ft. wendy

J'avais décidé de prendre mon petit déjeuner sur la plage, ne souhaitant pas me mélanger aux candidats pendant ce rituel. Je m'étais levé de mon lit avec regret, notamment parce qu'il m'était impossible de faire une grasse matinée dans la maison lorsque tout les candidats étaient réveillés. Certains habitants s’affairaient déjà au rangement de bon matin, et il était strictement défendu de paresser dans les environs pendant ce temps là. Ainsi, avec mon mug de café plein et une cigarette entre les lèvres, j'avais pris le chemin menant vers la plage d'un pas serein, constatant sans surprise que le beau temps et les températures estivales étaient au rendez-vous. Il était agréable de sentir un soleil aussi doux sur ma peau nue, d'autant plus que les rayons risquaient de s'intensifier dans l'après-midi et qu'ils seraient plus dangereux pour un blondinet comme moi de s'exposer en plein cagnard. Assis sur le sable, je me perdis dans la contemplation de la mer, calme. Impossible pour moi de penser à quelque chose d'autre, mon cerveau était totalement embrumé, si bien que j'ignorais complètement les pas qui s'approchaient dans ma direction.

La française regardait son bras par deux fois, trois fois, quatre fois, cherchant à comprendre pourquoi son bras était si différent de la veille au soir. Elle avait beau cherché quinze mille fois la réponse, elle ne la trouva pas, mais pourtant bien décidé à trouver la réponse, elle continuer de se triturer son petit cerveau de blondasse. En fait, c'était tout con. Il lui manquait juste un bracelet qu'elle ne se rappelait pas d'avoir rangé. Soit, ce n'était pas si grave, au fond. Quittant donc la chambre, elle se dirigea vers la plage, qui était la meilleure cachette pour un bracelet, puisqu'elle y avait fait un tour avec son partenaire la veille et n'avait pas hésité à se baigner dans l'eau. Elle voyait une silhouette, au loin. Contente de peut-être pouvoir faire la conversation, elle se dépêcha encore plus, histoire qu'il ne se lève pas avant qu'elle n'arrive. Mais plus elle avançait, plus elle croyait reconnaître cette personne. Ce n'était pas.. Merde. Sur toutes les personnes du nid, il fallait que ce soit sur lui qu'elle tombe. Bien, elle allait quand même partir chercher ce qui lui était dut, n'est-ce pas. Quitte à se faire encore plus humiliée que la vieille. Arrivant à ses côtés, elle regarda, discrètement, par terre, sur le sable, si son bijou n'était pas là. Elle avait beau cherché, elle ne trouvait pas. Elle n'allait cependant pas creuser, non, plutôt crever. Ou alors elle ferait creuser un garçon. Poussant quelques grains de sable avec son pied, elle observait son camarade du coin de l'oeil, en train de fumer et de boire son café. Elle ne lui parlait pas car.. elle avait peur de le déranger, voilà tout. Ne trouvant rien, elle se retourna, sans un mot, avant d'avancer de quelque pas en direction de la villa. Et si Loup l'avait vu? C'était peu probable qu'il soit tombé dessus et encore plus qu'il le lui donne, mais pourquoi pas après tout. « T'aurais pas vu un bracelet? » Lui demanda-t-elle sèchement. S'il croyait qu'elle n'allait pas le faire chier, c'était raté. Elle n'avait pas oublié son petit cirque de la veille, qui l'avait profondément blessée. Connard.

Je fumais ma cigarette, ne me préoccupant que très peu de la personne qui passait derrière moi. Si elle souhaitait partager ce moment avec moi, il lui était libre de s'installer à mes côtés en silence. Au contraire, elle pouvait tout aussi bien partir en soupirant que je n'aurais pas cherché une seule seconde à la retenir. Néanmoins, comme la présence de la dite personne commençait à s'éterniser, je me permis de jeter un coup d’œil par dessus mon épaule pour apercevoir Wendy qui commençait à quitter la plage. Haussant un sourcil, je me concentrais de nouveau sur le spectacle qui s'offrait à moi, tirant sur la clope coincée entre mes lèvres charnues. La voix de la blonde me tira alors de nouveau hors de mes pensées, je n'avais même pas calculé le ton qu'elle employait que déjà je me retournais de nouveau pour lui lancer un regard morne, empli de désintérêt. « Un bracelet? » Mes yeux se mirent à balayer la zone autour de moi, mes doigts allant même jusqu'à retourner un peu le sable pour la demoiselle, la clope toujours au bec. Seulement, rien ne venait à moi, il ne semblait pas qu'il y ait un quelconque bijou pouvait lui appartenir dans le secteur. « Désolé je n'ai rien trouvé. » Je réfléchis un instant, avant de finalement sortir de la poche de mon short un paquet de clope. L'ouvrant, je le tendis vers la blonde, nullement médisant ou provoquant dans ma démarche. « Tu en veux une? Je te connais si peu que je n'ai même pas remarqué si tu fumais ou non. Tu as le droit de refuser par simple fierté, ça m'arrangerait même que tu le fasses vu qu'il ne m'en reste plus beaucoup. » J'avalai une gorgée de mon café, stoïque. Après tout qu'elle se barre ou décide de se poser à mes côtés pour peut-être apprendre à me connaitre un peu mieux, cela m'était complètement égal. On ne pouvait pas me reprocher malgré ma nonchalance de lui avoir tendu la main.

D'abord surprise par le ton employée par le candidat, elle ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi il ne lui sautait pas à la tronche comme il avait l'habitude de le faire. Du moins, comme certaines fois. Enfin soit, ce n'était peut-être pas si mal qu'il ne l'affuble pas d'insultes réellement désobligeantes à son égard. Cherchant des yeux un bijou scintillant parmi quelques grains de sable, elle ne trouvait rien. Et il fallait dire que Loup n'était pas du grande utilité non plus. Ce n'était pas comme si cela l'étonnait non plus. « Oui, un bracelet. » Etait-il sourd? Ou avait-il fait ça exprès. Nul ne le savait et, au fond, elle s'en fichait royalement. Tout ce qui la retenait ici, c'était son bracelet perdu quelques part. Il ne pouvait être qu'ici, ou alors il avait été avalé par les vagues et, dans ce cas-ci, c'était bel et bien fichu. Ce n'était qu'un bijou, après tout. Elle fut néanmoins surprise de le voir frapper de ses mains quelques grains de sable. Pour elle. C'était particulièrement effrayant à quel point il savait jouer l'hypocrite à la perfection. « Pas grave, merci quand même. » Elle allait s'en aller -pour la seconde fois- mais c'était sans compter Loup qui venait de sortir.. un paquet de clope de sa poche. C'était carrément glauque, là. Surtout qu'elle ne fumait pas, sauf quand cela lui prenait. Mais, rien que pour le faire chier et le priver d'une cigarette, elle en prit une, légèrement hypocrite au niveau des lèvres, piquant un briquet et commença à fumer. Non mais, n'importe quoi. Que lui était-il arrivé? Il était drogué? Bourré? Les deux?! Elle ne savait pas trop mais cela méritait une enquête. Ou un truc dans le genre. Après s'être mordue l'intérieur de la joue des milliards de fois à la seconde, elle lâcha, presque nonchalante : « Au fait, que me vaut ces charmantes insultes, roi Loup ? » L'envie de dire Roi Lion avait été forte mais elle s'était retenue, car même si elle détestait son prénom elle avait au moins une once de respect envers lui - hm hm. Elle restait néanmoins debout, là, à ses côtés. Pas questions de s'asseoir, plutôt crever que de s'abaisser de la sorte.

Prévisible, sa réaction ne m'étonna guère et je rangeais aussitôt mon paquet dans ma poche. Wendy semblait s'évertuer à me haïr, se sans pour autant me connaitre ou même avoir essayé de le faire. Nous n'avions eu qu'une seule et unique altercation au sujet d'une insulte qu'elle n'avait effectivement pas comprise, et pourtant la demoiselle ne cessait depuis le début de l'aventure de multiplier les médisances à mon sujet. Était-ce ma tête qui ne lui revenait pas, ou était-elle suffisamment stupide pour saquer un candidat rien que par la sonorité de son prénom? Non, sincèrement, je commençais à remettre en doute mon intérêt pour la demoiselle, elle me paraissait de plus en plus prévisible, fade et quelconque au fil des jours et des semaines passés dans la maison. Ce n'était pas faute, pourtant, d'avoir tenté de me renseigner auprès de son frère qui avait aussitôt démentit mes constatations. Bref, tout ça pour dire que mon avis balançait, ce pourquoi j'avais invité la demoiselle à s’asseoir à mes côtés d'une façon des plus subtiles. Je me doutais qu'elle n'aurait accepté sous aucun prétexte ma proposition si elle avait été trop directe. Lui tendre mon paquet de cigarettes tout en me plaignant ne pouvait que la faire craquer, inévitablement. Néanmoins, elle préféra rester debout. Grand bien lui fasse, si cela pouvait rassurer son complexe d'infériorité. Sa question m'agaça, je levai les yeux au ciel sans me tourner pour lui faire face. « De quelles insultes parles-tu, Wendy? Je ne me souviens pas t'avoir insulté une seule fois depuis le début de l'aventure... » Je fis mine de réfléchir. « Ooooooh. Tu fais sûrement référence à l'allusion d'hier soir sur laquelle toi et ton frère vous êtes enflammés sans même y avoir réfléchis un tant soit peu? Je sais que vous portez le même prénom, mais je n'avais pas pensé une seule seconde que tu puisses autant t'identifier à la copine de peter pan, ni que cela puisse autant t'affecter. C'est mignon, mais un peu puérile comme attitude, tu ne trouves pas? Tu aimes bien te faire poser en victime ou je me trompe complètement? » Je me tournais pour lui sourire, ironiquement, avant de planter mon regard dans le sien. Je me fichais du ton sur lequel je lui parlais, ni de la certaine méchanceté dont je pouvais faire preuve. Elle semblait s'accrocher à une idée complètement fausse, comme s'il ne lui restait que cet argument prouver à tord et à travers que j'étais un vilain personnage à abattre. Je repris alors tout en tirant sur ma cigarette. « Je ne vais pas te cacher que je trouve un certain ravissement à tout cela. A défaut d'avoir de la répartie, tu m'as prouvé hier soir que tu avais des failles. Si ça peut te faire plaisir de l'entendre de ma bouche, je te respecte et je ne pense pas que tu sois une pute, bien au contraire. »

Il devait être sénile. À son âge, c'est triste.
Roulant des yeux lorsqu'il commença son speech à la con et qui allait durer des heures pour au final que tout rentre dans l'une de ses oreilles et que tout ressorte par l'autre. Faire l’innocent. Tiens, une nouvelle chose qu'elle pouvait ajouter sur sa liste 'tuons-loup'. Non mais, sérieux, c'était quoi ce mec? À part un pauvre con qui exhibait constamment son égo surdimensionné, à quoi il servait? À part à peut-être être une cible parfaite pour les foutages de gueules. Elle écoutait vaguement ce qu'il disait. Elle s'en fichait, en fait. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'y répondre, tirant une première taffe de la cigarette piquée à son colocataire. « Tu te trompes. J'ai jamais joué la victime pour qu'on s'intéresse à moi, je pense être suffisamment.. moi-même pour que cela se fasse naturellement. Et puis j'ai aucun compte à te rendre, tu sais. Fais pas comme si cette remarque ne m'était pas directement destinée. Je savais bien que tu ne m'aimais pas, mais pas au point de m'insulter de pute, insulte que je trouve clairement très déplacée. Trop déplacée. Le pire dans tout ça, tu veux que je te le dise? C'est que je te trouvais plutôt mignon, au début du jeu. Maintenant je te trouve carrément laid et tu me donnes la gerbe. Pas d'bol, t'es tombé sur la rancunière de service, maintenant tu m'auras sur le dos jusqu'à ce tu te décides à t'excuser, quitte à ce que tu te mettes à genoux pour le faire. » Sourire hypocrite collé sur la tronche, elle tira une nouvelle latte de la clope coincée entre ses douces lèvres, un regard perçant dans les yeux de Loup, l'air de dire 'tu as beau me regarder, je ne baisserai pas le regard'. Mais quel connard. Elle avait envie de le gifler, là, maintenant, mais se retenait de toutes ses forces. Après tout, il était peut-être gentil. Au fond. Mais elle n'avait pas envie de le savoir. Ca lui restait en travers de la gorge, même si cela ne lui faisait pas vraiment mal en temps normal. « Au passage, j'ai toujours trouvé que Wendy était.. une pute. » Chut.. Elle observait toujours le jeune homme dans les yeux. Parler, parler, encore parler. Elle ne savait pas trop ce qui la retenait encore ici. Peut-être que le sable retenait ses pieds, avec des genre de lianes invisibles qui les retenaient sur le sol. Elle aurait bien voulu s'enfuir, d'ailleurs. La situation devenait de plus en plus effrayante. Loup qui respecte Wendy. On aura tout vu. Et bientôt, on sautille dans les prairies en se tenant la main? « Tu me respectes? Première nouvelle. » Elle roula des yeux avant de tirer sur sa cigarette à nouveau. C'était le monde à l'envers. Il l'insulte, puis se rétracte, lui faisant une tirade tout à fait charmante à son sujet. Assume, chéri.

Non, elle n'avait décidément rien compris. Encore et toujours un petit jeu de victime, et en plus elle s'évertuait à tenter de me blesser quand ses paroles ne faisaient que rebondir sur ma personne. Pardon, elle demandait carrément des excuses? Elle ne semblait pas m'avoir cerné, c'est bien ce que je me disais. « Bon tu sais quoi.... » Je me levai après avoir écrasé ma cigarette dans le sable. Elle ne comptait apparemment pas collaboré, j'étais excédé de faire le gentil pour faire cesser les rancunes de la demoiselle. Était-elle assez stupide et puérile pour se maintenir sur ses positions sans même s'ouvrir un tant soi peu à l'éventualité que je ne l'ai effectivement jamais insulté? Visiblement oui, j'étais définitivement fixé sur le compte de Wendy à l’issue de cette entrevue pourtant brève : la jeune femme n'était qu'un être aigrie avant l'âge, irrespectueuse, immature et profondément conne. Comment pouvait-elle ainsi parler de respect après avoir collé un chewing-gum dans les cheveux d'une candidate? Elle était pour moi l'archétype même de la nana à abattre, bête et méchante, se nourrissant de conflit pour combler son existence trop fade. La toisant un long instant en silence, je fis mine de l'observer comme un vulgaire objet, une curiosité sur lequel on ne saurait poser de nom. Puis, un long soupir au bout des lèvres, je repris aussitôt. « C'est mignon que tu me dises ça, parce que tu n'aurais eu aucune chance crois-le bien. Des excuses, sincèrement? Tu espères que je m'abaisse à ça pour satisfaire ta fierté? Je crois que tu n'as pas bien saisi Wendy, ce que je faisais là, c'était te tendre une main pour peut-être rectifier le tir et faire en sorte que les choses se passent pour le mieux dans ton aventure. Parce qu'autant te dire que ta haine ne m’atteint pas, t'es insignifiante à mes yeux, que tu sois en colère contre moi ou non pour X raison, ça m'est strictement égal, je n'en vivrais pas moins bien. » Un regard de dégoût sur l'ensemble de son être, et je repris sans attendre tout en la contournant d'un pas. « Par contre ce que je constate, c'est que ma remarque ne t'a pas laissé indifférente, pire encore elle t'a suffisamment déstabilisé pour que tu espères peut-être que je sois touché par ta détresse et m'excuse platement... non? Loupé. Je peux faire pire, bien pire, alors blinde-toi vite avant que je ne t'écrase ma grande. » Quelle plaie cette gonzesse, tout aurait été sûrement plus facile si elle n'avait tout simplement pas moufté la première. Le pire, c'est que j'étais persuadé qu'elle persisterait à faire la victime, tellement risible et pitoyable. Sentant quelque chose sous mon pied nu, je m'aperçus qu'un bijou s'y trouvait, enfoui à la lisière du sable. Je me baissai pour m'en saisir, et lui tendis poliment. « Maintenant tu peux te casser, ta gueule m'insupporte, du moins autant que ton prénom. » Ironie, je lui montrais d'un geste de la main le chemin vers la maison.