambiant, chaque candidat reprend ses petites habitudes traînant dans les différents endroits mis à leur disposition par la production. Un retour à la normale qui est loin de déplaire à la salvadorienne qui ressent un besoin de souffler après deux jours chargés en émotion. En ce début de soirée, alors que l'heure du repas approche à grand pas, Enola décide d'enfiler une veste et se laisser guider par son inconscient au détour des allées du jardin et du parc d'attraction. Elle échoue finalement devant le palais des rires devant un Lloyd affichant une petite mine. Le prime approche, cette semaine, il est en danger ainsi que sa partenaire pour abus de roulette russe, une petite erreur qui ne pardonne jamais. Sanctionné pour avoir trop joué avec le feu, voilà à quel genre de danger ils s'exposaient chaque semaine, une erreur qui pouvait être fatale à n'importe lequel d'entre eux. Tirant une dernière latte sur sa cigarette, Enola reposa ses prunelles chocolatées sur le visage de son voisin qui lui proposa de se rendre dans la palais des rires pour se changer les idées. « C'est une sorte de thérapie c'est ça ? » Elle demande l'air inquisitrice une fois sa clope entièrement consumée alors qu'elle écrase son mégot sur le sol, consciente qu'elle devra le récupérer à la sortie de l'attraction. « Viens on va exorciser tes démons, je te suis ». Elle a à peine le temps de lui offrir un sourire rassurant que son camarade l'embarque, l'entraînant par la main dans le palais du rire. Maintenant qu'ils y sont, ils n'ont plus aucun moyen de faire machine arrière, il va bien falloir qu'il se sert les coudes pour trouver la sortie. « Allez je me lance, rejoins moi de l'autre côté ». Prenant son courage à deux mains, la jeune femme se lance entre les deux rouleaux, rejaillissant de l'autre côté à quatre pattes sur le sol. Le ridicule de la scène aurait de quoi faire sourire les téléspectateurs aux quatre coins du globe.. « Ne me laisse pas toute seule ou tu le regretteras  »  Elle l'enjoint ne voyant toujours pas la silhouette du grand Lloyd jaillir entre les rouleaux, elle l'attendait patiemment assise sur le sol certaine qu'il ne tardera pas à la rejoindre dans quelques instants et qu'elle n'aurait pas besoin de mettre ses menaces à exécution.  

Enola lui demande si c'est une sorte de thérapie et s'il n'avait jusqu'alors pas envisagé ça comme ça, il ne voit pas de raison de ne pas labelliser le Palais des Rires « temple de la médecine alternative ». C'est peut-être un bon business plan quand il y réfléchit. « Thérapie par le rire. Je suis sûr qu'à New-York on peut installer un cabinet et faire fortune avec tous les riches pigeons qui peuplent la grosse pomme. » fait-il amusé par l'idée mais pas moins convaincu que ça marcherait. Les millionnaires New-Yorkais sont assez facile à plumer, parce qu'ils se pensent au-dessus du lot et qu'ils ne voient en la population « normale » une espèce de masse ignare qui ne peut pas les atteindre. Une masse ignare à laquelle ils versent des fortunes pour se sentir bien dans leur peau, se tirer d'affaire sur le plan légal et autre. Une sacrée bande d'hypocrites. Le décor est particulièrement saisissant et si Enola slalome entre les rouleaux comme une pro, Lloyd est réaliste, il est au moins de fois plus large et plus épais qu'elle, passer entre les rouleaux sans qu'ils ne le bousculent risque d'être coton. Et coton ce fut. Pas plus tard qu'après trois pas dans la direction d'Enola, Lloyd vient d'atterrir dans un bac à balles après avoir été percuté et envoyé valser par deux rouleaux clairement pas de bonne humeur. « Outch putain c'est que c'est dangereux ce truc ! » dit-il en se frottant la tête pendant qu'il tente de regagner la plateforme d'où il est tombé. « J'arrive, j'arrive ! » râle-t-il légèrement en se la jouant Lawrence-SEAL-version en rampant comme un militaire pour ne pas se faire éclater la tête par un autre rouleau compresseur. « Pour la galerie des glaces, je te conseille de toujours toucher un côté. Ça nous mènera à la sortie et ça limitera les risques de se prendre une vitre dans la poire. » la prévient-il au cas où. Il sait bien que ce n'est pas utile sur le moment, parce que daah ! Ils sont encore au premier étage, mais bon, mieux vaut la mettre en garde en avance qu'oublier. Avec ce genre d'endroit « mieux vaut tard que jamais » ne s'applique pas vraiment de toute façon. Devant eux se dresse un couloir en forme de tube, rien de très étrange, jusqu'à ce que Lloyd y pose un pied. La lumière se fait alors sur le couloir et ils peuvent distinctement voir que le tube est composé de cylindres de largeurs différentes, tournant dans des sens différents, à des vitesses différentes. « Oh bon sang. » marmonne-t-il. Finalement il n'est pas sûr que ce soit une très bonne idée d'avoir foutu les pieds ici. Enola va finir par le détester c'est sûr. Prenant son courage à deux mains, Lloyd saute dans le tunnel et atterrit sur une plaque qui tourne assez lentement de gauche à droite. Après quelques secondes de réflexion il a mis au point une stratégie. Une stratégie qu'il doit communiquer à Enola avant qu'elle ne se lance. « Si on se laisse porter jusqu'à un certain point et qu'on saute sur une plaque qui tourne dans la direction opposée on devr... » La théorie l'a trahi et maintenant il tourne et se fait balader dans tous les sens. N'ayant pas fait attention à où il mettait son pied pendant qu'il parlait, Lloyd se retrouve maintenant le cul par terre à être incapable de se relever. Le seul point positif c'est qu'il approche de la sortie du tunnel par effet de roulement. « Ça aussi c'est une technique viaaable ! » hurle-t-il à l'attention d'Enola à l'autre bout du couloir de la mort.