Six jours, il lui reste désormais six jours à tenir avant de retrouver la maîtrise complète de sa voix. Cette semaine s'annonce interminable, la plus difficile à vivre depuis le début de son aventure. Elle a beau essayer de relativiser, rien n'y fait. La perspective de ne plus être libre de ses mots toute cette semaine lui a mis un sacré coup au moral, si bien qu'elle a décidé de traîner au lit une bonne partie de la matinée. C'est dans la chambre caramel que ses paupières s'ouvrent sur ce nouveau jour, cette nuit elle a préféré laisser le lit à son partenaire de peur de le retrouver malade ou en pleine crise existentielle. Soucieuse, elle a tout de même jeter un rapide coup d'oeil dans la chambre guimauve avant de s'endormir pour vérifier que tout allait bien pour lui. Quelque peu rassurée, elle s'était endormie dans le lit qu'elle avait partagé avec Clotaire pendant deux semaines pour ne se réveiller que tard dans la matinée, à une heure beaucoup trop avancée pour lui permettre d'aller prendre un petit-déjeuner. Une fois sa douche terminée, elle prend le temps d'enfiler une tenue tout ce qu'il y a de plus simple composée d'un pull ample et fin en cashmere et d'un jean noir. Ses pas la guide vers la chambre guimauve où elle retrouve son partenaire assis sur le lit conjugal le regard un peu dans le vague, la jeune femme racle la gorge pour signaler sa présence. L'effet est immédiat, ses prunelles chocolatées captent celles de son partenaire alors qu'elle l'invite d'un signe de tête à la suivre dans le dédalle des couloirs. D'un furtif regard, elle s'assure qu'il la suit toujours alors qu'elle tient fermement son petit carnet entre les mains comme pour ne pas le perdre, elle risque d'en avoir besoin pour lui expliquer son mutisme. Toujours aussi énigmatique, la jeune femme finit par pousser la porte de la salle de contrôle en se dirigeant vers les écrans alors qu'elle indique d'un signe de la main un fauteuil où il est supposé prendre place pendant qu'elle lance les images de la soirée d'hier. A l'aide du bouton d'avance rapide, elle fait défiler les images à vitesse grand V devant la miné ébetté de son partenaire qui semble circonspect face au comportement de la brune. La jeune femme s'arrête au moment de la rubrique de Rowan, à l'annonce de son défi elle offre une mine dépitée au chevelu qui a tôt fait de comprendre pourquoi la brune ne lui a pas encore adressé la parole depuis le début de la matinée. Enola vient se poser sur le deuxième fauteuil de la pièce, voisin à celui de Salva. Elle écrit quelques mots sur son carnet avant de lui poser la question qui lui brûle les lèvres. « Qu'est-ce que tu avais hier soir ? » Vrillant ses prunelles aux siennes, elle se veut rassurante même si son regard trahit son inquiétude. Enola ne comprend pas, depuis hier elle oscille entre l'agaçement et l'incompréhension    

Etrange soirée. Je comptais assister au prime entièrement et assumer ma nomination mais au dernier moment j’ai pris peur et j’ai fuis. Une nouvelle fois. A croire que je ne suis qu’un lâche. Je suis resté dans ma chambre toute la soirée et je me suis pointé juste au moment du verdict. J’ai au moins eu ce courage-là d’affronter mon destin. On m’a sauvé et c’est Pablo qui est parti. J’sais pas si c’est mérité mais je suis tout de même amplement soulagé. Cette nomination m’a vraiment pesé. A présent, tout est fini. Je peux enfin souffler. J’attends le retour d’Enola mais il n’arrive pas. Je finis par m’endormir assez tard et c’est seulement au beau matin que je me rends compte que ma partenaire n’a pas dormi à mes côtés. Je ne sais pas vraiment comment je dois l’interpréter. Est-ce qu’elle m’en veut pour mon absence d’hier ? Probablement. J’émerge aux alentours de midi où je suis bien pensif. Un raclement de gorge me ramène à la réalité. C’est Enola justement. Son regard n’est pas comme d’habitude et est plutôt inquiétant. Elle m’invite à la suivre sans le moindre mot. Je ne comprends pas mais je m’exécute en me levant sans rien dire. Je m’empare d’un gros pull pour ne pas attraper froid puis avance dans les couloirs. Je la suis jusqu’à la salle de contrôle puis m’assoit comme elle me l’ordonne. De là, elle me fait visionner des images du prime où je vois notamment la rubrique des adjectifs qui me concernait puis aussi le gage dont elle a écopé cette semaine à cause de Rowan. « Ah. » J’affirme alors ne comprenant tout de même pas pourquoi elle se tait alors qu’elle pourrait très bien parler en chantant. Son gage consiste en ça et non en un mutisme complet. « Tu ne sais pas chanter ? » Peu importe en fait qu’elle sache bien chanter ou non, je crois que tout le monde s’en fiche. C’est pas comme si y’avait une star de la chanson parmi les candidats ou un professionnel qui pourrait la juger à ce sujet. En tous les cas, moi je ne la jugerais pas si elle se mettait à pousser la chansonnette pour s’exprimer. Disons que ça m’inquiéterait moins que son carnet qui lui sert d’échappatoire. «Tu ne pourras pas échapper éternellement à ton défi. » Je ne sais pas vraiment ce qu’il se passe si elle ne le réalise pas mais j’imagine que Rowan ne sera premièrement pas contente du tout et qu’elle aura peut-être même une sanction pour ne pas l’avoir réalisé. Autant dire que je ne le lui souhaite tout bonnement pas. Et puis, c’est pas plus difficile que mes grognements de bêtes sauvages après tout. En tous les cas, c’est pas ce qui semble préoccuper le plus la demoiselle. Elle me demande via son carnet ce que j’avais hier soir. Je m’apprête à lui répondre mais je me retiens aussitôt. Je m’empare de son carnet pour lui écrire quelques mots qui resteront secrets pour les caméras. « Tu m’en veux ? » Je plonge mon regard dans le sien honteux de ce que j’ai pu écrire. Je me doute déjà de sa réponse et ça m’embête car je tiens à notre complicité. « Pourquoi tu n’as pas dormi avec moi ? » Est-ce que c’est pour ça ? Ou il y a une autre raison ? J’ai besoin de savoir.

Elle vient trouver Salvador dans la chambre réglisse, assis sur un lit qu'elle a déserté la nuit dernière. Lui parler lui est impossible tant qu'il ne sait pas de ce qu'elle a écopé pendant la rubrique de Rowan, il la prendrait pour une folle. La salvadorienne se racle la gorge pour mieux signaler sa présence alors qu'elle l'invite, secrète, à la suivre. Arrivés à la salle de contrôle, elle remet les images de la soirée d'hier que son partenaire a manqué pour une raison qui lui est inconnue. Les images du prime défile alors qu'elle revoit très rapidement les candidats en peignoirs envahir le plateau alors qu'elle est restée impeccable dans sa tenue d'un blanc immaculé. Ils arrivent enfin au moment de la rubrique de Rowan où il apprend enfin du gage qu'elle va devoir respecté toute cette semaine. Elle lui lance un regard dépité avant de soupirer. Cette semaine s'annonce vraiment longue quand elle y pense. Assis sur son fauteuil, il ne réagit presque pas aux images se contentant de lui demander si elle sait chanter, soit disant qu'elle ne pourra pas échapper à son défi indéfiniment. Elle fronce les sourcils, ce n'était vraiment pas le genre de choses à lui dire en ce moment. S'il veut l'entendre chanter, il risque d'être servi. Et puis tant qu'à faire autant chanter sur un air de Disney vu qu'elle est censé se la jouer princesse cette semaine. Bon pour le côté princesse on repasser, elle va se la jouer en monde Tout le monde veut devenir un Cat . « Bien sûr que moi je sais chanter » . Elle entonne en s'asseyant dans son fauteuil, jambes croisées. « Mais je le vois bien que t'es jaloux ... d'mes taaalents de chanteuse » . Elle poursuit en roulant des épaules et des billes par la même occasion. Il devrait savoir que c'est une très mauvaise idée de sous-estimer sa partenaire. À la base elle n'est pas venue pour lui chanter des chansons de Disney et elle attend toujours qu'il réponde à la question qu'elle lui a posé sur son carnet. Il s'empare du carnet de la jeune femme pour y inscrire quelques mots qu'elle lit avec attention, son visage se radoucit même si elle ne peut pas s'empêcher de lancer un regard réprobateur à son partenaire. « J'sais pas quoi dire à part : bouge-toi » . Elle lance toujours sur la même mélodie. Un conseil qui vient du fond du coeur, lui qui voulait reprendre sa vie en main, ce n'est certainement pas en fuyant dès la première contrariété qu'il risque d'y arriver. Son visage se radoucit lorsqu'il cherche à savoir si la jeune femme lui en veut. « J'vois pas pourquoi je t'en voudrais » . Elle fredonne en haussant les épaules. « Mais sache que dimanche prochain ... tu as inteeeerêt à être làà . Louper le prime pour cette raison, il ne le refera pas une deuxième fois, elle allait s'en assurer personnellement. « Je me suis quand même un peu inquiétée ... ne me refais pas un coup pareil ... ou aloooors préviens moi » . Histoire qu'elle ne s'imagine pas que son partenaire soit en train de faire un AVC dans le lit alors qu'elle profite tranquillement de la soirée sur son fauteuil avec une flûte de champagne à la main. Son regard se concentre maintenant sur les écrans où elle revoit en temps réel l'élimination de Pablo, son partenaire en profite pour lui demander la raison de son absence dans la chambre guimauve. « J'me suis dit que tu voulais pas me voir » . Tout simplement, ou alors elle s'imaginait qu'il était tombé malade mais puisqu'il était en pleine forme ce matin elle n'avait vraiment plus de soucis à se faire.

Grâce à la salle de contrôle, je rattrape mon absence d’hier soir et ce qui s’est passé lors du prime. Si je comprends bien, il y a eu des espèces de défis ou du moins actions et ça avait l’air drôle. Ça aurait peut-être pu me détendre. Néanmoins, je comprends assez vite que ce qu’Enola voulait surtout me montrer du prime c’est la rubrique de Rowan. Ma partenaire a utilisé trop de jokers si bien qu’elle écope d’un gage. Elle ne doit à présent s’exprimer qu’en chantant. C’est aussi ridicule que celui que j’avais. Au moins, je me dis, que j’suis pas le seul à y passer. Enola devra se plier aux règles instaurées par l’animatrice. Tout écrire sur un carnet pour éviter de parler n’est que triche à mon sens et je le lui fais remarquer à ma manière. Du coup, elle abandonne son bien et se met à chanter pour s’exprimer sur un air qui m’est inconnu. Pas que la salvadorienne chante faux mais plutôt car l’air est difficile à deviner. En tous les cas, je regarde son petit show d’un air amusé. On dirait une danseuse de cabaret. Je fais les gros yeux quand elle m’accuse d’être jaloux de son talent. Hm… Puis je lui explique alors les raisons de mon absence discrètement via son carnet tout en lui demandant si elle ne m’en veut pas. Elle m’affirme alors que non mais que je n’ai pas intérêt à recommencer et qu’il faut que je me bouge aussi. Plus facile à dire qu’à faire même si je sais qu’elle a raison. J’écoute ensuite attentivement la fin de sa prestation musicale et surtout le fait qu’elle confie ses inquiétudes à mon sujet. Ça me touche car ça montre qu’elle tient à moi et que je ne suis pas forcément qu’un fardeau même si là pour le coup, j’ai pas marqué des points. Puis, je décide de me prendre à mon tour pour un chanteur type boys band. En l’occurrence, je m’apprête à imiter le leader des Maroon 5 en reprenant une chanson que j’ai dans la tête depuis que je suis debout. Pas la plus connue du groupe mais une que j’apprécie tout particulièrement : Misery. Je me lève de la chaise de bureau pour la retourner et me rasseoir dessus à l’envers en me positionnant face à la brune et lui lançant un faux air ténébreux. « Jeee suis vraiment dé-so-lé, j’sais paaas pour-quoiii j’a-giiis comme çaaa, oh yeah-eah. » Impossible de dire ce qui me prend de lui répondre en chantant. Ce défi n’est pas le mien et j’ai techniquement pas à m’y mettre mais je crois que je trouvais ça amusant et c’était peut-être un moyen de lui prouver aussi que j’sais encore plaisanter et délirer. Cette image de mec lâche et dépressif commence moi-même à me peser. « Pro-mis j’recommencerai paaas .» Je tourne la tête de gauche à droite tandis que mes mains se sont emparées naturellement des siennes comme pour lui prouver ma sincérité malgré ce sketch. « J’vois paaas pour-quoiii je ne voudraiii pas de toiii. » Il n’y a strictement aucune raison pour que je ne souhaite pas la voir. Ça devrait plutôt être l’inverse d’ailleurs. C’est moi qui suis censé être un fardeau dans notre partenariat même si Enola ne me donne pas vraiment l’impression que j’en suis un. C’est rassurant et plaisant. « Il est contagieux ton gage. » Je reprends alors avec tout le sérieux du monde en m’assaillant correctement sur la chaise roulante comme si rien ne s’était jamais passé. « J’ai été chanteur dans une autre vie. » J’ajoute alors avec humour alors qui n’en est rien. Certes, j’ai déjà fait des karaokés et je n’en suis pas à ma première prestation, néanmoins j’ai pas l’âme d’un grand chanteur ni la voix même si ma prestation ne sonnait pas faux. J’étais dans le rythme et j’m’y croyais vraiment faut dire. « Je voulais te dire que… je suis désolé pour l’autre nuit. J’ai vraiment perdu la tête. » Le coup de la bague perdue en pleine nuit et de mon air affolé. Avec du recul, j’sais pas ce qu’il m’a pris. Surement la fatigue et la panique. En plus de ça, je l’ai remercié d’une bien étrange manière et je m’en suis même pas rendu compte sur le coup. D’ailleurs, j’sais pas si elle s’en souvient de cette partie-là aussi. On en a jamais reparlé à vrai dire et j’sais pas si on devrait. J’imagine que c’est plus simple de faire comme si rien ne s’était passé.