Une petite pluie commençait à tomber. Mauvais plan. Très mauvais plan, même. Car Tweedy n'avait absolument pas pensé à revêtir un quelconque imperméable ni à se munir du moindre parapluie. Pire encore, la petite brune avait jugé bon de se balader tout près du lac, n'ayant pas pensé un seul instant qu'il se mettrait si soudainement à pleuvoir. Comme quoi, il lui arrivait de ne pas être en mesure de prévoir absolument tout. Quelle plaie. En tout cas, il lui fallait au plus vite se mettre à l'abri, au cas où cette vilaine pluie se mettrait à tomber plus fort et afin d'éviter d'attraper la crève. Oui, c'était quand même mieux d'éviter de tomber malade la première semaine, hein. Ainsi donc, Tweedy courut se réfugier sous la partie couverte de cet adorable pont qu'elle avait repéré quelques instants plus tôt. Quelle chance, donc, qu'il ne soit pas entièrement découvert. Désormais au sec, la jeune femme put souffler. Il ne lui restait désormais plus qu'à espérer que la pluie se calmerait au plus vite, histoire de pouvoir vaquer à d'autres occupations et de ne pas être forcée de rester trois plombles ici. Mais visiblement, Dieu n'était pas tellement à l'écoute ce soir, car il fallut à peine cinq minutes pour que la pluie s'intensifit, venant s'écraser au sol tout à fait bruyamment, au point de lui filer la chair de poule. Okay, c'était définitivement un temps de merde. Et alors que Tweedy en vint à penser qu'elle n'avait pas fini d'attendre que la météo daigne s'améliorer, elle aperçut une silhouette, un peu plus loin, sous la pluie. Qui que soit cette personne, elle serait folle de rester sous cette averse. Tentant de s'approcher un minimum tout en évitant d'être mouillée à nouveau, Tweedy adressa alors de grands signes à la personne en question. « Par ici, par ici ! » s'exclama-t-elle alors afin de l'inciter à venir se mettre à l'abri. A deux, l'attente serait sans doute moins longue.

Je portais une tenue adéquat pour aller faire une petite balade dehors car j'avais peur de salir mes précieuses vestes. Il ne devait pas avoir trop de monde à cette heure-ci. Je pris un sac à doc en cuir de couleur marron foncé avec un parapluie et une veste en tweed en cas d'averses. Je n'aimais pas mouiller mes habits. En chaussures, j'avais plutôt opté des montantes, imitation Rangers mais en plus stylisées. Je mis en chemin, accompagné de ma comparse ma canne qui ne me quittait plus depuis le début de l'aventure. Personne n'avait pas encore fait de remarques désobligeantes à propos de mon handicap. J'avais horreur des questions à propos de ma jambe droit défaillante car cela me rappelait des événements sombres. Je balayais les idées noires d'un revers de pensée positive. Une fois dehors, j'observais les nuages annonçant la pluie à venir. Je tendis la main pour réceptionner les gouttes infimes qui tombaient du ciel. Je sentis les gouttes grossir au fur et à mesure qu'elles atterrissaient dans ma paume de la main. Je sortis de mon sac mon parapluie que j'ouvris rapidement avant la tombée en trombe des larmes d'eau. Cet atmosphère, cette odeur de pluie me rappelait ma Londres natale. Ce climat pluvieux m'avait manqué. Je n'avais pas vu une aussi grosse averse depuis quelques semaines. C'était sans doute due au saison et au réchauffement climatique déboussolant le rythme des saisons. J'entendis une voix m'interpeller. Une personne est prisonnière des trompes d'eau. La pluie s’apaisait un peu, avant de reprendre sa musique. Les tintements sur le lac, sur les objets environnants. Je m'approchai et vis la jeune fille. En claudiquant, je me dépêchais pour me mettre à l'abri. Une fois arrivé auprès d'elle, je ne pus m'empêcher de remarquer qu'elle était mouillée jusqu'aux os. - Vous allez bien, mademoiselle ? Ma pauvre, vous êtes complétement trempée. Ma canne dans la main gauche, je cherchais dans mon sac la veste que j'avais emmené avec moi. Je la trouvai, puis la posai sur ses épaules frêles. - Vous devez être frigorifiée. Vous avez de la chance que je passais par là, sinon vous auriez attrapé froid. Moi, c'est Malo au fait. A qui ai-je l'honneur ?

Satanée pluie. Si en temps normal Tweedy affectionnait la pluie, ça n'était plus tellement le cas à cet instant précis. Il faut dire que cette vilaine pluie était apparue en traitresse, sans prévenir quiconque et certainement pas Tweedy. Du coup, cette dernière avait tendance à l'avoir un peu mauvaise, disons. Heureusement qu'elle avait eu le temps de se mettre à l'abri avant que la pluie en question ne se mette à tomber trois fois plus fort. Imaginez un peu l'état dans lequel elle se serait trouvée si elle était restée en dessous, déjà que son état actuel n'était pas tellement beau à voir. Il faut dire que la petite pluie dont elle avait précédemment écopée était particulièrement vicieuse. Fine, oui, mais désagréable car vous mouillant presque instantanément. Du coup, Tweedy se retrouvait presque aussi trempée que si elle avait bêtement attendu sous l'averse qui venait de se déclencher. C'était un peu du pareil au même quoi. Mais alors qu'elle en venait à se demander combien de temps tout cela allait durer - pas trop longtemps, elle espérait - voilà qu'une silhouette entrait subitement dans son champs de vision. Un homme, muni d'une canne visiblement. Tweedy l'invita alors à approcher, histoire qu'il se mette lui aussi à l'abri, malgré le fait qu'il soit équipé - contrairement à elle - d'un parapluie. Une fois le jeune homme arrivé à sa hauteur, Tweedy eut tout le loisir de l'observer. Son visage lui disait quelque chose, mais elle ne se risquerait pas à deviner son nom, craignant d'en être trop éloignée au final. Voilà que le jeune homme s'adressait à elle. Et bizarrement, il se mit à la vouvoyer. Un petit rire s'échappa doucement des lèvres de Tweedy. « Je vais bien, oui. Trempée, effectivement, mais vivante, c'est le principal » plaisanta-t-elle, ne perdant rien de se bonne humeur dite naturelle par ses proches. Le jeune homme sortit ensuite une veste de son sac pour venir la déposer sur les épaules de la petite brune. « Oh, c'est très gentil. Et oui, j'ai de la chance » fit-elle alors, dans un sourire. Ou bien ce type nous venait d'une autre époque, ou bien il était simplement bien plus courtois que bien des hommes qu'elle connaissait. « Enchantée Malo. Je suis Tweedy » reprit-elle ensuite. Il se présentait alors elle pouvait bien faire de même, non ? « Au fait, on pourrait peut être zapper le vouvoiement, non ? » proposa-t-elle gentiment. Parce que là, elle avait un peu l'impression d'avoir soixante ans. Ça lui faisait bizarre, disons.

Je l'entendis rire. J'avais dis quelque chose d'étrange ? Peut-être était-ce mon vouvoiement qui l'égayer ainsi. – Je vais bien, oui. Trempée, effectivement, mais vivante, c'est le principal Je hochai la tête en silence. Elle poursuivit : – Oh, c'est très gentil. Et oui, j'ai de la chance. Enchantée Malo. Je suis Tweedy. Tweedy, un prénom qui allait parfaitement son adorable frimousse. La jeunesse se lisait dans ses yeux éveillés. Même la pluie n'allait pas altérer sa bonne humeur. Je souris malgré moi, charmé par l'aura solaire de cette petite bout de femme. – Au fait, on pourrait peut être zapper le vouvoiement, non ? J'esquissai un sourire amusé et involontaire. Ce n'était pas la première personne à remarquer mon insistance à utiliser le "vous" au lieu du "tu". Elle était bel et bien une enfant de siècle. Pour ne pas l'offenser d'avantage, je choisis de la tutoyer. – Désolée, une vieille habitude. Je vais te tutoyer à partir de maintenant. En te voyant, je me sens vieillir tout d'un coup. J'ai l'impression d'être déjà un vieillard à côté de toi. , dis-je un léger rictus au coin des lèvres, sur le ton de la plaisanterie. – En attendant que la pluie cesse, parle-moi un peu de toi. J'ai l'impression que tu es la plus jeune du groupe de candidats. Ça se passe bien pour l'instant ?

Quand Malo vouvoyait ses camarades - parce qu'elle avait déjà eu l'occasion de l'entendre vouvoyer ces derniers - Tweedy avait tendance à s'en amuser. Ça n'était aucunement de la moquerie, bien sûr que non. Disons simplement que cela lui faisait drôle et donc avait tendance à la faire rire légèrement. Qu'il ne le prenne pas pour lui surtout. Quoi qu'il en soit, ce jeune homme était bien aimable de lui prêter sa veste afin d'éviter que la jeune femme attrape définitivement froid. Déjà que la pluie s'en donnait à cœur joie et que la température avait chuté brutalement, autant ne pas tenter d'avantage le diable. Mais voilà que la petite brune s'était permis de proposer à Malo de laisser tomber le vouvoiement. Certes, c'était original et pouvait plaire à ceux qui étaient attachés aux vieilles valeurs. Mais Tweedy avait beau trouver cela un peu amusant, ça finirait tôt ou tard par la gêner, elle le savait. Et donc, abandonner cette histoire de vouvoiement serait plus qu'une bonne chose à ses yeux. Voilà que d'ailleurs, Malo acceptait. Tant mieux. « Tu n'as pas à t'excuser » répondit-elle, lui adressant par la même occasion un clin d'œil amusé, allant de paire avec le sourire qui trônait désormais sur ses lèvres. La suite des propos de son camarade l'amusèrent d'ailleurs encore plus. « Tu me trouves jeune visuellement parlant ? » demanda-t-elle alors, après un petit rire. « Parce que pour te comparer à un vieillard, c'est que tu dois me prendre pour une gamine de douze ans » reprit-elle, toujours avec ce ton naturellement enjoué. Malo reprit la parole. Il avait bien raison. A défaut de pouvoir vaquer à d'autres occupations tant que la pluie les retenait prisonniers, ils pouvaient très bien discuter. « D'abord je serais curieuse de savoir quel âge tu me donnes » fit-elle, dans un sourire, avant de poursuivre « Tout se passe bien, oui. Je ne suis pas tellement habituée à la vie en communauté, mais ça ne me gêne pas plus que ça. Et puis, mon instinct me pousse à apprécier quasiment tout le monde. Les gens m'ont l'air sympathiques, à l'image du jeune homme avec lequel je suis justement en train de converser. » Et hop, encore un clin d'œil. Entre ses sourires et ses clins d'oeils, Tweedy allait véritablement finir par passer pour une gamine. Mais elle s'en fichait pas mal, à vrai dire.

Sa jovialité était contagieuse car mon sourire en devenait nature. L'amusement que j'éprouvais à cet instant me faisait oublier la pluie battante. – Tu me trouves jeune visuellement parlant ? Parce que pour te comparer à un vieillard, c'est que tu dois me prendre pour une gamine de douze ans. Physiquement, elle était encore jeune. Cela se voyait sur son visage où on pouvait voir des joues d'enfant et des yeux rieurs. Au travail, j'avais vu défiler beaucoup de jeunes filles de son âge, voire même plus jeune. J'en croisais peu d'aussi pimpantes et spontanées que Tweedy. Dans l'univers de la mode, j'avais observé que certaines fillettes étaient devenues des femmes trop vite. Je savais pertinemment qu'elles n'avaient pas d'autre choix que de se plier aux règles établis par le mannequinat. Je les voyais perdre de jour en jour leur jeunesse revigorante. Leur désenchantement se voyait à travers leurs corps exploités au nom de l'industrie. J'étais heureux de constater que la jeune fille à mes côtés était en bonne santé et dégageait un caractère enjoué. Son naturel lui conférait une aura particulière. D'abord je serais curieuse de savoir quel âge tu me donnes. – Tu me trouves jeune visuellement parlant ? D'abord je serais curieuse de savoir quel âge tu me donnes. Elle était dans la force de l'âge, ses traits juvéniles ne faisaient que de l'affirmer. Je couvais du regard le petit bout de femme. La sérénité se lisait sur mes traits. Cela avait le don d'apaiser mes démons intérieurs et de chasser mes idées pendant un instant. – J'aurai dis vers la vingtaine. Mais vous faîtes plus jeune qu'il n'y parait. J'espère ne pas t'avoir offensé en disant cela. , répondis-je. Un rictus se dessina au coin de mes lèvres. – Tout se passe bien, oui. Je ne suis pas tellement habituée à la vie en communauté, mais ça ne me gêne pas plus que ça. Et puis, mon instinct me pousse à apprécier quasiment tout le monde. Les gens m'ont l'air sympathiques, à l'image du jeune homme avec lequel je suis justement en train de converser. J'étais heureux d'entendre qu'elle me considérait comme une personne agréable. – Je te retourne le compliment. Je suis ravie d'avoir une jeune fille ravissante à mes côtés. Une certaine complicité commençait peu à peu s'installer entre nous. Je lui demandai : – Que fais-tu dans la vie, jeune fille ?

Il pleuvait toujours abondamment autour d'eux, mais Malo et Tweedy avaient visiblement bien mieux à penser à cet instant précis. La jeune femme se réjouissait d'apprendre à connaitre quelqu'un d'aussi sympathique que ce grand blond. Il semblait tout aussi amusé qu'elle, ce qui était à ses yeux une très bonne chose. Malo semblait la trouver particulièrement jeune, puisqu'il n'hésitait pas à se comparer à un vieillard. Légitimement, la petite brune se posa des questions. Quel âge pouvait-il bien lui donner, au juste ? Sachant qu'elle avait vingt-et-un ans, et toutes ses dents bien sûr. Malo lui donnait donc la vingtaine. Un petit rire s'échappa des lèvres de Tweedy lorsqu'il la vouvoya par mégarde, puis elle reprit son sérieux pour tâcher d'articuler une réponse. « J'ai exactement vingt-et-un ans, donc tu es tout proche » répondit-elle alors, dans un grand sourire. Oui, pour le coup, Malo était bien tombé. Et non, Tweedy n'était évidemment pas offensée. Loin de là. Lorsque Malo demanda à la jeune femme comment se passait son début d'aventure, celle-ci se montra honnête. Elle n'était pas habituée à la vie en communauté mais sentait que les choses se passeraient bien, d'autant plus que les gens qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer pour le moment été globalement sympathiques, tout comme Malo l'était. Et visiblement, cela lui fit plaisir de le savoir. « C'est gentil, merci » répondit doucement Tweedy, lorsque son camarade lui fit savoir qu'il la trouvait ravissante. C'était toujours très plaisant à entendre, vous savez. Même si, bien sûr et tout à fait objectivement, la jeune femme ne se trouvait pas ravissante. Mais soit, c'était vraiment gentil de sa part. Que faisait Tweedy dans la vie ? Eh bien ... « Je suis étudiante en journalisme et travaille parallèlement à cela en tant que serveuse, histoire de payer mes études » répondit-elle gentiment. Voilà qui était l'exacte vérité. « Et toi, que fais-tu dans la vie ? » demanda-t-elle en retour, curieuse de savoir ce que faisait ce cher Malo.

Elle apprécia le compliment que je venais de lui faire. Mais par inattention, je l'avais de nouveau vouvoyer. C'était une vilaine habitude qu'il était difficile de perdre, apparemment. Chasser le naturel il revenait au galop, disait-on. Je l'entendis rire de nouveau. – Je suis étudiante en journalisme et travaille parallèlement à cela en tant que serveuse, histoire de payer mes études. Le journalisme, une domaine que je ne maîtrisais guère. J'en connaissais très peu les rouages. J'avais quelques amis journalistes, mais ils se refusaient de parler de leur métier pensant m'ennuyer. J'étais une personne ouverte d'esprit et plutôt curieuse. Une curiosité avec modération. A la juste mesure des choses. – Et toi, que fais-tu dans la vie ? A son âge, j'étais déjà en troisième année d'école de stylisme. Des souvenirs amusants défilèrent sous mes yeux. Je ne pus m'empêcher de pousser un soupir d'attendrissement. C'était la belle époque. J'étais d'une naïveté affligeante, je connaissais très peu chose du monde ayant été dans un pensionnat pour garçons pendant très longtemps. C'était à Paris que je découvris de vraies et belles femmes. J'avais appris à les courtiser dès mon plus jeune âge. – Je suis styliste. Je travaille pour la haute couture et je suis aussi le heureux propriétaire d'une boutique à Londres. En te voyant, je me revois moi-même à vingt-et-un ans. Quand ma famille m'a coupé les vivres, j'ai du me débrouiller seul à Paris pour joindre les deux bouts et payer mon école. J'ai moi-même été serveur pendant six mois. C'était éreintant, mais j'avais l'occasion de rencontrer des gens et de former mon propre carnet d'adresses qui m'a ouvert certaines portes. Je m'arrêtais là concernant mon curriculum vitae car je ne voulais pas l'importuner encore plus. – Tu veux devenir journaliste, si j'ai bien compris. J'ai entendu dire que c'était difficile de se faire une place dans le milieu journalistique. Les études ont l'air difficiles également. Ça se passe bien pour toi ?

Tweedy et Malo apprenaient petit à petit à se connaitre, et c'était une excellente chose aux yeux de la jeune femme, qui appréciait toujours de faire connaissance avec les gens, qui plus est avec des personnes aussi sympathiques que l'était Malo. Vraiment, sa compagnie était plus que plaisante, et Tweedy commençait à penser qu'elle avait eu bien de la chance qu'il se mette à pleuvoir car, sans pluie, pas sûr qu'elle ait pu converser avec un si charmant jeune homme. A ce propos, il continuait naturellement de pleuvoir. De toute manière, au point où on en était, hein ... Voilà que Tweedy en venait à évoquer ses études de journalisme, ainsi que son petit boulot de serveuse en parallèle, qui lui permettait de payer les dites études sans avoir besoin de demander à ses parents qui, entre nous, ne roulaient déjà pas sur l'or et n'avaient donc aucune raison de financer les études de leur fille, qui se voulait indépendante et débrouillarde financièrement parlant notamment. Qu'en était-il donc pour Malo ? Que faisait ce jeune homme dans la vie ? C'est ce que chercha à savoir la petite brune, en lui retournant sa question. Ainsi donc, Malo était styliste, dans la haute couture qui plus est, et propriétaire d'une boutique à Londres. Voilà qui était plaisant à entendre, comme en témoignait le sourire étiré sur les lèvres de Tweedy. « Travailler dans le monde de la Mode, ça doit être sympa » fit-elle alors, ne sachant pas quoi dire d'autre pour résumer sa pensée. Autant faire simple et tout en sincérité, non ? « Je vois que nos parcours se rejoignent, d'une certaine manière » constata-t-elle ensuite. Okay, les parents de Tweedy ne lui avaient pas coupés les vivres, mais c'était tout de même pour payer ses études qu'elle était serveuse. Et effectivement, c'était éreintant, même pour elle, qui débordait pourtant toujours d'énergie. « Je crains de me montrer indiscrète, alors n'hésite pas à me remettre à ma place ... Pourquoi tes parents t'ont-ils coupés les vivres ? » demanda-t-elle ensuite, d'une petite voix gênée. Elle ne souhaitait pas évoquer quelque chose qui pouvait être déplaisant pour Malo. Certainement pas. C'était juste sa curiosité qui refaisait surface. « Il parait, en effet. Je suppose que c'est d'autant plus difficile lorsqu'on est une toute jeune femme. Je serai bientôt diplômée, alors j'aurai le loisir de m'en rendre compte, si toutefois je trouve un emploi, ce qui n'est pas gagné en ces temps difficiles. Je compte en tout cas m'accrocher. J'ai travaillé trop durement pour laisser tomber à la première difficulté. Les études sont difficiles, mais je tiens le coup. On attend beaucoup de nous, d'autant plus que je m'essaye déjà au métier de journaliste via un blog où je tiens compte d'une certaine actualité, celle qu'on a tendance à taire disons. Je prends conscience que ça n'est pas le milieu le plus simple, mais s'agissant d'une passion, je compte bien faire mon maximum pour m'y faire une place ... » Oulala, voilà que Tweedy en disait trop, beaucoup trop. « Désolée, je suis un peu pipelette » reprit-elle alors, dans un rictus. Pipelette ? Voilà un bel euphémisme.

Le vent s’engouffrait dans mes cheveux. J'observais d'un regard distrait le paysage pluvieux. L'eau ne cessait de tomber depuis un certain temps. Tellement absorbé par la conversation entre la jeune fille et moi que je n'en oubliais le temps. Quelques gouttelettes tombant sur ma chaussure me le firent rappeler. – Il parait, en effet. Je suppose que c'est d'autant plus difficile lorsqu'on est une toute jeune femme. Je serai bientôt diplômée, alors j'aurai le loisir de m'en rendre compte, si toutefois je trouve un emploi, ce qui n'est pas gagné en ces temps difficiles. Je compte en tout cas m'accrocher. J'ai travaillé trop durement pour laisser tomber à la première difficulté. Les études sont difficiles, mais je tiens le coup. On attend beaucoup de nous, d'autant plus que je m'essaye déjà au métier de journaliste via un blog où je tiens compte d'une certaine actualité, celle qu'on a tendance à taire disons. Je prends conscience que ça n'est pas le milieu le plus simple, mais s'agissant d'une passion, je compte bien faire mon maximum pour m'y faire une place ... J'étais épatée par ce petit bout de femme. Elle avait de l'ambition à revendre, cela se sentait dans la manière dont elle exprimait. Ses expressions dénotaient une forme d'enthousiasme. Je buvais ses paroles sans rater une miette de son argumentaire. Elle s'exprimait d'une façon claire et concise, tout en arborant une facilité avec les mots tel un journaliste. – Désolée, je suis un peu pipelette Je lui souris, le regard rempli de compassion et répondit : – Non, je ne dirai pas pipelette. Demoiselle, vous êtes une passionnée. Tout comme moi, quand j'avais ton âge. J'avoue être impressionné par ta fougue, ton entrain. Ta dévotion et ton énergie sont remarquables. Vous m'impressionnez, jeune fille. Je ne cessais de sourire depuis le début de notre discussion. – Tes parents doivent être vraiment fiers de toi. Tu as de la chance d'avoir une famille qui t'encourage à faire ce qui plaît. Ma famille n'avait jamais approuvé mes études de stylisme. Si bien que ma grand-mère m'a rayé de son testament, car elle dénigrait le métier de couturier le considérant comme dérisoire et honteux. Alors, j'ai décidé de partir pour vivre de ma passion pleinement. Je n'ai jamais regretté depuis. En tout cas, je te souhaite sincèrement de réussir., ajoutai-je d'une voix sereine. Soudain, la pluie commençait à cesser peu à peu. – Oh ! Il va bientôt arrêter de pleuvoir.