Ce petit-déjeuner dans la cuisine, je l'ai vécu comme une invasion dans mon petit cercle privé du matin dont les protagonistes actuels n'avaient rien de comparables à ceux qui partageaient ma vie. Cette invasion était totalement légitime je présume, et allait sûrement se répéter à chaque fois que je me trouverais dans une pièce vide. Et bien que les autres ne soient pas un obstacle à mon épanouissement personnel en ces lieux, au risque de vivre un véritable enfer ici. Il avait vraisemblablement semblé que ce matin, je n'étais pas très enclin à recevoir autant d'information à la fois. Mais à je suis quasiment certain que la case douche aurait sûrement facilité l'échange, c'est pour cette raison entre autre que j'ai quitté la cuisine encore bondée, pour me rendre vers la salle de bain. Mon dieu, cette couleur, elle est sacrément violente, surtout au réveil j'imagine. Sans réellement m'attarder sur les murs et ce marbre, je me contente d'enlever mes fringues, toutes mes fringues. Aucun coup d'oeil aux caméras, je les sens sur moi mais ne m'y préoccupe pas le moins du monde. J'estime que la pudeur est un état d'esprit, au contexte, quelque chose qu'on nous impose sous prétexte d'un type à jugé bon de nous affubler de fringues un jour en jugeant l'idée de nudité totalement inadapté à la vie en communauté. Ainsi donc, je me dirige vers la douche très spacieuse et commence à faire couler l'eau brûlante qui m'apporte déjà une certaine sérénité. Trop préoccupé par mon plaisir j'en ai totalement occulté la présence de la jeune femme qui venait d'entrer, jusqu'à ce que Sive, ne brise le silence. « Hey ! » Je l'observe distraitement tout en continuant de profiter des bienfaits de l'eau. Tandis qu'elle me fait part d'une réflexion tout à fait pertinente. « L'émission est aussi diffusée en France, donc j'imagine que non. » J'en sais rien à vrai dire, peut être que l'anglais avait été choisi pour respecter une sorte d'universalité auprès des candidats. « Intéressant, tu portes l'amour de la langue avant tout le reste... » Cette information sans doute lancé de façon totalement anodine, m'en disait déjà énormément sur la personne qu'elle semble être. D'autant que je distingue parfaitement son origine, elle n'est donc pas française. Et sa remarque, me fait sourire, puisque visiblement mon accent ne l'a pas trompé non plus. « En effet, et donc, que te dis mon accent à mon sujet ? » Je suis presque sûr qu'elle doit s'être faite une idée à ce sujet, c'est sûrement ce qui l'a amené à cette conclusion me concernant, mais j'suis curieux, je n'y peux rien.

Ce n'est pas faux ce qu'elle dit mais je ne suis que partiellement d'accord, moi par exemple, je suis Américain, et pourtant je ne parle que très rarement l'anglais, la français étant désormais mon seul outil. Pourtant là, maintenant je crois que ce qui me plaît le plus c'est d'utiliser ma langue natale, alors que l'Américain en moi n'est plus qu'une ombre, une nationalité sur des papiers officiels. « Ouais, mais de là à se définir à travers une langue, c'est à voir. J'ai l'esprit trop embué pour me lancer dans un tel débat, mais y'a de l'idée. » Suis-je clair ? Je n'en sais rien, et j'ai même l'impression de ne pas réellement me comprendre, alors pour qu'elle saisisse mon point de vue, il y a un monde. Mais de toute manière je n'ai pas réellement le droit de critiquer ce qui lui semble se révéler une évidence, nos façons de pensées diffèrent, point. J'ai déjà attrapé le flacon de shampoing qui n'est vraisemblablement pas à moi puisque mes affaires sont sûrement encore à leur place si bien que je sens le contenu. Suspicieux. Lorsqu'elle me décrit comme étant un Américain. « Je n'en exigeais pas plus, tu t'en es bien sortie. » Je la gratifie d'un sourire avant de remarquer qu'elle ne me regardais pas de toute façon, si bien que je commence à faire mousser le shampoing sur mon crâne et puis elle pousse un cris, mais pas un de ces cris qui marquent l'horreur, non je l'identifie plus à de la surprise. Comme si elle venait de découvrir quelque chose. Hum. Ma tête pleine de shampoing ? Non, j'arque un sourcil dubitatif puis j'remarque son regard rivé sur mon bas-ventre. Oh ? Elle n'avait donc rien remarqué ? Je souris, j'sais pas trop ce que je suis censé faire ? Masquer mon attirail de mes mains mousseuses, sortir en courant ? Parce que finalement le mal est fait si je peux qualifier mon crime ainsi. Je m'apprête à ouvrir la bouche pour lui proposer... Je ne sais pas ce que je pourrais lui proposer à vrai dire. Et tant mieux puisqu'elle ne m'en laisse pas le temps. Sive se débat avec ses termes, et pour être honnête, je prends un malin plaisir à l'écouter se débattre. Sans perdre une miette de ses révélations concernant mes attributs, je commence à me rincer, la laisser terminer. « Un tout petit peu. » Je ris, parce que j'vois pas ce que j'peux faire d'autre. « Je n'ai pas pensé nécessaire de préciser que j'étais nu mais ça me semblait logique que j'sois nu, sous la douche. » Oh les caméras, pas mon problème, ils flouteront les parties qu'ils jugent nécessaire en cas de diffusion, quant aux candidats, c'est vrai que j'aurais pu y penser. « Si ça te gêne je peux mettre quelque chose ou sortir, je terminerais après. » Pas sûr qu'elle ne me voit de la même manière après ça, pas sûr non plus que ça ne me dérange outre mesure personnellement.

J'suis pas parano, elle bien entrain d'insinuer que j'suis pas intelligent l'insolente ? Oui parce que j'ai bien compris l'allusion et que forcément, il ne peut en être autrement, si bien que je joue l'offusqué. « Tu plaisantes, c'était une façon très gentleman de t'éviter un discours qui risquait de t'ennuyer, tu n'as pas l'air totalement réveillé encore ! » Et bam, ta face comme j'aurais pu dire, si je n'étais pas mieux élevé, et qu'elle n'était pas une jeune femme aussi séduisante. Beaucoup de si pour une seule personne, mais après l'avoir choqué avec tout mon attirail je préfère y aller doucement. Sauf qu'elle ne m'aide pas là. J'imagine même qu'elle doit y prendre un plaisir malsain. J'arrive à décerner la petite lueur dans son regard, elle est douée. Si douée que je fais la carpe durant deux minutes, ouvrant et fermant la bouche successivement. « C'est pas une douche publique à ce que j'sache ici, y'a pas écris "port du maillot obligatoire" non plus. » J'aurais presque envie de lui tirer la langue, si je n'étais pas entrain de me débattre avec la mousse qui s'invitait dans mes yeux puisque je remuais un peu trop. Merde. « Non mais tu sais, y'a des piscine moderne, et aussi des cabines de douche individuelles. J'sais pas où tu vis mais c'est fini les douches communes où t'es écrasé contre la paroi parce que Mamie prend ses aises pendant que tu te savonnes ! » Non ça ne sent pas le vécu, simplement parce qu'il faudrait remplacer "mamie" par "papi" et puis de toute façon, je n'ai jamais vraiment apprécié les piscines municipales ou tout le monde se bouscule et où tu ne peux pas nager sans te prendre une main dans la tronche. Et puis comme j'suis plein de considération je lui propose même de sortir, mais selon elle c'est trop tard. C'est sûr que le mal est fait, et qu'elle a déjà eu la chance, ou la malchance à elle de juger tout ce que mon corps avait à offrir. Je ne peux pas m'empêcher de rire face à sa remarque. « Pas exactement, je pensais d'abord que tu allais me sauter dessus et qu'ensuite tu allais colporter la rumeur... » Je lance d'une voix suave, un sourire charmeur collé sur mon visage. Alors Sive, qu'est-ce que tu dis de ça ?