GIOANOUCHKACESARLUCYPENNYZIYANSIDKARLAACHANAALYCRISTOPHERRHEA
FAWNGOLSHIFTEHLINADASHRICHARDBASTIANLEONJOAQUIMMAZEJULIETTEULISESTIMEO
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Partagez
 

 save me for a day - lundi 19, 18h15

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
avatar

Syssoï
MESSAGES : 2902
AGE : 37
LOCALISATION : J'SUIS TELLEMENT LOIN
EMPLOI : DANSEUR AU B-ONP
CITATION : « Des morsures de feu, derrière les oreilles, lui trouaient la tête, gagnaient ses bras, ses jambes, le chassaient de son propre corps, sous le galop de l'autre, la bête envahissante. »
POINTS : 1080

LOVER'S LIFE
CAGNOTTE: 145 000 €
RELATIONS:
PARTENAIRE: GABRIELLE

save me for a day - lundi 19, 18h15 Empty
MessageSujet: save me for a day - lundi 19, 18h15   save me for a day - lundi 19, 18h15 EmptyLun 19 Mar 2012 - 4:56

SIXTINE

Onze heures trente; elle ouvre un oeil sur moi. Enfin sur moi assit sur mon lit, entrain de l’observer dormir comme s’il n’y avait rien de plus logique. Elle accuse un mouvement de recul, il faut dire que mon lit n’est vraiment pas loin du sien, puis sort du lit précipitamment après avoir batailler avec les draps. Je la laisse faire, je suis habitué, et surtout, je n’ai pas dis mon dernier mot. Midi quinze; elle sort de la douche enroulée dans une serviette de couleur criarde, pour venir se placer devant les lavabos. Elle essuie la buée qui s’est formée sur le miroir, pour découvrir, dans le reflet, mon corps massif planté derrière le sien, une brosse à dents dans la bouche, un sourire con aux lèvres, une main qui se lève pour un salut tout aussi con que le sourire. Je me mange un coup dans le ventre, puis me prend une bourrasque de vent en pleine tronche lorsqu’elle quitte la salle de bain sans avoir prit le temps de s’habiller, de se coiffer, ou même de se maquiller. En cet instant, des millions de téléspectateurs me remercient d’avoir épargné leurs yeux d’une nouvelle explosion atomique vestimentairement colorée. Midi quarante cinq; le nez dans un livre, elle tend la main pour attraper le sel qui trône sur la table de la cuisine, sel à côté duquel sa main passe sans jamais le rencontrer. Finalement, la salière finit par venir danser d’elle-même sous son nez, au-dessus des pages d’un certain Zola qu’il me semble lui avoir conseillé de lire. Elle s’en empare, et tourne un sourire de remerciement vers le bon samaritain qui n’est autre que... moi. Le sourire se brise en même temps que la salière s’écrasant au sol. Je ferme les yeux, m’attendant à un nouveau coup qui tarde à venir, et quand je les rouvre, elle a quitté la pièce dans laquelle je me trouve, une nouvelle fois. Quatorze heures trente; elle court dans le parc, armée d’un accoutrement qui serait optimal si elle avait pour ambition d’être retrouvée rapidement sous la neige après une avalanche, mais qui dans le contexte actuel fait juste mal aux yeux. Ça fait un moment que je l’observe faire depuis le balcon, avant que je ne me décide à m’y mettre à mon tour, et à la rattraper en quelques foulées, clope au bec. Arrivé à sa hauteur, elle me jette un coup d’oeil rapide, sans réellement tilter, puis se tourner vers moi, brusquement cette fois, l’effarement et l’agacement déformant ses traits. Je lui offre un sourire, puis la dépasse sur la ligne d’arrivée, à savoir le hall d’entrée vers lequel elle s’est précipitée. Sauf qu’avec ma clope, je reste coincé dehors tandis qu’elle cavale en direction des escaliers. Quinze heures dix-huit; je la retrouve à la bibliothèque où elle entreprend de lire un passage de La Bête Humaine -je ne m’étais pas trompé- à Elvis. Elle est tellement absorbée par sa lecture, qu’elle ne remarque pas que son partenaire me cède sa place sur le canapé à côté d’elle. « La vie commune n'était plus que le contact obligé de deux êtres liés l'un à l'autre, passant des journées entières sans échanger une parole, allant et venant côte à côte, comme étrangers désormais, indifférents et solitaires. » lisait-elle à voix haute tandis que je me glisse à ses côtés, sur ce canapé qu’elle squatte de tout son long. Ma joue dans ma main, je souffle un « Ca me parle... » a quelques centimètres de son visage, là où aurait du se trouver Elvis qui à présent nous observe. Sauf qu’il ne s’agit pas de sa voix fraîche et douce, mais de la mienne grave et sombre, qui s’abat sur celle qui ne manque pas de relever des yeux paniqués vers moi, avant de chuter lamentablement du sofa après un mouvement trop brusque. Seize heures cinquante; je la retrouve au fond de la piscine, où elle gît, les yeux clos, les joues gonflés, cherchant à imiter un Jean-Marc Barr dans le monde du silence. Sauf que lorsqu’elle ouvre les yeux, c’est moi qu’elle découvre, assit en tailleur au fond de l’eau, moi aussi, les bras croisés sur le torse, et les cheveux qui dansent comme autant de flammes ténébreuses autour de ma tête. Sa surprise est accompagnée par une multitude de bulles, suivie d’une remontée rapide durant laquelle je me prends un pied en pleine mâchoire. Finalement, je vais rester encore un peu au fond, moi. Dix-huit heures quinze; elle me fait face. Mais cette fois-ci, je ne suis pas l’instigateur de cette confrontation. Je suis sur mon territoire, et c’est elle qui vient à ma rencontre, sachant que le seul endroit où elle peut me trouver lorsque j’ai besoin de me ressourcer est celui-ci. Assis sur le dossier, les pieds sur l’assise où des dizaines de dévots ont posé leurs fesses, les coudes sur les cuisses, la tête entre les mains, je relève les yeux et pose un regard mi-surprit mi-inquiet, mais surtout fatigué, sur sa frêle silhouette qui se découpe dans le contre-jour offert par les vitraux brisés. « Et maintenant, il se passe quoi ? » Je demande pour briser ce silence qui n’a que trop duré entre nous. « Tu viens me signifier qu’il en sera toujours ainsi, dorénavant, ou bien tu me laisses t’attraper ? » Il n’y a pas d’autres options possibles, selon moi. Soit elle lève la punition en estimant que j’ai retenu la leçon, soit elle la rend permanente. Qu’importe sa décision, elle mettra un terme à une torture pour la remplacer par une autre. Fatalité.
avatar

Sixtine
MESSAGES : 1415
LOCALISATION : ABERDEEN, ÉCOSSE
EMPLOI : CONDUCTRICE DE BUS / MEMBRE ACTIF DE LA CENTRAL SCOTLAND GREEN NETWORK
CITATION : « VAUT MIEUX ÊTRE BELLE ET REBELLE, QUE MOCHE ET REMOCHE »
JUKE BOX : REVÓLVER - GET AROUND TOWN ; THE BEATLES - EIGHT DAYS A WEEK ; HERMAN'S HERMITS - NO MILK TODAY ; I MONSTER - HEAVEN ; THE DANDY WARHOLS - SLEEP ; LANA DEL REY - BLUE JEANS
POINTS : 0

LOVER'S LIFE
CAGNOTTE: 4 500 €
RELATIONS:
PARTENAIRE: ELVIS (MILAN)

save me for a day - lundi 19, 18h15 Empty
MessageSujet: Re: save me for a day - lundi 19, 18h15   save me for a day - lundi 19, 18h15 EmptyLun 19 Mar 2012 - 20:14

Onze heures quarante cinq. Je pénètre dans la cuisine, ouvrant le frigo en attrapant une bonne bouteille de jus d’orange frais. J’ai besoin de vitamine pour affronter cette journée. Je referme la porte, sursautant en distinguant une forme dans l’inox. Je me retourne subitement, menaçant le vide du liquide orange que je tiens entre mes doigts. Mon esprit me joue des tours. Midi vingt. Je fourre le linge dans la machine à laver, accroupie près des boutons que je tourne dans tous les sens. Je n’en ai jamais compris le fonctionnement. Je soupire avant d’enclencher la marche sans grande conviction, percevant un bruit dans mon dos. Je me relève aussitôt, frappant par réflexe l’oreille de Milan qui se renfrogne. Merde. Treize heures cinquante. Je descends à la cave, convaincue par Oona qu’il nous faut du vin pour oublier les nominations de Dimanche –ou est-ce moi qui l’ai persuadée ?-, munie d’une lampe torche. Je m’empare de la meilleure bouteille des rayonnages, sentant un souffle sur ma nuque. Je hurle à la mort en braquant le faisceau lumineux vers la sortie, constatant qu’il ne s’agit que d’un courant d’air. Dix-sept heures trente. Je me prélasse tranquillement dans le jacuzzi, ayant conservé un mauvais souvenir de la piscine, fermant les paupières afin de profiter de ce moment de détente salvateur. Je frissonne soudain en sentant une caresse sur mon mollet, écarquillant les yeux. Ce n’est qu’un remous supplémentaire qui vient de se mettre en marche. Là, faut vraiment que je fasse quelque chose ! Dix-huit heures quinze. Je me demande si Syssoï m’a observée en train de dormir avant que je ne m’éveille, s’il m’a matée sous la douche pendant que je chantais des Beatles, s’il a froncé les sourcils devant la mine perplexe que fait naître Zola sur mon visage, s’il m’a contemplée faire mon jogging avec des jumelles, s’il a payé Elvis pour lui faire quitter la pièce, s’il a lorgné en direction de mes jambes tandis que je tentais de battre mon record d’apnée. Et toutes ces interrogations me font grogner à longueur de journée, chaque fois que j’aperçois effectivement sa silhouette dans mon dos, telle une ombre maléfique qui cherche à me rendre folle. C’est presque comme si on vivait ensemble, comme un vieux couple au sein duquel les deux membres sont contraints de se croiser sans arrêt, de tout faire ensemble. Dans d’autres circonstances cela ne m’aurait peut-être pas dérangée outre mesure . . . mais là, si. Ou encore comme si un fantôme me suivait à la trace pour m’empêcher de vivre, me poussant à bout de nerfs dans l'espoir que je tue tous les candidats du château, à l'instar du héros d'Amityville. Je m’avance à grands pas dans la chapelle, là où je suis certaine de trouver celui que je cherche, même s’il m’aurait suffi d’attendre une bonne quinzaine de minutes pour le voir réapparaître sous le canapé du salon. Il m’interpelle aussitôt, comme si la distance que j’ai instaurée entre nous l’affecte vraiment. Quoi, maintenant il ne supporte plus d’être loin des autres ? Je place mes mains sur mes hanches, appuyée sur ma jambe droite. « Tu sais que ça devient vraiment flippant, de m’attendre à te voir débarquer à chaque moment de ma journée ? Enfin au moins t’as pas émergé de la cuvette des chiottes, là je crois que je t’aurais dénoncé à la prod’. » Un tressaillement secoue mes lèvres, un sourire que je ne laisse pas franchir la barrière. Rien que l’imaginer planqué dans les toilettes à attendre que je me désape, c’est plutôt hilarant. Ou atrocement angoissant, en fait. J’écarte soudain les bras, arquant un sourcil en signe de provocation. « Attrape-moi. » C’est ce qu’il veut, non ? « Si tu peux. » Ouais, je sais. Cette fois je ne peux m’empêcher de sourire, me mordant la lèvre inférieure en espérant tromper l’ennemi. Mon sens de l’humour vaseux l’a emporté sur le sérieux qu’est censé revêtir cette conversation, a totalement éradiqué tout effort dont je suis capable afin de simuler l’agacement. Je soupire un instant, levant les yeux au ciel. Parce que non, il est évident que je ne désire pas que nos futurs rapports se résument à un évitement aussi difficile que douloureux. Je ne suis plus furieuse, indignée, mortifiée, ni même fâchée. J’estime que ma punition a assez duré, mais cela ne signifie pas, bien entendu, que je sois prête à passer l’éponge sans avoir exigé de lui la moindre explication. Ah, vous vous en doutiez hein ? La possibilité d’avoir une implication quelconque dans son choix se dissémine dans mon corps et mon esprit comme un poison, aussi je ne pourrais plus jamais dormir sur mes deux oreilles sans en avoir le cœur net. « Est-ce que notre conversation dans la salle de bains et ta décision de partir ont un lien ? » Voilà, c’est demandé. Est-ce qu’il a flippé ? Est-ce qu’il a voulu fuir ? Est-ce que ces doutes l’ont effrayé au point de désirer s’éloigner de nous, de moi ? « Parce que tu te casses, et après tu fais comme si ça te faisait chier que je t’ignore superbement. » Ouais d’accord, il n’y a pas forcément de lien logique entre mes phrases, mais là je suis en train de lâcher tout ce que j’ai sur le cœur, fronçant les sourcils en observant le sol. « Putain Syssoï, t’es plus dur à cerner qu’une gonzesse, et c’est pas un compliment ! » Je me tais enfin, me décidant à capter à nouveau son regard bleu.
avatar

Syssoï
MESSAGES : 2902
AGE : 37
LOCALISATION : J'SUIS TELLEMENT LOIN
EMPLOI : DANSEUR AU B-ONP
CITATION : « Des morsures de feu, derrière les oreilles, lui trouaient la tête, gagnaient ses bras, ses jambes, le chassaient de son propre corps, sous le galop de l'autre, la bête envahissante. »
POINTS : 1080

LOVER'S LIFE
CAGNOTTE: 145 000 €
RELATIONS:
PARTENAIRE: GABRIELLE

save me for a day - lundi 19, 18h15 Empty
MessageSujet: Re: save me for a day - lundi 19, 18h15   save me for a day - lundi 19, 18h15 EmptyMar 20 Mar 2012 - 1:31

Je m’attends à quoi au juste ? Un truc comme dans les films, probablement, un katana qui sortirait de derrière son dos pour venir se loger, avec dextérité, entre mes côtes, atteignant mon coeur avec une précision dont je ferais l’éloge durant mon dernier souffle. Ou alors, pour une fin quelque peu différente, qu’elle se mettrait à parler en chantant, des papillons aux couleurs acidulés virevoltant au rythme de la mélodie entêtante, qui se retrouverait immédiatement classée numéro 1 chez les téléspectateurs de moins de cinq ans, ça va de soi, avant d’entreprendre de me faire danser la valse en sa compagnie, comme ça, au milieu de cette chapelle délabrée, qui retrouverait son faste d’antan en un coup de braguette bien placée de marraine Lhoas, la bonne fée... Oui, je m’attendais, finalement, à tout un tas de scénario improbables, surtout venant de Sixtine si bien que je me trouve presque surprit qu’elle se contente de m’adresser des réprimandes -tout à fait justifiées- sans oiseaux multicolores qui gazouillent, ni même l’ombre d’une combinaison en lycra jaune. C’est quoi ce bordel ? Je jette tout de même un coup d’oeil dans son dos, histoire de m’assurer qu’elle est bel et bien venue seule, sans les sept nains, sans pour autant décrocher de ce qu’elle me dit et qui trouve un écho en moi. Un écho de culpabilité vis à vis des mesures qu’elle m’a forcé à prendre en se comportant de cette manière, en me plongeant volontairement dans un enfer qui m’est juste intolérable, insupportable, un enfer qui n’a que trop duré pour ma santé mentale déjà plus que précaire. Evidemment que j’ai conscience que de me lancer dans un “où est charlie ?” grandeur nature à quelque chose de disproportionné et dénote une certaine tendance aux comportements obsessionnels qui ne manquera pas d’apporter des arguments supplémentaires à mes détracteurs, mais qu’aurais-je bien pu faire d’autres ? Comment est-on censé agir lorsqu’on se retrouve dépendant d’une personne qui vous rejette, comment faire lorsque toute votre vie n’a été régie que par la sacro-sainte indépendance au point que vous en avez oublié d’apprendre à communiquer avec l’autre, au point où chaque conversation se transforme en chemin de croix le dos rompu des coups de fouet romain ? J’ai juste cherché à lui faire comprendre qu’elle ne pourrait m’éviter éternellement, que j’étais toujours là, et que si j’y étais encore c’était pour une raison bien précise... Avec le recul, je comprends que j’ai pu lui faire peur. Encore un des effets secondaires de cette aventure, j’en ai presque oublié ma faculté a effrayer les gens de part mon physique, mon comportement, et le cumul des deux. Je baisse la tête, fautif, coupable. Oui, je me sens con. Je ne la relève qu’à l’entente de son soulagement lorsqu’elle évoque la possibilité de me voir surgir de la cuvette... Et je baisse la tête à nouveau, culpabilisant encore plus, parce que... Oui, j’y ai songé. Juste avant de rendre les armes et de partir m’isoler dans ma chapelle, j’avais dans l’intention, puisque je l’avais perdu de vue et qu’elle devait être entrain de se planquer quelque part, de l’attendre dans le seul lieu incontournable de tout le nid : les toilettes. Finalement j’y ai renoncé, non pas à cause du caractère incongru du lieu, ou à la pensée de ce qu’elle serait censée y faire, mais simplement du fait de ma claustrophobie qui n’aurait pas supporté l’étroitesse d’un lieu prévu pour une seule personne. Je me mords la joue, comme un gamin prit en faute, les yeux rivés sur le dallage asymétrique de la chapelle. Je ne les relève pas lorsqu’elle m’ordonne de l’attraper, ni lorsqu’elle ajoute un «si tu peux» que je prends comme une remise en question de mes capacités à le faire. Ma filmographie s’arrête au passage du nouveau millénaire, je ne saisi pas la référence, et me tasse un peu plus sur moi-même. L’autoflagellation, je connais bien, je connais même très bien. Un silence s’installe, s’étire, rompu uniquement par les bruits venus de l’extérieur, qui s’engouffrent par les vitres brisées. Et chaque seconde qui s'égraine est comme une goutte d’eau qui tomberait, inlassablement sur mon front, me conduisant aux portes d’une folie dont je n’ai jamais été très éloigné, avec une efficacité redoutable. Puis... Une phrase, dix-huit mots, vingt-cinq syllabes, trois respirations, sonnent le glas de ce silence que je me prends à regretter. Comment répondre à ça ? Suis-je seulement capable d’y répondre ? Mes yeux se ferment, tandis que ma respiration se fait douloureuse, comme le seul et uniquement mot qui s’apprête à franchir mes lèvres après avoir écorché vif l’intégralité de mon gosier sur son passage. Mais alors qu’il est sur ma langue, Sixtine reprend la parole, et je m’étrangle. Quoi ?! « QUOI ?! » C’est l’indignation qui prend le pas sur le reste, et qui se renforce à mesure qu’elle poursuit sans tenir compte du regard sombre que je darde sur elle et son visage aux traits inaccessibles. C’est à son tour de baisser la tête. Je ne sais pas ce qu’elle cherchait à provoquer en extirpant de telles réflexions, je ne sais même pas si elle cherchait, objectivement, quelque chose, mais le résultat est là. Mes poings se serrent, ma mâchoire se contracte, et ma gorge se relâche. « Est-ce que tu entends les conneries qui sortent de ta bouche, ou bien c’est juste un chapelet d’inepties dont la dissonance sonne bien à ton oreille atrophiée ? » Je ne hurle pas, mais l'acoustique de la chapelle renforce la violence sourde de ma voix, cette affliction contenue que je tente de réfréner autant que faire se peut. « Comme si ça me faisait chier que tu m’ignores superbement ?! Mais t’es croisée plante verte, ou quoi ?! A partir du moment où tu sais que je suis partit à cause de toi, ça te vient pas à l’esprit que je suis revenu pour les mêmes raisons ? » C’est pas comme ça que je voulais dire les choses, mais c’est ainsi qu’elles sortent, condensées et enroulées de cette révolte qui ne demandait qu’à sortir. Je m’en voudrais dans, à peu près, deux minutes, mais pour l’instant, j’ai déconnecté mon cerveau, une partie au moins, la partie raisonnable, structurée, celle qui bénéficie du recul nécessaire à toute analyse digne de ce nom. « Alors, tu veux un scoop, le Ficus ? Je ne fais pas “comme si”, et ça me fait pas simplement “chier” ! Ça me donne envie de... de... de... » un grognement de frustration vient ponctué cette phrase que je parviendrais jamais à achever, tant la violence contenue dans mes mots ne sera jamais à la hauteur de cette violence qu’elle a alimenté en moi pendant une semaine. « Khouy tebye na postnom maslé, Sixtine ! J’aurais mieux fait de ne pas revenir... » Cette conclusion, suivie d’une pluie de jurons en cyrilliques, accompagne mon mouvement de fuite. J’ai plus rien à foutre là. Et par “là”, je n’entends pas le nid, mais pour commencer, cette chapelle, avec elle. Je ne referais pas le coup du faux départ, pour deux raisons, l’une commençant par un “G” et l’autre commençant par un “M”... Mais la raison “S” n’a plus lieu d’être, à présent. Je ne la suivrais plus, je ne m’imposerais plus, je m’emploierais à l’ignorer avec autant de brio qu’elle. Et ce nouvel ordre des choses prend effet dès maintenant, avec mes jambes me conduisant droit sur cette fenêtre brisée qui scellera la fin de... rien. Finalement, rien, c’est ce qui traduit le mieux feu notre relation. Rien.
avatar

Sixtine
MESSAGES : 1415
LOCALISATION : ABERDEEN, ÉCOSSE
EMPLOI : CONDUCTRICE DE BUS / MEMBRE ACTIF DE LA CENTRAL SCOTLAND GREEN NETWORK
CITATION : « VAUT MIEUX ÊTRE BELLE ET REBELLE, QUE MOCHE ET REMOCHE »
JUKE BOX : REVÓLVER - GET AROUND TOWN ; THE BEATLES - EIGHT DAYS A WEEK ; HERMAN'S HERMITS - NO MILK TODAY ; I MONSTER - HEAVEN ; THE DANDY WARHOLS - SLEEP ; LANA DEL REY - BLUE JEANS
POINTS : 0

LOVER'S LIFE
CAGNOTTE: 4 500 €
RELATIONS:
PARTENAIRE: ELVIS (MILAN)

save me for a day - lundi 19, 18h15 Empty
MessageSujet: Re: save me for a day - lundi 19, 18h15   save me for a day - lundi 19, 18h15 EmptyMer 21 Mar 2012 - 0:53

Je sursaute dans la chapelle au son de sa voix grave, plus forte que jamais. Un seul mot, et je me fige. Une intonation qui me fait rapidement comprendre que la suite ne sera pas très agréable. Il me dérobe cette colère qui est censée m’appartenir, pour se l’approprier sans AUCUNE raison. Il me traite de tous les noms de plante possible, et . . . il ne vient pas juste de m’insulter en russe ? On ne lui a jamais appris, dans son pays d’arriérés, que quand on est heureux de revoir quelqu’un on lui fait simplement un câlin ? Parce que c’est bien ce qu’il tente de me signifier, sous ses airs d’ours bourru, non ? Si ça ne le fait pas ‘‘simplement chier’’, c’est que ça l’emmerde profondément. Et s’il ne fait pas ‘‘comme si’’, c’est que mon comportement l’atteint véritablement. Il agit bizarrement le Syssoï, ouais vraiment bizarrement. D’abord il est anéanti par mon faux départ orchestré par la production, et ensuite il s’agace que je puisse imaginer une indifférence de sa part à mon égard. Vous ne trouvez pas ça louche, vous ? Ma canine oui en tout cas, puisqu’elle s’enfonce jusqu’au sang dans ma lèvre. Mes doigts aussi, puisqu’ils viennent parcourir ma nuque. Une seconde, pas de quoi s’emballer ou tirer des conclusions hâtives. Il précise revenir pour les mêmes raisons, par conséquent il faut reprendre sa tournure de phrase initiale, soit ‘‘à cause de toi’’. Et non pas ‘‘pour toi’’, sinon il aurait pris soin de mettre l’accent sur cette modification de taille, parce que –avouons-le- ça change pas mal de choses. Il est par conséquent revenu par ma faute, c’est à dire parce que je l’ai poussé à se dévoiler, à se laisser envahir par les doutes, à admettre un attachement possible dans son esprit réfractaire. Pour avoir plus de réponses, peut-être, pour voir si mes beaux enseignements peuvent se vérifier, parce qu’il s’est rendu compte qu’il est éperdument amoureux de sa rousse, parce que . . . Mais alors pourquoi ne pas avoir remplacé le ‘‘toi’’ par le ‘‘ça’’ ? De toute manière, pourquoi cela m’importe tant ? Mon visage n’a pas bougé depuis cinq bonnes minutes, pourtant je peux le sentir rougir progressivement devant la conclusion que ce débat intérieur est totalement déplacé. En dépit de cette réaction involontaire, je suis totalement hermétique en cet instant précis, et une bombe pourrait bien exploser dans la chapelle en réduisant mon environnement à néant, que je resterais là, figée comme une idiote à m’interroger sur le sens des mots. Ce n’est pas comme si le français avait pris soin de peser chacune de ses paroles avant d’ouvrir la bouche, parce que contrairement à d’habitude, il a laissé échapper ce flot sous le coup de l’émotion. Je le féliciterais bien pour ça d’ailleurs, c’est la première fois que je le vois perdre son sang froid, s’exprimer en laissant parler son cœur, et non sa tête. A croire que pousser les candidats à bout est devenu ma spécialité. Après Jacko, voilà que c’est le danseur qui veut ma peau, et je risque d’y passer un jour ou l’autre si je ne surveille pas plus attentivement mon langage. Pourtant je n’ai pas eu l’impression que mes mots pouvaient provoquer une telle fureur, une telle manifestation d’agacement. Je n’y suis pour rien moi, je n’ai fait que balancer l’évidence ! Mes sourcils se froncent finalement tandis que mon menton se relève, mes yeux bleus cherchant leurs semblables, jumeaux troublés par une incompréhensible exaspération. Ouais, de toute façon, pourquoi je me prends la tête pour ça ? S’il a envie de beugler comme une vache, libre à lui. « A fhios agam freisin conas a labhairt teanga eile, téigh trasna ort féin. » Non mais sérieusement, il se prend pour qui le Goliath. Moi aussi je suis capable de lui dire d’aller se faire foutre en gaélique. Sauf qu’aller se faire foutre, c’est justement ce qu’il est en train de faire, comme s’il prenait mes recommandations au pied de la lettre. « De quoi ? De tout casser ? De me frapper ? De te barrer comme un lâche ? » Je me précipite vers la fenêtre par laquelle il compte s’échapper en l’interrogeant, m’interposant entre lui et son objectif, un bras tendu vers l’avant pour l’empêcher de prendre la fuite. S’il croit qu’il va m’échapper aussi facilement, c’est bien mal me connaître. Je reprends mon souffle, cette brève course m’ayant épuisée pour une raison que j’ignore. J’ai le cœur qui explose un record de battements à la seconde, tous mes muscles tendus dans l’angoisse de le voir disparaître. S’il part maintenant, je crains de le voir reculer sur ce chemin considérable qu’il a parcouru, et de ne plus pouvoir contempler que son dos s’éloignant sous un ciel orageux. Il ne faut pas qu’il parte, et là j’hésite. Je me calme ou j’éclate ? « Avec toi il faut se contenter d’interpréter, parce que tu ne viendras jamais nous dire des choses aussi essentielles que : ‘‘je tiens à toi’’. Tu as le culot de me reprocher d’avoir pensé que t’en avais rien à cirer de nous, de moi, parce que tu décides de te barrer du jour au lendemain comme un sale égoïste ? » Je sais que ça ne répond pas vraiment à ce qui l’a réellement fait sortir de ses gonds, puisque je lui parle de la période ayant suivi son élimination du jeu, et non celle durant laquelle je l’ai ignoré. Cela dit les deux sont étroitement unies, puisque dans l’une comme dans l’autre, je me suis demandé s’il n’éprouvait que désintéressement à mon égard, son départ pouvant avoir été motivé par tout autre chose que notre échange dans la salle de bains. Dans ce cas, il ne peut prétendre s’étonner de me voir considérer la possibilité d’avoir échoué, et de lui être sentimentalement étrangère. Je m’approche de lui, frappant son torse de mes petits poings ridicules. « Après tes beaux discours sur la solitude de l’homme, tu peux pas me reprocher d’avoir imaginé le pire. Je me suis dit ‘‘merde, je l’ai fait flippé et il est revenu aux bases, à ce qu’il connaît’’. » Je pointe mon doigt sur son front, signifiant sa tête, son esprit, ses longues réflexions. Par opposition au cœur, aux ressenti, aux sentiments. « Et heureusement que tu es revenu, sinon j’aurais . . . » Je déglutis avec difficulté, détournant mon regard rougi et humide pour qu’il ne puisse pas y distinguer ma détresse, mais je crois qu’il est déjà trop tard. J’écarquille les yeux, m’imaginant gambader dans une magnifique prairie avec Baba et Esther, mais même cette rassurante pensée n’est pas particulièrement efficace. Je ne termine pas ma phrase, de toute façon lui non plus ne l’a pas fait. Je n’aurais sans doute pas du m’emporter, j’ai une chance sur deux de le voir poursuivre sa route, plus agacé que jamais. Mais il est important pour moi de lui faire comprendre que sa décision n’a pas été sans conséquences sur les autres, que moi aussi j’en bave, au moins tout autant que lui. Je sais, bon sang, je sais. Son retour, c’est sans doute ma victoire, le témoin que ses conceptions ont été ébranlées, et qu’il l’a finalement accepté. Mais cette évidence n’est rien sans la confirmation que notre conversation est liée à son choix de quitter l’aventure. Car sans ça, sa réintégration dans le jeu ne l’est pas non plus, et alors je reviens à la case départ. Cependant il vient de me confirmer que mes soupçons sont fondés, que la connexion que j’ai faite n’a pas été vaine, et alors je ne sais plus du tout où me placer. En quoi suis-je parvenue à le toucher, jusqu’où ? Quel domaine, a-t-il été convaincu par des exemples concrets éveillés par mes mots ? Ses liens avec les autres, de toute évidence. Gabrielle, Moore, Franckie, même Connor. Et moi. Il se soucie désormais de notre indifférence à son encontre, je veux croire en ça. Mon accusation n’a servie que mes reproches et ma frustration, une forme de provocation. C’est bien connu pourtant, que les femmes aiment prétendre qu’on ne leur porte pas attention pour qu’on les convainque du contraire. Mais avec Syssoï, c’est une crainte qui peut s’avérer parfaitement légitime. Là encore, il ne trouve qu’une forme détournée pour me dire des choses simples, le mal pour me signifier un bien, parce que c’est trop dur pour lui, j’imagine. Je lui en demande sans doute trop, comme d’habitude. Je soupire, relevant mes iris sur son visage que je contemple un moment en silence, attrapant son bras au niveau du coude, faisant glisser mes doigts sur sa peau jusqu’à sa main que je serre dans la mienne. Il connaît ce geste désormais, et sa signification. Ne pars pas, s’il te plaît. C’est peut-être aussi, à cet instant, une tentative de calmer son tempérament. « C’est ta réponse à ma question ? Il est trop tard ? » Je fais référence à notre conversation passée, à son incertitude qu’il m’avait donnée sous la forme d'un ‘‘je ne sais pas’’ tout aussi libérateur que frustrant. Son retour me semble constituer sa réponse définitive, mais je préfère m’en assurer.
avatar

Syssoï
MESSAGES : 2902
AGE : 37
LOCALISATION : J'SUIS TELLEMENT LOIN
EMPLOI : DANSEUR AU B-ONP
CITATION : « Des morsures de feu, derrière les oreilles, lui trouaient la tête, gagnaient ses bras, ses jambes, le chassaient de son propre corps, sous le galop de l'autre, la bête envahissante. »
POINTS : 1080

LOVER'S LIFE
CAGNOTTE: 145 000 €
RELATIONS:
PARTENAIRE: GABRIELLE

save me for a day - lundi 19, 18h15 Empty
MessageSujet: Re: save me for a day - lundi 19, 18h15   save me for a day - lundi 19, 18h15 EmptyMer 21 Mar 2012 - 4:37

Je ne sais pas ce qui m’a prit de vouloir absolument me réapproprier son attention, revenir aux fondamentaux et l’obliger à me percevoir, car qui dit “cessez-le-feu”, dit “pourparlers”, ce qui entraine inévitable une certaine interaction et un dialogue. Or, parler avec elle est une torture en soi, accepter de desceller les lèvres sur sa demande c’est comme lui signer un bon d’accès gratuit pour le train fantôme direction les méandres de mon cerveau. Et c’est pas bon, ça. Personne ne devrait avoir accès à mes pensées, mes souvenirs, mes réflexions, personne ne devrait pouvoir s’offrir la visite de mes ténèbres, et surtout pas avec l’ambition redoutable de tout repeindre en rose bonbon-bisounours ! Je la vois arriver à trois mètres avec ses pommes d’amour, ses barbapapa, et son pistolet à bulles. Chaque fois qu’elle en a l’occasion, chaque fois que je lui en laisse l’occasion, elle me tire une nouvelle salve de bulles de savon en pleine tronche et m’aveugle pour les quinze jours qui suivent. J’en peux plus de ce sentiment d’instabilité, de ses bases fébriles sur lesquelles je tangue en tentant de garder un vain équilibre, qu’elle met à mal au commande de son bulldozer qu’elle envoie directement dans mes colonnades antiques. Je voudrais qu’elle arrête, et quand elle le fait, je reviens comme un chien perdu sans collier, la queue entre les jambes, pour qu’elle m’entaille un peu plus. Ça fait mal, j’aime ça, j’suis complètement con ! Elle n’a même pas parlé, enfin pas vraiment, pas encore, et pourtant ça a suffit à me faire paniquer, à bousiller mes connexions neurales, et à me faire dire des choses qui ont perdu de vue tout sens commun ! Je voudrais arracher un de ces bouts de verres qui ornent la fenêtre brisée vers laquelle je me dirige, en arracher un et me le ficher en plein dans la tempe pour que le mixeur qui s’emploie à pré-mâcher mon cerveau, finisse court-circuité une bonne fois pour toute. Cette fille est un vortex absorbant une à une toutes mes pensées cohérentes pour ne laisser qu’une suite d'onomatopées sans fin tournant en cercle dans mon cerveau, se heurtant, par moment, à mon crâne avant de reprendre en titubant. Et vu de l’extérieur ça donne juste un mec cherchant à fuir très vite, et très loin, conscient, à présent, d’avoir commit une monumentale connerie de plus, et qui s’entend répondre un « Génial, après ça on va pouvoir se lancer dans un concours de rots ! » lorsque la demoiselle en question ose répondre à son insulte en russe par une insulte en Klingon ou autre dialecte pour le moins étrange et absolument inutile. Je ne vois pas le bout du tunnel, j’ai l’impression que cette fenêtre s’éloigne de moi au lieu, comme il se doit, de se rapprocher à mesure que j’enquille les mètres supplémentaires. Je n’ai jamais été autant pressé de sortir de quelque part, pas même lors de ma crise de claustrophobie dans le cellier avec Gaby, et je sais que cette précipitation n’est due qu’au fait que je parviens à anticiper les réactions de la blonde. Je sais qu’elle a compris qu’elle me tenait, ou qu’elle tenait l’instant T où elle va pouvoir m’arracher les informations, m’extirper cette conversation qu’elle n’a pas eu la dernière fois. Alors elle va se lancer à ma poursuite, peut être même que c’est déjà fait, mais le bourdonnement dans mes oreilles m’empêche de prêter la moindre attention à mon environnement auditif, et puis, lorsque ce sera fait, elle me barrera le chemin, interrompant toute fuite pour me sommer de m’expliquer. Ce que je suis, bien évidemment, pas en état de faire. Je l’entends hurler dans mon dos, je crois qu’elle tente de m’obliger à finir ma phrase, ma menace, et accessoirement de me retenir, en vain. Mais j’accélère le pas, j’essaye de la distancer. En vain, ça aussi. Elle apparaît brusquement, entre mon objectif et moi, un bras tendu en avant comme un putain de flic faisant la circulation au centre d’un carrefour bondé à la signalisation en panne. C’est ça, je suis un feu tricolore bloqué sur le rouge clignotant. Sauf que chez moi, ça veut pas dire “arrête-toi !” mais “dégage de mon chemin, blondinette sous-alimentée !”. Un avertissement à peine camouflé dont elle décide de faire fi. Idiote ! Au contraire de quoi, après un instant de silence que j’ai employé à chercher du regard une autre sortie qui aurait pu m’échapper, elle se lance dans une nouvelle salve de bubblegum-reproches, m’accusant de ne pas savoir dire les choses et de les forcer, elle et les autres, à interpréter mon comportement. Allô ? J’ai été clair depuis le début ! Qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas dans “je ne sais pas parler” ? Son raisonnement se poursuit, et je me retrouve projeté de le rôle de celui qui les pousse à penser que je me désintéresse d’eux. Pareil, qu’est-ce qu’elle n’a pas compris dans “si je m’isole c’est pour vous protéger, vous.” ? Je me demande à quoi à bien pu servir notre précédente conversation si elle n’a absolument rien retenu de tout ce que je lui ai dis, ce que je lui ai dis à elle et à personne d’autre, de toute ma foutue vie ! Je cherche toujours, du regard, une possible sortie bis, mais fini par reporter mon attention sur elle lorsque je sens ses poings entamer leur martèlement de mon torse. Je devrais m’inquiéter ? Je soulève un sourcil face à son énervement, face à son discours, sa théorie selon laquelle j’ai flippé et que je suis revenu aux bases. J’écarte mon crâne de ce doigt accusateur, inquisiteur, qui prend plaisir à désigner mon crâne comme unique fautif. « Et bien, tu vois que t’arrives à obtenir un raisonnement correct de temps à autre. » ma voix claque, sarcastique et dégueulasse, parce que finalement, elle avait très bien compris les raisons de mon départ, et au lieu de s’en vouloir à elle, elle a estimé plus confortable de m’en vouloir à moi. « Sauf que finalement, je suis revenu, et c’est toi, qui a choisi de fuir comme la dernière des lâches ! » Comme Moore, exactement comme Moore. A la différence près que Moore, je suis parvenu à la coincer plus tôt, et qu’elle n’a pas la propension de Sixtine à vandaliser mes habitudes comme elle le fait. « Et heureusement que tu es revenu, sinon j’aurais... » Quoi ? Elle aurait fait quoi ? Elle aurait tout cassé ? Elle m’aurait frappé ? Elle aurait frappé quelqu’un d’autre sachant que je n’étais plus là pour recevoir ses coups ? Elle aurait fuit l’émission comme je venais de le faire ? C’est risible de voir à quel point elle est apte à reproduire une action qu’elle ne cautionne pas lorsqu’elle vient de moi... Je m’apprête à lui offrir verbalement cette réflexion lorsqu’elle baisse la tête, dérobant un regard qu’il m’a suffit d’entrapercevoir pour envisager, un instant, l’étendue des dégâts. Elle va pas pleurer ?! Non, il faut surtout pas qu’elle pleure, les gens qui pleurent me panique, je ne sais jamais comment réagir, et je finis toujours par distribuer de grandes claques dans le dos en estimant qu’il doit s’agir d’un rituel établi de réconfort. Lorsqu’elle relève les yeux, après un moment de réflexion, elle semble calmée, comme venue à bout de ses démons avec une facilité que je lui envie. Ses doigts glissent sur ma peau, provoquant gêne et inconfort, avant de se stabiliser sur ma main qu’elle étreint de la sienne. Je ne sais pas si ce geste m’apaise, tant j’ai entreprit de tout bloquer pour ne plus rien risquer de laisser filtrer. Hermétique. Ma main ne se referme pas sur la sienne, mais elle reste en place, et finalement, c’est déjà beaucoup. Mais lorsqu’elle lance sa dernière grenade, mes doigts se crispent automatiquement autour des siens, comme un spasme musculaire trahissant un peu plus le détenteur de ce corps qui est mien. Je ferme les yeux, bloquant un des accès à mes ténèbres, tentant, comme je peux, de me protéger d’elle et de sa capacité à me faire parler, moi ou mon corps. Je voudrais lui dire que oui, qu’il est trop tard, que finalement elle avait raison sur toute la ligne et que je la déteste pour ça, parce qu’il est bien plus facile de la détester elle, le porteur de mauvaise nouvelle, que de me détester moi pour ma faiblesse alors que je me répugne déjà de tout mon être. Mais j’en suis incapable, je suis encore bien trop en colère, le coeur et la tête en révolte. « Visiblement il n’est pas trop tard pour tout le monde. » Je finis par souffler, avec amertume, m’arrachant à sa main pour reculer, tête basse, rebroussant chemin jusqu’au banc. « T’as l’air de très bien t’en sortir, toi. » Et pour ça aussi, je lui en veux. Je lui en veux de tellement de chose, finalement je crois même que je lui en veux d’exister, tout simplement. C’est cliché de dire qu’un monde sans Sixtine serait vide de sens, mais ce qui ne l’est pas c’est de d’avouer que ce monde vide de sens me serait bien plus confortable et agréable que l’autre, cette réalité parallèle sur lequel elle a levé le voile pour me laisser apercevoir l’ingérable. « Tu fous le Bronx dans ma tête, et au moment où j’aurais besoin d’aide, tu m’offres ça... » dis-je en la désignant de pied en cap, d’un mouvement ample du bras, sans me retourner, sans même lui jeter un oeil direct. « Silence, distance, souffrance... Elle est où la logique là-dedans ? » Je lui tourne le dos, j’ai pas envie de la voir, pas envie de lire sur ses traits ce que mes mots ont engendré. J’assume plus les conséquences, j’assume plus rien. On m’a pas offert la réflexion nécessaire, j’ai pas eu le temps de calculer les résultats éventuels, y a trop d’inconnus, trop de variables, je suis paumé sans mes calculs savants. Alors, je fais ce que tout être humain ferait en pareil circonstance, je détourne les yeux du massacre et je tente de l’ignorer, la tête dans le sable, j’entends rien, je ne vois rien, alors peut être que, finalement, rien de tout ça n’existe. Peut être.

Contenu sponsorisé

save me for a day - lundi 19, 18h15 Empty
MessageSujet: Re: save me for a day - lundi 19, 18h15   save me for a day - lundi 19, 18h15 Empty

 

save me for a day - lundi 19, 18h15

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» boys don't cry ~ 24/04 | 18h15
» disgusting [19/09 - 18h15]
» AVE OHANA - le 03/12 à 18h15
» Premières Nominations (20/09 - 18h15)
» Deuxièmes Nominations (24/05 - 18h15)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
FAKE LOVER :: Les différents chapitres :: Les chapitres :: CHAPITRE DEUX :: SAISON 6 :: Extérieur-