HIVANA

Aujourd’hui il faisait particulièrement chaud, mais surtout lourd. Un temps que je n’appréciais pas spécialement, bien que cela nous permettait tous de nous promener vêtu de manière légère. Croiser des filles en bikini n’était pas une torture non plus hein vous en conviendrez. Je passais deux bonnes heures en début d’après midi dans la piscine, en compagnie de quelques autres habitants. Après avoir fait quelques peu les cons et chahutés je décidai de grimper sur le toit et prendre l’air. Je portais un short de bain rouge, me manquais plus que le flotteur pour me la jouer Alerte à Malibu. Ainsi que la plage accessoirement. J’étais couché sur la pelouse, à profiter du soleil lorsque je me souvins avoir oublié ma veste dans la cabane en bois. C’est donc tout naturellement que je m’y rendis et pénétrai à l’intérieur, avant de constater qu’une candidate s’y trouvait déjà. Hivana. Oui je connaissais son prénom, même si je ne lui avais jamais parlé. Difficile de passer à côté de la bombe aux multiples tatouages, dont la réputation la précédait. « Je ne fais que passer, je viens chercher ma veste » La porte claqua, dû à un coup de vent. C’est alors qu’une idée germa à mon esprit. Et quant on me connaissait…il y avait de quoi s’inquiéter. Je pris mon pull over qui se trouvait effectivement sur un des canapés, et me retournai vers la porte, de sorte que j’étais dos à Hivana. Discrètement je verrouillai la porte, et alors que je faisais semblant d’essayer de l’ouvrir, en même temps je glissai discrètement la clé dans ma poche. « Tu vas rigoler mais…je crois qu’on est coincé. » dis je le plus sérieusement du monde en me retournant vers elle.

D'habitude, on a tendance à répéter que chaque jour est différent, qu'il n'y en a pas un seul pareil qu'un autre. Pourtant, ces derniers temps, les jours défilent et me paraissent tous aussi semblables les uns aux autres. Et d'ailleurs, c'était surtout à cause de la météo. Le temps en général je m'en foutais, trop occupée par la chaleur qui s'acharnait sur Dublin. Je faisais, sans surprise, partie de celles qui se baladaient dans le nid en bikini. En même temps, par un temps pareil, je ne me voyais pas enfiler quoique ce soit d'autre. Déjà que parfois, je serais bien tentée de me débarrasser de mon maillot de bain, mais alors de vêtements, autant mourir. Je cherchais par tous les moyens un instant loin de la chaleur. J'aurais pu aller rejoindre les autres dans la piscine ou sous les douches, mais j'avais envie de calme. Franchement, la course à la fraîcheur était un véritable combat et j'en étais totalement épuisée. Armée d'une bouteille d'eau, de mon iPod et de ma fidèle paire de tongues noires, je montais jusqu'au toit. Je sais ce que vous vous dîtes, elle se plaint de la température et elle monte en altitude, se rapprochant du soleil et de la chaleur. Et ben, ma seule excuse sera.. sera pas. Je n'ai aucunes excuses à fournir. Bref ! Une fois sur le toit, je me rendais immédiatement dans la cabane en bois. J'y traînais généralement peu, comparé à d'autres candidats, mais je fus surprise de voir qu'il faisait plutôt bon dans cette petite maison de jardin. Je m'installais sur un des canapés présents, posais mes affaires sur le sol et allumais mon iPod, écoutant de la musique en profitant de ce petit moment de solitude et de pseudo-fraîcheur que l'on m'offrait. Bien vite, la porte fut poussée, et c'est Zayne qui entra. Il était arrivé un peu plus tard que nous, et je n'avais pas encore vraiment eu le temps de m'intéresser à lui. Il annonça qu'il venait chercher une veste, alors, sans bouger, je le regardais faire, le décrochant du regard après qu'il ait prit la direction de la porte. Sous le mot coincé qu'il prononça, je me relevais d'un coup. « Ah non hein ! Annonce moi que c'est une plaisanterie ! » Je m'avançais jusqu'à la porte, tentant à mon tour de l'ouvrir, sans succès. Je regardais autour de nous.. réfléchissant un instant avant de retourner m'allonger, trop fatiguée pour penser à un moyen de quitter la cabane. Je tournais cela dit la tête vers Zayne. « Je pense pouvoir tenir, grand maximum, une journée sans manger. Demain, je serai obligée de te tuer et de me la faire en cannibale. » lâchais-je en lui faisant un grand sourire.

Mon petit jeu d’actors studio marcha à merveille puisqu’elle ne me soupçonna pas un instant. Peut être devrais je me reconvertir dans la comédie. Quoi qu’il en soit elle se leva immédiatement pour tenter à son tour d’ouvrir la porte, en vain. « J’aimerais bien. » Aussi vite qu’elle s’était levée là voilà déjà de retour sur le canapé. Heureusement que nous n’étions pas réellement coincés, car s’il fallait compter sur elle pour nous secourir on pourrait toujours attendre. « Je pense pouvoir tenir, grand maximum, une journée sans manger. Demain, je serai obligée de te tuer et de me la faire en cannibale. J’esquissai un sourire à sa remarque. « Je ferais mieux de nous trouver vite un moyen de sortir de là alors. » Sur ce j’essayais une nouvelle fois d’ouvrir la porte, forçant, tambourinant, mais en vain. Normal me direz vous puisque je l’avais verrouillé moi-même. Je soupirai las, avant de me laisser choir à ses côtés. « J’abandonne. Au moins ma mort servira à quelque chose. Et t’as de la chance il parait que je suis apetissant. » En tout cas elle…l’était clairement. « Dis moi…tes tatouages, c’est au cas où tu t’ennuierais la journée, pour avoir de la lecture ? » demandais je en plaisantant. Nul ne pouvait passer à côté de ses tatouages, dont des écritures au niveau des côtes.

Coincé dans la cabane, il ne manquait plus que ça ! D'ici quelques heures nous serons carbonisés par la température, et on retrouvera nos corps tout sec, sans la moindre goutte d'eau. Ouais j'exagère un petit peu, je l'avoue. Et puis être enfermée avec un charment garçon comme Zayne, finalement, rendait la chose moins désagréable qu'elle l'aurait été si je m'y étais retrouvée seule. De temps en temps je tournais les yeux vers le candidat, le regardant dans ses multiples tentatives pour ouvrir la porte avant de replacer mon regard vers le plafond. « Je te laisse faire ça seul, je suis trop épuisée par la chaleur ! D'ailleurs je me demande encore comment tu peux enfiler une veste par un temps pareil ! » C'est vrai ça. Le temps est insupportable et Zayne avait quand même sorti une veste. Soit il était malade, soit elle n'avait pas servi. Espérons pour lui qu'il s'agissait là de la seconde option sinon il était réellement fou. Imaginez qu'il m'accroche au mur sur un excès de folie. Je l'écoutais parler avant de suivre. « Tu l'es, c'est justement pour cette raison que je compte te dévorer sans laisser une seule miette. » Je tournais la tête vers lui en souriant. Il était mignon, je ne pouvais pas le nier. En fait, qui le pouvait ? Il en venait suite à ça à mes tatouages. Il était le premier candidat à m'en parler, les autres les avaient certainement remarqués, puisqu'ils étaient tout de même particulièrement visibles, mais personne ne m'avait jamais rien demandé à ce sujet. « Oui voilà, c'est ça ! » riais-je un instant. « Nan en fait ils ont tous été faits à des moments précis, ils signifient tous quelque chose de différent. Des passages de ma vie plus ou moins importants. » expliquais-je au candidat.

Hivana me laissa m’agiter seul contre la porte. Ce qui n’était pas plus mal, je ne voudrais pas qu’elle se rende compte de ma supercherie trop tôt. « Je te rassure je ne comptais pas l’enfiler » A propos de ma veste. Je l’avais seulement oublié la veille au soir, lorsqu’un petit vent frisquet s’était abattu sur l’hôtel. Il faudrait vraisemblablement être fou pour vouloir se recouvrir par une chaleur pareille. D’un autre côté comment qualifierait t’on le fait d’enfermer une jeune femme dans une cabane en bois ? « Tu l'es, c'est justement pour cette raison que je compte te dévorer sans laisser une seule miette. » . « Trop aimable. Qui ne rêverait pas d’être à l’intérieur de toi ? » Ce n’est qu’une fois ma phrase prononcée que je me rendis compte après coup de la connotation sexuelle que ma phrase pouvait avoir. Je grimaçai. Oops. Pour aller sur un terrain moins glissant je l’écoutai parler de ses tatouages. Qui représentait des passages différents de sa vie. « Pour ma part je préfère prendre des photos, mais chacun son truc » dis je un sourire aux lèvres. « Mais j’aime bien. Par contre il faut pas être un peu maso pour faire subir une telle torture à son corps ? » Cela avait du prendre des heures de travail. Je ne pense pas que je pourrais rester des heures immobiles à attendre sagement.