| greta

Je le savais, j’aurais dû prendre une quatrième valise pour apporter plus de vêtements avec moi. Trois valises ne suffisent pas, je peux vous l’assurer, surtout quand on peut changer de fringues deux fois par jour afin de faire le ménage, de se livrer à une quelconque activité sportive ou tout simplement parce qu’une tenue ne te convient plus autant qu’au départ. Les raisons sont multiples et tu te retrouves vite dans ma situation, à ne rien avoir foutu pendant deux semaines et à ne plus avoir que deux ou trois hauts et un jean qui se battent en duel. Il me reste bien des robes, mais il ne fait plus suffisamment chaud pour dire de se trimballer en robe courte, je les réserve aux primes au cas où j’en aurais besoin et que je serais d’humeur à me geler les miches pour faire bonne impression. Il est grand temps pour une énorme machine, peut-être même deux ou trois, une de couleurs, une blanche et une foncée. Autant vous dire qu’il y a du travail et qu’une panière n’a pas été suffisante, deux d’entre elles sont entièrement recouvertes de mes habits lorsque j’arrive enfin dans le cellier où se trouve Sara. Il me semble qu’elle s’appelle Sara, à confirmer à l’occasion. Cette dernière tient des vêtements mouillés et rosies, elle semble au bout de sa vie, probablement parce qu’elle n’a pas fait attention à ce qu’elle a fourré dans la machine avant de la mettre en marche. Les jeunes… Il faut tout leur apprendre, normal d’un autre côté, on ne peut pas tout savoir si on ne fait pas d’erreurs de ce genre. « Oui, c’est encore rattrapable ! » Il est temps de prodiguer quelques conseils, les remèdes de grand-mère qui fonctionnent bien mieux qu’une serviette magique censée empêcher les couleurs de se déteindre les unes sur les autres. Je m’approche, dépose mes deux panières sur le côté et me penche pour jeter un petit coup d’œil au massacre. « Apporte-moi une bassine, de l’eau chaude et de la javel, on a du pain sur la planche ! »