Je ne sais pas pourquoi, comment, mais ce lundi m'avait épuisée, énervée, embêtée ... Et puis la soirée du soir, serais-je à la hauteur? Bah quoi, me retrouver dans une même pièce avec vingt-neuf autres candidats, mouais, j'avais bien le droit à un massage. Le spa, je savais qu'il existait un truc du genre c'est pourquoi pendant près de trente minutes, j'entrepris la traversée de notre nouveau monde, un monde bourré de charmes bien cachés et de personnalités plus qu'épouvantables. Et puis le sésame, la trouvaille, la grande joie, une pancarte un écriteau, n'importe quoi annonçant que j'allais trouver le dit spa, je jubilais d'avance.

Mais mon sourire s'effaça rapidement. Pas de masseurs prêt à nous attendre aux côtés des tables de massage, pas de senteurs parfumées ou de trucs super délicats. Bon déjà, il y avait la musique d'ambiance et puis, roo putain, ils avaient mis un truc vert fluo pour nous signaler que le bain d'argile se trouvait là bas? Je m'avançais, curieuse et perplexe quand à cette invention et fut une nouvelle fois déçue : c'était là les fesses ingrates de Lasérian. Je soupirais mais bientôt, le spectacle qu'il m'offrit me fit sourire. Il n'osait réellement entrer dans ce bain. Je 'm appuyais tout contre le mur, les bras croisés sur la poitrine et attendais quelques instants, narquoise. « Je me doutais que tu étais de ces types là ... Comment ça s'appelle déjà? Métrosexuel ... » Je fis une moue tout en m'approchant de lui, juste un peu « Par contre je doute que ce truc soit là pour te faire du mal ... » Avais-il peur de se faire bouffer par le crocodile du bain d'argile? Peut être. Je lui tournais le dos à nouveau, parcourant des yeux le monde relaxant qui s'offrait à moi. « Je suis déçue de cette pièce » Finis-je par lui avouer. A lui ou à moi même, peut importait, je l'avais annoncer tout haut.

Au doux son d’un sarcasme je n’eus pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s’agissait. Je l’avais déjà entendue sur la plage le jour de notre arrivée, cette voix de serpent. C’était la mégère. Reconnaissable entre toutes, je m’aperçus que je ne m’étais guère trompé lorsque je retirai mon pied du liquide visqueux afin de lui faire face. Elle était là, appuyée contre le mur à m’observer d’un air amusé. Mouais, l'argile c'était vraiment un truc de gonzesse. Visiblement mon petit manège ne l’avait pas laissée indifférente, il fallait avouer que j’avais tendu la perche à quiconque pénétrait dans cet endroit. Je ne pus toutefois empêcher un sourire de flotter sur mes lèvres avant de le ravaler aussitôt. Ah ah, très drôle. « Tu devrais essayer de t’y plonger, avec un peu de chance ça rend plus aimable » lui rétorquai-je sur la même intonation. J’ouvris le robinet afin de chasser cette boue immonde de mes pieds. Malgré ce qu’elle m’avait affirmé, on ne savait jamais si ce truc avait des effets secondaires. Si ça s’trouve, j’y étais allergique sans le savoir, on n’était jamais trop prudent. A sa remarque je fus surpris. Tiens, je n’étais pas le seul à me plaindre dans cette baraque ? Mademoiselle était habituée aux spas de luxe ? « Ne me dis pas que tu t’attendais à un masseur métissé avec des abdos en béton pour décontracter tes petits muscles fragiles ? » Je levai un sourcil prêt à me mettre à rire, mais c’était visiblement exactement ce qu’elle avait cru. Il était vrai que se masser soi-même était assez difficile, mais c’était de toute évidence la raison même de la manœuvre. « Dois-je te rappeler que le but de cette émission est de montrer des gens en train de se bécoter ? Je crois bien qu’un massage ça peut aider à conclure l’affaire. » Et ca expliquait pourquoi ils n’avaient pas prévu de personnel supplémentaire …

Sur mon sarcasme il répondit de la même manière, je souris. Haussant les épaules j'ouvris de nouveau la bouche « Ça se saurait » Et puis je regardais la pièce sous toutes les coutures, ne portant plus mon intérêt sur le jeune homme qui était parti à présent se nettoyer les pieds. Amusé, il me demanda si réellement je m'attendais à un métisse prêt à nous servir, je hochais la tête, oui, peut être bien. Je n'imaginais pas très bien comment cela pouvait se produire autrement. Je n'étais pas habituée au luxe et aux merveilles, mais j'avais monté mes espérances bien trop hautes dans cette pièce si bien équipée. Je pensais y trouvais là un type, une nana, quelqu'un prêt à nous détendre, à faire de nous des êtes en pleine forme ... Dommage. Lasérian mit le point sur une chose au quelle je n'avais pas pensé. Je me tournais subitement vers lui, après tout, il avait raison, fake lover n'était pas une émission si vaine que cela « Tu as sans doute raison ... Mais je suis déçue quand même ... J'avais imaginé vivre le grand luxe jusqu'au bout et pas devoir me mettre à glousser devant un candidat pour attirer ses faveurs ... » Je m'approchais un peu de Lasérian, baissant les yeux sur ses pieds et montrant une petite tache du bout du doigt « Tu en a oublié là » Je relevais les yeux avec cette fois ci, l'envie de le regarder faire.

La mégère -faudrait peut-être que je songe à lui demander son prénom- me retira un second sourire avec son air dépité. Elle me faisait penser à un chiot qui venait d’être abandonné sur le bord de la route sans comprendre ce qu’il avait pu faire de mal. Elle avait raison ceci dit, même si je ne m’étais pas attendu à trouver quiconque en dehors des trente candidats. C’était déjà un nombre suffisant pour se marcher sur les pieds, d’autant plus qu’un masseur métis aurait bien pu faire de l’ombre aux « mâles » de la maison, ce qui n’aurait pas été un plan très judicieux. J’étais sûr le point d’enchaîner lorsqu’elle reprit la parole, attirant mes iris clairs sur une petite marque marron restée collée à ma cheville. Elle ne manquait décidément pas une occasion d’emmerder le monde. Vous savez, comme le type qui nettoie le sol et qui voit arriver un avocat avec les godasses dégueulasses qui a le culot de lui faire remarquer qu’il a oublié une tâche. Enfin, ce n’était pas tout à fait la même situation, puisqu’elle suscitait davantage le désir d’une vengeance pacifique que d’un meurtre de sang froid. Je ravalai une idée ingénieuse qui venait de me traverser l’esprit. Communauté Lasérian, communauté. A la place j’optai pour une solution moins drastique. D’un geste tout à fait naturel j’appuyai une main sur le mur le plus proche en frottant ma cheville –effectivement mal rincée- contre le mollet de la mégère, opérant un transfert d’argile plutôt réussi avant qu’elle n’ait pu avoir la moindre réaction. « Hm. Regarde, y’en a plus maintenant. » Je ne manquai pas de ponctuer ma phrase d’un sourire en coin, légèrement provocateur. « Quoi, tu croyais pas que j’allais te laisser te rincer l’œil pendant que je lavais ma délicieuse cheville, si ? » Comme si ce geste avait quelque chose de sensuel qui aurait échappé au monde entier excepté moi, et que je semblais parfaitement outré qu’elle ait pu y songer, ne serait-ce qu’un seul instant. Prononcé sur le même ton que ma précédente question à propos du masseur métis, comme pour souligner qu'elle avait beaucoup d'espoirs irréalisables au sein de cette maison.

Il semblait avoir une dent contre moi, pourquoi? Son air hautain lui donnait-il le droit d'être ainsi avec les gens? Peut être, les personnalités de chacun étaient vraiment passionnantes, il y avait de tout dans cette maison de l'amour et cela me plaisait bien. Et puis il était fier de son nettoyage, je lui fis remarquer qu'il restait une tache, il le prit apparemment mal puisqu'il s'appuya pour s'essuyer sur moi. Je baissais la tête vers ma jambe où se trouvait dorénavant une tache d'argile, relevant le regard vers lui, le trouvant quelque peu ... « T'as quel âge? » Réaction des plus banales pour un simple adolescent ou bien même un jeune adulte attardé prêt à tout pour se sentir supérieur à la gente féminine. Et puis il me fit une remarque qui me fit froncer les yeux « Me rincer l'œil? Sur toi? Va falloir redescendre sur terre mon grand, t'es pas le plus beau ici » Je soupirais, il était si insignifiant. Je me grattais doucement la longueur du nez, geste que je faisais inconsciemment, tout le temps.

J'abandonnais là Lasérian pour me rendre du hamman et sauna, l'envie d'y aller? Peut être pas non, j'ouvrais pourtant la porte comme pour en regarder ce qui s'y passait à l'intérieur.

Wouh. C’est que ça pouvait mordre. Ok. Sens de l’humour, zéro. J’avoue j’avais jamais été doué dans ce domaine. Mais elle avait vraiment cru que j’étais sérieux ? Que je pensais que ma cheville était délicieuse ? On ne m’avait jamais prévenu que j’avais des talents d’acteur si efficace. Si j’avais su … Cette fille devait être la personne la plus susceptible qu’il m’avait été donné de voir. Bon, fallait avouer que je n’avais pas aidé. M’enfin, ça me paraissait tellement évident que mon comportement n’était qu’une farce que ça ne m’était même pas venu à l’esprit que l’on puisse me prendre au sérieux. On m’avait souvent répété que j’étais agaçant, mais là j’avais carrément battu un record personnel. Comment faire fuir quelqu’un en cinq secondes. Fallait que je garde ça en réserve, ça pouvait toujours être utile. Finalement je me mis à rire, trouvant cette situation parfaitement ridicule. J’hésitai à quitter le spa, voulant éviter d’autres éclats de voix en faisant un autre faux pas, néanmoins je décidai de tenter une nouvelle approche quitte à me prendre une tarte en pleine figure. Je l’avais appréciée pendant quelques minutes la mégère, si j’avais su qu’un peu d’argile sur le mollet lui ferait sortir les pics comme un hérisson, je m’en serais bien abstenu. Je m’arrêtai de rire en lui courant après, m’interposant entre la porte à moitié ouverte et la demoiselle afin de l’empêcher d’entrer. « D’accord je vois, on est parti du mauvais pied. Ca s’appelle de l’humour narcissique. Je suis parfaitement conscient de ne pas être le plus beau ici, surtout avec ce truc. » Je désignai mon short fluo d’un regard. Un sourire trahissait l’amusement que sa colère avait provoqué. A croire que j’avais le chic pour énerver les candidats. « Seulement le deuxième. » Je me pinçai les lèvres en haussant les sourcils, l’air de dire, tu vois c’est aussi simple que ça. L’humour narcissique. Lui tendant la main comme pour faire les présentations, je me hasardai en haussant un sourcil. « On fait une trêve ? » Je jetai un œil par-dessus son épaule, replongeant dans ses yeux méfiants. « Tu sais quoi, je te propose de jouer les masseurs métis pour me faire pardonner. Pas de gloussements requis. » Etant donné l’impression que je lui avais donné et le fait que j’étais encore un presque parfait inconnu, il y avait peu de chance pour qu’elle accepte. En fait, j’espérais qu’elle refuse mais que ce témoignage de bonne volonté la convainque au moins que je n’étais pas un type si méprisable que ça. Et si ce n'était pas le cas, on ne pourrait pas me reprocher de ne pas avoir essayé.

Je ne savais pas comment les candidats pouvaient réagir, encore moins lorsque je m'étais aventurer à partir, peut être allait-il me laisser seul, tant pis pour lui, je regardais le sauna, allais-je y entrer, peut être pas ... Il se mit à courir pour me rejoindre, s'interposant entre moi et ma grande décision finale. Un sourire aux lèvres, je l'écoutais me tarauder sur son sens de l'humour, son short vert fluo et je ne savais quelle autre connerie. Je pinçais les lèvres, me les mordis tout en lui avouant « Tu n'as pas mis longtemps à céder finalement ». Un jeu, rien de plus qu'un jeu. Définir les limites de chaque candidat qui m'entourait, savoir comment ils étaient quoi de mieux que de jouer sur les sentiments ... Apparemment Lasérian faisait parti de ceux qui n'avaient pas envie d'avoir d'ennemi, ou du moins, m'avoir, puisqu'il tendit la main, signifiant une trêve quelconque. Je glissais doucement ma main dans la sienne « Moi c'est Liee » C'était une bonne trêve que de se présenter, non? Et puis, à ma grande surprise, il se proposa de jouer les masseurs métisse. Il fallait avouer que l'idée était tentante, je virais un regard vers les tables de massage. « En plus si je n'ai pas besoin de gloussement ... » J'étais prête à accepter pour finalement lui proposer « Ça te dit de suer avec moi? » J'avais réellement envie de découvrir les bienfaits du sauna pour n'avoir jamais mis les pieds là dedans auparavant, peut être cela avait-il du bon, je n'en savais rien ... Juste qu'il fallait me mettre à moitié nue , cachée par un quelconque tissu rapido ... pas grave, je n'étais pas pudique ...

Ok, je venais de me faire avoir comme un pigeon. Je savais bien que ce petit sourire pendant mon speech cachait quelque chose. Alala, cette fille était vraiment surprenante. Un point pour la mégère, qui elle dissimulait des talents d’actrice très convaincants. C’était ça son secret, qu’elle avait tourné dans un film ? Quel genre, ça c’était une autre histoire … D’un rapide coup d’œil j’étudiai sa silhouette en silence. Bref, ne nous égarons pas. « D’accord, bien joué. » Je secouai la tête en croisant les bras, l’air de celui qui ne digère pas totalement de s’être fait avoir mais qui reconnaît la victoire de son adversaire. « D’un côté tu me rassures, je t’ai vraiment prise pour une sacrée pimbêche. » Je serrai la main qu’elle me confia, intérieurement satisfait de ne pas avoir eu à lui demander son prénom. Je n’aurais pas à me justifier quant à ma capacité limitée à retenir ce genre de choses. « Lasérian. » Je m’apprêtai alors à rétorquer que finalement je venais de me fouler trois doigts –mais oh je l’avais déjà oublié avec ma mémoire aussi vive que celle d’un poisson rouge-, retenant mon souffle en attendant le verdict. Voilà pourquoi je lâchai un « Carrément » un peu trop rapide lorsqu’elle proposa une autre suite à leur entretien. Je détestais le sauna, mais j’aurais été bien emmerdé qu’elle accepte ma proposition car en vérité je n’avais aucun talent de masseur bien enfoui quelque part –ou alors c’était très très enfoui-. Tout ce que j’en savais, je l’avais appris dans des bouquins ou par une délicieuse thaïlandaise qui habitait dans ma rue quand j’avais treize ans. Je ramenai soudain la jeune fille plus près de moi en tirant sa main toujours dans la mienne avec fermeté, attrapant une serviette de mes doigts libres. « Tu sais tu devrais faire plus attention à tes mots, ils pourraient être mal interprétés. » Je desserrai mon étreinte un sourire narquois aux lèvres, recouvrant sa nuque de la serviette blanche que j’avais saisie. Honnêtement, vous ne pouvez pas prétendre ne pas y avoir pensé. Suer avec moi, c’était carrément licencieux comme question. Il y avait bien cinquante pour cent de chance pour qu’elle l’ait fait exprès. Je m’emparai d’une seconde serviette dans la pile de droite –plus grande que les autres, mais restait l’éventualité qu’elle ne s’en aperçoive pas-. « Honneur aux dames ». Sourire. Au moins si elle fondait à cause d'un dysfonctionnement de ce machin, j'en serais aussitôt averti. Ouais, y'avait pas mal de choses qui m'effrayaient dans cet endroit.

J'avais ce petit sourire satisfait sur mon visage, celui qui disait que j'étais la plus forte et j'étais fière d'être bonne comédienne, surtout dans cette maison où il me le fallait, pour les missions à venir, pour les quelques instants que j'aurais envie de vivre dans cette maison du jeu. Oui nous étions dans un jeu et j'étais là pour répondre aux attentes de la production, j'étais prête à tout, n'importe quoi - ou presque - pour me faire de l'argent et surtout, pour gagner le jeu. Il paraissait quelque peu vexé de s'être fait avoir, je le fixais tendrement, alors qu'il m'annonçait qu'il m'avait prise pour une réelle pimbêche « Bienvenue dans le jeu » Pimbêche ou non, j'avais ma façon de vivre et il devait faire avec. Et puis il serra à son tour ma main, pour me dévoiler son prénom auquel je souris, comme pour lui annoncer que c'était enregistré. Il semblait réfléchir et retissant au massage, c'est pourquoi je lui proposais ce sauna, il parut surpris, lâchant un simple carrément qui agrandit le sourire déjà posé sur mes lèvres.

Il me tira soudainement vers lui, nous étions proches alors qu'il m'annonçait que mes paroles pouvaient être mal interprétées, je haussais les épaules, lui demandant « Tu les as mal interprété toi? » J'étais d'avis que notre conversation ne concernait que lui et moi, que je n'avais pas à y mettre des pincettes. A savoir si je l'avais ou non fait exprès, je n'en dévoilais pas ma façon de voir les choses et accepta avec plaisir la serviette qu'il posa sur mes épaules. Occupée à la placer comme il le fallait, je le laissais à son tour se munir de ce qu'il fallait. Je ne reportais mon attention sur lui qu'une fois que sa voix résonna dans mes oreilles, m'invitant à entrer la première dans le sauna. Je le fixais, l'avertissant « Te sauves pas en courant une fois que je serais rentrée là dedans ! » Il n'avait pas l'air sûr de lui, c'est pourquoi j'avais l'intime conviction qu'il était prêt à prendre les jambes à son cou et à me laisser en plan.