@Scarlett
Debout dans un coin, mes prunelles sont rivées depuis cinq minutes sur une Scarlett pensive devant son livre. Elle ne peut pas me voir. Ça m'apaise de pouvoir l'observer sans qu'elle ne tourne vers moi ses opales émeraudes troublées par l'inquiétude, le stress ou même la culpabilité. Ça me plait d'observer qu'elle peut avoir l'air sereine et détendue parfois. Sans annoncer ma présence, je me dirige vers elle, tranquillement. J'aimerai être comme elle et pas cet espèce d'électron dont on ne sait pas canaliser la vitesse sans souffrir. Les secondes filent rapidement et je reste immobile comme bloquée devant ce spectacle de tranquillité que je ne veux pas troubler parce que Scarlett n'est pas la même lorsque j'apparais dans son champ de vision. L'une ne peut pas s'empêcher de graviter autour de l'autre, tout naturellement. « J'ai peur de comprendre ce qu'il t'arrive » je lâche simplement en tombant à genoux devant elle, assise sur un canapé. Mes mains s'en vont se poser sur les siennes, de genoux. Dès fois ça m'effraie les relations qu'elle peut tisser avec Lino, avec Khadija ou même avec Colin par exemple. J'ai envie qu'elle aille voir ailleurs, mais ça me fait mal comme si on tente de séparer deux siamoises sans anesthésie. C'est une chose de vouloir qu'elle se lie, c'est une autre de le constater de mes propres yeux. « Mais fais attention, la plupart ne sont pas assez bien pour toi » je me contente de lui dire alors que mes pupilles bleutées accrochent les siennes en douceur, pour la protéger. Parce que Scarlett a connu bien trop de déceptions, trop pour une seule personne. Je finis par me relever, et je me glisse entre elle et le canapé, mon buste contre dos, mes jambes encadrant les siennes, je dégage une épaule de sa chevelure, avant d'y poser mon menton, mes bras s'enroulent naturellement autour de sa fine taille.

Les héroïnes de roman ont tellement plus de relief que Scar. C'est du moins l'impression qu'elle a, quand elle se retrouve plongé dans un bouquin. On lui a souvent dit qu'elle avait l'air tout droit sortie d'un bouquin. Ici, ou même dehors, c'est quelque chose qu'elle a souvent entendu. Pourtant elle, se trouve sans saveur, sans intérêt. Pas comme une héroïne de Roman. Ici c'est sa plus grande aventure, elle n'a rien de fait d’exceptionnelle, c'est Jade qui est la douée de la famille. Le petit génie de la danse. Scar, s'est contenté de la suivre et même là ce n'était pas exceptionnel. Parce que rien ne la retenait aux États-Unis. Elle n'a pas fait preuve de courage on allant à la conquête d'un pays et d'une langue inconnue. Elle n'a pas terrassé des ennemis mortels. Les lunettes sur le nez, elle se laisse emporté dans un décors de guerre sous la plume d'un Hemingway. Une romance interdite, deux êtres qui s'attirent malgré toutes choses. Deux être qui survivent au pire pour se retrouver et se perdre pour mieux se retrouver. Elle n'entend pas la petite souri qui l'observe dans l'ombre, elle ne ressent pas la lumière incandescente qui s'échappe de sa chevelure de feu. Mais bientôt elle se fait connaître, de la plus belle des manières. S'imposant à son regard, comme la plus belle des choses sur terre. Scar esquisse un sourire, face à sa petite sœur au sol qui dépose ses petites mains sur ses genoux. « Ce qu'il m'arrive ? » Répète Scarlett, toujours la tête dans une histoire d'amour dans laquelle pleut les coups de feux et les explosions spectaculaires. Scar plie le coin de la page pour se laisser un repère, elle a lut ce livre trop de fois pour se souvenir de mémoire où elle se trouve dans l'histoire. Elle referme le bouquin qu'elle laisse de coté, loin de son regard pour qu'elle puisse se plonger sans aucune distraction dans celui bleutée de sa sœur. Elle complète ses inquiétudes. Scar esquisse un sourire doux, replace une mèche rebelle derrière la petite oreille de Jade. « De qui tu parles Jade ? » Qu'elle lui demande, juste pour savoir si c'est elle qui s'invente des problèmes, ou bien si les problèmes sont bien là. Le petit koala vient s'agripper dans son dos, la main de Scar vient caresser celles de sa sœur qui l'étreint avec douceur. « Tu penses toujours que c'était une bonne idée de venir ici ? » Elle demande du bout des lèvres. Parce que Scar, elle a des doutes. « J'ai sans cesse peur ici Jade. » Confie la rouquine, en demande d'être rassuré par une petite sœur qui a déjà ses soucis. C'est égoïste.

C'est presque fascinée que je l'observe en me demandant comment je peux arriver parfois haïr ma soeur simplement parce qu'elle arrive à s'octroyer de réels moments de tranquillité, d'apaisement comme celui-ci. Je chasse cette pensée obsédante avant de la rejoindre, me posant sous ses yeux, sans même l'obliger à lever le regard. Je descends à sa hauteur pour l'interrompre dans sa lecture tout en délicatesse. Il me suffit d'un simple regard vers la couverture pour capter qu'elle l'a lu un millier de fois au moins, sans exagérer bien sûr ... Je ne vois pas comment elle fait pour ne pas se lasser. Scarlett fait comment si elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, pourtant on en a un peu parlé la semaine dernière il me semble. J'arque un sourcil septique. « Arrête de faire comme si tu ne voyais pas » je me contente de lui répondre, presque vaguement agacée, comme une institutrice réprimandant un élève. Je finis par me poster derrière elle, pour lui faire un câlin presque maladroit, ignorant sa deuxième question comme la première parce que la réponse me semble évident. Elle traine avec qui habituellement ? Elle trouvera la réponse par elle-même, j'en suis sûre. Scarlett est intelligente. « Pourquoi tu doutes ? » je me contente de lui dire en cillant, étonnée par sa question. Je la croyais un peu plus heureuse ici, non ? Ma soeur m'avoue qu'elle a peur. « C'est pas plus mal » je laisse simplement dire de ma voix égarée. Au moins, elle se bouge, c'est déjà pas mal, elle s'éveille, suffisamment pour prendre que ce sentiment l'habite. C'est déjà une victoire. J'esquisse simplement un sourire face au dysfonctionnement de ma soeur, elle n'a pas peur lorsque je la menaçais pendant des crises de démences profondes au tout début, parce contre lorsqu'elle est dans un jeu télévisé, oui. Je cherche encore sa logique. « Et je peux savoir ce qu'il t'effraie ? » je demande de ma voix enfantine en serrant doucement mon emprise autour de son petit corps pour la rassurer.

Elle est calme Scar, du moins en apparence. Elle est là tranquillement, à lire un livre qu'elle connait par coeur, les lunettes sur le nez. Paisible, mais à l'intérieur, c'est la tempête. Comme dès le premier jour, elle est assaillit de tous les cotés par les doutes. La lecture, ça la calme, ça occupe son esprit. Mais y a mieux, y a Jade, quand elle apparaît sous ses yeux, Scar affiche un sourire complice, ravie de voir son joli visage. Elle ne va jamais par quatre chemin Jade, mais cette fois elle reste vague, comme si elle voulait que ça reste entre elles, qu'elles parlent en code. Mais Scar fait la sourde oreille, parce qu'elle ne veut pas en parler, elle ne veut pas mettre de mot sur la bataille intérieur qui l'anime. Mais c'est sans compter sur Jade, qui lui demande de ne pas faire comme si elle ne voyait rien. "C'est mieux de rester sans l'ignorance." Qu'elle lui dit du bout des lèvres, ce n'est pas mieux non ? Elle sait que ce n'est pas la solution, mais elle préfère rester sans le noir, elle n'est pas prête à se dire qu'elle change réellement, qu'elle apprécie les gens, qu'elle aime, qu'elle se sent attiré par certain. C'est trop nouveau, c'est trop effrayant. Comme un petit singe la petite rouquine vient s'accrocher à son dos, ce qui emplie son coeur de chaleur. Scar caresse les mains de sa petite soeur délicatement et vient lui poser une question qui ne regard qu'elles deux. Mais on ne peut pas réellement se couper des caméras n'est-ce pas ? A moins de  camper dans les toilettes, ce qui est moins agréable que le salon. "Parce que je me dit qu'on était bien finalement." Non  ? Loin du monde, sans leur monde. Elle continue de se confier, de lui parler de ses peurs ici, elle a tout le temps peur. Selon Jade, c'est une bonne chose. C'est peut être mieux que d'être morte à l'intérieur, c'est vrai. "Hm." Elle se contente de lui dire en se grattant la joue. Elle est sûre elle, non franchement, c'était pas plus mal d'être dans un environnement où rien ne lui fait peur. Pas même la petite qui la menace d'un couteau. Ce n'est peut être pas très sain, en effet. "J'ai peur... des autres, qu'ils finissent pas se rendre compte que j'en vaut pas la peine." Entre autre chose, c'est vague, parce que c'est pas assumé. "Jade, je vais arrêter, je veux retourner dans mon coin." Avec Jade, juste elle, personne d'autre, c'est plus simple.[/color]