15 novembre (21h30), Alix
Je me tortillais devant mes vêtements. Je voulais me faire beau, et ça ne m’arrivait pas si souvent, si bien que je n’avais absolument pas l’habitude. Evidemment, j’aurais pu demander l’aide de quelqu’un, comme Wendy, mais elle aurait sûrement posé la question fatidique du ‘pour qui tu te fais beau comme ça’ et même si elle aurait eu une très nette idée de la réponse, je n’étais pas prêt à la lui donner. Si bien que j’avais décidé de me débrouiller seul, même si à cet instant, j’en souffrais énormément. Finalement, j’haussais des épaules, prenant par dépit ma chemise bleue claire et mon pantalon blanc cassé, seul ensemble dont j’étais sûr de son assortiment. J’enfilais le tout à la va-vite avant de me diriger vers le lieu de rencontre. Atrocement gêné, plus tôt dans la soirée, j’avais demandé à Alix s’il voulait bien aller voir avec moi à quoi ressemblait la chambre Juliette. Une façon comme une autre de donner un rendez-vous, je suppose. Ne le voyant pas à devant la porte de la chambre, je me permis d’entrer pour voir s’il n’y était pas déjà. Apparemment, non. Je laissais alors mon regard parcourir les murs, appréciant l’ameublement. Je rougissais stupidement en contemplant le lit à baldaquin et tout le décor franchement romantique. Attiré par le grand lit, je me jetais dessus. Les bras et jambes écartés, je soupirais d’extase en songeant que le matelas était atrocement confortable.

Ce soir là, j'avais rendez-vous. Et pas avec n'importe qui, non, j'avais rendez-vous avec Dion, la personne la plus adorable de cette maison, si ce n'est de la planète entière. Je devais être à la hauteur, oui, je n'avais pas le droit à l'erreur. D'autant plus que c'est lui qui m'avait invité et que, aussi étrange que cela puisse paraitre, je ne voulais pas le décevoir. Alors oui nous vivions ensemble depuis maintenant plus de deux mois et pourtant, j'étais certain que cette soirée serait différente, et pour coup, j'avais décidé de m'habiller correctement, exit les larges débardeurs et autres habits de ce genre, je devais être classe. Pour cela, j'avais enfilé un magnifique tee shirt noir aux manches longues que j'avais retroussé aux niveaux des coudes, ornant mes bras de quelques bracelet et mon coup de mon long collier en perle fétiche. Je portais également un pantalon d'une même couleur, bien que quelque peu délavé et des chaussures en cuir, marron foncées. J'étais fin prêt, et ce même si une mèche rebelle semblait ne pas vouloir se ranger en rang. Raaaah je détestais mes cheveux. Trifouillant celle ci sur le chemin, j'essayais tant bien que mal de la ranger avec les autres alors que je saisissais le bouquet de fleurs que j'avais fabriqué l'après midi même. Bon, les fleures provenaient du jardin, mais bon, c'était l'intention qui comptait non ? Prenant une grande inspiration, je poussais finalement la porte pour apercevoir le jeune homme allongé sur le lit. Un timide sourire, gêné, se dessina sur mes lèvres alors que je baissais la tête « Désolé, du retard, problème capillaire. » ironisais-je avant de tendre le bouquet dans sa direction, alors que le jeune homme se tenait à plus de quatre mètres de moi. « Tu es magnifique ce soir. »

Je me relevais lorsqu’Alix entra dans la chambre. Assis sur le lit, je le trouvais magnifique, terriblement élégant avec ses habits noirs. Je gloussais bêtement à son excuse, atrocement nerveux, en fait. J’essayais de passer outre, mais très franchement, je n’y arrivais pas. De plus, le bouquet qu’il me tendit n’arrangea rien à ma gêne, et je me tortillais avant de me lever, prenant mon courage à deux mains et me rapprochant de lui. Je rougis en entendant son compliment, vraiment pas habituer à cela. Je ne savais même pas quoi lui répondre. Je choisis alors de prendre le bouquet, le détaillant longuement avant, de relever la tête vers lui. Je me rapprochais un peu plus de lui, et me penchais vers lui pour lui déposer un baiser sur les lèvres. « Elles sont bien plus belles que moi, merci … Et puis, tu es … très élégant ce soir. » Je lui fis un sourire timide. C’était bizarre, je ne me rappelais pas être aussi nerveux en sa présence. Peut-être parce que la situation était plus … compliquée ? Non, ce n’était pas vraiment ça … Il y avait quelque chose de bien plus ‘officielle’, déjà par le fait que c’était un rendez-vous. Pour détendre l’atmosphère, je passais ma main dans ses cheveux, les ébouriffant joyeusement. « Comme ça plus de problème capillaire. » Je lui fis un sourire taquin, avant de remettre ma main dans ses cheveux pour essayer de les réarranger. Mais en fait, je les préférais ébouriffer. Je m’amusais avec ses cheveux. « J’adore tes cheveux. » A vrai dire, j’étais comme fasciné. C’était aussi plus simple de se concentrer sur ses cheveux que mon stress.

« Elles sont bien plus belles que moi, merci … Et puis, tu es … très élégant ce soir. » dit-il en saisissant de ses délicates mains le bouquet que je venais de lui offrir. Je décidais de relever mon visage, affichant un radieux sourire alors que le jeune homme déposait ses lèvres sur les miennes. Finalement, il passa d'un geste vif sa main dans mes cheveux, les ébouriffants de toutes part. Raaaah j'avais horreur qu'on y touche ! Déjà que ce n'était pas aisé de les coiffer ! « Comme ça plus de problème capillaire. » dit-il en un malin sourire alors qu'il tentait vainement de remettre en ordre le tout « J’adore tes cheveux. » finalement, un sourire fendit mon visage, je n'en avais rien à faire d'être mal coiffé, bien habillé ou non, tout ce qui comptait en ce moment présent était le fait d'être avec ce jeune homme. « Bien entendu que tu adores mes cheveux, haha. » me vantais-je comme si cela sonnait comme une évidence « Allez viens là petit ! » dis-je en le serrant tout contre moi, un sourire enfantin aux lèvres alors que je le soulevais pour les déposer non loin du lit. Finalement, je déposais un furtif baiser dans son cou avant de rire et de me jeter sur le matelas. « Oh my goood et dire qu'on a pas pu profiter de ça tout le long de l'aventure, c'est injuste ! J'crois que je vais squatter toute la semaine cette chambre, elle est trop bien ! » m'exclamais-je en m'allongeant en travers du lit, écartant les bras et les jambes pour y recouvrir une majeure partie de celui « Par contre, toi, si tu veux également y goutter, tu devras d'abord me passer sur le corps, haha. Je veux dire, au sens propre ! » il est clair qu'occupant actuellement tout le lit, le jeune homme allait devoir faire preuve d'une ruse absolue pour me persuader de lui en céder un bout.

Je pouffais de rire quand il se vanta. Je n’arrêtais vraiment pas de pouffer en sa présence. Je devais ressembler constamment à une adolescente aux hormones abondantes, mais que voulez-vous, parfois on ne peut pas s’empêcher d’avoir des attitudes assez étranges. Enfin là, je reniais presque entièrement ma virilité à ses côtés, et j’espérais qu’il ne le marquait pas. Je n’avais pas envie d’être à ses yeux une fille, voyez-vous. Je me savais léger, certes, même atrocement léger puisque dénué de tous muscles et maigre comme un clou, mais bon, je ne m’attendais pas à ce qui me soulève de terre. Je retins au dernier moment un petit cri qui resta étranglé au fond de ma gorge. Je ne fis aucune remarque sur le surnom ‘petit’, parce qu’il ne m’agaçait pas, mais j’avais bien l’intention d’y revenir. J’eus un grand sourire quand il déposa un rapide baisé sur mon cou avant de le regarder s’étaler de tout son long sur le lit, ne me laissant clairement aucune place. Je le regardais amusé, avant de lever un sourcil en entendant sa dernière phrase. Ah oui ? Alors sans lui laisser le temps de comprendre ce qui lui arrivait, je me jetais sur lui – de toute façon, il ne risquait rien, mon poids plume aidant – et je m’étalais sur lui, comme s’il était un matelas, la tête sur son torse. « Si c’est comme ça, tu feras toi-même office de matelas. » Je me tortillais un peu, comme si je voulais tester le confort, avant de soupirer d’aise et de surélever ma tête en me tenant sur mes coudes posées contre sa poitrine. Je regardais son visage, un grand sourire sur les lèvres. « Mouais … Assez confortable. » Je fis une petite moue à moitié satisfaite avant de lui faire un clin d’œil et de lui déposer un long baiser sur les lèvres. Je me reculais après, revenant sur mes coudes. « Et je ne suis pas petit, ce n’est pas ma faute si tu es tout vieux et tout ridé tandis que moi je respire la jeunesse. » Je lui fis un sourire taquin, avant d’éclater de rire. J’étais toujours fasciné par son visage, si bien que je ne me tenais plus que sur un coude alors que je laissais l’autre main décrire des arabesques sur sa figure. « Si tu la squattes toute la semaine, je reste avec toi. Il y a pas de raison que tu sois le seul à en profiter ! »

Le jeune homme fut surpris lorsque je réussis à le faire décoller du sol. Bon il est vrai que je l'avais été également, même si au final, le poids du jeune homme n'était pas aussi imposant que j'aurais pu le penser. Après m'être allongé, celui ci décida alors de se jeter sur moi, tel une fan hystérique. Je savais que je lui plaisais mais tout de même, haha. Plaisanterie à part, Dion ne tarda pas à reprendre la parole « Si c’est comme ça, tu feras toi-même office de matelas. » tiens donc, il manquait plus que ça ! Bon, officieusement, j'avais bien espéré qu'il se jette à mon cou comme il venait de le faire, et je pense qu'il l'avait très bien compris. Enfin, c'était ça ou me supplier de lui laisser une place, solution à laquelle je n'aurais d'ailleurs certainement pas mis longtemps à céder. « Mouais … Assez confortable. Et je ne suis pas petit, ce n’est pas ma faute si tu es tout vieux et tout ridé tandis que moi je respire la jeunesse. » dit-il en déposant ses lèvres sur les miennes avant de se mettre, à toucher mon visage, provoquant en moi de multiples frissons dont je n'avais aucune réelle explication. « Bien entendu que c'est confortable, je suis parfait ! L'aurais-tu oublié ?! » lui répondis-je en riant avant de reprendre « Et puis si, tu es petit, j'y peux rien, fallait manger plus de soupe petit. Et laisse mes rides en dehors de cette histoire ! » un air mi-offusqué mi-amusé au visage, je le regardais dans les yeux alors que celui ci continuait à tracer des courbes sur ma peau « Si tu la squattes toute la semaine, je reste avec toi. Il y a pas de raison que tu sois le seul à en profiter ! » « Ce n'est pas pour me déplaire. » un sourire se dessina sur mes lèvres alors que mon visage se rapprochait à nouveau du sien, mêlant nos lèvres en un langoureux baiser. Sans que je ne me rende réellement compte, ma main gauche glissa dans le bas de son dos, traçant de lents cercles. « Promets moi de ne pas partir cette semaine, jamais. » dis-je alors sur un ton plus grave, chose qu'il ne pouvait bien entendu pas contrôler, je le savais très bien.

J’eus un grand sourire quand il m’invita implicitement à rester avec lui. J’avais dit ça en l’air, mais évidemment c’était la réponse que j’attendais, et je n’étais pas déçu de l’entendre. J’adorais ses baisers, c’était un fait. Je fermais les yeux de plaisir avant qu’il ne se recule. Sa main dans le bas de mon dos dessinait de longues arabesques et j’aurais pu facilement ronronner – mais je n’étais pas un chat, il faut le rappeler. J’ouvris à nouveau les yeux lorsqu’il finit par être plus grave dans ses propos. Son sérieux me surprit, avant que je ne réalise, que oui, je pouvais très bien partir cette semaine. C’était même encore plus envisageable que les autres fois. Et pourtant, je n’avais pas stressé. L’habitude ? Non, juste l’inconscience et l’envie d’être avec lui en relâchant la pression et en ne songeant pas à des petits tracas. Mais l’idée de ne plus le revoir me pinça le cœur, et mon regard s’assombrit. Je n’avais pas envie de partir, surtout à cause de lui. Je me relevais avant de revenir sur lui, posant cette fois ma tête dans son cou. J’adorais son odeur, sa peau velouté. Je songeais avec amusement que c’était le meilleur endroit au monde, juste le creux de son cou. « Moi non plus, je n’ai pas envie de partir. Et si je le pouvais je te le promettrais. » Je m’avançais suffisamment pour pouvoir embrasser son cou, et je gardais ensuite mon nez frôlant sa peau. Je glissais une main dans ses cheveux, en appréciant leur texture. C’était vraiment un moment comme il y a peu. Une sorte de quiétude infinie, et pourtant le sujet de la conversation n’était pas si agréable que ça. « Et comment ce sera après ? » La question n’était pas totalement innocente. J’avais envie de savoir qu’en serait-il de nous après l’émission. Mais la question était suffisamment ouverte pour qu’il réponde autre chose. J’étais inquiet de sa réponse, si bien que mon regardait resta fixé sur son profil, anxieusement.