20.01 - 17.17 , please tell me.

Sujet: 20.01 - 17.17 , please tell me. Lun 18 Jan 2016 - 15:23

PLEASE TELL ME
@salvador

Sage comme une image, elle est assise à même le tapis, penchée sur un dessin sur la table basse en chêne brillant du grand salon, face à un feu mordoré qui crépite doucement. La lumière est tapie, le silence est d’or. Ses longs cheveux tombent en rideau sur le côté de son visage, masquant ce qu’elle fabrique aux yeux des visiteurs. Elle ne relève la tête que lorsque la porte grince, pour apercevoir Salva, cheveux attachés en arrière, dégageant son visage et ses yeux d’aigle. Elle sourit doucement, désignant son travail. — T’en penses quoi ? Elle a ouvert, sur son iPad, une grande page de la « vague » de Hokusai, qu’elle tente de reproduire sur un papier vierge au crayon, pour se familiariser avec les traits du dessin. — Je voudrais me l’approprier… C’est pour un tatouage, peut-être… Elle lève ses yeux verts au-dessus d’elle pour regarder Salva, attendant son approbation. Lui aussi a un tatouage symbolisant l’océan. A dire vrai, c’est en pensant à lui qu’elle a eu l’idée de dessiner cette vague dans l’optique d’en faire, un jour, un tatouage sur son corps à elle. Elle se recule légèrement, appuyant son dos contre le rebord bas du canapé. — Je voudrais qu’il suive les lignes de mes côtes, dit-elle en faisant passer son index le long de son flanc, sentant sous sa peau les os de ses cage thoracique, pointus, assez saillants, du fait de sa minceur. Elle soupire, ne sachant trop si c’est une bonne ou une mauvaise idée. Est-ce que ce serait céder à la mode des tatouages ? Est-ce que ce serait d’une banalité sans nom, ou même un affront que de reprendre l’œuvre d’un artiste si respecté ? — L’océan représente tellement de choses pour moi… Quitte à faire corps à corps avec lui toute ma vie… pourquoi ne pas l’avoir gravé dans la peau ? Elle demande à Salva, un sourire enjoué aux lèvres. Elle voudrait qu’il lui dise de ne plus hésiter, mais elle ne peut empêcher une petite voix au fond de sa tête de lui murmurer qu’elle est stupide, qu’elle n’a pas besoin de ça… Toutes les mannequins qu’elle fréquente dans son agence, pendant les shootings, sont tatouées. C’est comme des animaux qui s’auto marquent pour être reconnus ; en général, un petit cintre sur la nuque, une ancre de bateau à l’intérieur du poignet, une lune sur la main…

Sujet: Re: 20.01 - 17.17 , please tell me. Mar 19 Jan 2016 - 15:55

La chaleur émanant du grand salon m’attire progressivement dans la pièce tandis que j’avale mon dernier morceau de banane. Le bois crépitant est plaisant et la température en cet hiver agréable si bien que j’y fais un arrêt. Khadija a déjà pris place sur le tapis pour se mettre à dessiner. S’agit-il d’un nouveau défi twitter ? Non, visiblement, c’est la fameuse vague que la candidate aimerait se faire tatouer. J’y jette un coup d’œil avant d’annoncer mon verdict. « Tu m’en avais déjà parlé. » Je précise avec un sourire chaleureux au cas où la jeune femme aurait oublié. « C’est très ressemblant ! » Il y a eu énormément de travail pour la reproduction du dessin. Khadi a dû y passer beaucoup de temps. J’imagine donc qu’elle y tient à sa vague. Mon tatouage n’étant peut-être pas anodin à cette envie même si les représentations sont différentes. « Mais tu crois pouvoir le détailler autant ton tatouage ? » Elle a redessiné la vague avec énormément de détails si bien que ça me paraît complexe de tout retranscrire avec une aiguille. Cela prendrait des heures entières et il faudrait également que le tatoueur soit minutieux et expert dans le souci du détail. « Remarque, peut-être avec un jeu d’ombre ou des nuances de bleu. Enfin si tu veux de la couleur. » Ça peut aussi se faire avec des nuances de noir j’imagine même si je vois assez bien la vague de la demoiselle en bleu. D’une part pour une question esthétique et d’autre part, pour rappeler la couleur de la mer. « Tu l’imagines où ? » La candidate m’indique alors l’emplacement précis de son futur tatouage. Mon regard suit immédiatement l’index de la candidate qui passe le long de ses côtes. Je visualise assez bien l’idée de la française. Si c’est pas forcément l’endroit le plus agréable à se faire tatouer, il n’en reste pas moins esthétique à mes yeux. « Pourquoi pas ! » J’adresse un fin sourire à la candidate après m’être installé sur le tapis à ses côtés et avoir posé un coude sur la table basse. « Tu es le seul maître de ton corps. Personne n’a rien à dire là-dessus ni à juger. » Elle peut bien se faire tatouer un cochon sur la fesse droite si elle en a envie. Ça sera son choix en tous les cas. « Si l’océan représente qui tu es, tu n’as pas à avoir honte ou à douter du fait de vouloir l’afficher. » Je ne suis pas sûr du sens de mes propos mais je comprends mon raisonnement et j’espère que Khadija comprendra aussi là où je veux en venir.

Sujet: Re: 20.01 - 17.17 , please tell me. Mar 19 Jan 2016 - 16:41

Salva se souvient de leur discussion au sujet du tatouage, et aussi de l’idée qu’avait Khadija. Dans un sourire tout content de voir qu’il n’a pas oublié, elle acquiesce. Il approuve son dessin, peut-être plus parce qu’il l’aime bien elle que parce qu’elle recopie à merveille, mais c’est déjà très gentil. — Je le dessine pour voir si je veux des modifications, mais j’espère trouver un tatoueur qui le fera beaucoup mieux, confesse-t-elle en observant sa copie. La remarque de Salva, plus connaisseur qu’elle en la matière, lui fait froncer les sourcils. C’est vrai ça, est-ce que ce sera au moins possible, cette histoire ? Elle hoche la tête à sa presque question. — Oui, j’aimerais du bleu et du noir… Et pourquoi pas du contraste ! Mais… Ce que j’adore, dans ce dessin, c’est le côté « lames » de ses angles, les vagues comme des pointes piquantes… J’espère que je ne serai pas obligée d’arrondir le tout pour un tatouage… Sinon, elle ne le fera pas, comment envisager ce dessin avec plus d’arrondis ?... L’océan a tendance à être une véritable lame de fond. Elle désigne le rebord de son corps à Salva, qui sourit et s’assied près d’elle. Elle grimace en sachant parfaitement ce que Salva n’a pas dit, peut-être pour ne pas lui faire peur. — C’est très douloureux, contre l’os, hein ? Elle s’en doute, on lui en a déjà parlé. Il se peut qu’elle souffre comme jamais pendant ce tatouage, si elle le fait, mais une fois terminé, elle sera heureuse. — Peut-être qu’un peu de douleur dans nos vies est parfois nécessaire, dit-elle d’une voix songeuse. — La douleur d’un tatouage que nous désirons vraiment… Elle peut être reçue comme une joie plutôt que comme une souffrance… Elle voit les choses ainsi. Un tatouage, ce n’est pas une blessure infligée par un ennemi, pas une maladie. On se l’inflige à soi-même pour graver en soi ce qui nous tient à cœur. C’est une très belle forme d’épreuve. Elle sourit à la remarque de Salva, qu’elle comprend comme : fiche-toi du regard des autres, tant que tu fais les choses avec authenticité, tant que tu restes vraie avec ce que tu es. Elle replie ses jambes contre sa poitrine et les enserre de ses bras. — Salva, dans une autre vie, tu es un pirate solitaire ? Ou un coiffeur ? Un banquier ? Un chef d’entreprise ?

Sujet: Re: 20.01 - 17.17 , please tell me. Mer 20 Jan 2016 - 20:42

Après avoir posté une photo de moi près du radiateur qui part en lambeau sur les réseaux sociaux et avoir englouti une banane en guise de goûter, je m’installe auprès de Khadija qui me fait part de ses projets en matière de tatouage. Ça m’intéresse évidemment. Et je suis réellement impressionné du travail de reproduction fait par la candidate. La vague qu’elle a dessinée est très ressemblante à l’originale malgré le fait qu’elle ne semble pas totalement satisfaite du résultat. « Les tatoueurs sont censés être doués en dessin. Sinon, y’a de quoi s’inquiéter. » Par exemple si c’est un tatoueur en carton du genre François l’embrouille qui sait pas dessiner et qui fait des désastres. Du coup, à moins qu’elle en choisisse un dans un boui-boui miteux, je ne me fais pas de souci pour son futur dessin qui sera ancré dans sa chair. « C’est toi qui décide. Tout est réalisable. » J’insinue là que si elle veut que ses vagues aient des pointes piquantes qui rappellent des lames et probablement le côté dangereux de la mer, le tatoueur sera bien forcé de s’y plier. Je ne vois pas en quoi ça posera problème. « La mer t’as déjà blessée ? » Je demande alors avec un regard profond et presque compatissant à sa douleur. Je ne sais pas si je me fais des films ou non, mais il m’a semblé percevoir un message dans les propos de la candidate. « Il paraît oui. Mais aucune douleur n’est insurmontable. » C’est ma vision des choses. J’crois dur comme fer au dicton « il faut souffrir pour être beau ». Si Khadija veut réellement son tatouage à cet endroit sujet à la douleur, il faudra qu’elle prenne sur elle le temps de quelques heures. Et j’suis persuadé qu’elle le peut. Elle a bien plus de force et de mental qu’elle ne le prétend ou laisse croire. « Je suis d’accord. Ça sera un mal pour un bien. » Il vaut effectivement mieux voir cette douleur passagère comme une joie plutôt que comme une souffrance. Et puis, je me rappelle d’un truc assez drôle que mon tatoueur m’avait dit. « Si ça peut te rassurer, ça fait moins mal que le dentiste qui te retire une carie. » Après j’imagine aussi que ça dépend des endroits de la peau et de la vision de chacun mais pour moi, y’avait pas photo quant à la véridicité des propos de l’artiste. « Et puis au lieu de partir avec un truc en moins, tu pars avec un truc en plus. » Je pourrai limite lancer un slogan pour inciter les gens à aller davantage chez le tatoueur que chez le dentiste. Bref, la prochaine question de la brune me laisse stupéfait. Je m’y attendais pas vraiment si bien que j’y réfléchis quelques secondes en retournant les mots. Je ne suis pas sûr de savoir là où elle veut en venir mais je tâcherai d’y répondre comme je comprends la question. « Dans une autre vie oui. » Mais pas celle-ci.

Sujet: Re: 20.01 - 17.17 , please tell me. Jeu 21 Jan 2016 - 16:23

Salva est rassurant, et lui donne encore plus envie de rechercher un tatoueur doué et intéressé pour lui encrer cette vague. A la question de Salva, qui semble avoir lu dans son regard, elle pose sur lui ses yeux verts étincelants. Oui, elle dessine cette vague aux pointes dures, piquantes, râpeuses comme des récifs de coraux. Le ressac, la lame de la vague, quand on se laisse avoir par eux, peuvent couper, briser, brûler. L’océan est capable de tout. Ceux qui l’imaginent comme une grande baignoire remplie de dauphins sont inconscients. C’est un être vivant, avec une vie, une existence, une volonté d’être. — Oh oui, soupire-t-elle, songeuse. De petites blessures comme de plus grosses. — Il y a tellement de choses qui peuvent te blesser, dans l’océan… Des choses auxquelles tu n’aurais pas pensées, comme, au-delà des requins et tout cet imaginaire facile, un simple plat sur le dos ou sur le ventre. Tomber de sa planche de la mauvaise façon et se briser la nuque dans la vague qui s’enroule. — C’est difficile, d’apprendre à lui pardonner. De comprendre, profondément, son inconscience. On lui en veut toujours avant de s’en vouloir à soi-même. Et puis on finit par comprendre. — Un jour on comprend pourquoi on est là, sur cette vague, au milieu de l’eau déchainée, à risquer sa vie. On comprend qu’éprouver la mort, c’est la meilleure façon de sentir la vie. Que l’un et l’autre ne sont pas des opposés, mais complémentaires. Une seule et même chose. Un mal pour un bien, un bien pour un mal. Comme ce tatouage, en quelque sorte. Elle sourit quand Salva évoque la douleur du dentiste, et frissonne légèrement. — M’en parle pas, j’ai passé mon enfance chez ce psychopathe… Le nombre de carries qu’elle se tapait jusqu’à son adolescence… Les après-midis où elle sortait du collège et se dirigeait, en skate, directement chez le dentiste pour y souffrir une heure… Et même après, ça continuait de faire mal ; et le sang qu’on entend battre à l’intérieur de sa gencive, contre sa joue… Enfer. Elle sourit face à la philosophie de Salvador. — C’est joliment dit, remarque-t-elle. Publicitaire, mais joli. Dans une autre vie, Salvador est un pirate, un vrai. Sans attaches hormis son bateau et l’océan. Peut-être du rhum. Ça la fait sourire tandis qu’elle le contemple. — Quand je suis partie surfer en Australie, un soir, on a été accueillis par des aborigènes, dans la communauté d’Oombulgurri, raconte-t-elle en rejetant doucement sa tête en arrière contre le canapé. — Ils vivaient mal, coincés entre la volonté de préserver leurs traditions, leurs valeurs, et la, heu, « marche du progrès » imposée par le reste de l’Australie. Oui, mais… — Ils adoraient les surfeurs. Le soir, autour d’un grand feu, on a bu du yagé. Tu sais, cette boisson tribale hallucinogène... Elle se tourne vers lui, un sourire aux lèvres. — Elle te fait voyager dans beaucoup d’autres vies… Elle s’était vue traverser les époques et le monde, elle.

**Contenu sponsorisé**