Keelan

Vingt et une heure trente et des poussières. Plus d'une heure que je me trouvais assis là, à faire le tri dans les photos prises au cours de la semaine. Il y avait une photo dont j'étais éperdument fier : un fessier celluliteux pris à l'insu de sa propriétaire. Cette photo valait de l'or, qu'on se le dise, et je venais probablement de résoudre là l'affaire du "gros cul celluliteux inconnu". Seulement après une heure de rude sélection parmi des centaines et des centaines de photos - floues, pour la plupart -, j'eus besoin d'un petit remontant. Je quittai alors temporairement mon poste, laissant la dite photo ouverte dans un onglet, pour me rendre à la cuisine et me servir un verre de limonade. Puis je revins dans la salle informatique, et vis alors que quelqu'un ne s'était pas fait prier pour me dérober ma place, en mon absence. Et ce quelqu'un ne m'était pas inconnu, d'ailleurs. Keelan, en l'occurrence. « Tiens, le flingueur... » C'était le surnom que je lui avais attribué au début de l'aventure, en relation avec ses yeux bleus perçants. « Hum, t'en as pour longtemps ? Non parce que j'étais... » Je me penchai subitement en avant et constatai que l'onglet laissé ouvert tout à l'heure n'était plus. Alors soit il avait disparu tout seul, soit... ce saligot l'avait fermé. « ... attends, qu'est ce que t'as fait ?! L'est où l'onglet qui était là ? Tu l'as pas fermé, hein, dis ? Non, t'as pas fait ça mon vieux ?! » Moi, énervé ? Roh, juste un peu. Mais croyez bien que j'avais des raisons de l'être, car se trouvait dans cet onglet une photo qui n'était autre qu'une preuve. Je ne l'avais pas enregistrée en plus, l'ayant transférée de mon appareil photo à l'ordinateur. Autant dire que s'il s'avérait que celle-ci était perdue, ça n'allait juste pas être possible. Non, j'avais vraiment besoin de cette photo. Bordel.

Pas grand chose à faire ce soir. Je décidai donc d'aller checker le blog, histoire de me mettre un peu à jour. Et c'était toujours amusant de lire les conneries des autres. Et parfois, on en apprenait des choses aussi, ça pouvait être instructif. Si on aimait les ragots. Pas mon genre habituellement, mais ici il fallait bien s'occuper comme on pouvait. Bref, je me posai face à un ordinateur, qui tiens était déjà allumé. Quelqu'un avait semble il oublié de l'éteindre en partant. Les économies d'électricité, ils ne connaissaient pas ? Rha je vous jure. Un onglet était toujours ouvert. Curieux je décidai d'aller voir. Je tombai sur une photo de paire de fesses. Ah. En plus, à l'évidence, c'était un pervers qui avait utilisé cet ordinateur. Je fermai la chose, pour aller me rendre sur mon blog. Oui mais voilà, 5 minutes plus tard, le géant blond débarqua. « Tiens, le flingueur... » Tiens, je l'avais presque oublié ce surnom. Je lui répliquerais bien, tiens le connard, seulement voilà, j'étais poli. Tout à coup, il s'agita, à la limite de la panique que j'ai pu effacer sa précieuse photo. Pourquoi cela ne m'étonnait guère que c'était à lui ?  « Et respire mec ! Tu vas pas nous faire une attaque pour une photo quand même ?! J'ai juste fermé la fenêtre, c'est tout. Elle doit toujours être où tu l'as enregistré, calmos. » Non mais il n'allait pas bien celui là.  « Ça t'arrive souvent de prendre en photo les culs des candidats ? » Faudrait il que je m'inquiète ? Peut être que c'était son truc.

Comme quoi, en l'espace de cinq pauvre minutes, on peut vraiment passer de la plus grande des fiertés au plus grand des désespoirs. Un vrai ascenseur émotif, en somme. Y'avait ce type là, le flingeur, qui s'était installé à mon poste le temps que je n'aille me chercher à boire. Quelle n'avait pas été ma stupeur en découvrant, quelques instants plus tard, que la photo gardée bien en évidence dans un onglet avait disparue. Et quelle photo ! LA photo. « Et respire mec ! Tu vas pas nous faire une attaque pour une photo quand même ?! J'ai juste fermé la fenêtre, c'est tout. Elle doit toujours être où tu l'as enregistré, calmos. » "Calmos", non mais c'est lui qui allait tout de suite calmer sa joie hein. Et non, je n'étais pas au bord de l'attaque pour une malheureuse photo. Je constatais juste avec effroi que ce saligot avait ruiné un dur labeur. Car mine de rien, prendre en photo le fessier le plus recherché du château n'avait pas été chose facile. C'était un peu comme foutre une preuve dans les chiottes et tirer la chasse. « Justement, je ne l'ai pas enregistrée. En gros elle est foutue quoi. » C'est ce que j'étais amené à en conclure, non sans désolation. Mais bordel, qui m'avait envoyé ce crétin dans les pattes ce soir ? Pourquoi s'était-il senti obligé de ruiner tant de travail ? Je serrais les poings. Tout ceci m’écœurait profondément. « Ça t'arrive souvent de prendre en photo les culs des candidats ? » Et en plus il allait me faire passer pour un pervers, l'abruti. Mais je ne lui permettais pas ! Tout ceci n'était que professionnel, bien entendu. Et Swann pourrait en témoigner d'ailleurs. « C'est pas du tout c'que tu crois, hein. J'ai à résoudre une affaire de la plus haute importance. J'étais d'ailleurs à deux doigts de le faire,... mais t'as tout niqué. Bravo. » Ah oui alors là, bravo. On l'applaudie non ? Putain, ça ne devrait pas exister des enfoirés pareils. Cherchez pas, ce soir j'en avais contre le monde entier.

« Justement, je ne l'ai pas enregistrée. En gros elle est foutue quoi. » Voilà donc pourquoi monsieur s’énervait. Je n’y pouvais rien s’il n’était pas doué, et ne pensait pas à la chose la plus élémentaire, comme enregistrer son travail.  « Si tu n’es pas doué, ce n’est pas mon problème » Non mais je vous jure, qu’est ce qu’il venait me faire chier pour une malheureuse photo. A croire que ce cul était très important. Ce type à l’évidence avait un sérieux problème. Voilà maintenant qu’il me racontait que c’était pour résoudre une affaire de la plus haute importance. Non mais il se foutait de ma gueule celui la ?  Je crois que t’es sérieusement atteint mon gars. Je suis sur que ça doit se soigner ce que tu as. » Peut être devrait il penser à consulter un psy.  « Au pire, tu reprends en photo ce merveilleux cul hein, c’est pas la mort. » Ou au pire, t’arrêtes de me faire chier avec ton histoire à deux balles, et tu vires de là.  « Tu fais des repérages pour ta prochaine proie ? » Peut être était ce comme ça qu'il opérait ? Il repérait d'abord la plastique des filles, pour juger si c'était potable ou non, et ensuite se les faire ? Allez savoir comment réfléchissait un pervers.

« Si tu n’es pas doué, ce n’est pas mon problème » Attendez, il venait de dire que je n'étais pas doué, j'avais bien entendu ? Il voulait une baffe ou bien ? Attention hein, il allait finir par me courir sur le haricot, l'autre flingueur. Pour le coup c'est moi qui me ferait un plaisir de le flinguer... ou alors j’appellerais l'autre psychopathe à la rescousse, vous savez, son ancien partenaire. « Toute cette technologie... ça me dépasse. » La bonne excuse, hum. De plus il foutait le nez dans mes affaires. Qu'est ce que ça pouvait bien lui foutre ce que je faisais avec ces photos, d'abord ? C'était très important, et je n'avais pas manqué de le lui signifier. Néanmoins il me sembla, à en juger sa mine perplexe, qu'il ne me croyait pas. « Je crois que t’es sérieusement atteint mon gars. Je suis sur que ça doit se soigner ce que tu as. » Non mais sérieusement, il me prenait pour un pervers alors ? « Si ça avait été une photo de gosse nu, ouais, j'aurais éventuellement eu un problème. Là ça prouve rien. À part que je m'intéresse de près au corps des demoiselles, ce que je ne t'apprendrais pas. » Mes histoires de fesses avaient fait le tour du château en moins de temps qu'il n'en faut pour éternuer. En clair, tout le monde jusqu'aux rats des cachots était au courant à l'heure d'aujourd'hui de mes petits occupations en ces lieux. Rien de bien chrétien vous en conviendrez. « Au pire, tu reprends en photo ce merveilleux cul hein, c’est pas la mort. » Oui, bien sur... Parce qu'il pensait que c'était facile, peut-être ? « Non mais j'ai galéré pour l'avoir dans mon champ de vision. S'tu veux, quelqu'un qui se voit doté d'un cul celluliteux ne l’exhibe quasiment jamais. De là à ce qu'il soit à nouveau visible, je vais devoir attendre quoi,... un mois ? » Peut-être plus. Ah ce que j'avais envie de le remercier d'avoir tout foutu en l'air !... et de lui faire bouffer ses dents aussi. « Tu fais des repérages pour ta prochaine proie ? » Il me présentait désormais comme un prédateur - je préférais ça au pervers tout de même. « Non du tout. Je baise pas les grosses truies, vois-tu. » Les filles les mieux gaulées se trimballaient le plus souvent les jambes à l'air, genre en mine jupe ou en short car après tout, c'était la saison. Donc bon, à priori pour me faire une idée je n'avais même pas besoin de jouer les espions. La marchandise ne mentait pas.

« Toute cette technologie... ça me dépasse. » il avait donc ne pas être doué. Pauvre de lui. On croirait entendre un vieux. Alors qu’il n’avait quoi, que 25 ans ? Et dépassé par les NTIC ? On allait lui rire au nez.  « Beaucoup de choses te dépassent j’ai l’impression » répliquais je. Quoi c ‘est bien vrai non ? « Si ça avait été une photo de gosse nu, ouais, j'aurais éventuellement eu un problème. Là ça prouve rien. À part que je m'intéresse de près au corps des demoiselles, ce que je ne t'apprendrais pas. »  Pourquoi fallait il qu’il prenne tout au premier degré ? Je ne pensais pas réellement qu’il avait besoin de se faire soigne pour ça. Je me doutais que cette photo avait un but. Plus que juste prendre un cul en photo. Voila qu'il partait dans le délire je ne suis pas un pédophile. Faut se calmer mon gars.  « Non tu ne m'apprends rien, je vais commencer à croire que c'est ton seul centre d'intérêt » Du cul, du cul, du cul. Ah et encore du cul. Il avait dû bien se trouver avec Irène. « Non mais j'ai galéré pour l'avoir dans mon champ de vision. S'tu veux, quelqu'un qui se voit doté d'un cul celluliteux ne l’exhibe quasiment jamais. De là à ce qu'il soit à nouveau visible, je vais devoir attendre quoi,... un mois ? » Ah c'était donc ça. Monsieur avait repéré quelqu'un avec un peu de cellulite, et il voulait donc l'immortaliser. Quoi, pour s'en moquer ? C'était limite pire que ce je croyais. « Non du tout. Je baise pas les grosses truies, vois-tu. » Il faudra qu'il m'explique, qui dans ce château pourrait correspondre à cette description. Il n y avait que des canons.  « Toujours aussi classe Andréas. Que les filles puissent vouloir de toi... C'est un grand mystère pour moi. Tu les drogues ? » Non parce que franchement, j'avais beaucoup de mal à voir ce qu'elles pouvaient lui trouver.

« Beaucoup de choses te dépassent j’ai l’impression » Ça n'était jamais qu'un ordinateur, hein. Je n'avais pas non plus grandi dans le luxe moi, à la base, alors les nouvelles technologies je les avaient découvertes il y a peu. Ma vie en Angleterre et ma vie en Allemagne différaient totalement l'une de l'autre. Bon il venait de me faire passer pour un gros pervers, mais au fond personne ne croirait que j'en étais véritablement un. Pervers, non, obsédé, oui. « Non tu ne m'apprends rien, je vais commencer à croire que c'est ton seul centre d'intérêt » Le cul, mon seul centre d'intérêt ? Et bien, c'était quand même un peu vrai. « Bon c'est pas le seul, mais... je ne nierai rien c'est sur. » Y'avait le foot aussi ; c'est bien le foot, non ? Il connaissait au moins le flingueur ? Même pas sur. Si je faisais des repérages pour mes prochains plans baise ? Bah non, les gros culs c'était pas trop mon trip. « Toujours aussi classe Andréas. Que les filles puissent vouloir de toi... C'est un grand mystère pour moi. Tu les drogues ? » Jalousie, quand tu nous tiens, hm. Si je droguais les demoiselles ? Alors déjà, ça n'était pas dans mes façons de faire. Ensuite j'estimais ne pas avoir besoin d'aller jusque là. « Les filles veulent de moi parce qu'elles recherchent ce qu'il se fait de mieux. C'est clair qu'elles iront pas voir de ton côté à toi... » Vous aviez vu ce type ? Chez lui, mis à part ses yeux, y'avait vraiment tout à jeter quoi. Voilà, le mystère était levé à présent.

« Bon c'est pas le seul, mais... je ne nierai rien c'est sur. » Ce n’est pas le seul, ce n’est pas le seul…en tout cas dans ce château, ça avait l’être de l’être. Lui et moi, étions complètement différents. Je ne donnais absolument pas la même importance au sexe dans ma vie. Pour preuve, voilà trois ans que je n’avais pas eu la moindre relation sexuelle. Monsieur lui n’aurait pas pu survivre à ça, il serait déjà mort face à tant de disette. Mais il fallait savoir que moi c’était par choix. . « Les filles veulent de moi parce qu'elles recherchent ce qu'il se fait de mieux. C'est clair qu'elles iront pas voir de ton côté à toi... » Andréas sembla croire à de la jalousie venant de ma part. La bonne blague. Je n’enviais strictement rien à ce type. Je ne recherchais à me faire personne dans ce château. Et puis soyons honnête...Ses conquêtes, si je l'avais voulu, j'aurais très bien pu coucher avec elle moi aussi. La majorité en tout cas. Elles ne recherchaient pas ce qu'il y avait de meilleur, juste la facilité et l'accessibilité. Suffisait de lui dire oui, et c'était dans la poche. Y avait juste Anabel à son tableau de chasse qui dénotait. Très fâcheux d’ailleurs, mais bon, on avait tous le droit à nos moments de faiblesse. « Si tu le dis ô grand tombeur. » Il pensait bien ce qu'il voulait.  « Alors, tu la vis comment ta première nomination ? » Il fallait s'y attendre. Si jusque là il avait été épargné, c'était simplement parce qu'il avait la chance d'avoir une adorable partenaire, appréciée des autres. Dès le moment où il se retrouvait seul, évidemment que ses fesses allaient sûrement être mises sur la sellette. Un peu la même chose pour Ezéquiel. Le jour où il se retrouva sans partenaires, vous pouvez être sur qu'il sera nominé direct.

« Si tu le dis ô grand tombeur. » Franchement, il ne faisait pas le poids face à moi le bonhomme. Il n'était pas laid, et peut-être même qu'on pouvait - en cherchant bien et avec une loupe - lui trouver un certain charme,... néanmoins il n'avait pas autant de prestance que moi, et à côté du grand Andreas il passait carrément inaperçu, transparent si j'osais même dire. D'un autre côté personne ne pouvait briller dans la même pièce que moi, personne ne pouvait passer pour intelligent quand je ne me trouvais pas loin et personne ne pouvait prétendre avoir l'attention de tous quand j'étais bel et bien présent pour capter celle-ci. Il fallait s'y faire, tout le monde n'avait d'yeux que pour moi. Alors Keelan, ou un autre, n'était ni un adversaire, ni un concurrent de taille. C'était monsieur-tout-le-monde en somme. Tout simplement. « Alors, tu la vis comment ta première nomination ? » En effet, j'étais tout fraichement nominé moi. Ce que ça me faisais, honnêtement ? Pas grande chose. Je ne courrais aucun danger, n'avait vraiment à douter de rien pour dimanche. Encore un prime auquel je me rendrais les mains dans les poches, quoi. « Je la vis avec beaucoup de sérénité. Mais je m'y attendais juste complètement. Y'a pas d'surprise. » Je m'étais vu sur la sellette le soir où Anabel s'était retrouvée nominée d'office, soit dimanche dernier. « Et toi alors, tu tiens le coup sans ton psychopathe d'ex-partenaire ? » Il avait perdu le grand black et avait écopé de Finnick suite à la décision prise par Tweedy lors du dernier prime. Je me doutais bien que la séparation était très difficile et que la nostalgie était plus que jamais au rendez-vous. J’espérais quand même qu'il se retiendrait de chialer.