Des labyrinthes aux alentours d'un château. Mouais, ça n'aurait même pas dû m'étonner en fin de compte. C'était presque logique. Il faisait beau, j'étais levé depuis une vingtaine de minutes, alors l'envie m'avait pris de m'y balader un peu, ne serait-ce que pour m'aventurer pour la première fois de ma vie dans des labyrinthes. Il était facile de s'y perdre, selon les dires. Mon cul, oui ! J'avais un sacré sens de l'orientation, alors ça n'était certainement pas ce matin que j'allais me paumer entre deux haies. En avançant un peu dans ces longs, très longs couloirs dont je ne distinguais pas le bout malgré ma taille de géant, je finis par tomber sur l'une des candidates avec qui j'avais pu parler un peu, samedi soir, dans le hall. Ariana, une jolie petite brune un peu réservée. Mignonne par ailleurs. Elle m'adressa alors un sourire, avant de prendre la parole tandis que je restais là, à bouger sans vraiment bouger, à tourner un peu sur moi-même quoi. « Bonjour. » Elle semblait ne pas trop savoir quoi faire. Est-ce que je l'intimidais ? Peut-être, allez savoir. J'étais quand même assez imposant, il fallait bien le dire. « Hum, oui bonjour. » Les petites formules de politesse, très peu pour moi. Seulement ça l'aurait foutue mal si je l'avais laissée seule avec son "bonjour", surtout qu'elle semblait assez désemparée pour ne pas, qu'en plus, je vienne en rajouter. « Petit déjeuné ? » fit-elle, avant de me tendre un paquet de gâteaux. « J'ai pas faim et, surtout, je mange pas ce genre de cochonneries. » Mince, j'espérais ne pas avoir été trop brusque. C'est qu'elle paraissait vachement fragile, tout de même. « Tu as bien dormi ? » qu'elle me demanda ensuite. Je pris un instant pour réfléchir, avant de rétorquer « J'ai pas à m'en plaindre... hum, et toi ? cette troisième nuit ? » Je ne savais même pas avec qui elle était amenée à dormir, qui était son partenaire. AH MAIS SI ! C'était l'autre connard, là. Ah ouais quand même. Je la plaignais, là, vraiment.

Des p'tits beurres, voilà ce qu'avait proposé la jeune femme que je venais tout juste de retrouver dans ce labyrinthe. Mais elle avait quel âge, au juste, la demoiselle ? Parce que bon, je ne pensais tout de même pas avoir la tête d'un gamin de huit ans. Alors à priori, elle pouvait éventuellement le descendre toute seule, son paquet de gâteaux. En tout cas je ne souhaitais pas avaler une telle cochonnerie. Et sinon, comment s'était passée la troisième nuit de la jeune femme au sein du château ? Je m'étais soudainement souvenu que la demoiselle était amenée à dormir avec un abruti profond, et je me doutais bien que ça n'avait pas du être une nuit formidable. Tout comme les précédentes, sans doute. « Pas très facile. » J'esquissais un sourire, qui était loin d'être moqueur pour une fois. Non, c'est que je la comprenais, la petite. « Tu m'étonnes ! Quand on voit l'hérisson qui te sert de partenaire... vraiment, j'comprends ta douleur ma belle. » Si ça se trouve, c'était juste le fait de dormir avec un mec qui la chiffonnait. Peut-être était-elle... oh et puis ça n'était pas mes affaires, après tout. Chacun sa vie, hein. « Je pense à m’exiler dans le jardin de manière définitive. Avec deux couettes ça devrait faire l’affaire. » Je voyais bien qu'elle ne souhaitait pas porter son regard sur moi, comme si je l'intimidais. Bah alors, fallait pas se mettre dans cet état-là. Je n'allais quand même pas la manger, bien que l'envie s'en faisait grandement ressentir. Et puis nous étions isolés de tous, alors... non, bien sur, j'allais me tenir tranquille. « Aaah, si ma partenaire n'était pas aussi mignonne, j'te jure que je t'aurais volontiers tenu compagnie. On aurait même pu... faire des trucs cochons sur l'herbe, Mmmm. » J'eus soudainement des images très peu chrétiennes à l'esprit ; c'était plus fort que moi, je ne pensais qu'à ça. Et puis elle en mourrait sans doute d'envie, hein, de se retrouver seule avec moi sur l'herbe, en pleine nuit. « On marche ? » Ma foi oui, je ne voyais aucune utilité au fait de rester plantés là. « Oui, faisons ça. » J'entrepris de faire quelques pas le premier, et la jeune femme ne tarda pas à me suivre. Puis elle reprit finalement la parole. « L’accent c’est parce que tu habites là bas où tu as juste grandi en Allemagne ? » Nous en étions finalement à évoquer mon accent, et mon pays d'origine. Allons bon, c'était toujours avec plaisir que je venais à parler de l'Allemagne, car j'étais vraiment très fier d'y être né. « Je suis né à Cologne, dans la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Et puis j'ai tout quitté, y'a de ça quelques années, pour suivre mon père en Angleterre. J'ai pas eu vraiment le choix, en fait. C'était pour mes études, et puis... je, je parle trop, non ? » J'en étais barbant, ou ?... ou non, sans doute pas, car elle buvait probablement chacune de mes paroles. Mais peut-être pouvais-je quand même lui laisser en placer une, à son tour. « Bon et toi alors ? Raconte-moi quelque chose te concernant, n'importe quoi. » Remarquez que je n'osais même pas l'appeler par son nom, tout simplement parce que je n'étais pas certain de celui-ci. Il m'avait semblé que c'était Ariana, mais qu'est ce qui me garantissait que ça n'était pas plutôt Arielle, Adriana ou Mortadelle ? Bon, peut-être pas le dernier quand même.

Il me semblait certain qu'Ariana avait un problème avec le fait de partager son lit avec Santiago, enfin c'était la première idée qui m'était venue à l'esprit, m'étant fait mon propre avis sur le partenaire de la jeune femme et plaignant celle-ci de tout mon être d'avoir à supporter ce petit con. Mais en réalité, le problème semblait résider ailleurs, où du moins là où on ne le soupçonnait pas. « Ce n’est pas à cause de Santiago à proprement parlé. Je n’ai rien contre lui, c’est juste que c’est bizarre. » Franchement, j'allais vraiment finir par croire qu'elle préférait les filles. "Bizarre", ça voulait dire quoi au juste ? Qu'est ce qui lui semblait étrange, à la demoiselle ? En séducteur affirmé et sur de lui, je ne m'étais pas gêné pour proposer une partie de jambes en l'air à la jolie brune. Ouais, j'avais du culot. Et elle, bah... elle en devint toute rouge. Mais pour le coup, ce fut moi le plus surpris quand, d'abord, je dus essuyer un refus de sa part. « Euh ... Non merci. » Mais, mais... aucune femme ne me disait non, à moi. Ça n'était pas possible, on n'avait pas dû se comprendre, tous les deux. Et puis finalement, elle finit par me montrer sa main gauche, et une certaine alliance à l'un de ses doigts. « Je suis mariée. » Non, pas possible ! Je fis alors de gros yeux tous ronds ; pour le coup, je m'attendais à tout sauf à ça. Quelle... waou, déception. « HEIN ?! Mais... attends : qu'est-ce que t'es venue faire ici, alors, si t'es d'jà casée ? » Remarquez, moi-même je n'étais pas ici pour trouver l'amour mais bel et bien pour prouver quelque chose à mon père. Enfin, tout de même, participer à l'aventure Fake Lover tout en étant mariée... certains n'avaient peur de rien. Et le mari de la belle avait de quoi se méfier, oh oui je vous l'assure. Nous entreprîmes ensuite de faire quelques pas, ce qui était plus facile pour parler à nos yeux. Si cela pouvait rendre la demoiselle plus à l'aise... Mais au fait, est-ce que je parlais trop ? Est-ce que je la faisais éperdument chier à raconter ma vie, comme à l'instant ? « Non ça va, j’aime bien en apprendre plus sur les gens. Des études en Angleterre alors ? Qu’est ce que c’était et qu’est ce que tu fais aujourd’hui ? » Tiens, voilà qui ne manqua pas de me surprendre à nouveau. Ariana semblait véritablement s'intéresser à ma vie. La première qui me prêtait un minimum attention, depuis le début de cette aventure. « Des études de droit, que j'entreprends toujours par ailleurs. S'tu veux, t'as devant toi un futur grand avocat. Je pourrais même m'occuper de ton divorce ! N'est-ce pas merveilleux ? » Bon là j'y allais peut-être un peu fort, mais je ne me remettais pas du fait qu'elle était mariée. Non, rien à faire, ça ne voulait pas rentrer. Que pouvais-je bien apprendre d'autre sur la vie de la jeune femme ? « Hum … J’ai deux lapins, Pan-Pan et Bugs, original je sais. Je suis croyante. Pratiquante. » Eh beh, que de révélations aujourd'hui, hein. D'ailleurs, chaque occasion était bonne à prendre pour détourner les paroles de la jeune femme et faire un peu d'humour. « Mmm, intéressant. C'bien ça, j'adore les lapins moi. J'suis un chaud lapin, tu sais. Un vrai de vrai, oui madame. » Si je ne cessais pas mes allusions malsaines, elle allait finir par partir en courant. On ne pouvait tout de même pas m'en vouloir de rester moi-même ? Combien même cela pouvait la gêner, je m'en moquais. « Et je n’ai jamais quitté l’Irlande mais je crois que j’aimerai bien voyager plus tard. Je présuppose que tu as du en voir toi du pays mais où est-ce que tu te sens chez toi ? » L'Allemagne ou l'Angleterre... Voilà une question bien saugrenue à laquelle, toutefois, j'avais une réponse toute trouvée et sur laquelle je ne risquais pas de revenir. « J'n'aime pas la mentalité des anglais, alors j'vais dire l'Allemagne, sans hésiter. Puis j'y suis né, j'y ai grandi. Mon histoire est là-bas... une partie de ma famille, également. » Mouais enfin, c'était beaucoup dire tout de même. Ma mère, quoi. Mon père en Angleterre, ma mère en Allemagne, et moi au milieu plus que jamais délaissé par l'un comme par l'autre. Vive la famille ! « Vu que t'ai mariée, t'as des gosses aussi ? » Sait-on jamais, histoire d'être surpris une troisième fois.

Elle était mariée. Mariée, quoi, genre alliances, autel, robe à froufrous et tout le baratin. Sans oublier, je suppose, l'énorme pièce montée et les demoiselles d'honneur - Mmm, les demoiselles d'honneur... Hum. Je me demandais donc ce qu'elle pouvait bien foutre dans une émission pareille, alors que son mari l'attendait forcément à l'extérieur. Elle souhaitait mettre son couple en danger ? Ou justement vérifier la solidité de celui-ci ? Sa réponse ne se fit pas franchement attendre. De toute évidence, elle avait certaines choses à mettre au clair. « En partie pour ta réaction notamment. Je suis heureuse, très heureuse et j’en ai un peu marre que l’on me juge en permanence. Je ne porte pas de jugement hâtif sur la vie d’autrui, je respecte les décisions de chacun et pour une fois, j’aimerai juste que l’on respecte les miennes. J’aime mon mari plus que tout. Il ne m’a pas forcé, il n’exerce pas une espèce d’influence étrange sur moi. C’est juste de l’amour. » Mais pourquoi ressentait-elle le besoin de se justifier de la sorte ? Ça n'était qu'un mariage, hein, calmos. Ou alors elle cachait quelque chose, encore. « Aussi parce que je pense que c’est une aventure humaine très intéressante. » Si elle le disait, je voulais bien la croire. Mais ça n'était pas franchement la vision que je pouvais avoir de ce genre de télé-poubelles, tout à fait honnêtement. « Bah écoute, j'suis contente de voir que t'es heureuse en ménage et je n'peux que te souhaiter le meilleur pour ton couple. Enfin... j'espère que t'as confiance en ton mari, parce que vas savoir ce qu'il est en train de faire, là, tout de suite. Hin hin, on en sait rien franchement ! » J'étais du genre à m'immiscer dans la vie des gens et à foutre la merde dès que je le pouvais. C'était plus fort que moi. J'avais évoqué mes études et mon projet d'avenir, à savoir celui de devenir un avocat de renom. L'occasion, au passage, d'évoquer l'éventuel divorce de la jeune femme. Ce qui la fit sourire, d'ailleurs. « Un avocat spécialisé dans les divorces, que c’est triste. » Si ça pouvait la rassurer, je ne comptais pas passer ma vie à voir se déchirer des couples. J'avais de plus grandes ambitions, tout de même. « Et bien monsieur le futur grand avocat, si jamais j’en ai besoin je te ferai signe. Je tiens simplement à te signaler que tu as proposé de faire quelque chose pour moi, ça me touche. » Non, vraiment, elle était touchée ? Pourtant, je n'avais pas cherché à me montrer sympathique ou quoi que ce soit d'autre. « Je me ferai un plaisir de t'octroyer tout le pactole. Ton mari n'aura pas un centime, tu peux me faire confiance. Et ravi d'être la cause de ce grand et radieux sourire, sur ton visage. » Remarquez que je venais de parler de son divorce comme si il allait réellement avoir lieu. Ah mais je n'en démordais pas, moi. Déterminé et sur de moi, toujours. Mis à part son mariage et ma future prestigieuse profession, nous en étions venus à parler de mes origines. Et quelles origines. « Pourquoi avoir choisi de faire tes études en Angleterre si tu n’aimes pas leur mentalité ? » Là encore, j'avais une réponse toute prête à lui donner, car une fois encore celle-ci relevait pour moi d'une évidence certaine. « Bah, pour apprendre l'anglais, simplement. T'sais, en Allemagne, tu peux pas franchement rêver d'une carrière internationale. Au moins, maintenant que je suis quasiment bilingue, je peux rêver à plus grand, plus démesuré, plus fou : les États-Unis. » Ça ne serait pas pour tout de suite, mais je savais qu'un jour j'y ouvrirais mon propre cabinet. Le rêve Américain, un classique. Limite cliché. « Et c’est ta mère ta famille en Allemagne ? » Je n'aimais pas forcément parler d'elle. Pas que c'était douloureux - entre nous elle était peut-être morte depuis un moment que je n'en savais rien -, mais je ne voulais pas faire de publicité à cette femme qui ne s'était pas occupé de moi comme elle l'aurait dû. Seulement une question était une question, et chaque question avait droit à une réponse. Même évasive. « Ouais, exact. Elle est restée au bercail... et c'est peut être pas si mal, vois-tu. Elle ne manque à personne de toute manière. » Moi le premier. Et mon père, bah, ce fumier se tapait tout plein de minettes de mon âge. Il n'en avait donc clairement rien à foutre, lui non plus. Puisqu'Ariana m'avait avoué être mariée, j'avais immédiatement parlé enfants. Bah quoi, ça n'avait rien de bien extraordinaire d'en évoquer le sujet, si ? Ah, à en juger les grands yeux ronds de la jeune femme et l'air surpris qu'elle prit alors, elle ne s'attendait pas franchement à ce que j'en parle. « J’ai que vingt-et-un ans ! » Gloups. Elle les faisait largement, quand même. Bon, ça va hein, y'avait pire dans le genre. « Bordel, mariée à vingt-et-un ans... j'comprends mieux ton speech d'il y a cinq minutes. » Tu m'étonnes qu'elle ait été jugée en s'étant mariée aussi jeune. Fallait pas s'en étonner, hein. « C’est ton rêve, de devenir avocat ? C’est ce que tu voulais faire quand tu étais tout petit ? » rétorqua-t-elle alors. C'était quoi cette question toute moisie, là ? Comment voulait-elle que je réponde à ça ? « Heu... j'sais plus. J'ai comme... un trou de mémoire, ouais voilà. M'en souviens plus. » Mon enfance, quand je pouvais éviter d'en parler, bah je le faisais. Tout simplement. Hum, et si je changeais de sujet à présent, hein ? « Et toi alors, tu fais quoi dans la vie princesse ? » Incroyable, je venais de détourner le sujet de la conversation sur elle en évitant ainsi de ne l'attarder que sur moi. Y'avait du progrès, vraiment.

Elle devait avoir une confiance aveugle en son mari, parce que pour le coup le bonhomme se retrouvait seul à la maison. Seul. Archi-seul. Il ne pouvait plus voir sa dulcinée que via l'écran de leur téléviseur, et peut-être allait-il être amené à se sentir éperdument solitaire dans les semaines à venir. Du coup, il ne serait pas étonnant que ce cher monsieur aille voir ailleurs, tout simplement. Mais alors que j'avais - à ma façon - mis en garde la jeune femme quant aux risques qu'elle encourait en laissant son homme libre comme l'air à la maison pendant qu'elle se trouvait enfermée entre quatre murs dans ce présent château, elle leva les yeux au ciel comme si une telle chose ne pourrait jamais advenir. « J’ai confiance. Tu devrais essayer un de ces jours, c’est très rafraichissant. » Je n'accordais ma confiance que très difficilement, à vrai dire. D'ailleurs, c'était à se demander si j'avais déjà un jour fait confiance à quelqu'un. Mmm, à vérifier mais j'en doutais quand même. « Je serai ravie de te servir de cobaye. » Il était sympathique de sa part de se proposer, seulement il me fallait tout de même lui signifier que cette confiance-là ne serait pas facilement acquérable. « Gagner ma confiance ne sera pas tâche facile, mais peut-être y parviendras-tu malgré tout. » Elle semblait avoir de la suite dans les idées, alors pourquoi pas après tout. Mis à part ça, je ne ressentais pas franchement l'envie d'évoquer en long et en large ma vie et, surtout, ma famille. En réalité je n'étais pas très porté là-dessus, en témoigne les rapports plus que compliqués avec mon père, ce salopard, et ma mère, dont je n'avais tout simplement plus de nouvelles. « Tout le monde n’est pas fait pour être parent. » J'esquissais un bien mince sourire. J'étais aussi de l'avis selon lequel j'étais né dans la mauvaise famille - je pouvais néanmoins remercier mes parents de m'avoir fait si beau. « Mais c’est sa perte au final. » J'eus ensuite droit à un coup d'épaule de la demoiselle qui sembla plus bienveillant qu'autre chose. Je commençais à bien l'aimer, la petite, mine de rien. Elle savait se faire apprécier celle-là. Dommage qu'elle soit mariée quand même, hein, parce que j'étais à deux doigts de la demander en mariage, là, qu'on se le dise.

Justement, le fait qu'elle soit mariée me laissait encore un peu surpris. Elle avait vingt-et-un ans, merde quoi. Comment pouvait-on se laisser tenter par le mariage si jeune ? « En réalité je me suis mariée à seize ans. » HEIN ?! Mais la situation était bien pire encore que je ne me l'imaginais. Alors là, vraiment, je ne comprenais. J'étais déjà contre le mariage, à la base, car c'était pour moi une véritable prison de laquelle on ne pouvait ressortir indemne, mais le mariage si jeune... si jeune... Ça me dépassait juste complètement. « Bordel de dieu. Je ne cesse d'en apprendre des belles à ton sujet, dis-moi. » Il y avait-il autre chose que je devais savoir, quelque chose qui ne manquerait une nouvelle fois de me laisser bouche-bée peut-être ? Non parce que j'étais paré à assister à d'autres révélations - pouvais-je être plus surpris encore ?... telle était la question. Je m'étais à mon tour intéressé à la vie de la demoiselle, et avais ainsi cherché à savoir ce qu'elle pouvait bien faire de sa vie de jeune femme mariée. « Et bien j’ai arrêté les études à dix-sept ans, je ne suis pas vraiment une flèche. » Voilà quelque chose qui nous différenciait elle et moi. J'étais encore dans mes études tandis que les siennes avaient pris fin il y a quelques temps. « Et je m’occupe principalement de la maison, des réunions à l’église, des en cas et repas, tout ça. Je jardine, je fais partie d’un club de lecture, je m’occupe. Mon mari travaille et ça paie les factures de la maison. » My godness. Une vraie Desperate Housewives cette Ariana. « Laisse-moi deviner : vous vivez dans une banlieue chic, votre maison est rose, un p'tit gars en vélo jette le journal du matin sous votre porche, ton mari boit son café dans votre allée, tu vas prendre le thé chez tes copines avant de jouer aux cartes,... et tu fantasmes secrètement sur ton emploi de maison. J'ai bon ? » On pouvait difficilement plus donner dans les clichés, mais voilà c'était à peu près comme cela que j'imaginais le quotidien de la belle brune. Un quotidien sans doute rythmé par les mêmes petites habitudes, chaque jour. J'avais donc bel et bien raison ; le mariage n'était qu'une prison. « Bref, je suis amoureuse et heureuse en ménage mais toi. Tu es heureux à jouer les grands étudiants de droit ? Tu as une petite amie ou comme ça ? Tu travailles à côté ou tes parents, ton père te donne ce dont tu as besoin ? » Ma foi ma vie me convenait parfaitement, et je n'avais à me plaindre de rien. Enfin, en partie. Car malgré tout je savais que tout ce confort auquel j'avais droit prendrait irrémédiablement fin, après l'émission. « J'suis une sorte de fils à papa. Mon père m'entretient, me paye mes études,... mais c'est lui qui a décidé qu'un jour, je serais avocat. Moi à choisir, ce ne serait sans doute pas la voie pour laquelle je me serais destiné... » J'avais intérêt à obéir au doigt et à l'œil de mon père si je voulais bénéficier de son soutien, financier j'entends. « J'ai participé à cette émission afin de lui prouver que j'étais capable de faire quelque chose sans lui, tu comprends ? Seulement... je crains de n'en subir les répercutions une fois à l'extérieur. Eeeeh oui. Adieu l'argent de papa, bonjour les emmerdes. Sans son fric, j'ai juste plus rien. » Qui dit plus de pognon, dit trouver un travail en parallèle de mes études. Et en amour, ça n'était guère mieux. « J'ai pas d'petite amie, et je crois même n'en avoir jamais eue. J'mise plus sur les relations sans avenir, exclusivement basées sur le... sexe. Étant jeune, j'en profite un maximum. » J'aurais aimé pouvoir me poser dans une vraie relation, mais j'en étais tout bonnement incapable. Qu'on ne s'y trompe pas, hein, Fake Lover ne me permettrait pas de trouver l'amour. Fallait pas rêver non plus. « J'pense pas pouvoir aimer quelqu'un, tout simplement parce que je m'aime trop. C'est con mais ce n'est que vérité. Il n'y a de place pour personne dans mon cœur. » Je venais carrément de parler de ma vie, là, non ? Et dire que je m'y étais clairement refusé, quelques instants plus tôt. À croire que je ne savais pas ce que je voulais, au final.