► Le 22 février, 16h33, en compagnie de Zhara.
Que faire? Tout était ennuyant ici. Il n'y avait rien d'intéressant à faire. Il n'y avait rien de la vie habituelle de Síomha. C'était chiant. De se reposer sur ses lauriers. De n'avoir rien à faire.De passer sa journée assis, à attendre que le temps passe. Rien d'excitant, de motivant, de nouveau. Rien pour faire monter l'adrénaline. Elle avait besoin d'adrénaline, d'excitation. Elle avait besoin de ces sensations, elle avait besoin de les ressentir. Soupir. Tout était tellement plat, vide. Rien n'avait d'intérêt. C'était déprimant, tellement déprimant. Elle devait faire un truc. N'importe quoi. Blasée, elle quitta sa chambre, commençant à marcher sans destination précise. Elle vagabondait dans les couloirs, telle une âme en peine avant de rejoindre l'extérieur. Le froid était revigorant, revivifiant. Elle parcourut de nouveaux mètres avant d'apercevoir les falaises au loin. Elle s'y dirigea, sans vraiment y penser. Et s'approcha du bord. Encore. Encore. Et encore. Tellement près qu'elle n'était qu'à quelques dizaines de centimètres du bord, le regard fixé sur l'horizon, l'esprit vide. Elle se contentait d'être debout, immobile, de sentir le vent emmêler sa chevelure, glisser sur son visage. Un vent trop fort devrait suffire à la faire vaciller. C'était dangereux. Très dangereux. Oui, justement.

La journée avait commencé depuis quelques heures déjà et pourtant, depuis de longues minutes, je m’ennuyais. J’avais terminé un livre que j’avais commencé la veille, c’est dire comme il n’y avait en réalité rien à faire dans cette maison. Je décidai donc de me lever et d’aller faire un tour dehors, ayant au préalable enfilé mes chaussures et une veste (ainsi qu’une écharpe) je sortis dans le froid caractéristique de l’Irlande. J’avançai alors dans le jardin, dépassant la grange, puis la chapelle, j’avançai encore jusqu’aux falaises que j’appréciais beaucoup, c’était calme la bas et j’avais l’impression que la nature nous rappelait que nous n’étions que de petites choses, bien petites choses face à elle. En m’approchant, je vis une chevelure blonde valser dans les airs et je me demandai qui c’était, je m’approchai alors, jusqu'à un certain point et me rendis compte que la jeune femme était vraiment trop proche du bord. « Tu devrais reculer un peu. » dis-je d’une voix douce, mon instinct de médecin, surement.

Elle ne savait pas d'où lui venait cette idée de s'approcher toujours un peu plus du bord des falaises. Elle se laissait sans doute dicter par ses ressentis. Et en l'occurrence, elle sentait une toute petite pointe d'excitation à la suite de la courte distance entre la terre ferme et le vide. C'était con? Oui, mais elle vous emmerde et elle fait ce qu'elle veut. Il fallait bien qu'elle s'occupe d'une façon ou d'une autre. Qu'elle mette un peu d'action dans cette vie de château pompeuse et ennuyeuse. C'était aussi divertissant qu'un rat mort. Elle se faisait chier, avait besoin d'un truc. D'où cette envie soudaine de s'approcher des falaises, d'une telle façon qu'elle pourrait presque voir ce qui se trouvait en bas de celles-ci, rien qu'en baissant le regard. Malheureusement, elle n'eut pas le temps d'expérimenter ce divertissement que quelqu'un lui conseilla de reculer. Cette voix ne lui disait pas grand chose, à vrai dire. Sans doute n'avait-elle pas eu de grandes conversations philosophiques avec elle... Oh, attendez, c'est vrai: elle n'avait eu de grandes conversations avec personne. « Sûrement que je devrais. » Elle était la voix de la raison. Mais elle ne l'écouta pas. Non, au lieu de ça, elle avança son pied de quelques petits millimètres. Elle avait une façon bien à elle pour s'amuser. Le trip de certains, c'est le scrabble. Pour elle, c'est ça. C'est tout.

La jeune femme semblait n’avoir absolument rien à faire de mon conseil pourtant franchement avisé « Sûrement que je devrais.» dit-elle, elle aurait presque pu hausser les épaules que ça aurait pareil. En tout, moi, je le fis et après qu’elle eu avancer encore un peu son pied je répliquai « Ok, vas-y, suicide toi seulement… » j’étais exaspéré par ces gens qui jouaient avec la vie alors qu’il y avait tellement de gens sur terre qui mourraient par secondes, pour rien, pour une guerre, pour un règlement de compte, pour voler quelques milliers d’euros plus facilement… La vie est un cadeau et ne pas être en danger en est un aussi, vouloir renoncer a ces deux choses là étaient du pur égoïsme, en fait.

On ne peut même plus s'amuser sans avoir le conseil condescendante d'une nana qui aurait mieux fait de se taire. Qu'on la laisse tranquille, merde. Quoi qu'elle fasse, il y avait quelqu'un sur son dos. Elle est où? En prison? Bah, merde, ça y ressemblait vaguement quand même. C'est bon, elle gérait. Ce n'est pas parce qu'elle allait trop s'approcher du bord qu'elle allait inévitablement tomber. De combien étaient les chances pour qu'elle perde l'équilibre? Pff. Et se suicider? Vraiment? Elle la pensait assez conne pour venir ici pour ça? Soupir. Elle se retourna vers la demoiselle et reconnut ainsi la religieuse. Ah. « Si j'avais voulu me suicider, ça serait fait depuis longtemps. » affirma-t-elle, froide. Oh que oui, elle avait eu bien d'autres occasions pour crever. Et visiblement, elle était toujours là pour en parler, hm? Qu'elle ne vienne pas lui faire la leçon non plus, elle faisait ce qu'elle souhaitait de sa vie, de toute façon. Elle mima alors le fait de vaciller, comme si le vent l'avait poussée en arrière et qu'elle était réellement sur le point de tomber. Pourquoi? Pour se foutre de la gueule de Zhara. Oui, c'était surtout pour ça. « Tss. » laissa-t-elle passer entre ses dents en reprenant une position normale. Et après, on dit qu'elle n'a pas d'humour. Je vous jure. Quoi? Ce n'était pas drôle comme blague, peut-être?