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 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.

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Syssoï
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MessageSujet: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptyLun 5 Mar 2012 - 20:39

SIXTINE

J’ai pour habitude de prendre ma douche totalement à poil. Je trouve ça plutôt logique, en somme, de se doucher à poil, mais visiblement c’est quelque chose d’assez surprenant pour le commun des mortels qui peuplent ce doux nid. Franckie en a même fait un post sur son blog dès la première semaine, et je ne doute pas que la prod doit s’être amusé à en faire un sujet, mais je m’en fous. Je ne vais pas me laver de manière superficielle juste pour entrer dans la norme, puisque, pour moi, la norme c’est de se laver totalement et pas sentir le fennec crevé dès que j’ôte le bas. Chacun fait bien comme il veut, mais moi, les parties génitales façon pruneaux d’Agens tout dégueulasse, c’est pas ma came. Alors forcément, pour mon bien être personnel et celui des autres, j’évite les heures de grande affluence. Et quand je ne peux pas, je me contente d’éviter Zhara. J’ai peur qu’elle s'asperge les yeux à l’eau bénite et commande un exorcisme si elle venait à surprendre un homme totalement nu autre qu’Adam tendant son index au Seigneur. D’ailleurs, en parlant de Sixtine... N’est-ce pas elle qui vient d’entrer dans la salle de bain tandis que j’ai de la mousse plein les cheveux et la bouche qui lâche de petits jets de flotte ? J’ai entendu la porte claquer. Et elle n’a claqué qu’une seule fois. La réaction normale c’est : j’entre, je vois Syssoï à poil, je me casse. Sauf que là, non. Alors il ne peut s’agir que de trois personnes : Moore, Sixtine ou Lhoas. Je tourne la tête, un oeil ouvert, l’autre plissé sous l’effet de la mousse qui dégringole sur mon front, et perçois une chevelure blonde au travers des parois de verre. Sixtine. Je reprends mon activité, attendant qu’elle récupère ce qu’elle est venue chercher, puis qu’elle s’en aille. Mais rien ne vient. J’ai terminé de rincer mes cheveux et mon corps, la logique voudrait que je sorte de la douche. Sauf qu’après un rapide coup d’oeil dans sa direction m’informe qu’elle n’a pas bougé d’un pouce, et qu’en plus elle s’adosse à la porte. Non, mais c’est une manie de vouloir me séquestrer cette semaine ou quoi ? « Quand tu auras fini de mater, tu pourras te rendre utile et me filer une serviette, tu seras mignonne. » Sinon, je vais finir par les avoir les pruneaux d’agen, mais pas pour la même raison.
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Sixtine
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptyLun 5 Mar 2012 - 23:14

Il est où Goliath ? Voilà la question que je pose à peu près à tout le château avant d’obtenir une réponse satisfaisante. Monsieur fait sa toilette. Bien, c’est un moment idéal, l’instant parfait que je peux briser en mille morceaux de mes paroles inquisitrices. Je l’imagine déjà sous le jet d’eau, occupé à se savonner tandis que je le harcèle d’interrogations, parvenant à le faire craquer parce qu’il n’a qu’une envie, c’est de prendre sa douche tranquille –et accessoirement parce qu’il a reçu un dentifrice en pleine tête visant à le soumettre au supplice, la torture ayant fait ses preuves par le passé-. J’en ricane d’avance, ouvrant la porte à la volée sans la moindre délicatesse « Bon, t’as décidé de remballer Gabrielle comme t’as voulu m’impressionner dans le confess’, c’est ça ? » J’y vais cash, sans tourner autour du pot pendant trois heures en lui parlant de la pluie et du beau temps. Ma technique est parfois plus subtile, mais là, il doit sentir venir cette conversation depuis qu’il m’a clairement blessée afin de m’arracher mon secret, en vain. J’écoute à peine sa réclamation, pas question que je perdre cet avantage que j’ai sur lui : mes vêtements. Il est là, à moitié à poil, et moi j’ai toutes mes fringues. Je bénéficie de la position dominante, du tortionnaire qui humilie sa proie. Je m’assois sur le rebord des lavabos, les jambes pendant dans le vide. « Mais faut que tu reconnaisses que ça te réussit pas franchement, parce que tu n’vas pas me faire gober que tout ce cinéma pendant que je mangeais des pop-corn devant la téloche, c’était pour la blonde à petite poitrine. » Moi, en somme. En référence à la semaine de mon absence. Je sais pertinemment qu’il ne s’agit guère de cinéma, mais je le juge assez intelligent pour mesurer la portée de mes mots. Il sait que c’est comme ça que je parle maintenant qu’on se côtoie plus régulièrement, que je tente de faire passer la pilule avec un petit d’eau de temps en temps, mais qu’au final ça brûle la gorge quand même. N’en pêche que je n’y crois pas, à l’existence d’une seule et unique cause de son malheur, de sa sourde colère, de son état second. Dans mon esprit, il y a forcément une combinaison de facteurs qui se sont mal emboités, même si son geste rageur à l’égard de Connor m’a passablement perturbée. « Si tu fermes les portes à tout le monde, ça va te péter en plein visage. » Croyez-en mon expérience ô combien incroyable en la matière. J’ai l’impression que le brun place des barrières en travers du chemin, et qu’on se casse tous la figure dessus en tentant de les enjamber. Moi j’ai préféré les détruire à coups de marteau, mais je ne suis pas –d’après moi- parvenue à obtenir un résultat suffisant. Les fondations sont vieilles mais solides, comme une forteresse imprenable. Il laisse les autres s'acharner, créer des failles de temps en temps, mais ne nous laisse pas le loisir de nous engouffrer à l'intérieur. Pourtant j'aimerais pouvoir prétendre m'y être précipitée sans peur, cependant je n'ai pas été assez rapide moi non plus. Amener la rousse sur le sujet, ça me permet aussi de mieux comprendre pourquoi il a été capable de se montrer froid et cassant de façon si soudaine lors de notre première entrevue. J’ai envie de le comprendre, putain je crève de le comprendre. Mais y’a cette porte blindée qui résiste à tout. Aux boulets de canon, aux flammes, au lance missiles, faudrait peut-être y aller à la bombe atomique. Je fronce les sourcils, les bras croisés, lorsque je remarque soudain qu’il est en fait complètement à poil devant mes yeux depuis cinq petites minutes, et que je ne m’en suis même pas aperçue. J’ouvre la bouche dans un ‘‘O’’ parfait, attrapant le premier truc qui me tombe sous la main –soit un soutien-gorge abandonné dans un coin- afin de le bombarder. « Bon sang mais rhabille toi, c’est indécent ! » Dans une totale mauvaise foi étant donné qu’il m’a réclamée une serviette lors de mon arrivée. Je plaque aussitôt mes mains sur mes yeux, laissant quelques petits trous par-ci par-là afin que mes iris bleutés puissent toutefois détailler la bestiole. Bah quoi, autant en profiter un peu, non ? Je penche la tête sur le côté, pas vraiment discrète. C’est qu’il n’est pas dégueu le Syssoï, il fait même rougir mes petites joues blanches.
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Syssoï
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptyMar 6 Mar 2012 - 2:02

Ok, maintenant je comprends ce qu’elle vient foutre ici. Enfin j’imagine parce qu’il faut quand même un sacré nombre d’années d’études en comportement sixtien pour ne serait-ce que comprendre un mot sur deux de ce qu’il sort de sa charmante bouche. Parfois j’en viens à plaindre ces autres qui n’ont pas reçu le dictionnaire bilingue, et pour qui une conversation avec Sixtine doit s’apparenter au monologue du Vagin pour un puceau de sexe masculin. C’est à dire, pas moi. Elle commence par me parler de Gabrielle, et j’aime pas trop que le prénom de la rousse franchisse les lèvres de la blonde. J’sais pas, ça m’indispose. Comme s’il y avait quelque chose d’illogique, deux mondes parallèles qui n’auraient pas le droit de se rencontrer sous peine que l’un détruise l’autre façon Fringe. Sauf que là, y a pas de Walter, ni de Walter-ego pour arranger tout ce merdier. Y a juste moi, la blonde, et la rousse dans la tête de la blonde. J’attends toujours ma serviette, j’ai même la main tendue derrière moi. Sauf qu’elle n’arrive jamais. Elle croit vraiment que m’obliger à rester à poil, trempé, dans le froid, est une forme de torture suffisante pour que je me mette à table et lui expose tous les problèmes liés à ma petite enfance ? Dans tes rêves, Blondie ! Je m’en fous, je sors, le zob aussi libre qu’un fruit Oasis. Je quitte la douche, pour intégrer la salle de bain à proprement parlé. J’escompte qu’elle se la jouera vierge effarouchée, poussera un hurlement strident en faisant le signe de croix avec ses doigts, avant de quitter la pièce en jurant en gaélique, mais à la place, elle me suit tranquillement, avant de se hisser sur les lavabos pour poursuivre son interrogatoire décousu. Le pire étant, peut être, qu’elle me regarde dans les yeux, comme si le reste de mon corps se trouvait nimbé dans un flou artistique de sa création. Allô Cocotte, t’as un mec à poil, bras croisés sur le torse, juste en face de toi, la logique voudrait que tu jettes un petit coup d’oeil plus bas, vers la zone pelvienne. C’est un reflex humain, vas-y, fais pas ta timide. Bon bah non, j’en serais presque vexé, mais elle poursuit sur sa lancée. D’après ce que je comprends, parce que oui j’écoute ce qu’elle me dit, elle pense que le petit exemple de comédie dont elle a été témoin lors de notre première confrontation, est ce que je sers au quotidien à Gaby. Ce qui, selon elle, ne me réussi pas, puisqu’elle prend pour exemple ma petite thérapie par le vide suite à sa propre éviction de l’émission, durant les quelques jours qu’elle a passé dans une pièce secrète. Hum... Je ne vois pas trop la logique là-dedans, puisque mon état résultait du départ d’une personne n’étant pas Gabrielle. Mais visiblement, pour Sixtine, ce n’est pas concevable. Et j’avoue que moi non plus, je ne pensais pas ça concevable avant de l’expérimenter par moi-même. Je ne me l’explique pas, et j’avoue ne pas chercher à me l’expliquer, ça m’arrange même de ne pas du tout me pencher sur ce sujet, donc si elle pouvait simplement l’éviter... J’imagine qu’elle pense au joli visage de son chéri que j’ai manqué abimer à coup de poings. Je m’attendais à ce qu’elle m’en parle plus tôt. J’aurais probablement répondu à ses questions. Sauf que maintenant c’est trop tard, le dossier est clos. Y a prescription. Elle poursuit sur sa lancée, versant dans la psychologie de bas étage, maintenant. « Si tu fermes les portes à tout le monde, ça va te péter en plein visage. » Tu m’en diras tant. Moins j’ouvre de portes, mieux je me porte, justement. Mais ça, elle ne peut pas le comprendre avec son instinct naturel a aller vers les autres. Elle, elle ne peut faire que du bien aux autres, alors que moi, moi je suis son pendant contraire, comme deux côtés bien distinct d’une même balance. En tirant vers le bas, je lui permets de s’élever elle. J’ai souvent employé le terme ‘jumelle maléfique’ pour la décrire, mais c’est moi, en vérité, son jumeau maléfique, et elle le sait, elle le voit. Malgré tout, elle espère m’aider, comme son instinct le lui dicte. Sauf que mon cas est tellement désespéré que j’ai presque envie de lui rire au visage. Un rire froid, vide, triste, mais un rire quand même. Je n’ai aucun contrôle sur ce que je suis, et pas beaucoup plus sur ce que j’espère devenir. J’aimerais pouvoir lui donner ce qu’elle attend de moi, mais ce ‘moi’ qu’elle dépeint n’est pas moi. Et quelque part, j’ai pas envie de la détromper, parce que ce ‘moi’ semble tellement plus beau que l’original. Ses yeux cessent enfin de sonder les miens pour se reporter avec surprise sur mon corps nu. Ha bah quand même ! Elle me balance un soutien-gorge à la tête en m’accusant d’indécence. Je récupère le morceau de dentelle et le place devant moi. « Je suis censé faire quoi de ça ? » La nudité ne m’incommode pas, elle ne fait qu’incommoder la personne qui observe de part les pensées qui l’assaillent. Moi je vis dans ce corps, je n’y vois rien d’indécent, il n’est que le reflet de longues années de travail, et le prolongement de mon art. Un corps, c’est beau. L’indécence n’existe pas. Toutefois, je laisse tout de même tomber le sous-vêtement pour récupérer une serviette que je noue autour de ma taille, puis une autre avec laquelle je m’emploie à frictionner mes cheveux. « Tu veux bien... » Je lui fais signe de se décaler afin de pouvoir accéder aux lavabos qu’elle condamne avec son postérieur, tout en avançant vers le but de ma quête depuis le début. « Ce qui se passe entre Gabrielle et moi, ou plutôt ce qui ne se passe pas entre Gabrielle et moi, ne concerne que Gabrielle et moi. » dis-je, face au miroir, en remplissant ma paume de mousse à raser -je commence à avoir la tronche d’un repris de justice, il est plus que temps de faire quelque chose-. « Et elle n’a rien à voir avec ma petite baisse de moral de la semaine dernière... Donc next ! » Question suivante, quoi. Parce que je sais qu’elle ne compte pas baisser les bras aussi vite, non, sinon ce ne serait pas à la hauteur de la scène de torture qu’elle a, probablement, déjà fomenter dans sa tête fantasque. Alors next... J’attends, en m’appliquant la mousse sur le visage, et en espérant réellement qu’un connard pousse la porte pour interrompre ma séquestration et accélérer ma libération.
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Sixtine
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptyMar 6 Mar 2012 - 23:47

Je ne réponds pas à son interrogation, les mains toujours vissées devant mes yeux fuyants sur sa silhouette dénudée. En fait, je me rends à peine compte s'adresse à moi. Je retrouve la vue lorsque je distingue un morceau de serviette entre mes doigts écartés, poussant un soupir de faux soulagement. « Tu devrais pas te coiffer. » Réflexion stupide et spontanée. Je le préfère comme ça, après un essorage en bonne et due forme. Je fais un petit bond de côté, histoire de le laisser s’installer face au miroir, contemplant son reflet un instant tandis qu’il m’écarte clairement de sa relation avec Gabrielle. Il a raison, je le sais, cela ne me concerne en rien. Pourtant, dès lors que je fais un parallèle entre ses agissements envers elle et moi, j’estime être dans mon bon droit de me renseigner sur le sujet. Mes iris azurés détaillent les traits réguliers de son visage, comme s’ils pouvaient déceler en eux une clé me permettant d’ouvrir le cadenas de son esprit. Manque de bol, le français reste aussi impassible qu’un mec qui révise ses mathématiques. Peut-être un petit haussement de sourcil par là qu’il a laissé échapper, cependant rien de concluant. Je me rapproche doucement de son corps, me collant presque à son bras tendu sur le lavabo. Je lève ma main vers son visage, étalant la mousse à raser dans son cou, sur son oreille, le début de son épaule, un sourire particulièrement vicieux plaqué sur mes lèvres. Je laisse glisser mes doigts, les suivant longuement du regard, puis les retire avec trop de hâte. Je les repose sagement sur mes genoux, essuyant le reste de produit sur un t-shirt qui traîne à côté de ma cuisse. S’il a décidé de se raser tranquillement pendant que nous conversons, il va devoir s’y reprendre à deux fois. Je n’ai pas grand espoir de l’agacer suffisamment pour qu’il me balance toute son histoire d’un coup, mais peut-être assez pour ébranler sa sérénité imperturbable. Je décide de chasser la demoiselle de la conversation, de toute évidence cela ne me mènera nulle part. Autant y aller de manière plus directe. Je me range également du côté de l’abandon de sa baisse de moral, pour l’instant en tout cas. Parce qu’elle est encore trop floue dans mon esprit pour constituer une base sur laquelle m’appuyer. Par contre ça, ce qu’il est en train de faire, c’est une nouvelle attaque toute trouvée. Répondre à mes interrogations en les balayant d’un simple et large geste de la main. Next mon cul, tout ce qu’il désire est me faire taire, et autant qu’il se fasse à l’idée rapidement, cela n’arrivera pas. Toutefois je me dis qu’en changeant d’approche, j’aurais peut-être mes chances. « Tu t’es jamais demandé si ne pas te dévoiler aux gens pouvait avoir le même effet que le contraire ? Parce que là, tu me fais tellement tourner en bourrique que je serais capable de m’étrangler avec la ceinture d’Elvis ! » Je marque une pause, juste le temps d’avaler ma salive. « T’as l’air de croire que tu es une espèce de monstre voué à la destruction d’autrui, comme si c’était une putain de fatalité. » J’y mets un peu trop de véhémence, sans vraiment savoir pourquoi, tous les muscles de mon corps bandés à l’extrême. Certains sujets sont abordés par mes congénères de façon si différente de ma conception que ça provoque une frustration excessive, déchaîne une fougue incontrôlable. Jackson et le bonheur, Connor et les remords, Syssoï et les autres. Il ne peut pas vivre comme ça, tout ce qu’il fait c’est survivre. Quel est l’intérêt de s’écarter systématiquement de l’autre, de s’entourer d’une bulle increvable. Ce genre de choses est fait pour être percé, détruit, réduit à néant. J’ignore quel comportement de sa part a généré cette représentation qu’il a de lui-même, comme une obsession dont il ne parvient pas à se défaire. Mais je suis persuadée que je ne suis pas la première à tenter de filer des coups de bélier à la porte de son château fort. Ca me rend folle, j’ai envie de m’arracher les cheveux, d’immobiliser son visage contre le rebord des lavabos pour le faire avouer, de lui brûler les orteils au besoin. Non mais franchement, ce n’est pas juste insupportable d’être confronté à un type qui se prend pour Atlas, contraint de porter le monde sur son dos ? Je sais très bien me débrouiller par mes propres moyens, merci de penser à moi. Je laisse échapper un rire bref, agrippant le bord du meuble de mes dix doigts, faisant blanchir mes phalanges. « Finalement c’est plutôt lâche comme comportement. Tu préfères te cacher en prétendant protéger l’autre, alors que c’est simplement plus facile pour toi. Parce que tu peux être sûr que je suis assez grande pour accuser le coup, et si j'ai envie de prendre le risque, ce n'est pas à toi de décider. » Je détourne les yeux, observant mes pieds qui se balance dans le vide. Il pourrait être surpris des ressources du genre humain, ce qu’est capable d’encaisser le plus déterminé des bipèdes de notre espèce. Il ne laisse aucune chance, aucune. Pourquoi ? Que lui est-il arrivé de si terrible pour qu’il puisse s’estimer aussi néfaste qu’un poison. Il n’est pas du genre à battre sa femme quand même, si ? Non. Il ferme les yeux sur tous les effets positifs qu’il peut avoir sur les autres, notamment au sein de ce château. Moore serait la première à en témoigner, et moi aussi. Pourquoi croire que ça s’arrêtera, du jour au lendemain ? Je relève mes yeux, les dardant droit sur lui avec une résolution effrayante, une audace qui lui apparaîtra sans doute dangereuse. Je lui attrape soudain le poignet, reculant un peu mon corps afin de capter son regard. « J’vois pas de monstre moi. Et j’crois pas que ta fatalité soit de l’être. » Parce que je ne prétendrai pas de pas y croire, en vérité j’imagine comme une sorte de destinée pour nous tous, tracée par chacun de nos choix importants, que nous faisons forcément dans un but ultime d’équilibre. Continuer de m’ignorer, ou me répondre. Voilà un choix que j’espère écrit en ma faveur. Mais avec tout ce que je viens de lui balancer, je sens qu’il ne va pas tarder à imploser, me claquer la porte au nez, m’insulter, me coller une gifle, ou un truc pas vraiment positif pour moi.
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptyMer 7 Mar 2012 - 3:30

J’ai jamais partagé la salle de bain avec une femme. Jamais. Déjà parce que personne ne vient chez moi, et qu’en général j’ai quitté l’appartement féminin suffisamment tôt pour ne pas avoir à utiliser une salle de bain autre que la mienne. Même à l’Opéra, on bénéficie de loges avec douche privative. Bien sûr, ici c’est différent, je me dois de partager chaque pièce avec un troupeau de bovidés à l’éducation et au savoir-vivre suspect. En général, on se retrouve toujours à trois ou quatre en ces lieux, lorsque je ne suis là que pour un court séjour sans éventualité de douche à poil, mais c’est la première fois que je me retrouve à m’affairer à ma toilette avec une seule personne s’employant à m’observer faire. Ça a quelque chose de plaisant et de dérangeant. Dérangeant justement parce que c’est plaisant. Sixtine, puisqu’il s’agit d’elle, est assise sur le rebord du lavabo, me gratifie d’une remarque sur mes cheveux. Ça non plus, je n’ai pas l’habitude. Alors je jette un coup d’oeil à mon reflet, comme pour vérifier ses dires, et ne trouve qu’une pâle copie de moi option kamikaze taliban. Les cheveux qui frisent et qui tombent dans les yeux, me donnent un côté berbère qui ne plairait absolument pas à ma charmante mère. Sans oublié la barbe de trois jours qui m’éloigne radicalement du personnage que je suis, le mec carré, lisse, discipliné, froid et hautain. Je repousse mes cheveux en arrière, et m’empare de la mousse à raser. Je m’applique à l’étaler consciencieusement sur mes joues, pendant qu’en deux phrases, pas une de plus, j’éteins ses questions et supputations. ‘Pas envie d’en parler’ c’est un argument qui a fait ses preuves par le passé, et qui marche une fois de plus dans ce contexte. Pourtant, je sais qu’elle n’en a pas terminé avec moi, je sais qu’elle va gratter, une à une, chaque couche d'épiderme jusqu’à atteindre mon coeur à vif. C’est son but, elle l’a clairement exprimé. Mais si on est dans un jeu dont le but est de planqué aux autres un secret, moi j’en ai quelques kilomètres en stock dans les placards. Je n’ai pas un seul secret, j’en ai beaucoup, beaucoup trop visiblement. Un que je ne dois pas révéler pour les besoins de l’émission à laquelle on participe, et plusieurs autres que je garde pour moi simplement parce qu’ils m’appartiennent, ils sont ma propriété exclusive parce que je me dois de les porter seul, sans l’aide de personne. Je ne dois surtout pas être aidé, jamais. C’est mon fardeau. Malgré tout, Sixtine s’obstine, utilisant son arme habituelle, la bien nommée ‘j’vais te faire chier jusqu’à ce que tu craques.’. D’ailleurs, en cet instant, elle s’emploie à étaler la mousse de mes joues jusqu’à mon oreille, mon cou, mon épaule... Je l’observe faire dans le miroir, m’attendant à ce qu’elle m’en colle sur le nez et le front d’une minute à l’autre, et pourquoi pas dans les cheveux histoire de me punir d’avoir osé négliger ses conseils capillaires ? A la place, elle se contente de poursuivre une progression lente sur mon épaule, suivant des yeux ses doigts qui s’attardent. Pourquoi ils s’attardent au fait ? Elle semble plongée dans ses pensées, peu ou pas vraiment consciente de ce qu’elle fait. J’ai envie de me soustraire à cette caresse, mais tout ce que je parviens à faire c’est jeter un coup d’oeil inquiet au reflet de la porte close dans mon dos. Finalement, elle s’arrête d’elle même, dans un geste brusque qui me surprend moi aussi. Tout me quitte, sa main et son regard, mais elle ne se décale par pour autant, ce qui m’oblige à quelques contorsions pour parvenir à essuyer du bout de la serviette, la mousse qu’elle a répandu partout. Elle reste silencieuse un moment, et puisque je sais que ce répit sera de très courte durée, j’en profite pour entamer l’exercice périlleux du rasage. Périlleux lorsqu’on se trouve à proximité d’une hyperactive déterminée à vous torturer. Qui me dit qu’elle ne va pas me forcer à parler en utilisant mes propres lames contre moi, balafrant ma gueule d’ange maudit ? Mais elle n’en fait rien. J’ai le temps de raser de près toute une joue sans intervention de sa part. Je ne sais pas à quoi elle est entrain de réfléchir, mais lorsqu’elle reprend la parole, il n’est plus question de Gabrielle ou de coup de spleen, c’est plus dans la lignée de sa précédente intervention digne d’un psy sous acide. Selon elle, ma technique est moisie puisqu’en me fermant aux autres je ne fais que les pousser à s’approcher toujours plus de moi, en les intriguant. C’est pas faux, mais c’est un risque à prendre. Tout le monde ne possède pas ce réflexe de curiosité et ne cherche absolument pas à dépasser la première impression de malaise que j’inspire. Exemple ici même, Cooper, Milan, Sonny... Autant de personnes qui se basent sur une observation rapide et erronée avant de conclure que je ne suis qu’un connard sans intérêt. Et ça me va très bien. La curiosité dangereuse, je ne l’ai observée que chez Moore, Sixtine et Gabrielle. Artie c’est différent, il veut mon secret, et je le lui rends bien. Elle prétend que je ne suis pas un monstre, et elle a raison, ce n’est pas moi le monstre, mais il s’agit bel et bien d’une sorte de fatalité. Je détruis tout ce que je touche. C’est ainsi. Voilà pourquoi je m’efforce, autant que possible, de ne toucher à rien. Elle s’emporte, elle s’égare. J’ai envie de la calmer, d’apposer mes mains contre sa peau pour l’inciter au calme. Mais je n’en fais rien. A la place je me contente de lui jeter un coup d’oeil en biais... Finalement, j’ai l’impression de me contenter de beaucoup de chose depuis le début de cette conversation, ou plutôt de ce monologue, me refusant d’agir comme j’ai l’envie de le faire. Non, à la place je reste silencieux, mais attentif, tandis qu’elle reprend avec autant de véhémence. Elle m’accuse d’être lâche, de choisir la solution de facilité en prétendant vouloir protéger les autres. Elle se trompe, ça n’a rien de simple, ça n’a rien de facile, ça n’a rien de plaisant. Mais je ne peux rien lui dire de tout ça, elle se prétend déjà suffisamment forte pour tout encaisser, alors lui avouer que je ne me plais pas dans mon isolement, serait comme lui ouvrir une porte qu’elle s’empresserait de franchir avant que je n’ai eu le temps de la refermer. Je détourne le regard de sa silhouette, et entreprend de raser l’autre joue. Elle veut prendre le risque, elle prétend que c’est à elle de décider. Mais décider de quoi ? Prendre quels risques ? Ce n’est pas comme si je la fuyais, ce n’est pas comme si je la repoussais. Au contraire, j’ai le sentiment de la laisser pénétrer toujours plus profondément en moi, trop profondément. Et ça n’a rien de logique, il ne s’agit pas du schéma habituel et bien rodé. Me parle-t-elle au nom de Gabrielle, alors ? Est-ce qu’il s’agit là d’une sorte de solidarité féminine qui la pousse à prendre la défense de la rousse en m’ouvrant les yeux sur la nécessité de cesser cette fuite ? Non. Elle parle à la première personne, elle parle en son nom, et seulement en son nom, et moi je me perds. J’ai pensé à me munir du traducteur, mais j’ai pas pris le GPS, du coup je serpente dans le labyrinthe de ses pensées, sans jamais parvenir à trouver la sortie, ou au moins une putain de ligne droite. Ce n’est pas à moi de décider, elle peut accuser le coup, elle veut prendre le risque. Un sourire triste m’échappe. La dernière personne qui m’a tenu ce genre de discours est... Je suis interrompu dans ma réflexion nostalgique et douloureuse par la blonde, qui a reprit la parole en se tournant vers moi, m’imposant son regard glacé, le même que le mien, celui qui se réchauffe quand elle s’anime de la sorte. Elle m’attrape le poignet, immobilisant la lame, du même coup, avant d’exploser une dernière fois, se répétant à nouveau. Je ne suis pas un monstre, il ne s’agit pas d’une fatalité. Je sais que ses yeux sont intimidants, flippants, je sais qu’ils inspirent le malaise chez la plupart. Sauf que je ne suis pas la plupart, et j’ai l’avantage de connaître par coeur le pouvoir caduque d’un regard comme celui-là, ou comme celui que je contemple chaque fois qu’un miroir capte mon reflet. Je devrais la craindre, elle est trop proche et s’obstine à l’être davantage, pourtant je n’y parviens pas. Je perçois le feu sous l’épaisse couche de glace, ce feu qui risque de la brûler, de la consumer entièrement avant même de m’atteindre. « Je ne suis pas un monstre. » Je me contente de lui répondre en soustrayant mon poignet à son emprise. « Si j’en étais un, tu ne penses pas que j’en aurais rien à foutre du mal que je peux faire ? Tu penses vraiment que je m'astreindrais à l’isolement le plus total juste pour préserver les autres si j’estimais être un pourri jusqu’à l’os ? Je ne suis pas un monstre. » Je secoue la lame dans l’eau stagnante, avant de la taper contre le rebord en porcelaine du lavabo, et d’attaquer la peau tendre sous mon menton. J’ai la tête penchée en arrière, tandis que je reprends la parole. « Le fait est que, malgré moi, pour x ou y raisons, je détruis ce qui me touche... C’est la fatalité, on y échappe pas. » Un passage, deux passages, trois passages. Je repose la lame, et m’empare d’une serviette pour m’essuyer le visage. « Je sais que tu t’estimes forte, je sais que tu penses pouvoir encaisser les coups et devoir décider par toi-même, je sais que tu penses réellement ce que tu avances, mais je sais aussi que tu te plantes sur toute la ligne. » Je repose finalement la serviette et me tourne vers elle, les deux mains appuyées sur le rebord du lavabo comme pour garder un contact avec la réalité tangible et palpable. « Je le sais parce que la dernière personne à m’avoir soutenu le même discours n’est plus là pour en témoigner. » Mon regard sonde le sien, j’essaye d’y percevoir cette lumière de compréhension qui tarde à s’allumer. Brille, putain, brille ! « Alors la réponse est non. Non ce n’est pas à toi de décider, non tu ne prendras pas ce risque, JE NE prendrais pas ce risque... » J’insiste délibérément sur la première personne et la négation, comme un clou qu’on enfonce à grands coups de marteau pour affirmer la solidité de cette base qui devra supporter tout le reste. « Parce que s’il t’arrivait la même chose, je pense que j’en crèverais. » Cette fois je recule pour de bon, récupérant la serviette pour essuyer les dernières traces de mousse récalcitrante, tout en prenant la direction des casiers qui nous servent à entreposer nos effets personnels. « Ca te va comme réponse ? » Je demande, de mauvais poil, pour contrebalancer l’aveu que je viens de faire, comme pour l’amoindrir, lui faire perdre de son potentiel tragique. Voilà pourquoi je ne devais pas m’attacher, pourquoi je ne dois absolument pas m’attacher. J’ai autant à y perdre qu’elle, ou que tout ces autres qui ont creusé trop profondément dans la muraille. Cela dit, Sixtine est la seule à avoir tenté de l’exploser au burin. Zéro finesse, zéro subtilité, mais d’une efficacité redoutable.

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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptyMer 7 Mar 2012 - 23:41

Le jeune homme entreprend de se raser malgré mon intervention avortée, une décision dangereuse étant donné que je suis capable de le pousser pour qu’il se coupe, ce que je m’abstiens de faire. Je ne désire pas être à l’origine d’un homicide involontaire, et choquer le jeune public par les images sanglantes d’un Syssoï qui vient de s'entailler la jugulaire. Si si, avec la déviation entraînée par le coup, c’est possible. Tout est possible. Je le ferais bien juste pour l’empêcher de faire disparaître ces pauvres poils qui n’ont jamais fait de mal à personne, parce que là aussi, je le trouve beaucoup plus séduisant. Finalement, mieux vaut que je ne m’interpose pas. A la place je lui sers une psychologie de bas étage, liée à mes convictions les plus profondes ancrées dans ma personnalité. Le regard que je lui jette ne semble pas l’impressionner outre mesure, et pourtant, il n’imagine pas ce que je suis capable de faire sous le coup d’une impulsion négative. Il m’affirme très calmement ne pas être un monstre, puisque sinon il ne s’encombrerait pas d’égards envers autrui. Pas faux, mais en fait . . . Je place un doigt sur ma lèvre, penchant ma tête sur le côté. « J’pensais plutôt à un monstre genre la Bête. Dans la Belle et la Bête. » Proposer un personnage de Disney, pas top pour la crédibilité. Néanmoins on ne va pas s’encombrer de tant de chichis, reste que dans le dessin animé il refuse de se laisser approcher par la belle demoiselle et il se montre même odieux à son égard, parce qu’elle a osé tendre sa main vers la rose. Qui pourrait un jour aimer une bête ? Voilà ce que dit le prologue. La rose c’est le passé du français, ses douloureuses expériences, toute cette merde qu’il enfouit hors de portée de quiconque. Dès qu’on tente de s’en approcher, Syssoï ne manque pas de riposter, parfois avec la même violence que ce personnage. Il a suffi à la jeune femme de lui déclarer son amour pour le transformer en prince charmant. Bon elle est où Gaby' là, jamais présente quand il faut ! Je place mes mains devant ma bouche, comme pour me protéger d’un froid inexistant, et commence à murmurer des trucs parfaitement niais, les yeux brillants. Il doit sérieusement se demander ce que je fous, quoiqu’en fait il ne s’en rend sûrement pas compte étant donné qu’il a le menton en l’air, les yeux fixés sur le plafond. J’en profite pour balancer quelques belles tournures de phrase dans le creux de mes mains, du genre « J’aimerais être la flamme intense qui fait brûler ton cœur, voir dans tes yeux, qui danse, la marque du bonheur. » Tout à coup je me trouve passablement ridicule, et je baisse mes doigts en raclant ma gorge, me grattant la nuque. Pour quiconque me connaissant un minimum, ça veut clairement dire que je me trouve embarrassée. En plus ces belles paroles, ça ne vient pas de moi, vous m’avez bien regardée ? J’ai une tête à tenir ce genre de discours peut-être ? Bon. Ca devrait toutefois suffire, même je ne dispose pas du guide pratique. Et il est où le poignard en pleine poitrine là ? Honnêtement, l’organisation craint par ici. Parce qu’à la fin, la bébête elle se prend un couteau, et sans l’arme, pas sûr que ça fonctionne. Je suis totalement absorbée par ma reconstitution des faits, si bien que les paroles suivantes me surprennent. C’est vraiment n’importe quoi. Y’a pas quelqu’un dans une série qui a déjà dit ce genre de bêtises ? Ah non, je crois que c’est un truc que j’ai lu sur le forum auféminin.com. Je n’ai pas le temps de répliquer, puisqu’il s’emploie à me faire face après m’avoir enfoncée plus bas que terre. J’ai tort. Ah ouais, et pourquoi Monsieur ? Je croise les bras sur mon torse, les sourcils froncés. J’ai du mal à saisir l’importance de ses paroles suivantes, mon cerveau s’activant subitement de façon accélérée. Mes bras retombent le long de mon corps tandis que j’ouvre la bouche avant de la refermer, estomaquée par cette révélation que je n’attendais guère. Putain, la déclaration d'amour a vraiment marché. J’en jubilerais presque de joie s’il ne venait pas de m’avouer qu’il a tué quelqu’un. Enfin, c’est ce qu’il semble croire. J’ai envie de reculer d’un pas alors que je l’imagine pousser sa dulcinée à travers une vitre, son corps s’écrasant sur le béton dans un fracas d’os brisés. Cependant je reste campée sur mes jambes, repoussant aussitôt cette idée affreuse. En plus, il ne serait pas dans cette émission s’il avait commis un meurtre, pas vrai ? Le plus probable est sans doute un suicide, dont il se croit responsable. Pourquoi ? Mystère et boule de gomme. On n’est jamais responsable d’une telle chose, à moins qu’il lui ait suggéré l’idée en lui fournissant la corde, ce qui constituerait une provocation au sens de la législation. Mais là encore, il ne serait certainement pas dans le jeu. Quoique personne n’aurait pu le savoir . . . Mon hypothèse est que Syssoï imagine que son comportement a conduit au suicide de l’un de ses proches. Une sœur ? Une ancienne petite amie ? Je penche pour cette dernière, étant donné sa réaction envers Gabrielle. S’accuser de ça, c’est renoncer à vivre normalement, c’est porter le poids étouffant d’une culpabilité dont il mérite d’être soulagé. Je me demande s’il a consulté un psy, s’il a déjà pensé autrement, dans un élan de lucidité raisonnable. Je reste immobile, le laissant s’écarter sans broncher d’un cil, encore sous le choc de cette révélation qui me fait l’effet d’une bombe. Je la digère aussi rapidement que possible, mais ce n’est pas le genre de trucs que l’on balaie d’un coup de main avant de l’enterrer. Il préfère choisir pour deux que d’avoir à en crever, si cela vient à toucher une autre personne dont il s’estime proche. Par conséquent, il met tout en œuvre pour ne pas avoir de personne proche. Je descends de mon perchoir, réduisant la distance qui nous sépare à néant, comme au début de cette conversation. J’attrape la serviette qu’il a toujours entre ses doigts, effaçant délicatement une trace de mousse qu’il a oubliée au coin de sa mâchoire. Non, ça ne me va pas comme réponse. Je reprends la parole d’une voix qui a retrouvé son calme. « A chaque malheur qui s’abat sur nous, il y a un bonheur offert, plus grand encore. Si tu n’essaies même pas, tu ne peux pas prétendre que c’est une fatalité. » Attention, maintenant je me mets à inventer des proverbes bouddhistes. Mais j’y crois, à ce que je viens de dire. L’équilibre dans l’existence de chacun. Un cadeau pour une merde, de la joie au moment où on s’y attend le moins pour contrebalancer une tragédie, ou toute une vie de catastrophes. Après tout il est encore jeune, il ne peut pas postuler que c’est sa destinée sans même tenter d’y remédier. Je tords la serviette entre mes mains, baissant les yeux. « Je ne suis pas cette personne que tu évoques. Je n’ai pas la même vie, les mêmes réactions, la même force. » Je ne dis pas que je suis meilleure, simplement différente. Comment peut-il prétendre qu’il m’arrivera un malheur identique, c’est absurde. « Il n’y a rien de comparable et puis, c’est déjà trop tard non ? » Je semble bien présomptueuse sur ce coup là, mais il me paraît exact que Syssoï m’a déjà laissée pénétrer trop loin sur son territoire d’après ses critères. Je suis là, tout près de sa bulle qui s'est enfoncée sous mes assauts, prête à rompre. Je n'ose pas l'interroger sur ce qu'il vient de me confier, je préfère me contenter de la situation actuelle quitte à en découvrir davantage un peu plus tard.
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Syssoï
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptyJeu 8 Mar 2012 - 4:11

J’aurais pas du dire ça. Jamais de la vie. Pourquoi j’ai dis ça ? Je me dois de garder mon fardeau pour moi seul, et ça commence par ne pas le partager d’une quelconque manière que ce soit, même pas oralement. Je me sens con, faible, désorienté. C’est comme si la confession m’avait échappé. Je suis resté très vague, mais je ne la juge pas suffisamment conne ou désintéressée pour ne pas avoir compris ce que j’ai tue. Je suis dos à elle, mais je n’ai aucun mal à imaginer cette expression qu’elle affiche systématiquement, dès qu’elle réfléchie. Elle a le nez qui se fronce, les lignes fines et blondes de ses sourcils qui se rapprochent, sa bouche qui se tord lorsqu’elle cherche à se mordre l’intérieur de la joue et ses cils qui viennent cogner juste sous ses sourcils lorsqu’elle lève ses deux billes bleues vers le plafond. Je sais tout ça, et ça me fait chier de savoir tout ça. Ça me fait chier d’être capable de me la représenter les yeux fermés, d’être apte à anticiper ses réactions, ses blagues pourries, et les expressions personnalisées par ses soins, ça me fait chier de comprendre quand elle parle, ça me fait chier d’être capable de tout ça lorsque le reste de la population la juge imprévisible, incompréhensible, intraduisible. Ça ne peut signifier qu’une chose : je la connais trop bien. Et si je la connais si bien c’est probablement parce que j’ai été négligeant et que je l’ai laissé s’approcher de trop près... Le silence s’est abattue sur la salle de bain, et si d’ordinaire, entre nous il s’avère agréable et complice, celui-ci est lourd et pesant, comme une nuée opaque qui se répandrait entre nous, s’amusant à nous agacer en nous frôlant, ricanant à mon oreille. Je m’éternise devant ce casier. Je suis censé me coller du déo sous les bras, mais alors que l’aérosol se trouve sous mon nez, je continue de le chercher. Mon cerveau a grillé, je ne suis plus capable de rien que d’attendre, muscles tendus et paralysés, qu’elle se décide à bouger, à parler, à prendre le fuite en claquant la porte, n’importe quoi du moment qu’elle ne me laisse pas dans cette expectative déroutante. J’ai jamais parlé de ça à personne, je ne l’ai même jamais évoqué devant personne, je ne sais pas à quoi m’attendre. Je ne connais que ma propre réaction, celle de ma mère, et celle des parents de la victime. Et aux yeux de tous, je suis un monstre de cruauté. Il y a cinq minutes, Sixtine soutenait mordicus que je n’en étais pas un, peut être aura-t-elle changé d’avis, peut être se rangera-t-elle à l’opinion générale. À ma propre opinion. Elle a sûrement raison, quelque part, je suis lâche, je fuis le contact avec les autres pour ne pas avoir à me justifier. Pourquoi j’ai tué cette fille ? J’ai pas d’explication à ça. D’aucun diront que je suis un salaud de la pire espèce, abusant des sentiments des autres, et d’autres prétendront que c’était inévitable, qu’elle était instable et absolument pas faite pour moi, qu’elle était folle depuis le début. Sauf que moi, je connais la vérité. Elle n’avait rien d’une démente, elle était on ne peut plus stable, et n’aspirait qu’à ça : une stabilité toujours accrue. A l’image de Sixtine elle s’est imaginée forte, plus forte que les autres, et moi je me suis montré faible, plus faible que jamais. Je n’aurais jamais du lui offrir l’espoir lorsque je savais qu’il n’y en avait aucun. Mais c’était la solution de facilité, parce que finalement, je l’aimais bien, elle était douce et totalement dévouée. Elle était à moi, corps et âme, une dévotion que je n’ai jamais exigée, mais qu’elle a poussé jusqu’à son paroxysme en se donnant la mort chez moi, afin qu’être sûre que je la trouverais le premier, et que cette vision cauchemardesque de son corps rigide hante mes cauchemars des années après. Encore maintenant, c’est elle que je vois derrière mes paupières closes, c’est cette odeur âcre qui s'immisce jusqu’à moi dès que le sommeil arrive. Alors je dors peu, voir pas du tout. Elle voulait vivre avec moi pour toujours, et quelque part, elle a réussi son coup, elle ne me quitte plus, je lui appartiens. Dans la mort elle sera parvenue à obtenir ce qu’elle désirait de son vivant : squatter mon âme. Et je ne mérite rien d’autre. Je suis tellement tout à mes pensées macabres, que finalement je n’ai pas entendu Sixtine s’approcher, ni même perçu le léger déplacement d’air qu’elle a provoquer. Je ne perçois sa présence que lorsqu’elle se glisse entre le casier et moi, m’arrachant la serviette que je tords, sans en avoir conscience, entre mes doigts. Elle est bien trop proche, dans tous les sens du terme. Je devrais reculer, mettre de la distance, comme je sais si bien le faire, mais à la place je m’emploie à rester immobile, statufié, comme si je me mettais au défi de le faire, alors que je n’ai simplement pas envie de bouger. Le conditionnement est persistant, toute une vie passée à fuir l’autre, et je me surprends à reculer légèrement sans en avoir envie. Mon corps suit le schéma habituel, et un de mes pieds va se poser derrière l’autre, comme une bête prête à déguerpir au moindre signe de danger. Le danger prend la forme de ce bout de serviette avec lequel elle me caresse la mâchoire dans un geste trop tendre, trop intime qui me gêne, me dérange, qui réveille un truc en moi, une trouille sous-jacente, une panique irrationnelle. Je devrais reculer pour de bon, me soustraire à son geste imprudent, mais à la place je reste de marbre, la dominant de toute ma taille avec pour seule réaction de la contempler avec surprise. N’a-t-elle donc rien entendu de ce que je lui ai confié ? S’imagine-t-elle que le «elle n’est plus là pour en témoigner» signifie qu’elle est partie élever des lamas au Zimbabwe loin de la wifi et de la 3G ? Elle est morte, complètement morte, elle n’est plus, elle n’existe plus, et c’est moi qui suis responsable de cet état de fait. Pourtant, lorsqu’elle ouvre la bouche, ses mots ne laissent aucun doute quant à sa compréhension de la situation. Elle sait que j’ai tué cette fille, et pourtant elle s’obstine à vouloir me faire croire que ma part de bonheur m’attend quelque part... Hum... En enfer, peut être, ou dans une autre vie. Mais pour celle-ci, c’est foutu. Inconsciente de mon malaise, ou peut être trop consciente, justement, elle poursuit, me certifiant qu’elle n’est pas Julia, qu’elle n’a rien de comparable avec elle. Sans la connaître elle décide qu’elles n’ont pas eu la même vie, ni les mêmes réactions, ni la même force, alors que pour l’instant, j’ai juste l’impression que l’histoire se répète, encore et encore, et qu’il faut que je parvienne à tirer expériences de mes erreurs passées, afin de ne plus les reproduire. Jamais. Sinon, c’est la fatalité qui l’emporte. Et puis, elle ajoute cette petite phrase de cinq mots qui ravive cette pointe de panique qui s’enfonce dans mon palpitant comme un poignard trop bien aiguisé et trop précis «C’est déjà trop tard, non ?». Je connais la réponse à cette question, elle est aussi simple qu’un «non», et fera preuve d’autant de précision que la pointe de panique dans mes entrailles. «Tant que tu respires encore, il n’est pas trop tard.» Voilà ma réponse, claire, nette, précise et véritable. Voilà la réponse qui devrait sortir avec détermination de ma bouche. Elle est là, sur le seuil, prête à jaillir dans le silence que je viens d’instaurer uniquement rompu par sa respiration que je sens proche, sa simple et seule respiration puisque, moi, je retiens mon souffle sans en avoir conscience. «Non.» C’est simple, non ? Et pourtant, c’est un « Je ne sais pas... » qui se faufile d’entre mes lèvres à peine entrouverte. Je ne sais pas d’où il sort, ce ‘je ne sais pas’, il n’a rien à foutre là, et pourtant j’ai le sentiment tenace que c’est la réponse la plus honnête que je pouvais lui fournir, la seule à respecter cette franchise instaurée entre nous. Je pourrais jouer les mecs froids et odieux, comme il m’est déjà arrivé de le faire avec elle, et comme il m’arrive encore de le faire avec Gabrielle, mais je lui ai promis de ne plus jamais l’exposer à l’autre, à cette bête qu’elle se représente sous les traits d’un Walt Disney gentillet. Elle devrait plutôt lire du Zola, alors elle se rapprocherait d’une description réaliste de ma personne. « Je ne sais pas... » je me surprends à répéter, tandis qu’au prix d’un effort que je n’estimais pas concevable, je parviens à rompre le contact visuel, et à me reculer. Et c’est vrai, je ne sais pas s’il est trop tard. Ces quelques jours sans elle ont remis beaucoup de choses en question, des choses sur lesquelles je n’ai absolument ni l’envie, ni l’intention de me pencher dans un futur proche. Cette aventure était une mauvaise idée, et j’en prends conscience trop tard. ‘trop tard’. Elle a sûrement raison. Je recule encore, et fini par lui tourner le dos, attrapant le rebord du lavabo à pleine main pour ne pas perdre pied et continuer d’afficher cette belle assurance dont je fais preuve chaque minute de chaque jour de ma vie. « On m’a offert beaucoup. » Ma voix s’est stabilisée, elle est plus forte, plus imposante, comme la stature que je m’efforce de garder tout en effectuant le geste le plus anodin qui soit, comme répandre de l’après-rasage dans ma paume. « Mon talent pour la danse, mon compte en banque confortable, mon cerveau bizarre... » Pour ne pas citer mon QI flippant et mon autisme handicapant. « Même ça... » J’ajoute dans un geste ample me désignant de la tête au pied. « Même ça c’est ridiculement trop... » Mon physique aussi je le vis comme un handicap, un espèce de leurre visant à tromper la proie. Mais j’imagine que d’un point de vue extérieur, ça doit être perçu comme un incroyable don de dame nature. « Alors, je pense que le reste c’est pour contrebalancer tout cet incommensurable bonheur. » J’appuie sur le mot ‘bonheur’ avec ironie et sarcasme, mais j’imagine que oui, si l’on suit la théorie de Sixtine, alors mon incapacité à aimer, mon existence d’isolement, les morts qui jalonnent ma route, ma fatalité, tout ça n’est que le pendant de tout ces dons trop généreux, tellement généreux qu’ils en deviennent invivables, et participent à mon malheur. L’ironie de toute une existence.
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptyJeu 8 Mar 2012 - 23:11

Le jeune homme ne repousse pas mon bras comme je l’ai craint un instant. Il ne s’échappe pas non plus, se contentant de rester immobile en tournant vers moi un regard rempli d’incompréhension. Qu’est-ce qu’il s’imaginait, que j’allais quitter la pièce sans demander mon reste ? Il devrait pourtant savoir que ce n’est pas du tout mon genre. A la place je reste là à contempler sa silhouette, tentant de le convaincre de la fausseté de son jugement sur lui. Il se raidit à mes derniers mots, je peux le sentir rien qu’en restant là, à quelques centimètres de son corps. Je peux le percevoir, par des modifications presque imperceptibles du relief sous sa peau. C’est en effet trop tard. Il me sert un ‘‘je ne sais pas’’ qui me paraît honnête, puisqu’il semble s’égarer depuis quelques instants afin de démêler le vrai du faux dans cette interrogation. Il ne parvient pas à trancher, et pourtant il en a la conscience, tout au fond de lui. Je le sais par la façon dont il agit avec moi, les sourires que je parviens à lui arracher, cette confession qu’il vient de me faire, cet apitoiement face à mon départ. Ca crève les yeux qu'il m'accorde un minimum d'importance dans sa vie, assez pour être affecté par un éloignement imprévisible. Je suis parvenue à gratter légèrement la couche, de façon néanmoins trop superficielle à mon goût. « Je crois au contraire que tu le sais. » Je murmure presque ces mots. J’accroche son regard bleu qui me trouble, le reflet de mes propres iris que je contemple tous les jours dans le miroir. Mais là, c’est différent. Je lève la main vers lui, la laissant suspendue dans les airs quelques secondes interminables où le temps me semble avoir arrêté sa course. Les pulsations de mon cœur s’affolent, aussi je me contente de l’attraper de mes autres doigts pour lui faire retrouver sa position initiale. Je crains ce contact dans l’immédiat, hésitant entre une approche tactile approfondie ou un respect de son périmètre. Mais je ne peux pas le toucher, pas maintenant. Peut-être qu’il s’imaginera qu’il m’effraie, il le vaudrait mieux, et pourtant c’est loin d’être le cas . . . Parce que tout ce qu’il me dit n’altère pas mon verdict à son encontre. Il s’écarte finalement, et je ferme les paupières en soupirant. Je n’écoute plus, de toute manière un silence s’instaure entre nous, et il ne le brise que pour me donner des arguments en faveur de son bonheur, justifiant le malheur qui lui tombe dessus. J’ai du rater un épisode, parce qu’il ne me paraît pas respirer la joie et la bonne humeur. « Toutes les choses que tu viens de me citer n’ont pas l’air de te rendre heureux. » Non parce qu’honnêtement, il n’est pas difficile de percevoir la douleur dans ses yeux. Le talent n’est pas forcément un don appréciable, qu’il soit sportif, artistique, ou d’une autre nature. Combien d’enfants ont subi les pressions parentales afin d’exceller, ainsi que les entraînements intensifs épuisants ? C’est le renoncement à une existence normale, c’est se consacrer entièrement à une seule et unique chose et cela peut-être très éprouvant, à tel point que l’on en vient parfois à regretter d’être bon. Quant à son compte en banque, il est bien connu que l’argent ne fait pas le bonheur. Au sujet de son cerveau bizarre, il est aussi handicapant que pratique d’après ce que j’ai pu observer, l’obligeant à pousser la réflexion toujours plus loin, l’empêchant d’agir selon les volontés de son cœur, ce que j’ai généralement pour habitude de faire. Je songe alors à la phrase qu’il m’a glissée lors de mon retour jeudi dernier. Il est vrai que nos deux caractères se complètent harmonieusement sur bien des points. Et son influence sur moi est évidente, notamment dans ce domaine, me permettant de trouver un équilibre entre l’impulsif, l’instinctif, et l’avisé. En ce qui concerne son corps . . . il pourrait participer à son bonheur s’il acceptait les autres, ce qui n’est pas le cas. Par conséquent, c’est une enveloppe séduisante qui attire comme le miel corrompt les abeilles, lui rendant la tâche malaisée. J’en viens de ce fait à la conclusion que tout cela n’est pas une addition d’offrandes généreuses, que ce ne sont pas ces caractéristiques qui sont censées le rendre plus épanoui. Je réduis à nouveau la distance qui nous sépare, ayant finalement opté pour une intrusion plus poussée dans son univers. Je reste dans son dos, légèrement en retrait afin de pouvoir l’examiner dans le miroir. « Quand bien même, il s’agit d’un bonheur différent. Les rapports interpersonnels, c'est ce bonheur que les autres peuvent t'apporter qui manque le plus au final, même à toi j’en suis certaine. » Moi-même, je fais l'expérience de cette difficulté. J’ai beau m’épanouir dans ma vie professionnelle et mon activité écologique, je me retrouve toujours seule dans mon appartement à la fin de la journée. Je ne me laisse pas le temps de développer ces relations, et ça finit par me peser. Après tout, l’homme est un animal social. Nous sommes, d’après moi, destinés à vivre ensemble, étant donné que le but premier de notre existence est la procréation. Or, vous pensez bien qu’aucun être humain normalement constitué n’irait se coller un chiard entre les pattes pour une histoire de cul. L’invention des capotes a donc ruiné cette possibilité d’enfanter en répondant à ses besoins sexuels primaires, puisque désormais on peut multiplier les partenaires sans jamais avoir de descendance. Dieu a donc inventé les sentiments, pour pousser les humains à désirer un marmot, même s’ils le regrettent après, d’où cette recherche constante du bonheur à travers les interactions. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je n’ai que deux ou trois amis à qui je confierais ma vie. Tout le reste est inexistant. Syssoï ne peut pas prétendre qu’il ne s’ennuie jamais, qu’il en a marre de vivre comme un ermite, coupé de tous. Il a besoin des autres pour s’épanouir, se construire, qu’il le veuille ou non. « Et la vie ne te prive pas de ce genre de bonheur. Elle doit te l’offrir régulièrement, le placer devant tes yeux. Sauf que tu t’empêches de le voir, puisque tu préfères te balader avec des œillères. » En somme, il est le seul responsable de ce manque flagrant d’équilibre entre le tragique et le formidable. Finalement, il ne sert à rien de discuter de cette notion puisqu'il pipe les dés, qu'il truque la balance. Toujours derrière lui, je me hisse sur la pointe des pieds, levant mes bras afin de couvrir ses paupières de mes doigts. Je l’aveugle volontairement, comme pour accompagner le geste à la parole, puis les écarte en observant son reflet dans le miroir. Là, tout d’suite, ça me fait penser à l’« Avatar » de Cameron. ‘‘Je te vois’’, ce genre de conneries. Mais ça colle plutôt bien à la situation. Je redescends sur terre, le contournant afin de me placer face à lui, poussant son bras avec mon bassin afin de dégager un espace entre son corps et les lavabos. Je me plante là, collée à lui, mon regard transperçant le dévisageant. « Que s'est-il passé ? » J'ignore s'il acceptera de répondre, m'avoir dévoilé la substance à travers un sous-entendu constituant déjà une incroyable performance. Mais cette question me brûle les lèvres.
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Syssoï
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptyVen 9 Mar 2012 - 5:33

Un satellite qui gravite autour de moi, une lune blanche et lumineuse qui décrit une course perpétuelle autour de la Terre, sans jamais dévier de son axe. C’est le sentiment que j’ai, là, en cet instant, un sentiment que j’ai toujours eu mais que je découvre seulement aujourd’hui, avec l’envie de le décortiquer sans parvenir à m’y résoudre. Et puis cette image me dérange, elle semble présomptueuse et rabaisse Sixtine à l’état de planète morte et désertique, alors qu’elle est plus à l’image d’un soleil à qui je ne rendrais jamais justice. En fait, on s’apparente plus à la vision archaïque du système solaire. Un soleil qui tournerait autour d’une lune, cherchant de part sa chaleur et son flamboiement à ramener la vie sur ce vieux cailloux aride. Aussi vain et suicidaire que d’aller à la guerre, la fleur au fusil. Mais c’est Sixtine, et je ne peux dévier sa course, je sais d’avance que ça ne mènera nulle part, que ça ne me guérira pas, que des petites fleurs ne vont pas se mettre à sortir de sous ma croûte lunaire, mais c’est ainsi, la finalité n’en sera pas moins catastrophique, elle aura juste été encore plus inévitable puisque, comme tout le reste, de ma participation à cette émission, jusqu’à cette scène dans la salle de bain, tout semble avoir été programmé bien avant que je sois en mesure de prononcer le mot “libre arbitre”. C’est peut être ça la fatalité en fait, la sienne de fatalité. J’ai beau m’évader, reculer, m’isoler, elle finira toujours par me rejoindre, comme à l’image de ce ballet qui prend forme entre nous, dans cette pièce, et qui ressemble à s’y méprendre au mouvement perpétuel, un huit allongé symbole de l’infini, un orobouros, comme celui tatoué à même ma peau. C’est ce que m’évoque ses mouvements qui suivent les miens quoique je fasse. Elle semble prendre sur elle pour résister, mais l’élastique fini toujours par lui imposer sa loi. J’avoue ne pas comprendre le pourquoi du comment, j’avoue ne pas chercher à connaître ses motivations, ni comment elle parvient à obtenir de moi ce que personne n’a jamais eu. Un coup de rein, c’est facile, une caresse dans le dos, ça n’engage à rien, un échange de salive, c’est pas trop difficile, mais une explication plus ou moins franche sur ce que je suis, c’est de l’ordre de la torture physique, les mots doivent être arrachés de ma bouche ou soustrait par la ruse. Elle n’a rien fait de tout ça, et pourtant elle a obtenu ce qu’elle souhaitait. J’imagine que ce n’est pas suffisant à ses yeux, mais je me demande si elle a conscience du tour de force qu’elle est parvenue à accomplir ? Probablement pas. Je creuse la distance, je m’éloigne, et comme pour me détromper, elle reste en place, dos à mon casier, éloignée de moi de quelques mètres qui semblent lui être difficile à encaisser. Ma conception du bonheur n’en est pas réellement une, c’est plus une théorie basée sur les dons offerts à la naissance. Chez moi, c’est comme si une centaine de fées avaient décidé d’organiser un flash-mob au-dessus de mon berceau. Je suis loin d’être moche, loin d’être con, loin d’être pauvre, ajoutez à ça la danse, le piano, le violoncelle, la cithare -oui, oui- le chant... Non mais sérieusement, même ma voix de basse est un véritable piège à catins. En fait, le seul don à côté duquel je suis passé, c’est le dessin. C’est ridiculement trop, et absolument pas nécessaire. Du coup, pour rétablir l’équilibre, puisqu’il faut un équilibre à toute chose, le destin, ou l’univers, ou le monsieur barbu qui vit dans les nuages et ressemble à s’y méprendre au Père Noël de Coca, a décidé de m’entraver les jambes avec quelques petits fléaux de derrière les fagots. J’ai tout pour plaire et je suis condamné à vivre seul. C’est digne du plus pourri des contes de fées, et ça en est triste à pleurer. Je tente de lui faire comprendre tout ça, mais elle reste cramponnée à sa théorie du bonheur pour tous. Mais comment lui expliquer les choses, comment lui faire comprendre ? Au pays de Candy on vit heureux et très vieux. Dans mon pays à moi, on survit autant qu’on peut et on meurt jeune. Finalement, je suis déjà vieux. J’observe son reflet dans le miroir. Comment lui dire tout ça ? Finalement, l’élastique semble menacer de claquer, alors elle craque, et comble la distance, venant se placer dans mon dos de manière à ce que je puisse continuer à converser avec son double de glace. En vérité, elle converse seule, mais je l’écoute. Son discours n’est qu’une utopie, une belle et séduisante chimère, et pourtant je poursuis mon écoute attentive. Le bonheur vient des autres, selon elle, alors qu’à mon sens, l’enfer c’est justement les autres. Comment parvenons-nous à être si diamétralement opposé de la sorte ? Elle est le versant Sud d’une montagne, toujours exposé au soleil, je suis le versant Nord, celui dans l’ombre, celui aux neiges éternelles et aux glaciers intemporels. Elle est belle, verdoyante, fleurissante, fertile, je ne suis qu’un amas de rocasses cerné par la glace. Finalement, j’en arrive à la conclusion que nous sommes une seule et même entité que la nature a opposé. Une pièce, deux faces. Sa théorie tient la route, ce n’est pas le problème, elle n’est juste pas applicable sur moi. Ma lucidité m’empêche de fonctionner comme tout le monde. Je la laisse s’approcher encore, tandis qu’elle évoque mon aveuglement. Elle s’étire sur ses pointes, et je l’observe avec surprise passer ses bras au-dessus de mes épaules juste avant que tout ne soit plus que ténèbres. C’est dans ces moments-là que j’éprouve les limites de mon isolement, lorsque Moore se cale contre moi pour me fredonner une berceuse de sa voix atroce, lorsque Gabrielle laisse courir ses doigts contre ma nuque en un geste à l’apaisement rarement égalé, ou tout simplement lorsque les doigts froids et hésitants de Sixtine entrent en contact avec la peau chaude de mon visage et que je sens mes cils battre contre ses paumes. Autant de gestes, petits ou grands, bien souvent anodins pour la personne qui les administrent, mais d’une rareté qui en fait un luxe pour moi. J’ai pas eu une mère très maternelle ou câline, les caresses, les bisous c’était, pour elle, le meilleur moyen d’infantiliser un enfant. Alors on me laissait devant une porte close lorsque, en pleine nuit, après un de ces violents orages comme ils n’en existent que sur la côte basque, je me réveillais en pleur et partait chercher refuge dans la chambre maternelle. Et quelque part, elle avait raison, puisqu’après trois essais infructueux espacés sur une ou deux années, j’ai fini par apprendre à prendre sur moi, à trembler seul dans mon lit d’enfant, puis à domestiquer l’orage, avant de finir par l’apprécier, l’attendre, l’espérer, comme l’expression de ma propre colère. Ces contacts humains ne m’ont jamais manqué, n’étant ni très tactile, ni très câlin, je les avais même en horreur, les fuyant, les rejetant avec irritation... Aujourd’hui, c’est différent, c’est tout mon corps qui les réclame comme le cumul d’un manque qui apparaîtrait d’un seul coup. C’est ma peau qui frémit, ce sont mes muscles qui se tendent, c’est une forte dose d’endorphine directement dans le cerveau, c’est ce moi grisé qui observe, passif, son corps cesser toute résistance. Alors elle écarte les deux, libérant ma vue du même coup, celle qui ne m’offre que mon propre reflet que je ne vois même pas, attentif à la tête blonde qui dépasse de derrière mon épaule. Quels étaient ses mots exacts en parlant du bonheur ? Ah oui «la vie doit te l’offrir régulièrement, le placer devant tes yeux.» Elle s’est arrangée pour faire en sorte que devant mes yeux, il n’y ait qu’elle. Je me demande si elle prend réellement conscience de la portée de ses mots et de ses gestes, je me demande si le double sens que je cherche dans ses paroles existe réellement ou bien si je dois me contenter du premier degré, le seul recevable ? Je reste immobile, même dans mon regard posé sur elle où se mêle perplexité et... autre chose, que je ne parviens à identifier. De la gratitude, peut être ? J’essaye de lire dans le sien, d’y trouver une réponse quelconque, mais elle s’y soustrait, disparaissant, de nouveau derrière mon épaule. Et puis, l’instant d’après, elle est là, devant moi, poussant mon bras pour se glisser entre le lavabo et moi. Elle aime bien être coincée, on dirait, elle s’arrange toujours pour être encerclée, facilitant le travail au prédateur qui, du coup, ne trouve plus aucun intérêt à la chasse si la proie lui tombe tout cuit dans le bec, venant placer sa gorge sous sa patte avant de brandir une banderole «bouffe-moi, grand fauve !». C’est peut être délibéré de sa part, elle s’assure de ne pas se prendre un coup de griffes par mégarde. Et finalement, elle a bien fait, parce qu’avec la question qu’elle vient de poser, n’importe qui d’autre aurait fini avec le ventre lacéré, ceint de cinq balafres parallèles et linéaires. A la place de quoi, je me contente de fermer les paupières. Que s’est-il passé ? Rien. Absolument rien. C’est la seule réponse que je puisse fournir, mais je sais qu’elle la vivra comme un refus de parler, de raconter, de m’en ouvrir à elle. Et pourtant, il ne s’est vraiment rien passé, et c’est bien là le problème. S’il s’était passé quelque chose en moi, alors peut être que rien de tout ça ne serait jamais advenu. Non, pas “peut être”, c’est certain en fait, puisqu’elle ne demandait que ça, éveiller quelque chose en moi. Et rien. Absolument rien. « Je pense que la solitude de l’Homme est la seule vérité établie. On nait seul, on meurt seul, et durant ces deux axes majeurs, on ne fait que tromper sa solitude en s’entourant, en créant des liens, des attaches, qui n’ont pour but que de leurrer notre peur de cette solitude synonyme de mort. Je n’ai pas peur de la mort, c’est la vie qui m’effraie. On craint tellement de n’être qu’un organisme vivant à durée de vie limitée voué à disparaitre totalement après la dégénérescence de notre enveloppe charnelle, qu’on a créé un Dieu, qu’on s’est imaginé une âme, qu’on a inventé la réincarnation, la vie dans l’au-delà, et... L’amour. Un sentiment caduque qui n’a de réalité que dans l’univers fantasmagorique des petites filles qui se rêvent princesse, et auquel on continue de s’accrocher une fois adulte comme pour donner un but à notre existence, à notre présence sur Terre. Il nous faut absolument trouver l’autre, cette âme similaire désignée comme étant l’amour de notre vie. » Ma voix est si basse qu’on dirait un souffle, et mes paupières, closes, tressaillent avec la volonté de s’ouvrir. Je résiste, je ne suis pas sûr de parvenir à soutenir son regard alors que je n’en ai pas terminé avec ma lucidité cruelle et acérée. Pourtant, je cède, les ouvre, et plante mon regard dans le sien où s’annonce la déroute. « Je ne crois pas en l’amour, je crois en ce qui fait de nous ce que nous n’avons jamais cessé d’être, des animaux. Je crois en l’instinct de reproduction, je crois en l’instinct de propriété, je crois en l’instinct maternel, je crois qu’on est programmé a trouver le meilleur partenaire sexuel sur des critères bassement animal : force, endurance, santé, avec les qualités génétiques pouvant suppléer nos défauts... Mais je ne crois pas en l’amour, je ne sais pas ce que c’est d’être amoureux.» Je m’écarte, encore, incapable de soutenir son regard plus avant, retournant vers ce casier où un jean m’attends. Un jean que je prends soin d’enfiler rapidement, sans ôter la serviette pour ne pas avoir à imposer mon indécence à Sixtine. Le linge blanc ne quitte ma peau que lorsque le vêtement la recouvre entièrement. Tête baissée, dos tourné, doigts occupés sur les boutons, je fini par lui dire ce qu’elle souhaite entendre. « Julia... C’était son prénom. Elle se disait amoureuse de moi, prête à tout endurer, jusqu’à mon incapacité à l’aimer. Elle était belle, jeune, talentueuse, elle était toute à moi. Mais je ne l’aimais pas. » Je ne juge pas nécessaire d’ajouter quoique ce soit, elle a comprit, alors autant lui éviter les détails glauques, ceux qui hantent mon crâne comme autant de flashback inaltérables. Je n’oublierais jamais, et je ne le souhaite pas. J’ai accepté ce calvaire à l’instant où j’ai accepté de laisser Julia décider par elle-même. Je n’aurais jamais du, j’ai été lâche... La même lâcheté dont je fais preuve en cet instant, tandis que je préviens la rupture de l’élastique en retournant aux lavabos. Je devrais le laisser céder une bonne fois pour toute, quitter la pièce, et reléguer toute cette scène dans la case “never happened” de mon cerveau, mais j’y peux rien, je cède à la tension de fil, à la pression de l’aimant, parce que finalement, même si la conversation me soumet à la torture, quelque chose me fascine dans ce décor, dans cette scène banale et ordinaire de deux personnes dans une salle de bain, et rien d’autre. Instant volé dans la vie de monsieur et madame Toutlemonde. Je laisse le silence nous englober, flotter entre nous, alors que je m’appuie sur mes bras pour m’asseoir sur le rebord des lavabos. Et maintenant, un nouveau calvaire commence... J’ai peur de la décevoir, j’ai peur d’avoir explosé la belle image de moi qu’elle s’était forgée. J’ai peur, et cette peur me fait peur. Alors je détourne le regard, me focalise sur un coin ou le plafond et deux murs se rejoignent, et laisse mon corps se statufier, comme il sait si bien le faire.
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. EmptySam 10 Mar 2012 - 0:55

Syssoï continue de repousser obstinément mes assauts candides, ma conception du bonheur, de l’amour, des interactions en général. Il n’a qu’une image froide et une opinion tranchée de toutes ces choses auxquelles il a cessé de croire depuis bien longtemps. L’homme est un loup solitaire qui cherche vainement l’attention d’autrui dans l’espoir de ne pas mourir seul, parce que cette idée le tétanise. Je ne sais pas ce qui est le plus angoissant : qu’il associe le mot ‘‘amour’’ à la mort, ou qu’il me confie ne pas craindre la grande faucheuse. Je soupire doucement, il est encore aux antipodes de ce que je vois. Comme si nous avions devant les yeux deux filtres complètement différents pour observer et comprendre le monde. J’ai envie d’intervenir à nouveau, de le secouer comme un prunier afin de lui ouvrir ces paupières qu’il préfère garder closes quand il s’adresse à moi, comme s’il n’avait pas la force de s’opposer à ma si jolie conception de l’existence. Peut-être est-ce un signe de faiblesse, qu’il doute, même pour une fraction de seconde cela vaudrait le coup. Je garde cependant le silence, ne pouvant détacher mon regard de sa silhouette qui se glisse dans son jean, de cette scène banale qui me fascine. Il lâche finalement la bombe, alors que je pensais tout espoir d’obtenir une réponse perdu. Je me demande s’il a hésité longtemps, ou s’il avait pris cette résolution en s’éloignant de moi, créant une distance au moment de cet aveu comme pour éviter une réaction trop vive de ma part. Peut-être aussi pour ne pas avoir à affronter mon regard. Puisqu’il s’imagine qu’à tout instant, je suis capable de me mettre à le détester pour ses actes, à renoncer à l’être humain en n’éprouvant plus que du dégoût et de la crainte. Néanmoins, s’il avait pu sonder mes iris lorsque ses mots trouvent un écho dans mon esprit, il n’aurait décelé qu’une infinie tristesse. J’ai l’impression de connaître cette Julia, de vivre sa douleur, rejetée par un homme qu’elle a éperdument aimé jusqu’à en crever. C’est digne d’une tragédie grecque, à n’en pas douter. Ou de Werther, personnage d’un roman de Goethe qui met fin à ses jours pour une raison identique. Sauf qu’il me semble que la jeune femme l’aime en retour, du moins dans les premiers temps. Mais finalement, leur histoire se termine de la même façon : ils se suicident à cause d’un amour inaccessible qui devient une souffrance quotidienne. Le français lui, ne l’aimait pas. Il n’était pas non plus promis à une tierce demoiselle qu’il aurait été contraint d’épouser en dépit de ses sentiments pour Julia. Puisque sentiments, il n’y avait pas. Est-ce bien cela ? Ou éprouvait-il une chose si inconcevable et étrangère qu’il ne l’a pas laissée s’exprimer ? Je m’interroge sur ce point, car une solution me semble préférable à l’autre. S’il l’aimait sans le savoir, alors il l’a faite souffrir inutilement et sa mort n’en est que plus terrible. S’il n’éprouvait rien à son égard, en revanche, il ne peut se reprocher d’avoir été sincère, et son suicide résultait probablement d’autres facteurs. Ou pas, mais il ne peut se blâmer d’avoir eu un comportement inadéquat. Je penche cependant pour la deuxième hypothèse, étant donné qu’il m’a affirmée ne pas connaître cette notion qu’il érige au même rang que Dieu. Il s’en serait rendu compte bien assez tôt, s’il avait conduit à la mort un être cher qu’il avait aimé de tout son cœur. Je suis si plongée dans mes diverses réflexions, me débattant avec toutes ces interrogations que suscitent sa déclaration, que je me surprends à sursauter lorsque j’aperçois sa silhouette si près de moi. Je l’imagine toujours à côté des casiers, cherchant son regard de mes yeux bleus pour me rassurer de cette réalité. Il a sans doute compris qu’il est inutile de me fuir, ni même d’instaurer un écart entre nous. Si je l’ai respecté dans un premier temps, j’y ai renoncé dès l’instant où mon pied a franchi cette ligne invisible, où ma main est parvenue à toucher sa peau sans se faire repousser, où son souffle chaud a caressé mon visage. Je l’observe un long moment, poussant finalement un soupir en glissant mes doigts dans mes cheveux dorés. « Tu sais que tu es parfaitement désespérant, tu le sais au moins ? Un vrai cauchemar pour les psy’ ! » Je détourne mes pupilles, les posant sur le mur qui me fait face, puisqu’il semble de toute manière absorbé par le plafond de la salle de bains. J’y jette un œil un instant, mais n’y trouve rien de passionnant. « Je suis d’accord avec toi concernant l’invention de Dieu et de toutes ces conneries, mais je ne considère pas que l’amour a pour utilité d’atténuer la crainte de la mort. Pour moi, ce sentiment permet au contraire d’apprécier davantage la vie. » Il voit le noir, je vois le blanc. Il juge avoir atteint l’équilibre, je suis persuadée qu’il ne tient que sur un pied. Il réfléchit, j’agis. Il se complaît dans la solitude, je la trouve affligeante. Il s’éloigne de moi, je m’approche de lui. Il ignore ce qu’est l’amour, j’en ai peur. « C’est pouvoir explorer un panel d’émotions dont tu n’avais même pas conscience de l’existence, c’est t’accrocher à quelqu’un pour éviter de sombrer, c’est te reposer entièrement sur une personne qui te comprend et accepte tout en toi pour ne plus avoir à garder ces angoisses, ces craintes, ces incertitudes qui te rongent progressivement. C’est apprendre à t’aimer à travers elle, ne plus pouvoir avancer sans elle. » Je me place contre le meuble, prenant place entre ses jambes, les mains posées sur ses genoux. J’ai l’illusion d’avoir plus de force en lui faisant face, en le regardant droit dans les yeux. « Ce n’est pas un but, tu ne te lèves pas tous les matins en te disant : tiens, aujourd’hui je vais chercher l’amour ! Ca te tombe généralement dessus au moment où tu t’y attends le moins. Ce n’est pas parce que tu ne l’as jamais éprouvé que ça n’existe pas, crois-moi, et tu t’en rendras compte bien assez tôt. » Je ne l’ai connu qu’une fois dans ma vie, mais je peux confirmer son existence, témoigner que ce sentiment n’est pas un culte érigé pour faire miroiter les petites filles qui se rêvent princesses. Ca transcende tous ces instincts dont il parle, c’est déroutant, passionnant, dévorant, insaisissable, spontané, imprévisible. Puis ça se calme, et l’amour évolue en un attachement sincère et permanent. C’est simplement différent, mais tout aussi fort. Ca brave des tempêtes, ça sauve, mais ça détruit aussi. J’ai envie de poursuivre sur le sujet sensible qu’il a abordé pour la seconde fois de notre entrevue, mais qu’y a-t-il à ajouter ? Je pense qu’il m’a tout dit, tout ce qui est acceptable, et j’ai l’impression d’avoir arraché une partie de lui. J’éprouve presque des remords l’espace de quelques instants, me mordant la lèvre en contemplant son corps immobile. Je me hisse à ses côtés, une jambe pendant dans le vide, l’autre pliée sous mes fesses, le buste à quelques centimètres de son bras gauche. J’attrape sa main entre mes doigts, poussée par un désir irrépressible de le toucher afin de préserver ce lien intangible qui nous relie durant le temps de cette conversation particulière, craignant son départ imminent, la fin de cet échange. Je la serre, mon regard la contemplant comme si j’y trouvais quelque chose de formidablement attirant. Il a des longs doigts, beaucoup plus grands que les miens. « Ca ne change rien. » Je parle de ça, de ce qu’il vient de me confier dans l’intimité de cette salle de bains, de cet évènement passé comme de nos différences, sans compter les caméras braquées sur nous. Je m’en moque, c’est à moi qu’il s’est adressée, et à moi seule. En vérité je mens car si, ça change tout, mais pas dans le sens qu’il aurait espéré.

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