Il faisait froid. En fait, froid n’était même pas le mot. Je n’étais pas du genre à me plaindre, mais là c’était différent. C’était peut-être à cause de cette température que j’avais eu un malaise tout juste avant le dernier prime. Ou peut-être pas, je ne savais pas. Reste que je n’avais pas manqué beaucoup et que Maddie m’avait fait un résumé de se qui c’était passé. J’étais maintenant en pleine forme, cherchant à m’amuser un peu, me changer les idées surtout. Mais tout le monde semblait occupé. Bouh. Je décidai, contre mon gré, de m’aventurer à l’extérieur, me disant qu’un peu d’air frais me ferait du bien. Je ne sortis pas sans manteau cependant. Je serais morte d'hypothermie en un instant. Marchant doucement dans le parc, sentant la brise gelé heurter mes joues, je vis Cooper, au loin, dans ses pensées. Je repensai au moment où il m’avait lancé dans la piscine, me disant qu’il étant temps que je lui remette son mauvais coup. Je cherchais le trouble, ça c’est certain. Mais j’aimais trop l’embêter mon petit Cooper. Subtilement, j’approchai, essayant surtout de ne pas me faire repérer. Je n'avais pas vraiment de plan diabolique. Je pensais peut-être lui sauter sur le dos, mais s'il était surpris et qu'il m'échappait sur le sol, nous serions tous les deux mal prit. Je décidai donc d'y aller pour un truc beaucoup plus simple et surtout, beaucoup plus enfantin. Arrivant pratiquement à sa hauteur, je le poussai doucement, tout en me mettant à rigoler, alors que je pris mes jambes à mon cou en m'écriant. «T'es le chat !!! miaaaaw.! » C'était immature. Mais si drôle !

Regardant à travers la fenêtre du salon, je pouvais observer le jardin dehors. Pas de neige. Oui, j'aurais presque aimé que des flocons tombent sur l'Irlande. Malheureusement ça n'arrivait que très rarement. Je me rappelais encore, lorsque gosses, avec mon frère, nous jouions avec. On adorait ça. Faire des bonhommes de neige. Se rouler par terre. Écrire ses initiales en pissant. Faire des batailles. Tirer sur les passants, les voisins. Une époque qui me semblait tellement lointaine à présent. Bref, je décidai d'aller faire un tour dehors, histoire de profiter un peu de l'air frais. Je marchai tranquillou, perdu dans mes pensées, lorsque tout à coup je sentis une pression dans mon dos. On venait de me pousser. Qui pouvait bien avoir l'audace de m'attaquer ainsi ? Il fallait quand même avoir perdu la tête pour oser s'en prendre à moi. Un rire, enfantin, résonna à mes oreilles. Je reconnus immédiatement celui de ma partenaire, Esther. Évidemment. Qui d'autre ? Elle décréta que j'étais le chat, et se barra en courant. Quoi ? Elle comptait que je la suive ? Elle m'avait bien regardé ? Est ce que j'avais une tronche à jouer à des jeux aussi débiles ? Ben malheureusement...Oui. Allez savoir pourquoi, avec elle, c'était différent. N'importe qui d'autre, je l'aurais envoyé bouler, se moquant de lui, mais elle non. A croire que sa personnalité déteignait sur la mienne. « Ouais, tu fais bien de prendre la fuite. Cours, et vite » Parce que ma vengeance allait être terrible. Ou pas. Puisqu'on s'était rendu compte, qu'en sa compagnie j'étais beaucoup trop tendre. D'ailleurs, il allait falloir faire quelque chose à ça, parce que ce n'était pas possible quoi. Merde. Sauf que pour l'heure, me voilà à la courser comme un gosse. Saleté d'Esther. Évidemment, j'avais de plus grandes jambes, et de meilleurs foulées (bah ouais, ça servait de se faire courser par les flics XD), du coup, je ne tardai pas à la rattraper. Et hop, je l'attrapai par derrière (en tout bien tout honneur évidemment). La serrant par la taille, ses pieds ne touchaient plus le sol.  « Et maintenant tu fais quoi ? »

Filant sur mes deux jambes, j’essayai de courir le plus rapidement possible. Je n’étais pas une grande coureuse tout le monde le savait. Je n’étais pas un escargot non plus. « Ouais, tu fais bien de prendre la fuite. Cours, et vite » Je laissai un rire s’échapper de mes lèvres, continuant ma course. Je savais bien qu’il allait me rattraper en moins de quelques secondes. Je ne faisais pas le poids, c’était évident. Mais ce jeu, les petites futilités de la vie, c’était ça qui me rendait heureuse. Et j’étais contente, vraiment, que Cooper embarque dans mon jeu, dans mon univers. « Et maintenant tu fais quoi ? » Merde. Il m’avait eu. En moins d’une minute, il avait réussit à m’arrêter, entourant simplement ses bras forts contre mon frêle corps. J’étais tellement légère que je ne touchais même plus par terre. Je rigolai, soufflant un peu, n’étant pas habitué à faire de l’activité physique. Je ne savais quoi faire à se moment précis. Lui donner un coup de pied dans le tibia était peut-être trop violent. Dommage. « Maintenant... je suis dans la merde. » dis-je simplement, essayant de me défaire doucement de son étreinte, en vain. Je tournai la tête vers lui, plongeant mon regard bleuté dans le sien, implorant ma liberté. J’avais tellement un visage de poupée, qu’il n’était pas difficile pour moi de jouer les victimes. À ce moment même, j’avais presque le regard du chat potté dans le film d’animation Shrek. Et moi qui lui avait fait promettre de ne pas me prendre en pitié et ce, à aucun moment. J’aurais peut-être du me la fermer. « Mon Cooper chéri... » dis-je d’une petite voix, essayant de faire distraction pour qu’il me relâche et que je puisse courir de toute vitesse.

Esther cherchait les ennuis, c'était évident. En peu de temps pour le dire, je l'avais rattrapé, et maintenant encerclé de mes bras. Elle était faîte comme un rat. Prisonnière. « Maintenant... je suis dans la merde. » Bonne conclusion. Au moins était elle lucide sur sa condition. Mais voilà qu'elle tourna la tête vers moi, pour tenter de m'amadouer avec ses yeux de chien battu. « Mon Cooper chéri... »  Non mais oh ! Elle croyait m'avoir avec ça ?  « Pas la peine de me faire ces yeux là, ça ne marche pas avec moi » Pas vrai Coop' ? Rhaaa on aurait tendance à vouloir donner le bon dieu sans confessions à cette fille ! Mais non, j'étais fort, ouais, je résisterais. Finalement, je la changeais de position, pour la mettre sur mon épaule, et la porter tel un sac à patate. Voilà, c'était tout ce qu'elle avait mérité ! Et ainsi, elle ne pouvait plus me faire les yeux doux. Maintenant restez à savoir ce que j'allais faire d'elle. La porter n'était pas non plus de tout repos, je n'avais pas là un gabarit miniature ! Elle devait faire dans les 1m75, si ce n'est plus. Bien que pas excessivement lourde pour cette taille.  « J'espère que t'es bien installée » Mouhaha, en même temps, fallait pas jouer avec moi !

Le pire c’était que ça fonctionnait, mon petit regard d’ange. Cooper ne voudrait pas l’avouer, évidemment. Mais si je continuais, je réussirais surement à l’amadouer. C’est ce que je pensais jusqu’au moment où il me prit sur ses épaules, tel un vulgaire sac de patates. «Hého, ça va pas !!!!» m’écriais-je, me retrouvant la tête vers le bas, le sang me montant au temple. Je l’avais un peu cherché, mais tout de même, il se devait de faire un peu plus attention à moi. Il me demanda alors si j’étais bien installé. Je n’étais pas des plus confortable, mais au moins, j’avais une très belle vu. Sans réfléchir, un petit sourire amusée sur les lèvres, je déposai mes mains sur ses fesses, les frappant tout doucement comme si c’était un tambour. « Ce sont de jolies petites fesses que tu as là mon Coop’ » dis-je sans gêne, pour une fois. Je profitais de la situation, qui allait m’en blâmer. Peut-être lui. Il n’appréciait peut-être pas. Je ne saurais le dire. Reste que c’était vraie. Il avait de bien jolie fesses mon partenaire. « Tu compte me traîner comme ça pendant longtemps ? Je suis pas trop lourde ? » demandais-je, la tête qui me tournait légèrement à être placé dans une telle position.

Mais si ça allait parfaitement. Elle ne récoltait que ce qu'elle semait. Maintenant elle avait une vue imprenable sur mes fesses. Ah ouais, je n'avais pas pensé à ça. Mais elle me le fit très vite remarqué, déclarant que j'avais là, de jolies petites fesses. Non seulement elle regardait, mais elle touchait. Voilà qu'elle jouait du tambour sur mon popotin. Non mais oh ! Sans gêne la demoiselle. La coquine.  « Je te remercie. Je les entretiens, juste pour toi. » répliquais je en plaisantant. Bon, maintenant qu'est ce que j'allais faire d'elle ? Il est vrai que je n'allais pas la traîner ainsi jusqu'à la fin des temps.  « T'es aussi légère qu'une plume » lui répondis je. Bien sur ce n'était pas le cas, bien que je pourrais sûrement la porter encore longtemps. Avec elle sur mon épaule, je marchai alors jusqu'au banc le plus près, et la déposai – délicatement – dessus. Voilà, mademoiselle était arrivée à bon port.  « Un colis de délivré, un. »

Alors que je jouais du tambour sur ses fesses, mon partenaire m’avoua qu’il les entretenaient juste pour moi. C’était trop gentil. « Je suis chanceuse ! Faudrait que tu me les montre plus souvent par contre, si tu veux que j’en profite ! » dis-je impulsivement, me rendant compte que ma phrase pouvait avoir une connotation assez sexuelle. Heureusement, dans ma position, il ne pouvait voir la gêne dans mon visage. Le jeune homme finit finalement par me déposer délicatement sur un banc. Je lui souris, déposant ma main sur son avant-bras pour ne pas qu’il s’éloigne trop loin de moi. « C’est pas amusant jouer avec toi. T’es plus fort que moi... » répliquais-je, sortant ma langue pour lui offrir une belle grimace. Puis, je déposai un doux baiser sur sa joue, un petit sourire aux lèvres, tout en me reculant pour le regarder. « La prochaine fois, laisse moi gagner !» dis-je, accompagnant ma demande d’une petite moue. Je me sentais de plus en plus à l’aise avec le garçon. Nous avions rapidement développé une complicité et c’est ce que j’aimais de notre relation. J’étais sereine. Il connaissait mon secret, je connaissais le sien, mais cela ne changeait à notre façon d’agir l’un avec l’autre. Je tirai sur son bras pour forcer Cooper à venir s’asseoir à mes côtés, retrouvant mon sourire.

 Je suis chanceuse ! Faudrait que tu me les montre plus souvent par contre, si tu veux que j’en profite ! » Non mais elle était déchaînée la Esther ! Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire à ses propos, qu'elle ne voyait pas de toute manière. Je ne répondis rien, cela valait mieux. Je la posai alors sur un des bancs. Elle décréta alors que ce n'était pas drôle de jouer avec moi, vu que je gagnerais toujours à cause de ma force. Que voulez vous, je n'y pouvais rien face à cette injustice.  « Pauvre petit chou. T'as qu'à te mettre à la muscu » plaisantais je. Voilà qu'après m'avoir tirée la langue, elle déposa un baiser sur ma joue. En quel honneur ? M'enfin pourquoi pas. « La prochaine fois, laisse moi gagner !» dit elle avec sa petite moue qu'elle savait si bien faire.  « Même pas en rêve » Et puis quoi encore, non non non. Clairement, elle ne voulait pas que je parte, puisqu'elle tira sur mon bras, pour rester avec elle. Je n'eus d'autre choix que de m'installer à ses côtés. De toute manière, ce n'est pas comme si c'était une corvée. Au fil des semaines, j'avais appris à apprécier sa compagnie. C'est alors qu'une musique commença à se faire entendre dans le jardin. Billie Jean, de Michael Jackson. Je mis quelques secondes avant de me rappeler que c'était le signal. Dès qu'on entendait cette chanson, on était censé embrasser la personne la plus proche de nous. Saleté de cupidon quand même. Non pas que c'était une corvée, mais ce n'était pas le moment quoi. Je ne voulais pas que ça soit bizarre après ou gênant. Pfff, et puis je n'aimais pas tellement qu'on me dicte mes actes. M'enfin puisqu'il le fallait. Et puis après tout, ça ne serait pas la première fois qu'on s'embrasse. Je rapprochai finalement mon visage de la demoiselle, avant de déposer mes lèvres sur les siennes.

Me mettre à la musculation ? C’était une idée. Mais je ne pense pas que j’aurais la volonté et la motivation de le faire. Je n’étais pas comme lui, qui définitivement devait s’entraîner beaucoup pour avoir le corps qu’il avait. Moi je faisais quinze minutes de course et c’était déjà beaucoup trop. Puis il me dit qu’il n’y avait aucune chance qu’il me laisse gagner la prochaine. Ça c’était nulle. Je gardai ma moue, le temps que le jeune homme s’installe à mes côtés sur le banc. Je mis un certain temps à comprendre pourquoi de la musique résonnait subitement à nos oreilles. Sérieusement, Cupidon ? Nous allions devoir nous embrasser. Pas que cela me dérangeait, pas du tout même. Un baiser c’est anodin, innocent. Un baiser, ça ne veut absolument rien dire. De plus, ce n’était même pas la première fois que nos lèvres se rencontreraient. Je laissai échapper un rire léger, me disant que c’était moins gênant que la première fois. Que nous nous connaissions plus maintenant. Sans un mot, son visage s’approcha du miens et quelques secondes plus tard, nos lèvres se rencontrèrent. J’allai déposer ma main contre sa joue doucement, approfondissant finalement le baiser un peu plus longtemps qu’il ne l’était demander. Autant en profiter, après tout. Mon autre main s’approcha de son torse, venant seulement effleurer celui-ci, alors que je me reculai finalement, mettant fin à notre échange. Je baissai d’abord les yeux, me mordant légèrement la lèvre inférieur puis je replongeai mon regard dans celui de mon partenaire, souriant simplement. « Maudit Cupidon ! » dis-je simplement, me demandant si la situation n’allait pas baigner dans le malaise. Pour une fois, je ne sentis pas mon visage tourner au rouge tomate. Je faisais du progrès tout de même. « Sans joues rouges cette fois-ci. Tu ne me fais plus aucun effet !» dis-je en plaisantant, voulant surtout détendre l'atmosphère et lui faire comprendre qu'il n'y avait rien à gênant dans un simple baiser.