━ London calling ━

❝ feat. Siomha❞

Ah, Londres. Bon sang que cette ville était plaisante. Tellement plus plaisante que Dublin, Paris et toutes ces capitales qui ne lui arrivaient clairement pas à la cheville et qui, entre nous, devaient être un peu jalouses de leur grande sœur. Mais regardez un peu à quoi ressemblait Londres, combien il était agréable de s'y promener, à quel point ses habitants étaient ravis d'y vivre - bon d'accord, peut être pas tous, mais on parle pour une majorité là. Bref, Londres était une ville de rêve, ou mieux, une ville rêvée. C'était en tout cas de la sorte que la voyait Jackson. Oui oui, ce type qui n'aimait rien ni personne - ou presque - et qui trouvait à critiquer de tout et n'importe quoi aimait Londres. Ça n'était peut être pas sa ville natale, mais c'était bien sa ville adoptive. Le jeune homme s'y était rendu après avoir quitté le domicile familial, situé à Newcastle, afin de fuir celui qui l'avait trop longtemps considéré comme son martyr. Et donc, il avait emménagé ici, à Londres, et n'avait pas tardé à s'y sentir véritablement comme chez lui. Ses moyens lui permirent de se payer un appartement dans un joli immeuble de Trafalgar Square où il vivait seul avec la meilleure compagnie possible : lui même. Mais peut être cela ne durerait-il pas ... Affaire à suivre. Quoi qu'il en soit, Jackson était plus que ravi de retrouver Londres, après avoir passé plusieurs mois en Irlande. Okay, ça n'était clairement pas le pays le plus dégueulasse du monde, mais disons que l'Angleterre lui manquait, que Londres lui manquait. Alors quelle ne fut pas la joie - intérieure - qui s'empara du grand blond lorsqu'il posa un pied à Londres pour la première fois depuis de trop longues semaines. Il retrouva sa ville, son quartier, les lieux qu'il avait l'habitude de fréquenter, ainsi que les rares personnes qui étaient armées pour le supporter - si si, il y en a quelques unes, mine de rien. Qu'il faisait bon revenir ici.

En ce jour, et tandis qu'il avait déposé ses valises à son domicile, Jackson avait souhaité se balader un peu à travers le quartier dans lequel il vivait, sur la place de Trafalgar Square. Comme toujours, c'était bondé. Peut être pas autant que durant les vacances estivales - où mille et un français, allemands et chinois trouvaient bon de rappliquer tous en même temps - mais disons qu'il y avait du monde en cet après-midi ensoleillé. Vous savez bien que Jackson aimait particulièrement la foule - quelle blague - alors il ne se priva pas pour grommeler légèrement lorsqu'un môme le bouscula. Depuis quand les gosses étaient-ils autorisés à Londres, d'ailleurs ? Première nouvelle. Jackson marcha alors nonchalamment lorsque son portable se mit à vibrer dans sa poche. Spontanément, il décrocha. Pour le coup, il ne s'attendit pas à ce coup de téléphone pour le moins inattendu. « Oui (...) Qui ça ? (...) Marla ? (...) Marla, qui ? (...) Comment ça "Marla, ta sœur" ? (...) Oh, excuse-moi, c'est vrai qu'avec un coup de fil tous les huit mois, j'ai toutes les raisons du monde de me souvenir de ton existence (...) Oui, je vais bien donc tu peux dire à " l'autre " que son abruti de fils est toujours bien portant (...) Ouais, c'est ça (...) » Jackson jeta alors un coup d'œil à sa droite, lorsqu'il remarqua une silhouette familière. Ce n'est que lorsque la dite silhouette se retourna un minimum qu'il crut avoir développé la berlue. Parce que soit la jeune femme qu'il avait face à lui était le sosie d'une blonde qu'il connaissait bien - enfin, bien ... - soit il n'y avait pas que son cœur qui était attaqué. Dans le doute ... « Bon écoute, tu me rappelleras l'année prochaine, parce que là j'ai à faire (...) Ouais, moi aussi » Clac, raccroché. Que cette blonde se prépare, il allait en avoir le cœur net. Jackson fit discrètement le tour pour tâcher de la dévisager pleinement, et là, il n'eut plus le moindre doute. Siomha, à Londres ? La blague. Qu'est-ce qu'elle foutait là ? L'avait-elle poursuivi parce qu'elle ne parvenait pas à l'oublier ? Très certainement. Trêve de plaisanterie, Jackson comptait bien passer à l'attaque. Non, il ne s'en irait pas et n'ignorerait pas cette présence. Ce serait bien mal le connaitre. Alors, le grand blond se plaça dans le dos de la jeune femme et prit doucement la parole. « Excusez-moi, mademoiselle, on nous a signalé un cas de racolage non loin d'ici ... Avez-vous vu, entendu ou fait quoi que ce soit ? » Oui, il pouvait être très subtile quand il le voulait. Parce qu'un « salut, ma blondasse nymphomane préférée » l'aurait moins fait tout de même. De toute manière, il devait s'y faire, elle était un peu son équivalent féminin. Eh oui.

Londres était une ville très peuplée. Jackson ignorait combien de personnes s'y trouvaient à l'année - et d'ailleurs il se fichait pas mal de connaitre ce chiffre - mais il était certain qu'elles étaient nombreuses. Tout comme il était certain que nombreux étaient également les touristes qui, chaque jour, envahissaient les ville de la capitale anglaise. Certains quartiers, certaines places étaient prioritairement touchés par cette invasion surprenante mais surtout dérangeante. Car Jackson détestait les touristes. Il ne les aimait pas parce qu'il estimait qu'ils pouvaient tout aussi bien rester chez eux ou, au pire, se rendre dans une autre ville, voire un autre pays, mais en tout cas très loin de sa ville à lui. Oui, aux yeux de Jackson, ces gens là n'étaient tout bonnement pas les bienvenues à Londres. Étonnant venant de lui, n'est-ce pas ? Si cela ne tenait d'ailleurs qu'au grand blond, tous ces incrusteurs auraient déjà été reconduits en dehors du territoire anglais. Quoi qu'il en soit, Jackson n'avait chaque fois d'autre choix que de faire avec la présence de ces nuisibles, que de s'accommoder de leur simple existence, ce qui lui demandait bien des efforts, sachez-le. Mais personne ne le priverait de profiter à nouveau de cette ville qu'il aimait tant, ah ça non. Ainsi donc, bien qu'il croisait incessamment des touristes depuis maintenant quelques bonnes minutes, Jackson parvenait à rester plutôt calme. Okay, peut être bien qu'il soupirait toutes les trente-trois secondes et demi et qu'il shootait dans quelques petits cailloux au passage, mais ça s'arrêtait là. Une chose était en tout cas certaine, en décidant d'aller se balader sur Trafalgar Square quelques instants plus tôt, Jackson avait été bien loin de s'imaginer qu'il tomberait sur une vieille connaissance à lui. Enfin, peut être bien que le terme « vieille connaissance » n'était pas des plus appropriés dans le cas présent, mais qu'importe. Car alors qu'il se baladait tranquillement, il remarqua une silhouette étrangement familière. Une jeune femme blonde, qui lui apparut d'abord de dos, mais qu'il ne tarda pas à dévisager discrètement. C'était Siomha. Autant dire qu'il fut pour le moins surpris de la trouver ici. Au départ, il crut même à une sœur jumelle, mais ne tarda pas à abandonner cette éventualité. C'était donc Siomha, en chair et en os. Putain, ça lui faisait bizarre. Mais alors qu'on aurait pu croire qu'il se serait contenté de hausser les épaules et qu'il aurait poursuivit sa route, il n'en fit rien. Au contraire. Jackson préféra adresser la parole à la jeune femme, doté de toute la subtilité dont il était capable. Celle-ci se retourna alors, ne se privant pas de répliquer bien à sa manière. Une réplique pleine de classe, bien évidemment. Quand est-ce qu'il comptait clamser ? Hm, difficile à dire. « Pas avant d'avoir pu t'embêter une dernière fois, ça c'est certain » fit-il alors, dans un mince sourire. Sachez que les paroles de la jeune femme ne parvinrent pas à l'atteindre. Ça n'était pas comme si son trépas à venir l'inquiétait ou le peinait. Pas du tout. Jackson avait eu tout le temps - de longues années - pour s'y préparer. Alors, à la rigueur, cela le faisait juste marrer. Mais voilà que Siomha déguerpissait déjà. Ah non, ça n'était pas drôle du tout ça. Ainsi donc, Jackson s'empressa de la suivre, terminant bientôt à marcher à ses cotés. Il ignorait vers où elle allait, mais il y allait aussi, c'était décidé. « Qu'est-ce que tu racontes de beau ? » demanda-t-il, l'air de rien, comme si c'était tout à fait naturel de poser ce genre de questions à Siomha. Peut être l'enverrait-elle chier. Oui, peut être. Mais le "peut être pas" était à prendre en considération, également.

Attendez voir, pourquoi est-ce que Siomha agissait de la sorte ? N'avaient-ils pas été, Jackson et elle, les meilleurs amis du monde au sein de l'aventure Fake Lover ? Ah, euh, non en fait. Il était donc probable que la jolie blonde ne soit pas particulièrement enchantée de le revoir en ce jour, ce qui pouvait aisément se comprendre. Jackson, lui, n'appréciait ni ne dépréciait cette rencontre hasardeuse. Disons qu'il se réjouissait simplement, dans son fort intérieur, d'avoir retrouvé la trace de celle qu'il avait aimé embêter quelques mois auparavant. A croire que, quelques fois, le destin se la jouait cool avec lui. Quoi qu'il en soit, le grand blond put sans peine s'apercevoir que son ancienne camarade ne rêvait désormais plus que d'une chose : qu'il la laisse tranquille. Malheureusement pour elle, et elle devait bien le savoir, ça n'était pas tellement le genre de la maison. Si Jackson dépréciait généralement toute compagnie, ça n'était pas tellement valable quand il s'agissait de se la jouer légèrement emmerdeur sur les bords. Ainsi donc, que Siomha se rassure, il n'allait aucunement la lâcher de si tôt. Disons qu'elle était bien partie pour passer son après-midi avec lui, un truc dans le genre. Lorsque la jeune femme préféra reprendre sa marche, Jackson décida sans réfléchir de la suivre. Il n'allait quand même pas la laisser se faire la malle à ce stade si peu avancé de la conversation. C'était purement inenvisageable à ses yeux, sachez-le. Et donc, Jackson put sans mal la rattraper, et ne tarda pas à lui demander des nouvelles. Oui, il se permit de la questionner à ce sujet. Quel culot, n'est-ce pas ? Là, il eut bien évidemment droit à une charmante réponse pleine d'ironie de la part de son ancienne camarade. Le contraire aurait été bien étonnant, de toute manière. Un sourire amusé prit alors place sur les lèvres du jeune homme, qui poussa ensuite un petit soupire. « Je vois que tu es restée la même, c'est une bonne chose » fit-il alors, dans un haussement d'épaule, et avec une certaine sincérité. Ce genre de répliques, c'était tout à fait le style de Siomha. L'ironie également. Et Jackson serait hypocrite de prétendre qu'il n'affectionnait pas la personnalité de son ancienne camarade. Bien sûr qu'il l'affectionnait. Finalement, la jeune femme s'arrêta, tapotant l'épaule de Jackson, s'adressant à lui et se remettant à marcher. Donc, elle tentait à nouveau de lui échapper ? C'était peine perdue, elle devrait le savoir. Sans tarder, Jackson s'empressa de la rattraper, ce qu'il parvint à faire en à peine cinq secondes. « Dans vingt ans, peut être pas » lança-t-il alors. Ouais non, pourquoi pas tout de suite, plutôt, hm ? « Bon alors, pourquoi être venue à Londres ? Ça n'est pas pour affaires, ça c'est sûr » reprit-il, dans un fin sourire. Non, il connaissait trop bien l'ironie de la belle désormais. Alors qu'elle trouve autre chose. Ou qu'elle lui dise la vérité, ce serait encore mieux.

Ouais bon, peut être bien que Jackson s'amusait un peu à embêter sa Siomha adorée, mais dites vous bien que c'était principalement parce qu'il n'avait jamais été de ceux qui l'avaient dépréciée. A ses yeux, elle n'avait rien de franchement dépréciable à vrai dire. Elle n'était peut être pas parfaite, mais disons qu'elle avait certaines qualités, malgré tout. Et puis, il affectionnait relativement le fait qu'elle lui soit semblable, sur certains points du moins. Donc, non, Jackson n'avait jamais dépréciée Siomha. Quant à leurs rapports, et bien, disons qu'ils avaient toujours été quelques peu particuliers. Jackson avait souvent eu l'impression d'être un indésirable aux yeux de son ancienne camarade, et cela avait probablement été le cas à de nombreuses reprises, exceptés peut être lors des deux fois où les deux jeunes gens avaient passé un moment plutôt "intime". Mais vraiment, mise à part cela, Jackson avait toujours eu l'impression d'avoir dérangée la jeune femme. Et vous vous doutez bien que, casse-pied comme il l'a toujours été, le grand blond ne s'était jamais privé de lui imposer sa présence, comme il était précisément en train de le faire maintenant. Bien sûr, il n'était ni idiot ni naïf, et ne s'imaginait pas un seul instant que d'un seul coup, comme par miracle, Siomha allait tolérer et même apprécier sa présence. Bien sûr que non. Quelle chance alors qu'elle n'ait pas le choix et qu'elle ne puisse pas véritablement lui échapper. Car chaque fois qu'elle s'efforçait de le planter là, le jeune homme lui courait après. Tenez, justement, c'est ce qu'il venait de faire. Et même, il venait de se risquer à lui demander quelle raison avait bien pu la pousser à venir à Londres. Il se doutait bien que l'envie de lui répondre ne serait pas des plus importantes chez la jeune femme, mais il osait espérer qu'elle ferait l'effort de rester assez sincère pour autant. Et justement, toujours en marchant, la jeune femme finit par lui révéler qu'elle cherchait simplement à s'éloigner de Dublin. Hm, c'était mieux que rien comme réponse. « On cherche tous à fuir quelque chose » répondit-il alors, dans un bref haussement d'épaules. Il parlait là en connaissance de cause, soyez-en certains. Bien entendu, il se doutait que Siomha était du genre à fuir l'après Fake Lover, à vouloir à tout prix rester loin de ceux avec qui elle avait vécu ces quelques mois durant. Parce qu'elle n'était pas de ceux qui aimaient garder contact, ça aussi il le savait. Lui même avait été comme ça, au début du jeu. Mais certaines choses avaient changé, et lui avec. Jackson continua alors de marcher aux cotés de son ancienne camarade, jusqu'à ce qu'il se lasse et qu'il décide de se planter net devant elle, l'empêchant de continuer. « Bon, ça te dit de t'envoyer en l'air ? Pas ici, en pleine rue, non ... Quoique. Je pensais plutôt au Club Quarters, un hôtel de luxe pas loin d'ici. Ou sinon, on devrait pouvoir trouver une ruelle dans le coin, un truc un peu dégueu mais qui fera amplement l'affaire ... » Bah quoi, ça n'était tout de même pas comme si ils ne se connaissaient pas à ce niveau là, hein.

Siomha ne fuyait donc rien du tout. Mouais, sans doute était-ce vrai. Après tout, elle était encore la mieux placée pour savoir si elle fuyait véritablement quelque chose, ce que Jackson avait d'abord supposé. Et puis non, il est vrai qu'elle n'était pas tellement du genre à fuir les choses, elle. Allons bon, elle ne fuyait rien. Ainsi, Jackson se contenta de répliquer d'un petit « Admettons » qu'il accompagna d'un haussement d'épaules qui devenait de plus en plus récurent. Le sujet était clos. Et là, on aurait supposé qu'il serait parti vaquer à d'autres occupations, ayant bien assez embêtée son ancienne camarade. Mais non, bien entendu, il préféra rester là. Non, il fit même mieux que cela. Jackson osa carrément se planter devant la jeune femme, l'empêchant par la même occasion de faire un pas de plus. Quand il s'en donnait véritablement les moyens, sachez que Jackson pouvait être chiant, très chiant même. Nombreux étaient celles et ceux qui avaient déjà pu s'en rendre compte, et il y avait fort à parier que Siomha faisait partie de cette "liste" depuis déjà quelques temps. Il faut dire qu'il était chaque fois plaisant de s'en prendre à elle, à cette jeune femme glaciale et inexpressive qui ne sourcillait de rien ou quasiment rien. Aux yeux de Jackson, c'était même quasiment un challenge personnel que de la faire réagir, ou ne serait-ce que rétorquer quelque chose. Car il la savait capable de se taire, tout simplement, juste pour ne pas lui donner ce qu'il souhaitait. Pour autant, Jackson avait toujours de la ressource. Et donc, il ne fallut attendre qu'à peine dix secondes pour qu'il reprenne la parole, faisant une proposition pour le moins inattendue - quoi que, pas tellement - à la jolie blonde. C'est donc ainsi que Jackson parla d'un plan cul, d'un hôtel et même d'une ruelle. Tout à fait charmant, n'est-ce pas ? L'expression trônant sur son visage se voulait tout à fait sérieuse. Mais l'était-il véritablement ? Voilà une bonne question. Car si Jackson était traditionnellement connu pour ne pas y aller par quatre chemins dans ce domaine, il avait quelques peu changé ces derniers temps. Disons qu'un détail l'avait poussé à changer, que quelqu'un l'avait poussé à changer plus précisément. Et justement, tandis que Jackson attendait une quelconque réaction de la part de la jeune femme après le rictus qu'elle avait laissé échapper, voilà qu'elle évoquait le quelqu'un en question. Pour le coup, Jackson ne put s'empêcher de sourire légèrement. Ah merde, ça il ne l'avait pas tellement prévu. C'est qu'elle était douée la miss. Presque autant que lui, dites donc. « Oh tu sais, je ne suis pas certain que ce soit son truc ... et puis, de toute manière, lui, je ne le partage pas. » Voilà qui était dit. Non mais oh, Jackson ne partageait pas tout, qu'on se le dise. Là, on était en droit d'espérer qu'il était véritablement en train de plaisanter, et ce sur toute la ligne, parce que ça devenait grave. « Il va de soi que tu seras payée, hein. Bon, c'est étrange à dire après avoir parlé de racolage et m'être considéré comme ton proxénète à une époque pas si lointaine que ça ... Mais ce ne sont que des détails. J'ai justement du liquide sur moi. » Rectification : ça devenait très grave.