elise~
Fraîchement lavé, sentant bon le savon et le parfum, Sami sortit de la salle de bain, sifflant un air qu'il venait d'entendre dans les haut-parleurs de la salle de bain alors qu'il prenait une bonne douche pour se réveiller. N'ayant pris la peine que de prendre un caleçon pour se rendre à la salle de bain, c'est tout naturellement qu'il sortit de là en caleçon, tranquille. Tout le monde s'est déjà vu en maillot de toute façon, personne ne fera une maladie pour ça. Dans son programme venait maintenant l'habillement, direction le dressing pour trouver de quoi s'apprêter pour la journée. Il arriva face à l'entrée du dressing et vit dans l’entrebâillement de la porte la charmante Elise qui se préparait, déjà toute habillée et bien apprêtée se regardant dans le miroir du dressing. Cette semaine, la jolie jeune femme avait cherché à éviter Sami sans cesse. Il ne savait pas pourquoi, pour lui il n'y avait aucune raison d'ailleurs, à moins qu'il n'ait la peste. Chaque fois qu'il entrait dans une pièce elle partait, elle faisait vraiment tout pour le fuir. Sami voulait comprendre et c'est donc tout gentiment qu'il toqua à la porte délicatement de son revers de doigt, alors qu'elle était déjà entrouverte. « J'peux entrer ? » dit-il avec une petite voix gentille. Sans attendre, il poussa légèrement la porte, restant sur le pas de l'entrée du dressing, attendant un acquiescement de la jeune femme. On allait faire cela tout en douceur aujourd'hui.

Affront. Peu connaissent la définition de ce mot. Peu en recherchent la signification. Pour ma part, je ne la connais que trop bien. On pourrait presque dire que c'est devenu quelque chose de totalement anodin pour moi. Mais ça ne l'est pas. Non, ça me blesse toujours autant. Je me souviens encore de ma première humiliation en public. Le soir de mes quatorze ans. Lorsque pour mon anniversaire, seules deux personnes sur les vingt-trois invitées ont eu la humble idée de faire acte de présence. Je n'ai jamais été quelqu'un de très apprécié. Non, j'étais toujours cette fille assise au premier rang qui acceptait mal le fait de ne pas pouvoir être interrogée. Celle qui avait les larmes aux yeux lorsqu'elle découvrait que la note qu'elle avait obtenu n'était pas à la hauteur de ses espérances. Il est là mon défaut. J'accepte mal la défaite. Bien trop mal. Et je pense que c'est la pire tare qui aura été donnée d'exister sur cette Terre. Mais je n'y peux rien, c'est plus fort que moi. Je tiens sûrement cela de ma mère. Enfin, peu importe. Aujourd'hui, encore, je me suis réveillée à huit heures. Ce qui m'a largement laissé le temps de me doucher, m'habiller et prendre mon petit-déjeuner. Mais aussi de renverser du lait sur mes vêtements. C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle je me retrouve dans ce dressing, debout devant le miroir. Alors que je découvre ma nouvelle tenue dans la glace, la porte se met à grincer. Je tourne instinctivement la tête vers la provenance du bruit. « J'peux entrer ? » Je serais tentée de lui répondre par la négative, mais je ne peux pas. Ce n'est pas à moi de décider qui a accès ou non au dressing. Je regrette tellement d'être allée si loin avec lui. Enfin, non. Je ne sais pas. Je ne sais plus. D'un côté, j'aurais même aimé aller plus loin avec lui. Mais il y a ce regard extérieur. Ce regard à la con qui me gâche mon existence pour ne pas changer. « Je t'en prie. » J'ai la cage thoracique oppressée. Il était obligé de se la ramener en calbut, en plus ? Et puis cette odeur qu'il dégage. C'est pas comme si il ignorait mon attirance pour lui..

« Je t'en prie. » Elle avait lâché ça presque à regret, par obligation. Dans un souffle monotone. Sami fronça les sourcils, il y avait bien quelque chose qui clochait depuis le prime, sans savoir réellement quoi. Elle l'évitait, n'agissait plus de la même façon. Ça ne plaisait pas du tout à Sami, cette distance qu'elle mettait, de plus sans qu'il sache les raisons. Qu'elle mette les choses au clair mais qu'elle ne fuie pas le problème de cette manière c'était d'autant plus insupportable pour le tatoué. Se traînant en calbar jusqu'à elle, il se posta devant le miroir dans lequel elle se contemplait, juste sous son nez. Il mit un bras sur sa hanche droite. « Bon, je peux savoir ce qu'il ne va pas ou bien tu vas m'éviter longtemps comme ça? » fit-il alors un air interrogateur et d'incompréhension, non franchement ça l'ennuyait fortement cette situation, il l'aimait bien lui, Elise, et il ne voyait pas ce qui allait de travers pour qu'elle réagisse de cette façon. Posté devant elle, bouchant la vue sur le miroir, en bête caleçon, il attendit une réponse de la jeune femme.

Je ne lui accorde aucun geste affectif, pas même un regard. Je suppose que mon comportement doit le laisser perplexe. Il faut dire qu'en à peine quelques heures, je suis passée de séductrice à impassible. De quoi semer le doute chez n'importe quelle personne normale. Soudain, je le sens s'avancer vers moi. Mes yeux qui étaient, jusque là, rivés sur mon reflet dans le miroir fixent désormais le candidat qui vient de s'interposer entre ma personne et l'image que je rejette. J'ai peut-être tenté de l'éviter pendant une semaine, mais les faits sont là, il est là, je ne peux plus fuir. D'autant plus qu'il me demande des explications concernant mon comportement. « Bon, je peux savoir ce qu'il ne va pas ou bien tu vas m'éviter longtemps comme ça? » La question tant redoutée. Je croise les bras, plonge mon regard dans le sien. « Je me suis sentie si.. » J'ai la gorge nouée, le souffle coupé. Je baisse la tête et couvre mon visage de mes mains. « ..humiliée. », dis-je en fondant en larmes. Purée, j'aurais préféré qu'il ne me voit pas comme ça. J'aurais préféré que personne ne me voit comme ça. Mais c'est plus fort que moi, je ne sais pas gérer mes émotions.

La jeune femme écouta la question de Sami, le genre de question qui ne faisait peut-être pas plaisir à entendre. Elle allait être amenée à se justifier par son comportement changeant de cette semaine. Elle croisa les bras, plantant son regard dans celui de Sami. « Je me suis sentie si.. », elle commença à sangloter, alors qu'elle était toute habillée et toute pimpante. « ..humiliée » et elle finit en larmes. Sami ouvrit une bouche jusque par terre, ne s'attendant pas le moins du monde à cela. Il détestait que quelqu'un pleure, même si un gosse aurait pleuré dans la rue il aurait accouru pour le réconforter, Sami ne supportait pas la tristesse d'un tiers. C'est donc tout naturellement qu'il se rapprocha de la candidate qu'il affectionnait maintenant de plus en plus, et la prit dans ses bras. Le front de la jeune fille se blottit contre l'omoplate de Sami, tandis que ses larmes coulaient et elle se laissa faire par le tatoué, malheureusement toujours en caleçon et tout frais tout propre. « Calme-toi » dit-il alors premièrement, d'une voix douce et calme comme pour rassurer un enfant, comme il avait tendance à le faire avec sa petite. « Humiliée de quoi? » continua-t-il toujours en parlant doucement, calmement en la tenant entre ses bras, nichée dans son cou dénudé et parfumé de l'odeur de savon.

Toujours les bras croisés, je fonds en larmes devant lui. J'ai honte parfois de ne pas savoir gérer mes émotions. On dirait une petite fille qui pleure pour un oui ou pour un non. Mais je ne peux rien y faire. Ma susceptibilité finit toujours par avoir raison de moi. Pourtant ce n'est pas cause d'avoir essayé de changer ce trait presque gênant de ma personnalité.. « Calme-toi », me dit-il après m'avoir entouré de ses robustes bras. Dire qu'il y a de cela une semaine à peine, nous étions dans la même position avec des intentions toutes différentes.. On aurait pu continuer notre petit jeu au lieu de jouer à Roméo et Juliette en arrachant l'une des nombreuses scènes tragiques de la pièce. « Humiliée de quoi ? » Presque recroquevillée sur moi-même, mes mains viennent se poser sur son torse. Ce même torse que je parcourais l'autre jour, dans la cuisine. « Le prime. », dis-je simplement. Il me parait inutile d'en rajouter. Il comprendra sûrement là où je veux en venir. Du moins, je l'espère. Car je suppose que le fait de reprendre les termes employés par les présentateurs risquerait de me blesser à nouveau. Comme si la scène à laquelle j'ai eu le droit l'autre fois dans le cellier ne m'avait pas suffit. « Les caméras. », ajouté-je finalement, toujours en larmes, avant d'enfouir un peu plus ma tête dans sa nuque embaumée de parfum.

Une fois dans les bras de Sami, la jeune femme éparpilla ses mains sur le torse fin et sculpté du tatoué. Ce qui le fit sourire intérieurement. « Le prime. » Sami ne saisit pas du premier coup. « Les caméras. » Ah ça devenait plus clair.. en fait non pas tellement. Sami resta perplexe un moment puis après mure réflexion arriva à une conclusion, la serrant toujours dans ses bras. Elise ne s'arrêtait pas de pleurer et s'enfouit alors encore un peu plus dans le cou du jeune homme, qui déposa sa main délicatement sur l'arrière-tête de la jeune femme, comme pour la rassurer un peu. « Qu'est-ce qui te tracasse autant avec la présence des caméras? » demanda Sami. « Tu.. as honte d'être vue avec moi? » s'étonna Sami, en se reculant quelque peu de l'étreinte à cette idée. Puis il se rapprocha, la serra encore plus fort dans son torse nu et musclé, parfumé même. « Elise, je ne comprends pas. Pourquoi les caméras t'importent-elles autant? Les caméras et le fait d'être épiée ne devrait pas te changer comme ca. Tu es ce que tues, no matter what. Les gens tu les emmerdes, tu vis pour toi. C'est la seule philosophie que j'ai toujours adopté. Je vis pour moi-même, tel que je suis, j'assume ce que je fais et j'y prends plaisir, je fais les choses parce que j'en ai envie. Pas en pensant à ce que les gens vont penser de moi. Les gens qui ne sont pas d'accord, je ne les retiens pas. J'emmerde les gens qui ne sont pas d'accord avec moi, je fais ce que je veux. » Sami soupira, la jeune femme toujours dans ses bras. « Si tu accordes autant d'importance à ce que les gens disent, tu vas bousiller ta vie et tes rêves, tes réelles envies. » Sami ne savait plus quoi dire. Ils n'avaient visiblement pas la même vision des choses mais en tout cas il avait exposé la sienne.