Elise. Elise n'avait pas été  là au prime. Sami ne l'avait pas croisée depuis quelques temps, ou de loin, et cela l'inquiétait, après leur conversation de la dernière fois dans le dressing. Cette relation était pénible. La jeune femme était vraiment trop absorbée par le quand-dira-t-on et le fait d'être épiée et jugée par une tonne de téléspectateurs. Quant on y réfléchissait ça semblait plutôt logique mais alors quel est l'intérêt de tenter une émission telle que Fake Lover ? Sami ne savait plus quoi faire pour que cette idée lui sorte de la tête, qu'Elise accepte enfin d'être vue par dix milliers de gens et qu'elle assume ses actes, qu'elle fasse ce dont elle a envie. Bordel on est dans un jeu, on doit profiter. Sami venait de sortir du lit, et en caleçon passa dans la chambre voisine, il vit alors la jeune fille qui venait de se réveiller elle aussi, toujours dans son lit. Tout doucement, en douceur, il s'inséré dans le lit de la jeune femme et passa ses bras autour d'elle. « Toujours dans l'optique de renoncer à tes envies à cause des caméras ? » demanda Sami, lui déposant un baiser sur son épaule dénudée.

Les caméras ne sont pas, en elles-mêmes, une obsession pour moi. Non, ce sont plutôt les regards qui sont rivés sur les écrans que j'ai tendance à craindre. A exécrer, même. Ainsi, allongée sur mon lit, et après une semaine d'isolement- exactement ce qu'il me fallait- je pense. Je pense à toutes ces choses que j'aurais aimé faire mais que je n'ai pas osé faire justement à cause des caméras. Quelles vicelardes, celles-là ! Alors que je m'apprête à m'enfouir un peu plus sous ma couette, je sens une chaleur humaine qui gagne le lit double que je partage avec ma partenaire. A moins que la rouquine n'ait décidé de se mettre à la musculation, je suis presque sûre de reconnaitre ces bras qui m'entourent. « Toujours dans l'optique de renoncer à tes envies à cause des caméras ? » Je me retourne, tout doucement, pour me blottir un peu plus contre lui. Je n'avais pas tort, c'est bien lui. Sami. Je dépose doucement un baiser sur ses lèvres et plonge mon regard dans le sien. « J'aurais besoin d'aide. » Et si je décidais de fermer les yeux sur ce qui m'entoure pour une fois ?

La jeune femme se retourna alors sous les couettes et prit la peine de se blottir un peu contre le tatoué qui venait de la rejoindre, l'entourant de ses bras. Sami sourit à ce contact réciproque, un pas en avant de la part de la jeune femme lui faisait plaisir, lui faisait du bien. Elle unit alors délicatement et seulement un instant leurs lèvres, ce qui étira un sourire fin sur le visage de Sami, un sourire de contentement. Il avait bien envie de continuer ce baiser jusqu'à ce que mort s'ensuive mais il s'abstint de toute tentative d'approche pour le moment. Il fallait que cela vienne de la demoiselle, c'était plus prudent après leurs discussions des semaines passées. « J'aurais besoin d'aide » dit-elle alors, sur un ton neutre et plat en regardant son amant droit dans les yeux. Sami se rapprocha toute contre elle, son torse nu collant le haut sans manche que la jeune femme portait pour dormir.Il la regarda à son tour droit dans les yeux, lui caressant la joue du revers de son pouce. « Je t'écoute. », répondit alors tout simplement Sami, en ne pouvant se retenir d'aller déposer un léger baiser dans le cou de la demoiselle.

Tandis qu'il se rapproche de moi, plaquant par la même occasion nos deux torses, je viens, quant à moi, poser ma main sur ses reins et enlacer nos jambes entre elles. « Je t'écoute », dit-il en me caressant la joue et avant de déposer un baiser dans mon cou. Je baisse les yeux et expire un bon coup. « Je.. » ne sais pas comment t'expliquer ça. « .. j'ai besoin d'aide pour avancer. » Alors que mes yeux se dirigent instinctivement vers les caméras, je sens le regard de mon interlocuteur posé sur moi. « Merde, c'est stressant. », renchéris-je dans un rire jaune. En effet, c'est assez perturbant que de se dire qu'on est épié à longueur de journée et qu'on ne peut rien à ça. J'aurais beau faire tous les efforts possibles pour évincer cette évidence de ma tête, le fait restera le même: je suis incapable d'ignorer le regard des autres. C'est un truc que je ne sais pas faire, voilà tout. « Fais-moi les oublier. », ajouté-je dans un sourire plus sincère.

La jeune femme posa ses mains sur les reins de l'ainé du nid, entrelaçant leurs jambes à tous les deux, dans une position de plus en plus intime. Elle baisse les yeux. « Je .. j'ai besoin d'aide pour avancer. » Sami la regarde, réfléchit à ce qu'elle vient de formuler, attend la suite, tout en contemplant son visage qu'il commençait à connaitre maintenant. « Merde, c'est stressant. », dit-elle nerveuse en jetant un coup d'oeil aux caméras. La jeune femme avait vraiment un réel problème avec ce que les gens pouvaient penser d'elle, derrière leurs écrans. Ça en devenait même presque une obsession pour elle et elle avait été prête la semaine passée à passer à côté d'une possible relation, juste pour ne pas devoir subir les possibles critiques des téléspectateurs. Une philosophie qui paraissait totalement stupide à Sami et qui avait essayé de la remettre dans le droit chemin. Cependant, sa peur était toujours bel et bien présente, pour la plus grande déception de Sami. « Il faudrait que t'arrêtes de penser à cela, ça ne t'apporte rien, sois celle que tu as envie d'être Elise, sois fière ce que tu as envie et montre-le, tout le monde ne pourra pas t'aimer à l'extérieur, on ne sait pas plaire à tout le monde c'est certain. Seulement si tu leur montres une fille forte qui sait ce qu'elle veut malgré que les téléspectateurs ne partagent les mêmes idées que toi, tu auras l'air d'une fille qui en veut. Pas d'une fille qui a peur et qui pleurniche, car plus tu réagis comme ça, plus cela va être un cercle vicieux et plus les téléspectateurs vont te saquer et te cataloguer comme couille molle et pleurnicharde. Je ne pense pas que c'est ce que tu veux, si? » Il regarda la jeune femme droit dans les yeux, et ne put une nouvelle fois, s'empêcher de capturer ses lèvres quelques instants. « Fais-moi les oublier. », une demande des plus difficiles à exaucer. « Si tu ne le veux pas toi-même, je ne saurais rien faire. », ça paraissait être évident pour le tatoué qui se mit alors à retracer les courbes des hanches de la jeune femme de ses doigts fins et délicats sous le haut de nuit de la jeune candidate. Il aimait terriblement le contact de leurs corps.

J'ai la cage thoracique étrangement oppressée, la culpabilité me ronge. Mais qu'est-ce que je me reproche, au juste ? J'en sais rien. A vrai dire, j'ai parfois moi-même du mal à me comprendre. C'est pas si compliqué, pourtant. On me demande simplement d'ignorer l'espace d'une vie les qu'en dira-t-on. Je l'écoute qui me vante les mérites d'un monde où le regard des gens n'a pas sa place. Il a raison, c'est certain. Mais, entre pratique et théorie, il y a un fossé. Un fossé que je crains de traverser. Je le sens, inondé de reptiles. Je ne pense pas être prête à agir. Mais y aura-t-il réellement un moment dans ma vie où je me penserai apte à le faire ? Le discours du bellâtre me donne envie de chialer. Je ne veux pas être cette fille qui attise la pitié. Je ne veux pas non plus être celle au fort caractère. Je ne vais pas pleurer, je ne vais pas pleurer. Je ne vais pas pleurer ! Il termine sa morale avec un baiser qu'il dépose sur mes lèvres. Ça m'apaise. « Tu sais ce que ça fait que d'entendre les rires des filles qui se moquent de toi à longueur de journée parce que tu as mal digéré ta note d'évaluation ? Ou bien les remarques déplacées sur ta façon d'agir ? Les profs qui vont voir tes parents parce que "leur fille a besoin de voir un psychologue" ? J'ai jamais su digérer les moindres remarques. » J'ai la gorge nouée, comme une envie de chialer, de dégueuler d'un coup. Mais je ne ferai rien de tout cela. Certes, tous les évènements que je viens de citer n'ont aucun rapport l'un avec l'autre, mais j'avais besoin d'en parler. « Je suis venue pour ça. Pour me tester. Mais j'ai besoin d'aide pour avancer. Je veux le faire, Sami. »

Sami avait fait une longue tirade, encore, pour expliquer sa vision des choses à sa chère Elise, mal à l'aise de par la présence des caméras. « Tu sais ce que ça fait que d'entendre les rires des filles qui se moquent de toi à longueur de journée parce que tu as mal digéré ta note d'évaluation ? Ou bien les remarques déplacées sur ta façon d'agir ? Les profs qui vont voir tes parents parce que "leur fille a besoin de voir un psychologue" ? J'ai jamais su digérer les moindres remarques. » Elle paraissait fragile, vulnérable et frêle. Sami la saisit dans ses bras, et la jeune femme déposa sa tête sur le torse nu du tatoué, elle était à présent couchée à côté de lui, la tête sur son torse, ils se regardaient tous deux dans le fond des yeux. « J'imagine que tu as dû traverser des périodes difficiles mais il faut essayer.. tant bien que mal.. de tirer un trait sur tout cela et de te relever, garder la tête haute. » C'était le seul conseil qu'il pouvait lui donner, sans avoir à jouer le rôle de son psychologue. « Je suis venue pour ça. Pour me tester. Mais j'ai besoin d'aide pour avancer. Je veux le faire, Sami. » Ainsi elle était pleinement venue dans le jeu pour se battre contre cette phobie qu'elle avait. Elle réclamait de l'aide et Sami était prêt à la lui donner, mais ne savait pas trop comment lui apporter cette aide. « Je veux bien t'aider mais.. je ne vois pas trop comment m'y prendre. », c'était sincère. Qu'entendait-elle par là? Voulait-elle réaliser ce qu'elle voulait depuis le début de l'aventure? Chaque fois elle avait été effrayée par sa peur des caméras lorsqu'il s'agissait de se rapprocher de Sami. Peut-être voulait-elle sauter le pas, mais Sami n'était pas sûr de bien comprendre.

Ma tête vient se poser sur son torse dénudé. Il n'a pas tort, j'ai traversé des épreuves difficiles. J'ai traversé une épreuve difficile. Un moment de ma vie où je me suis retrouvée brisée. Mais mon mal-être ne vient certainement pas de là. Je suis une hypersensible née. Dès ma plus tendre enfance déjà, je pleurais pour un oui ou pour un non. C'est comme si tout, absolument tout, m'affectait. Mais c'est plutôt étrange venant d'une personne qui croit inlassablement en la rage de vaincre. Ou pas, en fait. Je ne déploie ce trait de mon caractère que lorsqu'il est question de la danse. Il n'y que lorsque je suis dans le monde du cabaret que j'oublie les critiques des autres. Je n'en fais qu'à ma tête, à ce moment là. Mes professeurs de danse n'ont eu de cesse de me le répéter. « Je veux bien t'aider mais.. je ne vois pas trop comment m'y prendre. » Mon regard jusque là plongé dans le sien se dirige brusquement vers la caméra. Oui, c'est à moi d'agir. En une fraction de secondes, je viens me poser à califourchon sur lui et, d'un revers, attrape la couverture que je passe au dessus de ma tête. Cette dernière se pose sur son épaule, tandis que mon torse vient rejoindre le sien. Les gens pourront déblatérer tant qu'ils le voudront, rien ne prouve que nous forniquons. Ce que nous ne faisons d'ailleurs pas. Et quand bien même, ils en viendraient à penser cela, ils n'auront plus l'occasion de me qualifier de fille facile. Ça fait plus de deux semaines que nous nous connaissons, à présent. « Ne me lâche pas, tout simplement. », lui chuchoté-je à l'oreille. Elle est là la réponse à sa question.

Sami regarda la jeune femme droit dans les yeux. Dans un geste soudain, elle se plaça à califourchon sur Sami, qui étira un grand sourire satisfait et content. Elle les recouvrit tous deux des couettes, ne laissant plus que leurs visages apparents. Bonne idée, si ça peut lui donner plus de confiance en elle. Mais si elle compte aller plus loin là maintenant, pas sûr que les couettes tiennent en place et les camoufle pendant tout l'acte sexuel, elles étaient même destinées à être dégagées dans les cinq minutes qui suivaient. Enfin c'était surtout psychologique pour la jeune femme, ça lui donnait un air bien meilleur. Elle se coucha alors sur le torse de son amant tatoué. « Ne me lâche pas, tout simplement. », qu'elle murmure à l'oreille de Sami. Il la regarda alors dans les yeux puis lui dit lui aussi à son tour dans l'oreille. « Ça n'a jamais été mon intention. », accompagné d'un bisou dans le cou. « C'est même tout le contraire. », ajouta-t-il en passant ses bras autour du corps de la jeune femme, l'attirant encore plus vers lui, capturant ses lèvres d'un baiser fougueux et passionné, songeant à l'envie de lui retirer son petit haut qui devient de plus en plus énervant de par sa présence.

Il me rassure sur ces intentions futures. Je pourrais donc dormir paisiblement ce soir. Ce qui n'aura pas été le cas les dix nuits précédentes. « C'est même tout le contraire. », renchérit-il. J'essaie tant bien que mal de dissimuler le sourire qui gagne mes lèvres, mais c'est plus fort que moi, je suis trop émotionnelle. Ainsi, Sami capture mon corps avec ses bras. Ses lèvres viennent rejoindre les miennes pour un baiser passionné.. et passionnant. Je pense qu'il est temps d'apaiser cette tension sexuelle qui a gagné nos deux âmes lors du premier épisode dans la cuisine. Tout en l'embrassant, j'attrape la couette que je remonte jusqu'à nos têtes, empêchant par cette occasion aux téléspectateurs de découvrir cette scène. Ou du moins les empêchant de percevoir ne serait-ce qu'une parcelle de nos deux corps. Tout doucement, mes mains viennent se glisser dans sa chevelure. J'espère ne rien pouvoir regretter.